Pourquoi je blogue : les 5 raisons des blogueursLes 5 raisons de "pourquoi je blogue"Procédure de dépouillement et d'analyseConclusionAnnexe : les 70 billets analysés* * *
Les 5 raisons de "pourquoi je blogue"Personnellement, je n'ai jamais supporté que le phénomène Blogging soit rapporté à une simple mode ou à l'expression débridée de l'égo des blogueurs, qui serait surdimensionné par rapport à celui de la population moyenne des internautes. Ce sont là des simplifications qui n'expriment que ce que leur nom indique : des vues simplettes.
Et, de fait, l'analyse menée ici démontre exactement le contraire, chiffres à l'appui ! J'en avais l'intuition, mais comment le prouver ?
Donc le jour où je suis tombé par hasard sur
cette chaîne, patiemment reconstituée et remontée par
Sébastien, j'ai immédiatement saisi l'occasion de l'adapter à la blogosphère francophone (beaucoup de canadiens) et de
la lancer telle une bouteille à la mer, il y a moins d'une semaine, porteuse d'un message dont on ne sait jamais sur quelles rives il finira pas aller s'échouer (ne vous inquiétez pas, c'est mon côté
poète qui ressort :-), et de là reprendre vigueur pour naviguer vers de nouveaux horizons...
Avec pour but d'identifier les principales raisons qui poussent les internautes à bloguer, pour faire en sorte de tracer les contours de l'univers - ou de l'espace - sémantique, théorique, des motivations du blogueur. Selon moi, les tendances ainsi dégagées seraient également un bon indicateur pour voir ce que les sites "traditionnels" peuvent apprendre des blogs...
Voici donc mon analyse, très intuitive, des (5) « raisons pourquoi ou pour lesquelles je blogue » vues par
70 blogueurs et blogueuses (il fallait bien que j'arrête à un moment, que celles et ceux qui ne sont pas présents m'excusent), qui en ont globalement "lié"
273 autres, soit une
moyenne exacte de 3,9 liens par billet. Avec un
taux de réponse supérieur à 1/4, puisque si on enlève les 70 blogs répondants, il reste environ 200 personnes sollicitées qui n'ont pas répondu, soit un peu moins des 3/4.
Sur ces 70 billets, les principales raisons invoquées sont, à :
- 57%, le partage au sens large (35 fois le verbe, 5 fois le substantif)
- 38,6%, les rencontres occasionnées, virtuelles ou réelles (17 fois le verbe, 10 fois le substantif)
- 30%, l'écriture (16 fois le verbe, 5 fois le substantif)
- 27,1%, l'échange (15 fois le verbe, 4 fois le substantif)
- 22,9%, le plaisir de bloguer (16 fois le substantif)
Maintenant, si l'on donne une valeur arbitraire de 100% à ces cinq raisons, la répartition est la suivante :
- partage, 32,5%
- rencontres, 22%
- écriture, 17%
- échange, 15,5%
- plaisir, 13%
Il apparaît de suite que, globalement, le
partage et l'échange (des quasi-synonymes dans ce contexte) représentent
48%, soit près d'1 blogueur sur 2, ce qui est énorme ! Observons en outre que
l'écriture, qui occupe une place prépondérante dans les motivations de qui tient un blog, n'en est pas moins importante pour les
lecteurs.
Par conséquent, les premières conclusions que j'en tire est que le blogging est une activité ouverte sur le monde et non repliée sur soi-même, où la sincérité, la gratuité et l'altruisme l'emportent largement sur le nombrilisme supposé des blogueurs, ce qui bat en brèche un certain nombre d'idées préconçues sur la question.
[Début]* * *
Procédure de dépouillement et d'analyseRentrons maintenant dans le détail. Le dépouillement a été un peu long (mais bon, on n'a rien sans rien !) et m'a permis de regrouper toutes les raisons invoquées, des plus sérieuses aux plus farfelues, dans un tableau les classant en
5 catégories : verbes, substantifs, expressions, concepts, tags.Examinons-les dans l'ordre :
- verbes (220 verbes retenus)
- substantifs (200 dans l'échantillon)
- expressions (60 expressions)
- concepts (4 concepts)
- tags (une centaine)
1. VerbesPêle-mêle, outre les principales raisons ci-dessus, on blogue pour :
découvrir et faire découvrir (14 mentions),
apprendre (10 mentions),
communiquer (8 mentions), s'exprimer, dire, lire et être lu, expliquer, explorer, extérioriser, participer, sociabiliser, mais encore passer le temps, recevoir (conseils, avis, critiques, commentaires, etc.), informer, se souvenir, combattre (timidité, préjugés, ...), aider, rire et faire rire, s'éclater, développer (réseau social, personnel ou professionnel), etc.
