jeudi 17 avril 2025

Intelligence artificielle, ordinateurs et traduction automatique

L'intelligence artificielle est légèrement plus âgée que moi, et nous retrouvons pour la première fois le terme anglais dans le document préparatoire à la conférence de Dartmouth :

« Nous proposons d'organiser un séminaire de deux mois sur l'intelligence artificielle, impliquant dix personnes, durant l'été 1956 au Dartmouth College de Hanover, dans le New Hampshire. Le postulat de l'étude se base sur le principe que l'on peut décrire avec un un tel niveau de précision chaque aspect de l'apprentissage ou toute autre caractéristique de l'intelligence qu'une machine pourra le simuler. Nous tenterons de trouver comment les machines pourront utiliser le langage, formuler des abstractions et des concepts, résoudre des problèmes aujourd'hui réservés aux humains et s'améliorer. »

Tous les problèmes sont déjà posés ! Or cette déclaration date du 31 août 1955 ! Soixante-dix ans plus tard, je dirais que c'est chose faite, non ? Puisque désormais les machines ont une telle capacité de s'auto-améliorer qu'elles sont à deux doigts de s'affranchir de nous...

Quant au traitement du langage, et donc des langues, il a évolué en parallèle à celui de l'IA et des ordinateurs. Dès la moitié des années 40 apparaissent les premiers calculateurs électroniques à grande échelle, le Colossus britannique (1944) et l'ENIAC américain (1945). Or ces "ordinateurs" ante litteram n'avaient aucun programme en mémoire. Ainsi, pour configurer une nouvelle tâche, il fallait modifier une partie du câblage de la machine, réacheminer les câbles à la main et régler les commutateurs. 

C'est Alan Turing qui conçut le principe de base de l'ordinateur moderne : contrôler les opérations de la machine au moyen d'un programme d'instructions codées, stockées dans la mémoire de l'ordinateur, en contribuant à la construction des premiers ordinateurs programmables au monde : les Colossus Mark 1 et Mark 2. Il fut aussi l’un des principaux acteurs du déchiffrement d’Enigma durant la seconde Guerre mondiale et, last but not least, l'un des pionniers de l'Intelligence artificielle !

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Côté traitement des langues, après l’apparition des premiers ordinateurs, il faudra attendre 1946 et la rencontre entre Andrew Booth et Warren Weaver, directeur de la Fondation Rockfeller, et, surtout, le 4 mars 1947, avec la lettre de ce dernier à Norbert Wiener évoquant la possibilité d’utiliser les nouveaux ordinateurs pour la traduction des langues naturelles :
... Je ne sais rien d'officiel sur les nouvelles méthodes de cryptographie, puissantes et mécanisées ...  des méthodes qui fonctionnent, j'imagine, même sans connaître la langue codée –, donc, naturellement, je me demande si le problème de la traduction pourrait être traité comme un problème de cryptographie. En lisant un article en russe, je pense : « En réalité, c'est écrit en anglais mais codé avec des symboles étranges. Je n'ai plus qu'à procéder au décodage. » 
Norbert Wiener lui répond, pour le moins sceptique, le 30 avril 1947 :
Franchement, concernant le problème de la traduction mécanique, je crains que les frontières entre les mots dans les différentes langues ne soient trop floues et les connotations émotionnelles et internationales trop étendues pour qu'un projet de traduction quasi-mécanique soit prometteur. (...) À l'heure actuelle, au-delà de la conception de dispositifs de lecture photoélectrique pour les aveugles, la mécanisation du langage semble très prématurée
Warren Weaver formalisera son intuition deux ans plus tard, le 15 juillet 1949, avec la publication d’un mémorandum simplement intitulé : Translation, publié in Machine translation of languages: fourteen essays [ed. by William N. Locke and A. Donald Booth (Technology Press of the Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, Mass., and John Wiley & Sons, Inc., New York, 1955), p.15-23], qui commence ainsi :
Inutile de souligner l'évidence, à savoir que la multiplicité des langues entrave les échanges culturels entre les peuples de la planète et constitue un sérieux obstacle à la compréhension internationale. Le présent mémorandum, en partant de la validité et de l'importance de ce fait, contient quelques commentaires et suggestions sur la possibilité de contribuer, au moins en partie, à la solution du problème mondial de la traduction grâce à l'utilisation d'ordinateurs électroniques de grande capacité, flexibilité et rapidité.
Or le 31 mai 1949 était sortie une dépêche aux États-Unis (notamment sur le New York Times et le New York Herald Tribune), qui sera reprise également en Italie, annonçant la construction par le Bureau of Standards, à l'Université de Californie (Los Angeles), de l'ordinateur SWAC (Standards Western Automatic Computer), un "cerveau électrique" capable de traduire une langue étrangère... Vingt mathématiciens et techniciens travaillent sous la direction du Dr Harry Huskey, qui a déclaré :
« Pour réussir à traduire les langues, celles-ci doivent être saisies à la machine. Le service des recherches navales a déjà débloqué une somme d'argent considérable pour construire le cerveau. » 
M. Huskey est certain du bon fonctionnement de sa merveilleuse machine, qui produira une traduction littérale, mot à mot, et il incombera ensuite à l'utilisateur d’interpréter le sens de la traduction. Le cerveau électrique sera testé au plus tard d’ici un an...

