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Nvidia est l'une des 3 plus grosses capitalisations au monde, avec Microsoft et Apple, qui totalisent ensemble plus de 10000 milliards de $ ! Et ça va continuer de grimper...
Lors de la rédaction de mes billets sur l'intelligence artificielle, j'ai constamment retrouvé Nvidia durant mes recherches sur tel ou tel secteur. Jusqu'alors, pour moi, Nvidia c'était les cartes graphiques et le gaming. Grave erreur ! Due à une méconnaissance totale de cette société. Nvidia, c'est aussi les véhicules et la conduite autonomes, la robotique, les data centers, le calcul haute performance (CHP) et, surtout, l'intelligence artificielle. D'où mes fréquentes rencontres avec la société en écrivant à ce sujet.
Fondée en 1993 par Jensen Huang, Nvidia s’est d’abord fait un nom grâce à ses processeurs graphiques (GPU), qui ont transformé l’industrie du jeu vidéo. Les GPU GeForce, lancés dans les années 1990, ont redéfini les standards du graphisme en offrant des performances inégalées pour les jeux et les applications visuelles. Mais la société ne s’est pas arrêtée là. En comprenant le potentiel de ses GPU au-delà du gaming, l’entreprise a pivoté vers des secteurs stratégiques, notamment le calcul scientifique et l'IA. Au point de devenir l’épine dorsale de l’intelligence artificielle mondiale.
Dernier coup de maître en date : l’annonce de la création du premier cloud IA industriel souverain d’Europe, en Allemagne, en partenariat avec Deutsche Telekom. Plus qu’un simple projet technologique, c’est un signal géopolitique, économique et écologique. Du reste, l’entreprise se poisitionne désormais comme une infrastructure centrale de l’économie numérique, en évolution constante, à l’instar d’Amazon pour le e-commerce ou de Google pour la recherche.
En 2025, Nvidia vise surtout à développer un écosystème complet, verticalement intégré, un empire technologique allant du silicium au cloud, en passant par le matériel, les frameworks logiciels, les plateformes IA, la robotique, le gaming et la simulation industrielle, la santé, la 6G ou le métavers, etc. Cet écosystème s’articule autour de plusieurs piliers interconnectés, chacun renforçant les autres pour créer une synergie unique, une chaîne complète d’innovation IA : calcul, logiciels, outils, services, modèles, cloud…
1. Le matériel (hardware) est le métier historique de Nvidia, au cœur de l’offre de la société, la fondation de tout l’écosystème. Ce sont les processeurs graphiques (GPU) et les systèmes spécialisés alimentant une vaste gamme d’applications. Inutile d'énumérer ici tous les matériels de Nvidia, je m'intéresserai juste aux unités GPU NVIDIA Blackwell de la série RTX 50, embarquant chacune 92 milliards de transistors, ou GB200, GTC 2024, offrant jusqu’à 208 milliards de transistors et une efficacité énergétique 25 fois supérieure pour les modèles IA à grande échelle...
Soit des performances inégalées pour les jeux vidéo, le streaming, les data centers, l'entraînement et l'inférence de grands modèles de langage (LLM), les simulations scientifiques, le calcul haute performance, la cryptographie, la conduite autonome et la mobilité, la robotique et les systèmes embarqués (drones, robots industriels, chiens-guides robotisés)...
2. La couche logicielle, qui connecte le matériel et les applications, représente un écosystème robuste pour maximiser les performances de son matériel et faciliter l’adoption par des millions de développeurs, en fournissant un framework de programmation et des bibliothèques IA permettant d'exploiter la puissance des GPU Nvidia dans des applications variées (IA, simulation, cryptographie).
- CUDA (Compute Unified Device Architecture) est le langage propriétaire pour la programmation des GPU, la base de tout l’écosystème IA de Nvidia
- RAPIDS : traitement des données en GPU (dataframe, ML)
- NIM (Inference Microservices) : conteneurs d’inférence IA prêts à l’emploi, par exemple pour la traduction automatique, les avatars IA, ou des outils comme Triton Inference Server
- Modulus : Simulation par réseaux neuronaux physiques (PINNs)
- NVIDIA AI Enterprise : suite logicielle pour déployer, gérer et optimiser des workflows IA en entreprise
- Omniverse : plateforme collaborative pour la création et la simulation 3D en temps réel, la conception de mondes virtuels, l'architecture, le cinéma (utilisé par Pixar, ILM), l'intégration de l’IA générative pour accélérer la création de contenus 3D
- DLSS (Deep Learning Super Sampling) : technologie IA pour améliorer les performances et la qualité graphique dans les jeux. DLSS 4 (2025), avec Multi Frame Generation, génère jusqu’à trois images supplémentaires par image calculée
- Isaac et Cosmos : plateformes pour la robotique et les systèmes autonomes. Isaac GR00T N1 (2025) pour les robots humanoïdes et Cosmos (2025) pour les simulations IA physiques, utilisées par Uber et Wayve
- RTX Remix : outil servant à remastériser des jeux classiques avec ray tracing et DLSS. Concours ModDB (2025) pour encourager les développeurs à moderniser des jeux
3. Les plateformes logicielles verticales proposent des services cloud pour démocratiser l’accès à ses technologies et élargir son écosystème en créant des plateformes par industrie, adaptées à des secteurs entiers.
