Federico Pucci
Précurseur oublié de la traduction automatique
Tel est le titre du livre que la petite-fille de Federico Pucci et moi-même avons décidé d'écrire, et dont nous vous proposons ici la préface :
En cherchant le binôme traduction automatique, Google renvoie plus de 2,5 millions de résultats, pratiquement autant pour traduzione automatica, presque 11,5 millions pour machine translation (MT), et ainsi de suite dans toutes les langues. Des chiffres inéluctablement destinés à augmenter dans les années à venir.
Jamais il n’a été autant question de traduction automatique (TA) que ces jours-ci, et l’arrivée de la TA neuronale faisant levier sur l’intelligence artificielle promet de révolutionner encore le domaine. Soit la deuxième (r)évolution majeure en moins de 20 ans, après la première vague révolutionnaire, signée Google dans les années 2000.
S’il est un chercheur qui fait autorité dans l’histoire de la traduction automatique, c’est bien John Hutchins, dont l’article « Machine Translation: History », publié en 2006 dans l’Encyclopedia of Language & Linguistics, Second Edition, Éd. Elsevier, commence par le chapitre « Precursors and Pioneers, 1933–1954 » ; en voici le début (1) :
Pourtant, dans des documents antérieurs, rédigés par ce même John Hutchins, celui-ci mentionne par deux fois un certain Federico Pucci, de Salerne. La première fois en 1997, dans un document intitulé « First Steps In Mechanical Translation » (2) :
Or c'est quand même à lui que revient le mérite d'avoir publié le premier texte au monde sur le traducteur "mécanique" des temps modernes, dès 1931 (an IX de l'ère fasciste !) :
À notre connaissance, il écrira d'ailleurs 10 livres en 30 ans sur son idée d'invention, totalement inconnus aujourd'hui.
En rédigeant cette préface, un peu plus d’un an après avoir écrit mon premier billet de blog sur cette incroyable histoire, intitulé « Traduction automatique : SCOOP sur le traducteur dynamo-mécanique ! », je me rends pourtant compte que le chemin parcouru, déjà riche et intense, est inférieur à celui qui reste à parcourir, avant que le rôle de précurseur de Federico Pucci dans l’histoire de la traduction automatique ne soit universellement reconnu, et qu’une Université, ou encore l’un des acteurs majeurs de la TA dans le monde, ne s’empare de ses travaux et intuitions pour réaliser finalement un prototype fonctionnel de sa machine à traduire…
Bibliographie
(1) Hutchins J (2006), Machine Translation: History. In: Keith Brown, (Editor-in-Chief) Encyclopedia of Language & Linguistics, Second Edition, volume 7, pp. 375-383. Oxford: Elsevier.
http://www.hutchinsweb.me.uk/ EncLangLing-2006.pdf
Jamais il n’a été autant question de traduction automatique (TA) que ces jours-ci, et l’arrivée de la TA neuronale faisant levier sur l’intelligence artificielle promet de révolutionner encore le domaine. Soit la deuxième (r)évolution majeure en moins de 20 ans, après la première vague révolutionnaire, signée Google dans les années 2000.
S’il est un chercheur qui fait autorité dans l’histoire de la traduction automatique, c’est bien John Hutchins, dont l’article « Machine Translation: History », publié en 2006 dans l’Encyclopedia of Language & Linguistics, Second Edition, Éd. Elsevier, commence par le chapitre « Precursors and Pioneers, 1933–1954 » ; en voici le début (1) :
Although we might trace the origins of ideas related to machine translation (MT) to 17th-century speculations about universal languages and mechanical dictionaries, it was not until the 20th century that the first practical suggestions could be made, in 1933 with two patents issued in France and Russia to Georges Artsrouni and Petr Trojanskij, respectively. Artsrouni’s patent was for a general-purpose machine that could also function as a mechanical multilingual dictionary. Trojanskij’s patent, also basically for a mechanical dictionary, went further with detailed proposals for coding and interpreting grammatical functions using ‘universal’ (Esperanto-based) symbols in a multilingual translation device.Il y est donc clairement établi que les précurseurs/pionniers de la TA sont Georges Artsrouni et Petr Trojanskij, et l’année de référence est 1933. Une assertion unanimement reconnue et, à ma connaissance, jamais remise en question par qui que ce soit.
