La dérive publicitaire sur Internet : les incohérences de Google (entre autres)...La dérive publicitaire sur InternetLes incohérences de Google(entre autres)...(N.B. : 17 juin 2006 - J'ai noté ces jours-ci que ce billet ne s'affichait pas toujours en entier, probablement à cause du nombre d'images. Donc, si vous préférez, voici un PDF où il est groupé avec le précédent, vu que les deux sont liés. Bonne lecture.)Tout commence par la lecture d'un article intitulé «
Comment Google est-il en train de tuer l'Internet ? » (
How Google Is Killing the Internet), où le journaliste, un analyste financier, s'inquiète de la médiocrité des résultats dans les moteurs de recherche, contaminés par une myriade de sites pollueurs, de
para-sites, de sites-râteaux, de bourriels (on a bien les pourriels...), etc.
Je vous propose un extrait très librement traduit pour amener mon analyse.
La dérive publicitaire sur Internet« Avez-vous déjà fait une recherche sur Internet ces derniers temps ? Alors vous aurez sans doute observé le manque de qualité des résultats, y compris chez les concurrents de Google tels que Yahoo! ou Ask.com ? Et leur nouveau design n'y change rien. J'en suis peiné autant que vous. Moi aussi je suis resté coincé des heures et des heures dans les portes-tambours de ces fermes de liens, de ces splogs et autres « scraper sites » : des sites qui ont l'air d'avoir du contenu, (...), alors qu'en réalité, le plus souvent c'est du matériel recyclé provenant à leur insu d'autres fournisseurs de contenu, assemblé par des processus automatisés.
Les hurluberlus qui créent ce genre de sites n'ont qu'un seul objectif : vous amener à cliquer sur les liens sponsorisés de Google AdSense.
Naturellement, ces sites ne respectent en rien les conditions commerciales prévues par Google, ce qui n'empêche qu'ils éclosent par millions. Faites juste une recherche sur « adsense ready web site » et vous aurez une idée de cette industrie miteuse, aussi discrète qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, qui tire un maximum de profits du phénomène.
Comment Google est-il en train de tuer la poule aux oeufs d'or.
Les problèmes sont nombreux, et tous les éradiquer pourrait coûter cher à Google (quand bien même ce ne serait pas impossible). Le premier concerne le bon vieux plagiat.
La plupart de ces boîtes à spam n'ont pas que pour but d'attirer le chaland cliqueur, mais aussi de faciliter la fraude aux clics à grande échelle. (...) D'ailleurs le public n'a généralement aucune idée de ce qui se passe, même si les internautes un peu plus avertis sont au courant. Nous en ignorons seulement les véritables proportions. D'aucuns avancent un pourcentage de clics plutôt restreint ; d'autres disent carrément la moitié. En tout état de cause, Google, qui a tout à perdre si les choses vont aussi mal que le dénoncent certains journalistes citoyens, minimise considérablement les chiffres.
Un autre facteur facilitant cette explosion de contenu spammé et de fraude aux clics est la mainmise de Google au niveau de la recherche sur Internet, que l'on peut estimer grosso modo à 60%, de fait un quasi-monopole. Pour autant, l'argument consistant à dire que le marché est assez grand pour se corriger tout seul en la matière est quelque peu naïf. Sans compétition et sans information, les marchés ne corrigent rien du tout, et je ne pense pas qu'il y ait aujourd'hui des concurrents sérieux capables de faire le poids. Pour l'instant.
Prenez le cas des annonceurs d'AdWords qui croient que leurs résultats sont dilués à cause de la fraude aux clics. Soyez sûrs qu'ils savent que les enchères sur leurs mots clés devraient leur coûter moins, mais peuvent-ils se faire entendre ? Et peuvent-ils se le permettre lorsqu'il y en a des milliers et milliers d'autres prêts à payer plus parce que : (a) ils ignorent tout du problème ; (b) ils ne le savent que trop, mais sont capables grâce à la fraude aux clics de récupérer une partie de ce qu'ils déboursent de l'autre côté ?
