jeudi 24 avril 2025

Intelligence artificielle - Deuxième bloc

Intelligence artificielle - Premier bloc

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  1. L'intelligence artificielle et les transports
  2. L'intelligence artificielle et la logistique
  3. L'intelligence artificielle et la voiture
  4. L'intelligence artificielle et la robotique
  5. L'intelligence artificielle et la domotique
  6. L'intelligence artificielle et l'informatique
  7. L'intelligence artificielle et la téléphonie
  8. L'intelligence artificielle et la sécurité
  9. L'intelligence artificielle et la cryptographie
  10. L'intelligence artificielle et le militaire
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1. L'intelligence artificielle et les transports

À l'instar de tous les secteurs, l'IA bouleverse le monde des transports : aérien (gestion des vols), ferroviaire (optimisation des horaires), maritime (automatisation des ports), routier (circulation automobile) et trafic urbain (réduction des embouteillages, gestion intelligente du trafic), etc.

Aviation, aéronautique, secteur spatial


L'expérience passagers, la manutention des bagages, la maintenance préventive des appareils, la gestion intelligente du trafic, la sécurité des aéroports, mais encore la mise au point de solutions d’IA d’aide aux pilotes, les projets d’avions sans pilotesles drones et la mobilité aérienne innovante, la menace sur les emplois dans le secteur aéroportuaire, les boîtes noires, l’apprentissage automatique utilisés pour l’exploration spatiale, etc. etc.

Chemins de fer

Mobilité ferroviaire plus intelligente et durable, maintenance prédictive pour mieux anticiper les pannes de train, des milliers de capteurs placés sur les trains transmettent chaque jour une masse colossale de données, traitées ensuite pour en sortir une information pertinente et fluidifier le trafic, en transformant ces données complexes en informations exploitables (la digitalisation du rail, selon Alstom, la deuxième révolution numérique de l'IA générative, selon la SNCF), une révolution dans la gestion des flux (analyse des données passagers et personnalisation de l’expérience voyageurs, optimisation des itinéraires, sécurité optimisée, prédiction de la demande et allocation des ressources, gestion de la maintenance et du trafic en temps réel), une application à 360° de l’IA au système intégré (comprenant des véhicules, des processus d’exploitation et des infrastructures) du transport ferroviaire. En bref, des implications pour l'ensemble du secteur ferroviaire.

Transport de fret maritime 

Optimiser les routes maritimes, réduire les consommations de carburant et les émissions de gaz à effet de serre (GES), tracer et sécuriser les marchandises, gérer la conformité réglementaire et technique, contrôle des flottes, capteurs de suivi des conteneurs intelligents, réduction de la vitesse des navires (ce qui permet des économies de carburant de 10 à 25 %), etc., l’intelligence artificielle transforme en profondeur l’industrie maritime (responsable du transport de plus de 90 % du commerce mondial et de 3 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète), et l'impression est que nous n'en sommes qu'au début...

Transport routier
 
Des initiatives comme la bourse de fret permettent de maximiser les chargements pour assurer un transport efficace, optimiser les trajets, réduire les coûts logistiques, pallier la pénurie de conducteursaméliorer la durabilité des flottes, planifier les itinéraires, etc.

L'approche centrée sur le conducteur fournit un outil prédictif pour évaluer les risques de conduite, affiner l’analyse des comportements (juste en France, selon l’ONISR, les facteurs humains sont impliqués dans 92 % des accidents mortels), à travers le développement de systèmes de perception « bio-inspirés », la mise en place de capteurs perceptifs pour les aides à la conduite ou les véhicules autonomes, là où les planificateurs humains n’ont plus la capacité d’optimiser de tête des situations de plus en plus complexes.

Dans un marché mondial de l'aide à la conduite routière (HDA) qui devrait atteindre 37,8 milliards de dollars d'ici 2033, le rôle de l'intelligence artificielle sera toujours plus crucial. 

Trafic urbain 

L'intelligence urbaine se propose de réinventer le trafic et d'améliorer la qualité de l'air au cœur des villes, avec des impacts profonds sur la santé publique, l'économie, et l'environnement. Les solutions et les applications sont nombreuses : systèmes intelligents de gestion de trafic (ITS), optimisation des feux de circulation, amélioration de la logistique urbaine, mobilité en tant que service (MaaS), sécurité et gestion des incidents, etc.


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2. L'intelligence artificielle et la logistique

La logistique est probablement l'un des domaines où la plupart des entreprises ont recours à l'IA, à diverses fins : prévision de la demande, planification des expéditions, visibilité des itinéraires, temps de transit, optimisation de l'entreposage, état des cargaisons, perturbations potentielles et transporteurs alternatifs, assistance conversationnelle basée sur l'IA pour répondre aux questions fréquentes des clients, analyse des réclamations, transmission des données pertinentes aux équipes concernées, etc.

La logistique intelligente exploite les dispositifs de l'Internet des Objets (IdO) (on parle désormais d'intelligence artificielle des objets - AIoT), tels que les capteurs, les étiquettes d’identification par radiofréquence (RFID) ou les étagères intelligentes pour superviser l'état et les niveaux d'inventaire en temps réel, etc., pour optimiser la chaîne d’approvisionnement, réduire les coûts et améliorer l’efficacité de la production.

De l'automatisation des entrepôts à la grande distribution (l'un des secteurs les plus concernés par la gestion des stocks, de nombreux usages possibles), les avantages de l’IA sont nombreux :
  • Précision optimisée
  • Économies de coûts
  • Efficacité accrue
  • Satisfaction des clients améliorée
  • Évolutivité
  • Prise de décision éclairée

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3. L'intelligence artificielle et la voiture

À la croisée des transports et de la logistique, voitures autonomes sans conducteur et gestion automatisée de flottes de véhicules utilisent des agents IA pour analyser l’environnement en temps réel et ajuster la conduite selon le trafic ou les obstacles, afin d'optimiser une navigation sécurisée, sans intervention humaine. Mais les projets ne s'arrêtent pas là : taxis aériens autonomes, déjà autorisés, livraisons autonomes (avant on avait des chauffeurs-livreurs, désormais il n'y aura plus ni chauffeurs ni livreurs...), itinéraires calculés par l'IA sous la dénomination de planificateurs de trajets, bientôt individuels :
Le planificateur apprendra automatiquement de l’expérience des recharges passées pour mieux identifier les plages où les meilleures conditions de charge sont réunies, non seulement en fonction du modèle, mais du véhicule spécifique. En d’autres termes, nous préparons un planificateur taillé sur mesure pour chaque électromobiliste. 
Côté réglementation, le déploiement des véhicules autonomes se heurte encore à la Convention de Vienne (1977), dont l'article 8-1 impose la présence d'un conducteur, l'article 8-5 ajoute que ce dernier doit avoir le contrôle de son véhicule, et l'article 8-15 précise que le conducteur doit en rester maître. Règles aisément contournables en assimilant une IA à un humain (exemple de la Californie) ! Mais soyons assurés que le cadre réglementaire ne sera pas un problème bien longtemps...