7 verbes, globalement mentionnés 115 fois -
partager, rencontrer, écrire, échanger, découvrir, apprendre, communiquer - totalisent à eux seuls
52,27% des occurrences, tous les autres ne représentant que 47,73% des verbes sélectionnés avec 105 mentions !!!
Parmi les
hapax significatifs : aimer, dialoguer, draguer, grandir.
[Début]2. SubstantifsIdem, outre les principales raisons ci-dessus :
journal (7 mentions) (perso, intime, de vie, de bord, etc.),
passion (6 mentions), addiction (être accro, drogué),
communauté (6 mentions), groupe (ambiance blogosphérique),
liberté (5 mentions) (de bloguer, d'expression, de penser, etc.), projets (lancer, faire connaître et découvrir, ...)
On blogue par défi, habitude, appât du gain, curiosité, loisir, solidarité...
On blogue pour le fric, la frime, le fun, la gloire, la pub, l'entraide, le boulot, la reconnaissance, la connaissance, les débats, les contacts, les copains, les potes, la famille, la vie sociale, la veille, la visibilité, la notoriété, pour être à la page, pour partir à l’aventure...
Le blog est un défouloir, un exutoire, un passe-temps, un univers, une thérapie...
Le blog, c'est un moteur de rencontres, un tremplin orgasmique, c'est cool, valorisant, pour insomniaque...
Parmi les
hapax significatifs : écho, ennui, exercice intellectuel, crédibilité, influence, opportunités...
[Début]3. Expressions- Abattre les frontières du temps et de l'espace
- Approcher dans le virtuel ce que je ne pourrais jamais faire dans le réel
- Bloguer fait du bien à son moi
- La volonté de ne pas passer à côté de ce phénomène planétaire
- Le blog est avant tout un espace de liberté, j’écris sur ce que je veux et quand je le veux (ici, je n'ai pas à me justifier des abrutis, crétins, débiles, et, disons-le, ... TROU DU CUL)
- Ni pour la gloire, ni pour le sexe, ni pour l’argent
- Ouverture sur le monde, ouvrir mon jardin intérieur
- Parce que “sois belle et tais toi”, ça ne me convenait plus
- Parce que j’aime les gens
- Pas pour faire des chaînes pourries
- Passer pour un supercostaud du net
- Pour rester en liaison permanente, rester liés par n'importe quel moyen!
- Se façonner un nouvel horizon
- Une blogosphère française petite mais extra
[Début]4. Concepts :
A. Le MOI
B. L'outil
C. Le lieu de mémoire
D. L'espace professionnel* * *
A. Le MOINous y voilà ! Le Moi est très présent, c'est clair, me croire important, parler de moi, mon sujet préféré, égo, égo surdimensionné, égomaniaque, le côté exhibitionniste, narcissique, certes, mais cela traduirait plutôt la solitude de Narcisse et, souvent, tenir un blog semble être un moyen de combattre cette solitude, l’isolement, voire un certain mal-être, pour tuer le temps, l’ennui, la déprime, le désœuvrement...
Voici un billet hypothétique amalgamant différents extraits :
Pas se sentir trop seul au monde, pour exister peut-être, montrer que j’existe, si j'écris, c'est que j'existe, faire plaisir à au moins quelques personnes, j’ai l’impression de moins servir à rien que d’habitude, j’ai l’impression d’avoir des amis, des amis virtuels (lorsque les échanges virtuels se transforment en rencontres réelles … c'est le bonheur !).
Parce que j’aime les gens, parce que j’ai besoin d’amour, on se sent aimé et important, faire découvrir à tout le monde son univers, avoir son espace perso, j’ai mon espace à moi sur la toile, ça me permet de souffler, de tenir le coup et d’attendre que la journée se passe, de me changer les idées avec, parce que je n’ai strictement que ça à faire, un blog ça occupe un peu l'esprit, et ça comble les trous dans l'emploi du temps! Passe-temps, détente, occupation...
[Début]B. L'outilLe blog est une boite à outils, un magnifique outil, un outil d’échange, un moyen de communication, une plateforme d'expression, un vecteur informatif, un moyen d'anticipation (du buzz, du scoop, essayer de bloguer avant l'autre), avec des aspects techniques (besoin de backlinks), statistiques (effet pervers du blog : il rend très vite son auteur dépendant de ses statistiques, de son classement, et la quantité peut très vite prendre le dessus sur la qualité)...