Je ne connais pas les réponses, et ni même toutes les questions. Mais si le problème est aussi grave que le craignent certains, c'est tout le modèle de revenu mis sur pied par Google qui pourrait en pâtir, voire l'ensemble du business du pay-per-click. En attendant l'explosion des fermes de liens et des splogs montre clairement que la fraude aux clics est juteuse et florissante, aux dépens de tous les internautes. Sauf de Google. Pour l'instant, là encore.
Jamais plus !
On peut croire ou non que tous ces sites bourriels qui font commerce des AdSense sont honnêtes ou fraudeurs en masse, mais moi ce dont je suis sûr c'est qu'il faut remercier Google pour cette situation. Il n'y a en effet aucune raison de mettre en ligne ce genre de sites si l'on ne peut en tirer un revenu grâce au modèle de business mis en place par Google. Et avec Yahoo! et les autres prêts à entrer dans la danse, je ne crois pas qu'on verra la tendance s'inverser de sitôt.
J'espère seulement que tout cela présage d'un retour au bon vieux temps, maintenant que la blogosphère risque de perdre toujours plus de son importance, vu qu'elle commence à être cooptée par tous les trafiqueurs d'AdSense et à se diluer rapidement. Résultat : les fournisseurs d'info connus pour leur qualité/fiabilité - dont beaucoup sont indubitablement des blogs - vont y gagner en importance. Et dès qu'ils réaliseront le pouvoir de leur information, ils auront de moins en moins envie que Google les pille et fasse du fric sur le dos de la réputation qu'ils auront mis tant de labeur et d'énergie à bâtir. [Début]
[
MàJ - 15 juin 2006]
Un peu hors sujet, mais pour celles et ceux qui s'intéressent aux problèmes de la traduction automatique sur Internet, voir le tableau comparatif entre l'extrait ci-dessus retraduit en anglais par un visiteur américain sur Babelfish (outil de TA de Yahoo) et le passage original écrit par Seth Jayson.Les incohérences de GoogleL'approche de
Seth Jayson m'a frappé par sa perspicacité, en mettant au grand jour ce que je nommerais les incohérences de Google, même si « incohérences » est un doux euphémisme : la firme de Mountain View, en ne mettant aucun frein à l'utilisation indiscriminée et frauduleuse des AdSense, est en grande partie la cause de la situation qui se crée, mais pas seulement, puisqu'elle joue sur tous les tableaux à la fois, y compris sur
les noms de domaine. Certes, vu l'
importance du marché publicitaire sur Internet, comme j'ai tenté de l'expliquer dans mon billet d'hier pour préparer celui-ci, on peut chiffrer au bas mot à une grosse
quinzaine de milliards $ les intérêts économiques de Google dans cette affaire uniquement pour 2006 (estimation par défaut), ce qui explique assez bien le pourquoi et le comment des agissements répréhensibles imputables à la société, dont le premier est sans aucun doute de tenir
un double langage. Ce que je vais m'empresser d'essayer de démontrer.
J'ai donc fait la recherche conseillée par
le journaliste de Motley Fool sur :
« adsense ready web site » en anglais
et « sites prêts pour adsense » en français

Vous observerez que même avec la requête en français, Google est tout à fait capable d'en interpréter le sens et de proposer des liens sponsorisés identiques à ceux de la requête en anglais. Je vous propose une capture d'écran de ces « résultats » :
-www.adsensepackages.com
-www.InstantAdsenseEmpire.com
-www.AdSenseGold.com
-www.ecalogic.com/adsense.html
-www.AdSensePages.com
-www.AdsenseNiches.com
-www.adsense-contents.com
Et pour finir, une perle, découverte en soulevant une
coquille (j'ai oublié le
« s » du domaine précédent), qui m'a permis d'arriver sur un site « parqué » chez ...