En matière de gestion du parc automobile, différents logiciels se concurrencent, il n'y a que l'embarras du choix. L'intelligence artificielle aussi y apporte sa touche, et l'impact se fait sentir !

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4. L'intelligence artificielle et la robotique

L'IA et la robotique semblent faits sur mesure l'une pour l'autre ! Ce qui ne va pas sans susciter quelques craintes : menaces pour l'emploi, dysfonctionnements, piratages, etc., mais leur point commun est que les robots opèrent aussi dans des secteurs investis par l'IA : robotique dans l'industrie en général, les véhicules autonomes, la santé, l’agriculture, la fabrication, la défense, l’aérospatiale (exploration spatiale mais aussi sous-marine), la restauration, etc.

Donc, lorsque ces derniers intègrent la première, ils apprennent à prendre des décisions de manière autonome (avec des temps d'apprentissage pouvant être extrêmement rapides) et à s’adapter à leur environnement. Pour ne citer qu'un exemple, certains entrepôts "intelligents" d'Amazon sont presque entièrement robotisés : pas de maladies, pas de grèves, pas de réclamations, bien qu'on y voie passer un humain de temps en temps...



Cela n'empêche pas certains de penser que les perspectives pour l'humanité sont prometteuses ! Moi qui ai le temps d'écrire ces billets parce que j'ai de moins en moins de travail à cause des IA traductionnelles, je n'en suis pas si sûr :-)

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5. L'intelligence artificielle et la domotique

Avant Internet, j'achetais des dictionnaires pour les besoins de mon métier. C'est ainsi qu'en 1990 je me suis procuré le Dictionnaire de domotique (sous la direction de Witold Zaniewicki), Éditeur : Milieu et techniques (Paris), diffusion Eyrolles, payé 750 FF de l'époque (un peu plus de 200€ à l'heure actuelle !).

Par curiosité, j'ai été voir si le concept d'intelligence artificielle était déjà défini. Oui :
Discipline, issue des courants de la cybernétique et de l’analyse de systèmes, reposant sur la simulation de certains processus du raisonnement humain par des procédures automatiques de recherche de solution de problèmes formels – ces procédures étant exécutées par des programmes d’ordinateur ; principaux domaines d’application : apprentissage de jeux, démonstration de théorèmes, diagnostic médical, reconnaissance de formes, synthèse de la parole ; si les recherches en intelligence artificielle, concomitantes avec le développement de systèmes-experts de plus en plus performants, proviennent de l’observation et de la représentation que l’on se fait de l’intelligence humaine, il faut aussi remarquer que la réciproque est vraie et que les innovations permanentes dans ce domaine modifient et font reculer la définition de l’intelligence humaine, c’est-à-dire les limites de sa spécificité par rapport à la machine et aux mécanismes ; ainsi peut-on concevoir les futurs développements de la domotique
Une très belle définition, qui nous permet de mesurer, 35 ans plus tard, l'écart incroyable entre ce que l'IA représentait à l'époque et ce que ces 4 billets (2 encore à venir...) en disent - brièvement - aujourd'hui.

Le dictionnaire définissait également la "maison intelligente", ce qu'était un "produit intelligent", mais encore l'immotique ou ce qu'était un "immeuble intelligent".

En 2025 l'évolution de la domotique est inarrêtable, et lorsque l'intelligence artificielle domestique vient se greffer sur les maisons connectées (ou sur les objets connectés d'une manière générale), la "maison intelligente" (ou le "bâtiment intelligent" / son "jumeau numérique") devient domotique résidentielle, en attendant la "ville intelligente" ! Nous avons vraiment changé d'échelle, mais n'en sommes qu'aux premiers ... échelons !

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6. L'intelligence artificielle et l'informatique

Initialement, l'intelligence artificielle était une branche de l'informatique ! Peut-on encore en dire autant aujourd'hui ? Je pense plutôt qu'elle s'en est émancipée et que la première va transformer la seconde. Probablement jusqu'à ce que la quatrième révolution civisationnelle "révolutionne" la troisième, qu'à son tour l'informatique quantique transforme l'IA...

En attendant, l'IA réinvente l'informatique, dans les petites et les grandes largeurs, de la programmation au développement en passant par la génération de code (générateurs) : « L'IA va écrire 80 % du code d’ici 5 ans », selon Thomas Dohmke (PDG de GitHub).


Tariq Krim nous en parlait déjà dans Quand le logiciel cessera d’obéir (Nous ne sommes pas encore prêts pour ce qui vient après le logiciel déterministe), en annonçant un changement d’une ampleur inédite dans la conception des architectures des systèmes d’IA, et il est loin d’être certain que la majorité d’entre nous en mesure pleinement l’importance — et surtout l’impact radical que cela va avoir sur la manière dont nous écrivons des logiciels.

Il est intéressant d'observer que la conceptualisation de l'intelligence artificielle remonte aux années 50, c'est-à-dire à la même époque que la création des premiers ordinateurs. Or à présent que l'informatique traditionnelle a acquis sa pleine maturité et serait plutôt sur le déclin, l'IA est au contraire en pleine phase de lancement et entame tout juste sa croissance !


Dire que l'informatique est sur le déclin est probablement exagéré, mais quoi qu'il en soit les ordinateurs tels que nous les connaissons pourraient bien laisser la place à la téléphonie mobile intelligente...

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7. L'intelligence artificielle et la téléphonie

Au niveau individuel, de plus en plus de nouveaux modèles de smartphones intègrent l’intelligence artificielle pour offrir des fonctionnalités avancées. Nous allons dans le sens de la prévision d'Eric Schmidt : que se passera-t-il lorsque les mobiles mettront dans la poche de chacun de nous l'équivalent du plus intelligent des experts humains pour chaque problème ?

  • Assistants virtuels et intelligence contextuelle
  • Photographie améliorée
  • Performances et gestion de la batterie optimisées
  • Sécurité et reconnaissance faciale
  • Amélioration de l’accessibilité et des interactions
  • Traduction/interprétation dans plusieurs langues
  • Synthèse rapide de documents pour ne retenir que les informations importantes
nous sembleront demain de simples gadgets auxquels plus personne ne prête attention.

Au niveau de l'entreprise, l’intelligence artificielle s’impose comme un nouvel étage stratégique dans la téléphonie cloud et déploie toute son influence transformatrice :
  1. SVI intelligents (serveurs vocaux interactifs)
  2. Conversations analysées en temps réel
  3. Assistants IA d'accompagnement des collaborateurs
  4. Personnalisation affinée des interactions et de l'expérience client
  5. Automatisation des tâches
  6. Amélioration de la qualité des appels
  7. Résolution des problèmes, etc.
En clair, l'IA dessine un avenir incontournable dans le secteur des télécommunications. Les opérateurs télécom ne s'y trompent pas et investissent massivement, y compris dans la sécurité, un autre enjeu majeur pour l’industrie...

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8. L'intelligence artificielle et la sécurité 

Les deux faces du binôme intelligence artificielle - sécurité sont 1) la sécurité de l'intelligence artificielle, et 2) la sécurité par l'intelligence artificielle.  