C'est également un atelier d'écriture, un moyen de faire un peu de rédaction, de soigner son style, d’améliorer son orthographe, ses conjuguaisons, etc.
WeBlog, je blogue, tu blogues, elle blogue, il blogue, nous bloguons, vous bloguez, ils bloguent, elles bloguent...
Le verbe bloguer lui même est assez complexe à conjuguer (vu sur le
blog d'un retardataire) :
Je blogue
Tu commentes
Il twitte
Nous Facebookons
Vous postez
Ils monétisent
[Début]C. Le lieu de mémoireLa question des traces revient à plusieurs reprises. Soit pour me souvenir (de ce qui est arrivé dans ma vie à tel ou tel moment, de trucs qu'on écrirait probablement pas ailleurs et dont on ne se souviendrait probablement pas, de tout ce qu'on vit, de tous les instants, les mots, les gens, les rires, les coups de blues, les soirées, les nuits blanches, les papillons, les ressentis. Pour voir et comprendre après coup comme on change, et évolue, comme on grandit. Parce que je voudrais tout garder, garder en mémoire, laisser une trace (de mon parcours sur internet), arrêter de chercher.
Enfin, ce
témoignage poignant :
c'est une sorte de testament écrit pendant mon vivant, et que j'espère pouvoir transmettre aux suivants. C'est mon histoire — au moins une partie — et je ne connais pas de meilleur endroit pour l'écrire, en tout cas pour l'instant !
[Début]D. L'espace professionnelÀ l'occasion, le blog sert à se mettre en avant (professionnellement parlant), de carte de visite, de portfolio, pour le recrutement (ce blog est intervenu de manière importante dans le processus de recrutement que j'ai suivi durant ma recherche d'emploi ! C'est donc aussi en partie grâce à lui que je vais travailler !), à créer une véritable vitrine virtuelle pour mon cv et mes compétences, une présence permanente sur internet (Le net représente toute une partie de ma vie professionelle, pouvoir dire que j'en suis une toute petite partie, et que la somme de toutes ses petites parties fait quelque chose d'immense), construire une crédibilité professionnelle, approcher un milieu professionnel, montrer mon savoir faire, retracer mon passé de geek, établir des contacts professionnels stratégiques...
[Début]5. TagsJe mentionne les tags, car en plus de ceux auxquels on pouvait s'attendre, d'autres sont plus surprenants :
5 raisons, cinq raisons, À propos de moi, blog(s), blogging, blogosphère, blogue, bloguer, blogueur(s), buzz, chaine(s), La vie du blog, ma vie, My Life, mème, perso, pourquoi, question, raisons
ou m'ont franchement fait sourire :
chiant, delirium, délire, Divers mais important, Humeur, Humour, nul, parce que, Pot-teint...
Idem pour les titres des billets, passés de
Cinq raisons pour lesquelles je blogue (le premier), à
5 raisons pour lesquelles je blogue,
5 raisons pourquoi je blogue,
why je blogue,
Je blogue, tu blogues, nous bloguons, mais pourquoi ?, à
Migration et patate chaude, et du mème à la chaîne, de la chaîne au boulet, de la saleté de chaîne au fléau, jusqu'à refiler la patate chaude, brûlante, idiote, pourrie...
[Début]* * *
ConclusionD'un côté, si les principales motivations qui émergent de cette étude -
partage, rencontres, écriture, échange, plaisir - balaient les arguments traditionnels (phénomène de mode, égocentrisme, etc.), de l'autre il ne me semble pas non plus qu'ils aient été clairement appréhendés par les spécialistes de l'Internet.
Par exemple, en les superposant aux
10 raisons pour ouvrir un blog jugées les plus communes par Henri Labarre en mai dernier, aucune ne correspond explicitement à la liste qu'il a dressée, même s'il est clair qu'on les retrouve toutes dans l'analyse :
1- Pour communiquer
2- Pour la notoriété
3- Pour contester
4- Pour s’exhiber
5- Pour étendre son réseau relationnel
6- Pour informer
7- Pour s’occuper
8- Pour gagner de l’argent
9- Pour bookmarker
10- Parce que tout le monde le fait
Il faudrait également comparer les grandes tendances dégagées sur le Web francophone en les segmentant selon des critères géographiques, linguistiques, je suis sûr qu'il en ressortirait quelques petites différences. Idem pour les distinctions hommes - femmes, chez qui les motivations me paraissent plus intimes et personnelles.