GoDaddy :
-www.adsense-content.com
Le deuxième résultat n'est autre que ... le grand Google lui-même !Quand des millions de ces «
scraper sites », ou «
sites-râteaux » comme je les appelle (vu qu'ils râtissent le contenu de la Toile 24/7/365, et qu'ils râtissent large...), qui sont au Web ce que le prêt-à-porter est à la mode, ont pignon sur Internet et agissent avec toute la condescendance et l'approbation non voilée de Google, en violant à qui mieux-mieux toutes les règles proclamées à l'envi par la société pour se donner bonne conscience.
Vous voulez un exemple ? Regardez ici :
-www.AdSenseReady.com
Version site-râteau pour les nuls :
À noter (ça m'avait échappé) le terme tout en haut à gauche de l'écran :
Fishing. Je crois qu'ils ont fait une faute, lisez
Phishing...
Et il y en a des centaines de milliers comme ça ! N'est-ce pas là tenir un double langage ?Qui plus est, comment croyez-vous que tous les sites ci-dessus se positionnent sur la première page de résultats, sinon en payant - cher - les AdWords correspondants ?
GG, je crois que tu nous prends tous pour des cons ! Si j'osais un parallèle, je dirais même que Google est aux sites-râteaux ce que l'ICANN est au
domain kiting ! (j'ai osé ? Ah bon, vous êtes sûrs ?) GG, grand et gros
bidonneur...
Le seul point sur lequel tous ces râtisseurs ne sont pas en contradiction avec les modalités d'utilisation des
Marques de Google est celui-ci : «
Votre utilisation des Marques de Google sera faite dans l'intérêt de Google. » Sûr que ça va dans son intérêt vu que GG encaisse de tous les côtés : sur les AdWords, sur les AdSense, et mieux encore, sur la fraude aux clics.
La version anglaise de
Google Trademarks and Suggested Accepted Generic Terms est plus précise :
NEVER modify a mark, for example, through hyphenation, combination or abbreviation, such as: Googliscious, Googlyoogly, GaGooglemania, etc. (
Ne JAMAIS modifier une marque de Google - par exemple en ajoutant un trait d'union ou des abréviations, en combinant plusieurs noms tels que Googliscious, Googlyoogly, GaGooglemania, etc.)
Or AdWords™ et AdSense™ ne sont-elles pas des marques de Google ?Alors que dire de tous les exemples ci-dessus, ou de celui-ci :
-www.googleprofits.com
qui fait noir sur blanc l'apologie du râtissage pour engranger des profits grâce à Google ?
[Début](entre autres)...Oui, Google,
entre autres, car comme le dit Seth Jayson dans son
article, «
... avec Yahoo! et les autres prêts à entrer dans la danse, je ne crois pas qu'on verra la tendance s'inverser de sitôt. »
Les autres (via
Affordance) :

Chez les concurrents majeurs, Microsoft, qui a lancé
un concours de créativité pour Adcenter dont les résultats seront communiqués prochainement (concours clos le 5 juin), teste
différentes fonctionnalités, et Yahoo annonce la mise en place de son
Quality Index, un index qualité pour mettre une note de qualité aux liens. Mais tout
cela suffira-t-il ? Quant à
eBay, dernier arrivant sur ce créneau, nous verrons bien ce qu'il réussira à faire avec ses
AdContext :

Ah !
Paul Verlaine pensait-il à la publicité en écrivant : «
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ? »...
Mais il n'y a pas que les moteurs. Je voudrais vous donner juste un exemple, d'un magazine américain notoirement connu,
Forbes, dont un
article a inspiré l'un de mes derniers billets consacré en partie à
la réputation sur Internet, puisqu'on en parle (thème riche et complexe sur lequel j'aurai l'occasion de revenir), où la présentation de l'information m'a particulièrement interpellé.