1) La sécurité de l'intelligence artificielle 

Toute utilisation abusive, voire malfaisante, de l'IA peut vite s'avérer très problématique. Selon Eric Schmidt, il existe de nombreuses preuves que, s'ils ne sont pas contrôlés, les nouveaux modèles d'IA peuvent produire des agents pathogènes, notamment des virus, juste en prenant des souches existantes et en les modifiant. Pour l'heure personne ne sait, ni ne peut imaginer, jusqu'où cela nous mènerait. L'exemple d'une pandémie vient immédiatement à l'esprit, mais le bioterrorisme n'est qu'une menace parmi tant d'autres...


En vous invitant vivement à lire en détail la note de synthèse, en français, je vous en livre juste la conclusion (c'est moi qui souligne en graissant) :
L’avenir de l’IA à usage général est incertain, dans un contexte où de nombreuses trajectoires paraissent possibles, même dans un avenir proche, avec des résultats parfois très positifs, parfois très négatifs. Mais aucun aspect de l’avenir de l’IA à usage général n’est inévitable. Comment l’IA à usage général sera développée et par qui, quels problèmes sera-t-elle conçue pour résoudre, les sociétés pourront-elles en extraire pleinement le potentiel économique, qui en bénéficiera, à quels types de risques nous exposons-nous et quelles sommes investirons-nous dans la recherche pour en atténuer les risques ? Ces questions, comme un tas d’autres dépendent des choix que font les sociétés et gouvernements aujourd’hui et qu’ils feront demain pour façonner le développement de l’IA à usage général.
Quoi qu'il en soit, l'AI safety est promise à un bel avenir !

2) La sécurité par l'intelligence artificielle

Faisons donc confiance à notre prochain, ne serait-ce qu'une seconde, et voyons ce que l'intelligence artificielle peut faire POUR la sécurité. Notamment en matière de sécurité de l’information, de détection des menaces, de fraudes, de deepfakes, d'hallucinations, de cybersécurité, voire en sécurité informatique dans le monde nucléaire

Par exemple, dans le cas de la prévention des pertes de données (DLP) dans le cloud, le pilotage par l'IA permet de comprendre et d'analyser en profondeur le contenu des pages d'un document pour détecter les informations personnelles identifiables (PII) et les informations de santé protégées (PHI) et en empêcher ainsi toute fuite indésirable. De fait, automatiser l'analyse des menaces permet de mieux les contrer, à temps si possible !

Manifestement, le pendant de ce qui précède est ce que l'intelligence artificielle peut faire CONTRE la sécurité, outre les risques qu'elle fait peser sur les organisations publiques et privées en termes de désinformation, de manipulation et d’escroqueries diverses

Enfin, dans le domaine de la sécurité, il y a une convergence naturelle entre intelligence artificielle et intelligence économique, raison pour laquelle les experts en intelligence artificielle devraient désormais être intégrés aux métiers de l'intelligence économique tout court :

Source : EGE

Sur ce 8e point, il est évident que les termes sécurité/sûreté sont interchangeables. 


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9. L'intelligence artificielle et la cryptographie

La fusion de l'IA et de la cryptographie avancée inaugure une ère nouvelle dans la lutte contre la cybercriminalité et le Dark Web. Ce point est étroitement lié au précédent, bien que cette alliance puisse parfois déboucher sur des résultats surprenants et décrypter de vieilles énigmes !


Il ne reste plus qu'à associer l'informatique quantique au binôme intelligence artificielle-cryptographie, et la sécurité des données numériques, et pléthoriques, devrait faire un grand bond en avant. On va même passer direct au chiffrement quantique...

Cela pourrait être déterminant pour le chiffrement des cartes bancaires, les signatures électroniques et les communications sécurisées sur Internet, autant d'opérations vitales pour toute personne vivant  dans un régime totalitaire et qui ne plaît pas au régime. Or qui est-ce qui est en train de développer un super-ordinateur quantique ? La Chine !

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10. L'intelligence artificielle et le militaire

Je n'ai pas choisi l'argument le plus marrant pour terminer ce second bloc ! Par contre il est logique de le traiter après la sécurité et la cryptographie, vu que les militaires ont toujours été en pointe dans ces domaines. Rappelons que nous devons la naissance d'Internet à l'Agence américaine pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA : Defense Advanced Research Projects Agency), chargée de développer de nouvelles technologies à usage militaire...

Une récente publication de l'ONISTS (Observatoire national de veille stratégique des innovations scientifiques et des technologies de rupture pour la sécurité intérieure) nous signale la sortie d'un rapport de l'UNIDI (Institut des Nations-Unies pour la Recherche sur le Désarmement), en précisant :
L'intelligence artificielle ramenée au domaine militaire est souvent liée à des sujets d'autonomie ou à des systèmes d'armes qui demeurent des question très importantes, mais ces domaines ne représentent qu'une très petite partie de l'éventail des applications militaires possibles de l'intelligence artificielle.
Je cite :
  • Contrôle des drones et des robots militaires pour des missions de surveillance et de reconnaissance
  • Prévention des attaques
  • Assistance au commandement et proposition de solutions stratégiques
  • Gestion des approvisionnements et de la logistique
  • Optimisation des itinéraires de transport et des déploiements de forces sur le terrain
  • Planification des stocks de matériel et de fournitures et des mouvements de personnel et de matériel
  • Développement de nouvelles technologies de drones et de robots autonomes
Il est certain que les armes restent la chasse gardée (si l'on peut dire) des militaires, mais de telles innovations utilisées à des fins militaires, entre les mains de régimes autoritaires tels que la Chine, la Russie ou de dictatures comme la Corée du Nord, représentent une menace significative...


P.S. Sous réserve d'ajustements de dernière minute, les deux blocs restants devraient ressembler à ce qui suit.

Troisième bloc :
  1. L'intelligence artificielle et la politique
  2. L'intelligence artificielle et la statistique
  3. L'intelligence artificielle et la santé
  4. L'intelligence artificielle et l'environnement
  5. L'intelligence artificielle et la médecine / pharmacie
  6. L'intelligence artificielle et la fabrication / production
  7. L'intelligence artificielle et la construction / le BTP
  8. L'intelligence artificielle et l'énergie
  9. L'intelligence artificielle et l'agriculture
  10. L'intelligence artificielle et les ressources humaines
Quatrième bloc :
  1. L'intelligence artificielle et le marketing
  2. L'intelligence artificielle et la comptabilité
  3. L'intelligence artificielle et l'enseignement
  4. L'intelligence artificielle et l'éducation
  5. L'intelligence artificielle et la formation
  6. L'intelligence artificielle et les langues
  7. L'intelligence artificielle et la culture
  8. L'intelligence artificielle et les services publics
  9. L'intelligence artificielle et les loisirs
  10. L'intelligence artificielle et les bibliothèques (livres et documentation lato sensu)

mardi 22 avril 2025

Intelligence artificielle - Premier bloc

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Pour l'utilisateur lambda, l'intelligence artificielle (IA) se résume à poser des questions. Les réponses sont plutôt intelligentes, claires et concises, avec une introduction, un développement articulé et une conclusion en forme de synthèse. Si l'on pense que l'IA vous répond dans l'espace de quelques secondes en n'importe quelle langue et sur n'importe quel sujet avec un très bon degré d'exactitude, la performance est suffisamment époustouflante pour être soulignée.