Pourtant, dans des documents antérieurs, rédigés par ce même John Hutchins, celui-ci mentionne par deux fois un certain Federico Pucci, de Salerne. La première fois en 1997, dans un document intitulé « First Steps In Mechanical Translation » (2) :
In August 1949, the New York Times reported from Salerno that an Italian named Federico Pucci, had invented a machine to translate, saying that it would be exhibited at a Paris Fair; but no more was to be heard of it.Puis, dans une mise à jour datée de 2005 (3):
On 26 August 1949, the New York Times reported (page 9) from Salerno: Federico Pucci announced today that he had invented a machine that could translate copy from any language into any other language. He said that the machine was electrically operated, but refused to disclose details. He said that he would enter it in the Paris International Fair of Inventions next month.
It is uncertain whether Pucci had any knowledge of Huskey’s proposals, and it seems most unlikely he knew about Weaver's memorandum or the British experiments. In any event, there is no trace of any demonstration at the Paris fair; and nothing more is known about Pucci.Soit une dizaine de lignes en tout, mais qui donnent le départ d’une extraordinaire découverte, doublée d’une formidable aventure humaine : celles de Federico Pucci, dont nul n’avait jamais connu rien d’autre que ces quelques mots, jusqu’à ce qu’une irréfrénable curiosité ne me pousse à en savoir davantage…
Or c'est quand même à lui que revient le mérite d'avoir publié le premier texte au monde sur le traducteur "mécanique" des temps modernes, dès 1931 (an IX de l'ère fasciste !) :
À notre connaissance, il écrira d'ailleurs 10 livres en 30 ans sur son idée d'invention, totalement inconnus aujourd'hui.
En rédigeant cette préface, un peu plus d’un an après avoir écrit mon premier billet de blog sur cette incroyable histoire, intitulé « Traduction automatique : SCOOP sur le traducteur dynamo-mécanique ! », je me rends pourtant compte que le chemin parcouru, déjà riche et intense, est inférieur à celui qui reste à parcourir, avant que le rôle de précurseur de Federico Pucci dans l’histoire de la traduction automatique ne soit universellement reconnu, et qu’une Université, ou encore l’un des acteurs majeurs de la TA dans le monde, ne s’empare de ses travaux et intuitions pour réaliser finalement un prototype fonctionnel de sa machine à traduire…
Salerne, Pâques 2018
Bibliographie
(1) Hutchins J (2006), Machine Translation: History. In: Keith Brown, (Editor-in-Chief) Encyclopedia of Language & Linguistics, Second Edition, volume 7, pp. 375-383. Oxford: Elsevier.
http://www.hutchinsweb.me.uk/
(2) FIRST STEPS IN MECHANICAL TRANSLATION
John Hutchins
(University of East Anglia, Norwich, UK)
(3) [Corrected version (2005) of paper in: Machine Translation, vol.12 no.3, 1997, p.195-252]
From first conception to first demonstration: the nascent years of machine translation, 1947-1954
A chronology
John Hutchins
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Billet récent :
2019 : 90e anniversaire du concept de traduction automatique selon Federico Pucci (08/09/2018)
Billets précédents :
Sur Adscriptor :
7. Federico Pucci : Pioniere dimenticato della traduzione automatica (18/05/2018)
6. Federico Pucci : The overlooked pioneer of machine translation (10/04/2018)
5. Federico Pucci : Précurseur oublié de la traduction automatique (01/04/2018)
4. Il traduttore [elettro]-meccanico secondo Federico Pucci (17/06/2017)
3. Exclusivité : les inventions de Federico Pucci dans la traduction automatique (24/03/2017)
2. Histoire actualisée de la traduction automatique (17/03/2017)
1. Traduction automatique : une découverte extraordinaire (16/03/2017)
Sur Translation 2.0 :
7. Federico Pucci, linguiste émérite, inventeur et précurseur de la traduction automatique (27/07/2017)
6. Le traducteur [électro]-mécanique selon Federico Pucci (16/06/2017)
5. Exclusivité : Federico Pucci, inventeur du premier "traducteur mécanique" des temps modernes (02/04/2017)
4. Premier texte au monde sur la traduction automatique (15/03/2017)
3. Federico Pucci, pioniere della traduzione automatica (13/03/2017)
2. Federico Pucci : LE précurseur de la traduction automatique (13/03/2017)
1. Traduction automatique : SCOOP sur le traducteur dynamo-mécanique ! (12/03/2017)
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P.S. Federico Pucci, homme d'ingéniosité et de culture, dans les mots de sa fille, est né à Naples le 23 mars 1896. Il est décédé à Salerne le 6 mars 1973, à la veille de ses 77 ans.
Il est l'arrière-petit-fils, par son père, de Francesco Benzo Duca della Verdura, d'abord intendant de la Basilicate, puis préteur et intendant de Palerme entre 1849 et 1858, gentilhomme de la chambre du roi Ferdinand II des Deux-Siciles, et accessoirement polyglotte et interprète du roi.
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