J'ai reconstitué l'ensemble de l'article, représenté par la partie en jaune, dans son contexte :

Ajoutons que lorsque vous survolez avec la souris le bandeau supérieur (pub Xerox ou s'inscrit YOUR BUSINESS en noir et blanc), une fenêtre qui fait plus de la moitié de l'écran s'affiche et ça commence à clignoter de partout, on se croirait en boîte, avec projos et tout et tout (et encore j'ai coupé le son) !

Mais c'est quoi cette merde ? C'est de l'information, ça ? C'est du contexte informationnel, avec un « papier » d'à peine 700 mots, encastré, enserré, étouffé entre trois ou quatre colonnes (ça dépend des endroits) de pubs qui vous mangent la page et, disons-le, tout votre espace vital. Du genre sapin de Noël avec l'actu empaquetée au milieu des guirlandes, on n'a même plus envie de lire.
Nul de chez nul. Et c'est d'autant plus dommage que sur le fond l'article est excellent. Il rapporte d'ailleurs des propos de
Ben Edelman d'une rare pertinence quant au sujet qui nous occupe, étroitement en rapport avec le parking de domaines :
« But there's always the risk that one day the pay-per-click engines like Google will get fed up of being in the business of supporting these parked pages, and they could simply flip the switch and cut off revenue to these currently profitable domains. »
(Il se pourrait bien qu'un jour ou l'autre les moteurs comme Google qui pratiquent le pay-per-click se lassent de ce petit jeu et coupent le robinet, ce qui serait une perte sèche pour le business des domaines en parking, si profitables à l'heure actuelle.)
Utopique, croyez-vous ? Larry Page et Sergey Brin scieront-ils la branche sur laquelle ils sont assis ? L'avenir nous le dira.
Voilà, j'ai fini pour aujourd'hui, ouf !
[Début][
MàJ - 14 juin 2006 - Suite à différents commentaires concernant la fraude aux clics, j'ai commencé des recherches pour fouiller la question, durant lesquelles j'ai trouvé cet
excellent billet, avec plusieurs liens utiles pour qui souhaite approfondir l'argument. ]
P.S. Vous y avez cru, pas vrai ? Et bien non, encore une ultime observation : ce n'est pas la publicité qui est condamnable en soi, si je propose un service ou un produit, il est tout à fait logique et normal que je veuille le faire savoir. Ce qui ne passe pas c'est de faire n'importe quoi, et les AdSense tel que décrit dans ce billet ça devient vraiment n'importe quoi.
J'ai exposé mon avis sur le rôle que pourraient jouer les blogs en
commentaire à un article d'Agent-Influence :
... Je n'ai jamais mis d'AdSense sur mon blog car en dépit de leur ciblage je trouve ça mal adapté à un contenu de qualité : trop galvaudés, on en voit partout, notamment sur des myriades de sites dont le contenu laisse à désirer, si contenu il y a, et par conséquent le concept finit par être associé à du bas de gamme, avec une connotation de plus en plus négative. Et AMA ça ne va pas aller en s'arrangeant.
Depuis le début de l'année je travaille à la réputation de mon blog avec quelque succès, mais surtout sur ce que j'appelle le positionnement par le contenu, qui est selon moi totalement sous-exploité.
En gros ça consiste à concevoir un billet comme un publirédactionnel, ciblé de façon intelligente : pas d'accroche à la petite semaine, mais une véritable approche d'ensemble pour zoomer du contexte général vers les mots et concepts clés que le client potentiel voudrait faire passer.
En un mot, j'appellerais ça : l'influence !
Qu'en pensez-vous ?
Personne n'a encore daigné me répondre, mais bon, on va pas désespérer pour si peu, hein ?
Même Yahoo est de mon côté, qui proclame qu'en ce début de siècle la notion de contenu doit radicalement être repensée, alors c'est vous dire...

Dernier mot, promis, juré, craché : «
Si vous voulez un publirédactionnel pour votre site, votre produit/service ou autre, il n'y a qu'à demander, je mords pas. » :-)
[Début]
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