Idem pour la traduction : vous saisissez un bout de texte quelconque, vous indiquez dans quelle langue vous souhaitez qu'il soit traduit, et le tour est joué !

Choses encore inconcevables il n'y a pas si longtemps, avec un tel niveau qualitatif. Cela étant, chaque réaction de l'IA me fait penser à une chambre d'hôtel, du 4 étoiles au palace : bien propre, aseptisée, tirée au carré, rien ne dépasse, politiquement correcte, plus ou moins luxueuse, mais toutefois impersonnelle, pas la moindre individualité, elle m'appartient autant qu'au voisin, sans distinction, aucune singularité. En bref, chacun(e) pourrait dire, « Il y manque ma touche » !

Certes, cela n'est que le sommet de la partie émergée de l'iceberg...

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En préparant ce billet, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec celui écrit sur Facebook en octobre 2007. À l'époque, il était déjà question de Facebook tous les jours, dans tous les médias, tous les "experts" du moment proposant leur propre réponse, avec en arrière-plan un faisceau diffus d'interrogations : c'est quoi Facebook, à quoi ça sert, comment ça marche, quel est l'intérêt, en quoi cela me concerne-t-il ? Et mon propre questionnement : quoi dire, aujourd'hui, et comment le dire, pour sortir du lot ? Cela a donné le billet le plus lu de toute l'histoire de mon blog, et le seul qui m'ait valu d'être en première page des résultats de Google sur la requête "Facebook" !

Je ne prétends pas réitérer, mais 18 ans plus tard, il suffit de remplacer Facebook par IA : il est question de l'IA tous les jours, dans tous les médias, tous les "experts" du moment proposant leur propre réponse, avec en arrière-plan un faisceau diffus d'interrogations : c'est quoi l'IA, à quoi ça sert, comment ça marche, quel est l'intérêt, en quoi cela me concerne-t-il ? Et mon propre questionnement : quoi dire, aujourd'hui, sur l'IA, et comment le dire, pour sortir du lot ? Voici ma tentative de réponse.

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L'IA est l'aboutissement idéal de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, ce fameux dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers qui portait - il y a deux siècles et demi - l'ambition considérable de présenter une synthèse des / de toutes les connaissances de l'époque. Cependant, la capacité protéiforme de l'IA (démultipliée à l'infini par les phénoménales puissances de calcul atteintes en 2025, et destinées à connaître une croissance exponentielle dans les mois et années à venir) va bien au-delà.

De facto, l'IA n'est plus une simple technologie, ou juste un outil, mais plutôt une prosthesis, selon son étymologie originelle (signifiant « action d'ajouter »), non pas pour remplacer notre intelligence (en aucun cas l'intelligence artificielle ne doit supplanter l'intelligence humaine), mais pour la fortifier, pour l'aider à prendre de bonnes (meilleures) décisions. L'essentiel n'est plus de savoir si elle va supprimer mon emploi, ou tous nos emplois, mais de comprendre son impact fondamental dans nos vies de tous les jours, dans tous les secteurs économiques, sociaux, culturels, etc., et comment elle va réinventer notre façon de travailler en particulier, et de vivre en général !

Dans L'homme augmenté. Futurs de nos cerveaux (© Éditions Grasset & Fasquelle, 2024), Raphaël Gaillard observe fort justement : « [R]ien ne dit qu’une (...) greffe de l’IA sur nos corps fonctionnerait pleinement » (il se demande même si la perspective est crédible), et prône plutôt un retour aux humanités :

Que peuvent être les humanités au XXIe siècle ? Ce qu’elles ont toujours été depuis l’Antiquité, passées de main en main, de cerveau en cerveau, de génération en génération, s’enrichissant ainsi de nouvelles traces de génie.

Redonner leur place aux humanités, ce n’est certainement pas tourner le dos aux nouvelles technologies, c’est au contraire s’armer pour naviguer vers ces nouveaux horizons.

C’est considérer la culture pour ce qu’elle est : non une fin en soi, mais un moyen. 

Ainsi de l'IA : elle n'est pas - ni ne peut, ni ne devra jamais être - une fin en soi, mais un moyen. Que chacun(e) doit apprendre à déployer en conscience et en connaissance de cause.

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L'intelligence artificielle, que j'ai qualifiée de troisième révolution civilisationnelle, est la capacité des machines à effectuer des tâches typiquement associées à l'intelligence humaine, comme l'apprentissage, le raisonnement, la résolution de problème, la perception ou la prise de décision. C'est également le champ de recherche visant à développer de telles machines ainsi que les systèmes informatiques qui en résultent.

Toutefois, s'agissant d'un nouvel écosystème, expérimental et évolutif (machines, systèmes informatiques, intelligents, algorithmes, applications, capteurs, matériels, logiciels, réseaux neuronaux, langages, robots, modèles, agentsIA générative, agentique, etc.), il n’y a pas vraiment une seule définition qui serait universellement acceptée.

Selon la BEI, comment fonctionne l’IA ?

L’IA se nourrit de grands volumes de données, dont la quantité et la qualité forment le socle de son efficacité. Ses capacités lui permettent ensuite d’extraire de ces données certains critères et de les traiter aux fins d’un résultat. Les systèmes d’apprentissage automatique requièrent une part d’intervention humaine afin d’indiquer à la machine les modalités d’extraction des attributs recherchés. Les systèmes d’apprentissage profond, qui relèvent d’un niveau d’IA beaucoup plus perfectionné, sont capables de se former eux-mêmes et d'apprendre à extraire et à classer différentes caractéristiques.

Avec à terme, d'après Tariq Krim, un fonctionnement de l'IA en réseau de systèmes intelligents dialoguant directement sans passer par nous, et des ordinateurs auto-apprenants qui n'ont plus besoin de nous écouter (Eric Schmidt) !

