J'ai découvert il y a quelques jours le post de Jeremiah Owyang intitulé Three Challenges for the Next Economy. Les arguments traités m'ont particulièrement frappé, car il s'agit d'une approche à laquelle je n'avais pas pensé, mais qui semble évidente en la lisant. J'ai donc demandé à Jeremiah l'autorisation de traduire son billet, qu'il m'a gentiment accordée. Dont acte.À l’heure où nous inventons la prochaine économie, trois problématiques devraient être abordées : l’univers « autonome », le féodalisme de la Silicon Valley, et comment préserver la sécurité humaine face aux robots avancés de demain.
Pour la deuxième année, je participe à la prochaine conférence de Tim O’Reilly sur la Next:Economy, qui se déroulera à San Francisco les 10 et 11 octobre. Cette manifestation rassemblera en un même lieu des leaders et des capitaines d’industrie à l’avant-garde en matière de technologie et d’économie. L’événement donne le ton sur l’impact de la technologie pour les entreprises, les gouvernements, les sociétés et les économies mondiales.
Personnellement, j’anticipe trois formidables défis pour l’économie à venir :
- L’univers « autonome ». Lorsque les robots travaillent mieux que les humains, quel est le rôle de ces derniers ? Ce sujet, qui fut débattu lors de la dernière conférence Next:Economy, est un thème majeur - et nous sommes encore loin d’en avoir fixé les contours. Connaissez-vous ces prévisions de la Maison Blanche : 83 % des travailleurs qui perçoivent moins de 20 $ de l’heure pourraient être remplacés par des robots ; et environ un tiers de celles et ceux qui gagnent entre 21 $ et 40 $ de l’heure.
Nous devons donc établir un dialogue permanent sur les solutions possibles, y compris en conjuguant l’amélioration des compétences (bien qu’elles ne rattraperont probablement jamais celles des robots, dès lors que ceux-ci apprennent plus vite que les humains) et un revenu de base universel ou un salaire garanti pour compenser la situation des personnes en perte d’emplois face aux robots qui prendront leur place tout en augmentant la productivité.
- Est-ce que la Silicon Valley crée et globalise des modèles féodaux ? Au plan économique, est-ce la meilleure voie à suivre ? Cette question, que j’ai abordée à plusieurs reprises dans mes présentations, est une réaction au fait que les startups de la Silicon Valley sont détenues par 1 % de l’élite - qui crée ensuite les plateformes qu’utilise le reste de la société. Qui se cache derrière ce 1 % ? S’agit-il de dictateurs bienveillants ? De celles et ceux qui prennent les premiers risques ? De capitalistes méritants ? Plus simplement de gens chanceux ? Ou est-ce probablement une combinaison de tout ce qui précède ? Toutefois, la réalité est qu’ils sont en train de former le groupe le plus puissant de la planète. Prenons les exemples de Mark Zuckerberg, qui pourrait, sur un coup de tête, influencer le fil d’actualité de Facebook en le remplissant de contenus et d’histoires fluctuant d’une opinion de droite ou de gauche, selon les points de vue ; ou le développement de puissants programmes spatiaux par Elon Musk, qui commencent à poser un défi au secteur public aérospatial et innovent rapidement en matière d’exploration et de transport mondial du futur. Des entrepreneurs influents qui non seulement possèdent et contrôlent les données et les technologies que nous utilisons au quotidien, mais peuvent également financer les organismes sans but lucratif de leur choix grâce à leur richesse phénoménale, parfois en mesure de surpasser les dépenses du secteur public.
- Pour préserver l’économie humaine, nous faudra-t-il concevoir un interrupteur permettant d’éteindre à volonté l’intelligence artificielle ? Comment influencer, gérer, voire contrôler la robotique de pointe et les systèmes d’intelligence artificielle qui finiront par être supérieurs à l’intelligence humaine ? Devrions-nous prévoir un directoire en charge des normes, un ensemble de législations, ou une force de sécurité pour maîtriser les robots ? Au-delà des craintes véhiculées par les films de science fiction les plus dystopiques, que pouvons-nous faire hic et nunc pour préparer le terrain avant que ces technologies ne soient totalement autonomes, sans nécessiter aucune aide humaine ? À titre d’exemple, des scientifiques tentent de créer un système de procédures de contrôle et de contrepoids pour les robots avancés, capables de déclencher des dispositifs de sécurité positive, d’arrêt d’urgence ou d’autres mesures aptes à mettre en sûreté les personnes. Aujourd’hui, la création, la gestion et la prise en charge des technologies dépendent des hommes. Demain, les évolutions en cours généreront de nouvelles formes de co-dépendance. Après-demain, les technologies de pointe pourraient être indépendantes de toute intervention humaine… Serons-nous prêts pour affronter un tel avenir ?
Voici donc où nous en sommes. Trois dossiers distincts qui vont redéfinir l’économie du futur : des technologies capables de prévaloir sur les emplois humains, celles et ceux qui détiennent ces technologies, et trouver des points d’équilibre pour assurer la sécurisation des personnes. Des questions pressantes qui exigent que vous partagiez vos meilleures idées et toute votre ingéniosité afin de préparer ensemble les prochaines étapes de la technologie, du monde des entreprises, des pouvoirs publics, de la société et de l’économie.
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