- Industrie & manufacturing : jumeaux numériques, automatisation, maintenance prédictive, simulation collaborative 3D en temps réel à distance (Omniverse)
- Santé / Pharma : modèles biologiques, imagerie médicale (BioNeMo), découverte de médicaments
- Automobile : voiture autonome, cockpit IA, simulation routière (Drive / DriveSim)
- Télécoms : IA dans la 5G, détection d’anomalies réseau
- Finance : modélisation, prédiction, accélération de calculs
- Robotique et simulation de robots, perception, contrôle (Isaac)
- Cloud gaming (GeForce NOW), intégration de DLSS 4 et prise en charge de la série RTX 50 pour des graphismes ultra-fluides (2025)
- IA générative, IA en entreprise, avec NVIDIA DGX Cloud pour l'entraînement et l'inférence IA, basé sur les superordinateurs DGX (en partenariat avec AWS, Google Cloud, Microsoft Azure), DGX Cloud (IA-as-a-service dans le cloud), NVIDIA AI Foundry, pour aider les entreprises à créer des modèles IA personnalisés (collaboration avec SAP et Salesforce pour intégrer l’IA dans les workflows d’entreprise en 2025), NeMo (développement, tuning et déploiement de LLM), Nvidia AI Enterprise (suite logicielle certifiée pour déploiement IA en entreprise), etc.
4. Collaborations, partenariats stratégiques et intégrateurs. Nvidia ne travaille plus seule, tout son écosystème repose sur un vaste réseau de partenariats stratégiques qui en amplifient l'impact.
- Automobile : partenariats avec Tesla, Mercedes-Benz, Volvo, BYD, et Aurora pour la conduite autonome.
- Technologie : collaborations avec Arm (pour DRIVE Thor), MediaTek, Qualcomm (NVLink Fusion, 2025), et Nintendo (puce personnalisée pour la Switch 2, 2025).
- Recherche et santé : coopération avec Novo Nordisk (superordinateur Gefion), le Royaume-Uni (Cambridge-1) et des universités pour la recherche en IA.
- Sport et médias : partenariats avec la NHL et La Liga pour l’analyse de données via IA, ou avec Disney pour des robots animatroniques.
- Cloud : Microsoft Azure, Google Cloud, Oracle, AWS (via DGX Cloud ou collaborations)
- Collaborations industrielles : Siemens, SAP, Foxconn, BMW, TSMC, ASML
- Open source : participation à PyTorch, Kubernetes, Hugging Face (via intégrations)
5. Domaines d’application. L’ensemble de l'écosystème s’étend à de nombreux secteurs, chacun bénéficiant de ses technologies matérielles et logicielles.
- IA et Deep Learning : entraînement de grands modèles de langage (LLM), génération de contenu (texte, image, vidéo) et applications comme la traduction automatique via NIM.
- Gaming : expériences immersives avec RTX, GeForce NOW, et NVIDIA ACE pour des PNJ IA interactifs.
- Automobile : conduite autonome et systèmes ADAS (Advanced Driver Assistance Systems) via DRIVE.
- Robotique : développement de robots humanoïdes et industriels avec Jetson et Isaac.
- Santé : découverte de médicaments, analyse d’images médicales (collaboration avec GE Healthcare).
- Métavers et création : Conception 3D et simulations virtuelles via Omniverse.
- Télécommunications : Recherche sur la 6G avec le programme 6G Developer (Sionna).
6. Communauté et développeurs. Nvidia soutient une communauté mondiale de développeurs pour élargir l’adoption de ses technologies.
- NVIDIA Developer Program : fournit des outils, SDK, et des formations pour les développeurs (par exemple, CUDA, Omniverse, Isaac).
- NVIDIA Inception : programme pour les startups IA, offrant des crédits cloud et un accès à DGX Cloud.
- Open source : contributions à des projets comme Llama-Nemotron-Nano-VL-8B-V1 et Sionna pour la recherche 6G.
7. Vision et impact global. Sous la direction de Jensen Huang, Nvidia se positionne comme un architecte de l’avenir technologique, avec une vision centrée sur l’IA physique (robots, véhicules autonomes) et l’IA générative. L’écosystème vise à :
- Démocratiser l’IA : avec des outils comme DIGITS et NIM, Nvidia rend l’IA accessible aux créateurs individuels et aux petites entreprises, aussi bien en mode cloud que edge (IA embarquée sur les dispositifs divers, smartphones, etc.)
- Optimiser les performances : l’intégration matériel-logiciel (par exemple, GPU Blackwell + CUDA) maximise l’efficacité
- Innover dans tous les secteurs : de la santé au gaming, en passant par la 6G et le métavers.
- Centres de données ultra-performants (SuperPODs), refroidissement par immersion / basse énergie
- Déploiement de clouds IA locaux (Europe, Japon, Inde, etc.)
- Standardisation avec Nvidia AI Factory : des fermes IA clé en main, de véritables usines d'IA.