Quoi qu'il soit, il incombe à chacun/e de s'interroger et de se démarquer. Comme le souligne
Fred, «
le problème, c’est toujours d’essayer de sortir un peu des sentiers battus et de ne pas être redondant avec (...) les autres blogueurs. Je crois qu’on appelle ça l’individualisme. »
Du reste, si vous trouvez une connotation négative au terme d'invidualisme, disons qu'on peut positivement qualifier ça de créativité, voire d'originalité, dont je décerne la palme à
Yom pour sa réponse en bande dessinée :
Et pour avoir une idée de réponses qui sortent du lot, rendez-vous chez
Pierre Chappaz ou
Christophe Ginisty (N.B. Eux ne font pas partie de l'échantillon analysé). Pas besoin de grands mots, comme vous pouvez le constater, des idées claires suffisent...
Enfin, pour être tout à fait complet, signalons qu'un seul blogueur sur 70 n'a pas répondu par un billet dédié, en insérant sa réponse dans un billet parlant d'autre chose (de sa «
première Bloggers’ Week »), et qu'un autre a répondu en
commentaire pour ne pas mélanger aspect "perso" et ligne éditoriale de son blog.
Sur le même sujet, j'ai aussi trouvé l'interview vérité de Muriell réalisée par
Vinvin, un
fin analyste (au passage, chapeau bas pour son
dernier podcast...).
À lire en outre, sur un ton plus sérieux,
la psychologie du blogueur par Francis. Et si vous souhaitez suivre l'évolution de la chaîne, voyez sur
Google,
Technorati ou
Wikio.
Voilà. Je terminerai ce passage en revue par une interrogation sur les motivations de celles et ceux qui n'ont mis aucun lien vers d'autres blogs dans leur billet, en prenant comme explication ce commentaire de
Joseph en réponse à ma question (pourquoi tu renvoies pas la balle à ton tour vers d'autres blogueurs - et blogueuses - que tu apprécies ?) :
Oh c'est simple, je n'aime pas imposer des listes aux autres, des chaines... Chacun fait comme il veut.
Et d'ajouter : Et puis les bloggeurs que je connais bien, je sais pourquoi ils blogguent de toutes façons, leur bonnes et mauvaises raisons. Ce que j'aimerais bien c'est connaitre les raisons de ceux qui ne blogguent pas.
Quant aux blogueurs et blogueuses qui ne bloguent plus, il leur reste toujours un
caveau au cimetière (via
Christophe Brasseur)... Ce sera la joyeuse conclusion de ce billet. :-)
[Début]* * *
En annexe, les 70 billets analysés (si vous êtes dans cette liste, un lien retour serait apprécié, merci ;-) :
- Adscriptor
- Otto
- Franck
- Macbrain
- TiteZa
- Gonzague
- Romain
- Jean-Marie Gall
- Le blogueur masqué
- Guillaume
- Cyprien (Monsieur Dream)
- Vincent Abry
- Ze Canada
- Marie
- Joseph
- Quentin
- Baptiste
- Bastien Labelle
- Damien
- David
- Thomas
- Gérald
- Marijo
- Jean-Luc
- Kévin G.
- Gauthier
- Ambiome
- Antoine
- Benoit Descary
- Guirec
- Smarties
- LeVoix
- Romain
- Amandine
- Fredzone
- Brice
- Thibault
- Mélanie
- M3r
- Jeremy
- Marc Nasrawin
- Sora
- JarodxXx
- Franck
- Cerise
- Patrick
- Pocky
- Artwo
- Yom
- Caro
- Alexandre
- Toli
- Fred
- Richard
- Baptiste
- Lucie
- Sarah
- Christophe
- Francis
- Mouton 2.0
- JF Michaud
- Mélane
- JF
- Dan
- Adeline
- Mélie
- Damien
- Pingoo
- Alÿn
- Sébastien
[Début] P.S. Et puis tiens, pour finir, un conseil à toutes celles et ceux qui voudraient lancer un mème - ou une chaîne - à l'avenir : choisissez bien les liens des personnes à qui vous transmettez le message. Car lorsque personne ne vous répond, on se retrouve tout seul comme un con ! Clin d'œil à
Jeff et
Didier. Vraiment, merci
Otto...
[Début] cinq raisons,
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