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Cette "force de transformation" (force brute...) investit tous les domaines, toutes les sphères d'activité. La liste est infinie, je ne me limiterai donc qu'à quelques exemples. Après avoir abordé précédemment le binôme intelligence artificielle et traduction, voici 40 déclinaisons supplémentaires de l'intelligence artificielle, classées à l'intuition :

  1. L'intelligence artificielle générative
  2. L'intelligence artificielle agentique
  3. L'intelligence artificielle autonome
  4. L'intelligence artificielle et l'interaction homme-machine
  5. L'intelligence artificielle et la bancassurance
  6. L'intelligence artificielle et la finance
  7. L'intelligence artificielle et l'immobilier
  8. L'intelligence artificielle et le commerce
  9. L'intelligence artificielle et le droit
  10. L'intelligence artificielle et le travail
Ce premier billet, qui comprend les 10 sujets ci-dessus, sera suivi de trois autres (30 thèmes restants, divisés en trois blocs de 10 chacun). Pour l'heure, voici les 30 sujets, pêle-mêle, je les classerai ensuite au gré de mon inspiration...
  1. L'intelligence artificielle et les transports
  2. L'intelligence artificielle et la logistique
  3. L'intelligence artificielle et la voiture
  4. L'intelligence artificielle et la robotique
  5. L'intelligence artificielle et l'informatique
  6. L'intelligence artificielle et le militaire
  7. L'intelligence artificielle et la médecine / pharmacie
  8. L'intelligence artificielle et la santé
  9. L'intelligence artificielle et l'environnement
  10. L'intelligence artificielle et l'enseignement
  11. L'intelligence artificielle et l'éducation
  12. L'intelligence artificielle et la formation
  13. L'intelligence artificielle et les langues
  14. L'intelligence artificielle et la culture
  15. L'intelligence artificielle et la téléphonie
  16. L'intelligence artificielle et la politique
  17. L'intelligence artificielle et la domotique
  18. L'intelligence artificielle et l'énergie
  19. L'intelligence artificielle et l'agriculture
  20. L'intelligence artificielle et la sécurité
  21. L'intelligence artificielle et les services publics
  22. L'intelligence artificielle et les loisirs
  23. L'intelligence artificielle et la fabrication / production
  24. L'intelligence artificielle et la statistique
  25. L'intelligence artificielle et les ressources humaines
  26. L'intelligence artificielle et le marketing
  27. L'intelligence artificielle et les bibliothèques (livres et documentation lato sensu)
  28. L'intelligence artificielle et la cryptographie
  29. L'intelligence artificielle et la comptabilité
  30. L'intelligence artificielle et la construction / le BTP

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1. L'intelligence artificielle générative

Selon Google, l'IA générative fait référence à l'utilisation de l'IA pour créer de nouveaux contenus, comme du texte, des images, de la musique, de l'audio et des vidéos, en s'appuyant sur des modèles de base (grands modèles d'IA ne nécessitant qu'un entraînement minimal et pouvant être adaptés à des cas d'utilisation ciblés avec très peu d'exemples de données) capables d'effectuer plusieurs opérations en même temps et de réaliser des tâches prêtes à l'emploi, telles que la synthèse, les questions/réponses, la classification, etc. 

À l'opposé, à la hauteur des espoirs qu'elle suscite, elle peut aussi être source d'inquiétudes et de défis éthiques, techniques et socioéconomiques, en contribuant à des usages abusifs, accidentels ou détournés (militaires notamment), à une suppression massive d'emploi, à une manipulation de la population via la création de fausses nouvelles, de deepfakes ou de nudges numériques.

Elle fonctionne en utilisant des modèles d'apprentissage automatique (modèle Machine Learning) pour créer du contenu de manière autonome. L'une des techniques les plus couramment utilisées en IA générative est l'utilisation de réseaux de neurones artificiels : les réseaux génératifs adverses (GAN) et les réseaux de neurones récurrents (RNN). Les GAN reposent sur une architecture composée de deux réseaux de neurones dits concurrents : un générateur qui crée une image et la transmet à un discriminateur qui détermine si l'image est réelle ou synthétique. Quant aux RNN, ils sont le plus souvent utilisés pour générer du texte ou de la musique.

Elle peut servir pour alimenter la création artistique, en générant de l'art visuel, de la musique, de la littérature et d'autres formes d'expression artistique ; améliorer la création de contenu en aidant les rédacteurs à générer du contenu rédactionnel, tels que des articles, des rapports ou même des scripts pour la création de vidéos ; créer des mondes virtuels, des personnages et des scénarios dans des jeux vidéo et des simulations ; personnaliser l'expérience utilisateur en tenant compte des préférences individuelles de chaque utilisateur ; générer des données de test en informatique ou en science ; coder des programmes simples, etc. etc.

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2. L'intelligence artificielle agentique

Contrairement à l'IA générative, qui se concentre principalement sur la création de contenu, l'IA agentique représente une approche plus complexe et dynamique de l'intelligence artificielle : elle est conçue pour prendre des décisions autonomes, poursuivre des objectifs complexes, s'adapter à des environnements changeants et prendre des mesures proactives plutôt que réactives en vue d'atteindre des objectifs spécifiques, élaborer des stratégies, planifier et exécuter des tâches en plusieurs étapes avec une autonomie allant au-delà de la simple reconnaissance de modèles.

En favorisant les actions suivantes

  • Efficacité et évolutivité améliorées des processus
  • Automatisation des flux de travail complexes
  • Évolutivité des performances
  • Réponse rapide et adaptabilité
  • Soutien des rôles humains
  • Automatisation des tâches répétitives
  • Soutien de la prise de décision
  • Expériences client personnalisées
  • Collaboration et communication
  • Créativité et innovation, etc.

l’IA agentique libère des employés qui peuvent se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée.

Basée sur le déploiement d'agents IA autonomes, l'IA agentique est destinée à transformer la productivité des entreprises

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3. L'intelligence artificielle autonome

L'avenir de l'IA : autonome signifie que le système exécute, sans intervention humaine supplémentaire, différentes actions en vue d'obtenir un résultat attendu. Toutefois les machines - voire les objets, ou les robots - deviennent ainsi des agents totalement indépendants, avec le risque de comportements imprévisibles.

Cela peut bien sûr engendrer des défis et des risques, outre soulever des questions éthiques (responsabilité en cas d’accident ou de discrimination) en provoquant des pertes d’emplois dans certains secteurs, son utilisation n'étant pas neutre en termes de sécurité et de cybersécurité (systèmes ciblés par des cyberattaques), ou de mise en place nécessaire de cadres de contrôle et de gouvernance.

2025 semble être l'année des "agents IA autonomes" :

Types d'agents auxquels nous en ajouterons un cinquième, les agents apprenants, composés de quatre fonctions principales :
  • L'apprentissage améliore les connaissances de l’agent en apprenant de l’environnement par le biais de ses préceptes et capteurs.
  • La critique fournit un retour à l’agent sur la qualité de ses réponses par rapport à la norme de performance.
  • La performance est responsable de la sélection des actions à partir de l’apprentissage acquis.
  • Le générateur de problème crée diverses propositions d’actions à entreprendre.
Tout ceci ne va pas sans risques, liés à la complexité informatique, aux dépendances multi-agents ou à des boucles de rétroaction infinies...

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4. L'intelligence artificielle et l'interaction homme-machine

L'intelligence artificielle autonome est appelée à profondément redéfinir l'interaction homme-machine, notamment les interfaces utilisateurs (humain-machine et humain-robot).

Dans sa leçon inaugurale, prononcée au Collège de France le jeudi 24 février 2022 (Réimaginer nos interactions avec le monde numérique), Wendy E. Mackay précise que l’interaction humain-machine consiste à augmenter les capacités humaines grâce à celles de la machine.

C'est exactement la même logique que celle décrite plus haut à propos de l'IA, une prosthesis destinée non pas à remplacer notre intelligence, mais à la fortifier pour l'aider à prendre de bonnes (meilleures) décisions...

Selon Mme Mackay, il s'agit de trouver le compromis entre puissance et simplicité :

Du point de vue de la conception, le défi de la recherche en interaction humain-machine est d’augmenter les capacités humaines en fournissant une plus grande puissance d’expression, tout en maintenant la simplicité d’expression. Mais faire simple, c’est compliqué ! (...) [U]ne technologie simple à utiliser n’est souvent pas très puissante, tandis qu’une technologie très puissante est souvent difficile à utiliser.

Or l'IA étant une technologie extrêmement puissante, dynamique et évolutive, le postulat est qu'elle sera très difficile à utiliser de manière simple. Le compromis n'est plus seulement entre puissance et simplicité, mais entre avantages et défis, ce qui rend indispensable de mener une réflexion critique sur la manière dont nous adoptons et intégrons ces technologies, dans les différents secteurs.

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5. L'intelligence artificielle et la bancassurance

Sur le rôle essentiel de l'intelligence artificielle dans le secteur bancaire, Google explique que l'IA améliore l'analyse des données, l'engagement client, prédit les tendances et les risques de fraude, et permet à divers secteurs bancaires, y compris les banques de détail, commerciales et d'investissement, de comprendre en profondeur les dynamiques du marché et les comportements des clients, d'analyser les interactions numériques et d'offrir un engagement comparable à l'intelligence et aux interactions humaines, mais à une échelle beaucoup plus grande.

Selon IBMl’avènement des technologies IA accentue l’importance de la transformation numérique, en ayant le potentiel de remodeler le secteur et de rebattre les cartes de la concurrence.

D'après BPI France l’IA permet aux institutions bancaires de rivaliser avec les fintechs et d’innover continuellement pour rester compétitives. Elle augmente l’efficacité opérationnelle en automatisant les tâches répétitives et en optimisant les processus. L’expérience client est améliorée grâce aux chatbots, la personnalisation des services.

Quant aux compagnies d’assurance, l’IA est tout d'abord un outil pour évaluer et analyser, en amont, les risques qu’elles souscrivent. Et si le potentiel du marché de l’IA dans l’assurance est immense, de nombreuses entreprises rencontrent des difficultés à accélérer son déploiement à grande échelle : les freins principaux sont liés à des préoccupations autour de la sécurité des données, de la conformité aux réglementations locales, et de l’éthique dans l’utilisation des algorithmes.

L'univers des nouveaux acteurs de l'assurance est déjà plutôt encombré !

Un aspect commun à la banque et à l'assurance sont également les concepts de connaissance fine de la clientèle (KYC = Know your customer), d'intégration des clients ou encore de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT), où l'IA apporte des changements considérables, sous réserve d'un entraînement correct des systèmes et d'une formation du personnel adaptée.

Enfin, qui dit bancassurance dit aussi finance !

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6. L'intelligence artificielle et la finance

Dans ses recommandations pour une utilisation responsable de l’intelligence artificielle en finance, l'Autorité des Marchés Financiers du Canada identifie dès 2021 quatre grandes fonctions de l’IA dans ce domaine :

  1. L’évaluation, pour le pointage de crédit des consommateurs par exemple, ou la mesure de l’empreinte ESG d’un investissement.
  2. L’incitation, pour diminuer les risques comportementaux et affiner la tarification des produits d’assurance.
  3. L’optimisation, pour la construction de portefeuille ou l’amélioration des flux du travail.
  4. Le conseil et l’information, pour le service à la clientèle personnalisé par exemple.

Mais la finance, c'est également la spéculation, le trading (notamment haute fréquence), les cryptos, etc. Selon le FMI (voir chapitre 3)l’IA pourrait provoquer d’importants bouleversements dans la structure des marchés sous l’effet d’une utilisation plus répandue et plus puissante de la négociation algorithmique ainsi que de nouvelles stratégies de trading et d’investissement

Points positifs :

  • Réduction (et meilleure gestion) des risques pour la stabilité financière 
  • Augmentation de la liquidité des marchés 
  • Amélioration de la surveillance des marchés par les autorités de réglementation et par les acteurs de marché

Points négatifs :

  • Apparition de nouveaux risques 
  • Accélération des opérations et augmentation de la volatilité en période de tension
  • Opacité et difficultés majeures en matière de surveillance des institutions financières non bancaires
  • Accentuation des risques opérationnels en raison de la dépendance vis-à-vis d’une poignée de grands prestataires tiers en services d’IA
  • Aggravation des cyber-risques et des risques de manipulation des cours de marchés

Quant aux dispositifs réglementaires existants, ils apportent une protection contre bon nombre de ces risques, mais l’avenir pourrait donner lieu à de nouvelles évolutions qui n’avaient pas été anticipées. Conditionnel !

Côté cryptos, le secteur est en pleine effervescence, et l'avertissement est toujours valable : la négociation de cryptomonnaies comporte un niveau de risque élevé, et peut ne pas convenir à tous. Il est recommandé de pleinement s’informer des risques associés, et de n’investir que des sommes que l'on peut se permettre de perdre...

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7. L'intelligence artificielle et l'immobilier

Vous connaissiez les acteurs Fintech, Assurtech, EdTech et autres BioTech ou FoodTech, et bien voici venus ceux de la Proptech : contraction des mots anglais Property (biens immobiliers) et Technology (technologie). Cela englobe un large éventail de technologies, allant des plateformes en ligne pour la recherche de biens immobiliers et la gestion immobilière aux solutions basées sur l’IA pour l’évaluation des biens, en passant par les outils de réalité virtuelle pour la visite de propriétés à distance.

Exemple immédiat d'impact sur l'emploi : une agence de Singapour lance un service d'intelligence artificielle qui remplace les agents immobiliers traditionnels, offrant des services à moindre coût et simplifiant la recherche de logement. 

Mais là encore, ce n'est que le sommet de la partie émergée de l'iceberg ! Selon Les Échosen partenariat avec l'agence d'architecture PCA-STREAM et le groupe d'ingénierie Artelia, le gestionnaire de patrimoine de Groupama a lancé la chaire Ville métabolisme, inaugurée le 5 février 2024 à l'Université PSL (Paris Sciences & Lettres), autour de six axes de recherche fondamentale :

  1. La ville comme système vivant, approche analogique
  2. Étudier l’évolution des villes et la coexistence de strates
  3. Maintenir en vie, maintenir en état de fonctionnement
  4. Évaluer la « bonne santé » des villes et la qualité de vie des habitants
  5. Normes et gouvernance : approches réflexives
  6. La recherche-création et l’exploration du champ des possibles

« Chacun des six axes de recherche interdisciplinaires formulera sa propre réflexion sur l'IA afin de recueillir de nouvelles données et d'enrichir ses connaissances sur la ville et son environnement », annonce Étienne Riot, directeur de la recherche appliquée et de l'innovation chez PCA-STREAM. L'avenir de l'IA se jouera, aussi, sur les terrains politique et social.

Conclusion

L’intelligence artificielle marque un tournant décisif pour le secteur immobilier, en réinventant chaque étape du processus, de la recherche d’un bien à la finalisation des transactions. Plus qu’un simple outil d’optimisation, elle devient un moteur d’innovation qui façonne un marché plus agile, plus transparent et plus accessible. L’intelligence artificielle n’est plus une simple tendance, mais une révolution en marche qui redéfinit les standards du marché.

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8. L'intelligence artificielle et le droit

Comme les précédents acteurs, ceux de la LegalTech ont le vent en poupe, en rendant les services juridiques plus accessibles, plus efficaces et souvent moins coûteux. Pour autant, l'impact de l'intelligence artificielle sur le droit et les professions du droit va bien au-delà de la seule dématérialisation : dans certains tribunaux, par exemple, l’IA a été utilisée pour prédire le taux d’innocence des accusés. Les résultats ont été surprenants : les algorithmes d’apprentissage automatique étaient plus précis que les humains pour prédire qui était susceptible d’être innocent et méritait donc d’être libéré de prison avant le procès. 

Il est clair que les implications sont énormes, de même que les risques pour les droits fondamentaux !

Dans un billet publié en mars 2016, je m'intéressais au « nouveau maintenant » de nos professions, titre emprunté à un livre blanc de M. Bernard Lamon, intitulé Services juridiques : Innover pour survivre au « nouveau maintenant », dans lequel l'auteur considérait que le modèle économique des cabinets d’avocats, déjà concurrencés dans leurs activités de conseil par les experts-comptables, les experts des banques d’affaires et des fonds d’investissement, était attaqué au cœur : ils subissent « une très forte tension sur les chiffres d’affaires avec une remise en cause très sévère de la facturation au taux horaire », le taux horaire laissant très progressivement la place à une facturation au forfait, à la tâche accomplie. 

Or cela était bien avant le déploiement de l'intelligence artificielle ! Aujourd'hui, en revanche, la technologie tend à devancer l’humain en termes de compréhension et de capacitésle pouvoir tend à glisser entre les mains des algorithmes, et les idéaux démocratiques et d’égalité devant la loi risquent d’être remis en cause.

L'auteur de l'article (publié il y a un an), Bruno Ancel, avocat au barreau de Paris, nous signalait également que la législation sur l'intelligence artificielle adoptée le mercredi 13 mars 2024 par le Parlement européen, englobait aussi la justice pénale, en offrant un cadre juridique uniforme se distinguant nettement des approches américaine et chinoise, ce qu'il définit comme une incitation à la responsabilité algorithmique !

Cela étant, à qui est imputable une responsabilité quelconque en matière d'intelligence artificielle, ça reste à voir...

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9. L'intelligence artificielle et le commerce

L'intelligence artificielle transforme de nombreux secteurs (pour ne pas dire tous), et le commerce ne fait pas exception : de la personnalisation des expériences client à l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement, l’IA redéfinit la manière dont les entreprises opèrent et interagissent avec leurs clients. 

De la vente au détail au commerce international, du parcours client au e-commerce, etc., les évolutions sont profondes, les boutiques en ligne, disponibles 24/7/365 (souvent dans les principales langues), bénéficient de l'apport des outils IA, outre le contenu généré automatiquement :

  • Moteurs de recommandations
  • Outils de tarification dynamique
  • Chatbots pour le service client
  • Outils de segmentation de la clientèle
  • Systèmes logistiques intelligents
  • Prévision des ventes et de la demande
  • Optimisation de la recherche vocale
  • Recherche visuelle
  • Identification des fausses évaluations
  • Détection et prévention des fraudes
  • Prise de décision en temps réel
  • Efficacité marketing accrue
  • Sécurité renforcée
  • Efficacité opérationnelle
  • Rentabilité
  • Etc. etc.

Mais cela s'applique aussi au commerce physique, notamment avec le smart phygital (terme désignant le phénomène par lequel les points de vente physique intègrent les techniques et ressources numériques afin d’assurer le développement de leur activité). 

Le rythme exponentiel de cette transformation du commerce par l’intelligence artificielle change la donne à tous les niveaux, en réduisant les coûts, en remodelant les échanges de services, en augmentant le commerce des marchandises et des services et en redéfinissant les avantages comparatifs des économies. Un bouleversement qui n'en est qu'à ses débuts...

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10. L'intelligence artificielle et le travail

J'ai lu cette semaine l'annonce de la startup Mechanize, axée sur le développement d'environnements de travail virtuels qui permettront l'automatisation complète des secteurs économiques, et destinée à remplacer, PARTOUT, l'ensemble des travailleurs humains !? Le créateur de la société a même calculé le potentiel incommensurable de "son" marché : au total, les travailleurs américains gagnent environ 18 000 milliards de dollars par an. À l’échelle mondiale, le chiffre, trois fois supérieur, est d'environ 60 000 milliards de dollars par an » ! 

C'est pas compliqué : en divisant ça par 8 milliards de terriens, on obtient un revenu de 7500 $ par an (20,5 $/jour) et par personne, nouveau-nés et vieillards compris, dimanches et jours fériés compris. Bon, cela dit, huit milliards de bipèdes en passe de se tourner les pouces, je vous laisse conclure par vous-mêmes !


P.S. Si vous avez des conseils ou des demandes pour les deux prochains billets, je suis preneur :)

jeudi 17 avril 2025

Intelligence artificielle, ordinateurs et traduction automatique

L'intelligence artificielle est légèrement plus âgée que moi, et nous retrouvons pour la première fois le terme anglais dans le document préparatoire à la conférence de Dartmouth :

« Nous proposons d'organiser un séminaire de deux mois sur l'intelligence artificielle, impliquant dix personnes, durant l'été 1956 au Dartmouth College de Hanover, dans le New Hampshire. Le postulat de l'étude se base sur le principe que l'on peut décrire avec un un tel niveau de précision chaque aspect de l'apprentissage ou toute autre caractéristique de l'intelligence qu'une machine pourra le simuler. Nous tenterons de trouver comment les machines pourront utiliser le langage, formuler des abstractions et des concepts, résoudre des problèmes aujourd'hui réservés aux humains et s'améliorer. »

Tous les problèmes sont déjà posés ! Or cette déclaration date du 31 août 1955 ! Soixante-dix ans plus tard, je dirais que c'est chose faite, non ? Puisque désormais les machines ont une telle capacité de s'auto-améliorer qu'elles sont à deux doigts de s'affranchir de nous...

Quant au traitement du langage, et donc des langues, il a évolué en parallèle à celui de l'IA et des ordinateurs. Dès la moitié des années 40 apparaissent les premiers calculateurs électroniques à grande échelle, le Colossus britannique (1944) et l'ENIAC américain (1945). Or ces "ordinateurs" ante litteram n'avaient aucun programme en mémoire. Ainsi, pour configurer une nouvelle tâche, il fallait modifier une partie du câblage de la machine, réacheminer les câbles à la main et régler les commutateurs. 

C'est Alan Turing qui conçut le principe de base de l'ordinateur moderne : contrôler les opérations de la machine au moyen d'un programme d'instructions codées, stockées dans la mémoire de l'ordinateur, en contribuant à la construction des premiers ordinateurs programmables au monde : les Colossus Mark 1 et Mark 2. Il fut aussi l’un des principaux acteurs du déchiffrement d’Enigma durant la seconde Guerre mondiale et, last but not least, l'un des pionniers de l'Intelligence artificielle !

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Côté traitement des langues, après l’apparition des premiers ordinateurs, il faudra attendre 1946 et la rencontre entre Andrew Booth et Warren Weaver, directeur de la Fondation Rockfeller, et, surtout, le 4 mars 1947, avec la lettre de ce dernier à Norbert Wiener évoquant la possibilité d’utiliser les nouveaux ordinateurs pour la traduction des langues naturelles :
... Je ne sais rien d'officiel sur les nouvelles méthodes de cryptographie, puissantes et mécanisées ...  des méthodes qui fonctionnent, j'imagine, même sans connaître la langue codée –, donc, naturellement, je me demande si le problème de la traduction pourrait être traité comme un problème de cryptographie. En lisant un article en russe, je pense : « En réalité, c'est écrit en anglais mais codé avec des symboles étranges. Je n'ai plus qu'à procéder au décodage. » 
Norbert Wiener lui répond, pour le moins sceptique, le 30 avril 1947 :
Franchement, concernant le problème de la traduction mécanique, je crains que les frontières entre les mots dans les différentes langues ne soient trop floues et les connotations émotionnelles et internationales trop étendues pour qu'un projet de traduction quasi-mécanique soit prometteur. (...) À l'heure actuelle, au-delà de la conception de dispositifs de lecture photoélectrique pour les aveugles, la mécanisation du langage semble très prématurée
Warren Weaver formalisera son intuition deux ans plus tard, le 15 juillet 1949, avec la publication d’un mémorandum simplement intitulé : Translation, publié in Machine translation of languages: fourteen essays [ed. by William N. Locke and A. Donald Booth (Technology Press of the Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, Mass., and John Wiley & Sons, Inc., New York, 1955), p.15-23], qui commence ainsi :
Inutile de souligner l'évidence, à savoir que la multiplicité des langues entrave les échanges culturels entre les peuples de la planète et constitue un sérieux obstacle à la compréhension internationale. Le présent mémorandum, en partant de la validité et de l'importance de ce fait, contient quelques commentaires et suggestions sur la possibilité de contribuer, au moins en partie, à la solution du problème mondial de la traduction grâce à l'utilisation d'ordinateurs électroniques de grande capacité, flexibilité et rapidité.
Or le 31 mai 1949 était sortie une dépêche aux États-Unis (notamment sur le New York Times et le New York Herald Tribune), qui sera reprise également en Italie, annonçant la construction par le Bureau of Standards, à l'Université de Californie (Los Angeles), de l'ordinateur SWAC (Standards Western Automatic Computer), un "cerveau électrique" capable de traduire une langue étrangère... Vingt mathématiciens et techniciens travaillent sous la direction du Dr Harry Huskey, qui a déclaré :
« Pour réussir à traduire les langues, celles-ci doivent être saisies à la machine. Le service des recherches navales a déjà débloqué une somme d'argent considérable pour construire le cerveau. » 
M. Huskey est certain du bon fonctionnement de sa merveilleuse machine, qui produira une traduction littérale, mot à mot, et il incombera ensuite à l'utilisateur d’interpréter le sens de la traduction. Le cerveau électrique sera testé au plus tard d’ici un an...

Le hasard (!?) voulut que vingt jours plus tôt, M. Federico Pucci, un salernitain, avait adressé un courrier recommandé au président américain, Haary S. Truman, dans l'espoir de recevoir un appui financier pour la construction de ses électro-traducteurs.

M. Pucci, troublé d'apprendre cette nouvelle venant des États-Unis, décida d'envoyer le 10 juillet 1949 (soit seulement 5 jours avant la publication du mémorandum de Weaver !), son premier courrier au Conseil National des Recherches italien intitulé : « Cerveau électrique nord-américain pour la traduction des langues étrangères et traducteur électromécanique italien participant à l'exposition-concours d’inventions qui se tiendra du 16 au 29 septembre 1949 à Paris », dans le seul but de revendiquer l'antériorité de son invention...

Avant l’ordinateur, il n'était question que de « traduction mécanique », voire de « machine à traduire », un distinguo qui demeure dans l’appellation anglaise de la discipline : « Machine Translation », ou MT en abrégé. Après l’ordinateur, parfois qualifié de « cerveau électrique », ou « cerveau électronique », les premiers « logiciels » de traduction automatique furent des systèmes dits « à base de règles » (RBMT, ou Rule-Based Machine Translation), dont la première démonstration de l’histoire est connue dans ses moindres détails : date, lieu, équipe, langues, déroulement, etc.

En fait, une anecdote plus qu’une véritable démonstration scientifique : nous sommes le 7 janvier 1954, à New York, au siège d’IBM, l’équipe est une collaboration entre la Georgetown University (M. Paul Garvin pour la partie linguistique) et IBM (M. Peter Sheridan pour la partie programmation), la paire de langues est le russe et l’anglais, un lexique de 250 mots choisis avec soin, quelques dizaines de phrases, 6 règles !

Le lendemain, IBM annonce dans un communiqué de presse :
En quelques secondes, l'ordinateur géant a transformé ces phrases en un anglais facilement lisible. 
Ce même communiqué mentionnait cette phrase du professeur Leon Dostert, de l'Université de Georgetown, selon lequel, en l’espace de quelques années la traduction automatique aurait pu devenir réalité :
Dans cinq ans peut-être, voire dans trois, la conversion de sens entre différentes langues par processus électronique dans d'importants domaines fonctionnels pourrait bien être un fait accompli. 
Le ton optimiste de cette déclaration eut surtout pour effet d'inciter le gouvernement américain à mettre à disposition d’importantes sommes pour la recherche. De ce point de vue, l'objectif fut atteint ! Pour autant, dans la réalité, l'expérience « Georgetown University – IBM » fut suivie d’une décennie que tous les spécialistes de l'histoire de la TA s'accordent à définir comme « la grande désillusion ».

Sans rien enlever à Federico Pucci, créateur de la première RBMT documentée de l'histoire, inventée à partir de rien, qui présenta initialement son système en public en décembre 1929, soit 20 ans avant le mémorandum de Warren Weaver sur la traduction automatique, et 25 ans avant l'anecdote IBM - Georgetown University...

Sources :
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En clair, sur les 70 dernières années, nous avons vu de front l'essor inarrêtable et conjugué du traitement automatique des langues, de la puissance de calcul des ordinateurs et de l'explosion de l'intelligence artificielle, mais nous atteignons aujourd'hui un point de bascule. Où le binôme suprématie quantique - superintelligence artificielle reléguera la traduction automatique sur les étalages des vide-greniers de l'histoire (not a failure anymore...) !

Pour faire le point de la situation, rendez-vous en 2029 (dans 4 ans !), date du centenaire de l'invention par Federico Pucci de sa méthode de traduction automatique à base de règles...