Le hasard (!?) voulut que vingt jours plus tôt, M. Federico Pucci, un salernitain, avait adressé un courrier recommandé au président américain, Haary S. Truman, dans l'espoir de recevoir un appui financier pour la construction de ses électro-traducteurs.

M. Pucci, troublé d'apprendre cette nouvelle venant des États-Unis, décida d'envoyer le 10 juillet 1949 (soit seulement 5 jours avant la publication du mémorandum de Weaver !), son premier courrier au Conseil National des Recherches italien intitulé : « Cerveau électrique nord-américain pour la traduction des langues étrangères et traducteur électromécanique italien participant à l'exposition-concours d’inventions qui se tiendra du 16 au 29 septembre 1949 à Paris », dans le seul but de revendiquer l'antériorité de son invention...

Avant l’ordinateur, il n'était question que de « traduction mécanique », voire de « machine à traduire », un distinguo qui demeure dans l’appellation anglaise de la discipline : « Machine Translation », ou MT en abrégé. Après l’ordinateur, parfois qualifié de « cerveau électrique », ou « cerveau électronique », les premiers « logiciels » de traduction automatique furent des systèmes dits « à base de règles » (RBMT, ou Rule-Based Machine Translation), dont la première démonstration de l’histoire est connue dans ses moindres détails : date, lieu, équipe, langues, déroulement, etc.

En fait, une anecdote plus qu’une véritable démonstration scientifique : nous sommes le 7 janvier 1954, à New York, au siège d’IBM, l’équipe est une collaboration entre la Georgetown University (M. Paul Garvin pour la partie linguistique) et IBM (M. Peter Sheridan pour la partie programmation), la paire de langues est le russe et l’anglais, un lexique de 250 mots choisis avec soin, quelques dizaines de phrases, 6 règles !

Le lendemain, IBM annonce dans un communiqué de presse :
En quelques secondes, l'ordinateur géant a transformé ces phrases en un anglais facilement lisible. 
Ce même communiqué mentionnait cette phrase du professeur Leon Dostert, de l'Université de Georgetown, selon lequel, en l’espace de quelques années la traduction automatique aurait pu devenir réalité :
Dans cinq ans peut-être, voire dans trois, la conversion de sens entre différentes langues par processus électronique dans d'importants domaines fonctionnels pourrait bien être un fait accompli. 
Le ton optimiste de cette déclaration eut surtout pour effet d'inciter le gouvernement américain à mettre à disposition d’importantes sommes pour la recherche. De ce point de vue, l'objectif fut atteint ! Pour autant, dans la réalité, l'expérience « Georgetown University – IBM » fut suivie d’une décennie que tous les spécialistes de l'histoire de la TA s'accordent à définir comme « la grande désillusion ».

Sans rien enlever à Federico Pucci, créateur de la première RBMT documentée de l'histoire, inventée à partir de rien, qui présenta initialement son système en public en décembre 1929, soit 20 ans avant le mémorandum de Warren Weaver sur la traduction automatique, et 25 ans avant l'anecdote IBM - Georgetown University...

Sources :
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En clair, sur les 70 dernières années, nous avons vu de front l'essor inarrêtable et conjugué du traitement automatique des langues, de la puissance de calcul des ordinateurs et de l'explosion de l'intelligence artificielle, mais nous atteignons aujourd'hui un point de bascule. Où le binôme suprématie quantique - superintelligence artificielle reléguera la traduction automatique sur les étalages des vide-greniers de l'histoire (not a failure anymore...) !

Pour faire le point de la situation, rendez-vous en 2029 (dans 4 ans !), date du centenaire de l'invention par Federico Pucci de sa méthode de traduction automatique à base de règles...


mercredi 16 avril 2025

Singularité de l'IA et superintelligence

Dans Obsolescence du contenu, je raconte mon premier contact avec Internet, il y a 30 ans : 

Une fois installé Internet, ma première recherche fut "glossary", pour obtenir, en moins d'une seconde, 300 000 (trois cent mille !) résultats. C'était tellement énorme que j'ai dû me déconnecter pour réfléchir...

Il y a dans les paramètres ci-dessus (300 000 résultats en moins d'une seconde) deux des éléments principaux de l'IA : la masse (de données) et la vitesse. Tiens, ça me rappelle une vieille formule : IA = mc², où l'énergie serait remplacée par la singularité de l'IA...

Donc, il en va très exactement de même avec l'arrivée proche de la superintelligence artificielle, j'ai absolument besoin de me donner le temps de la réflexion !

Car s'il y a quelqu'un qui est intimement convaincu que cette superintelligence ne va pas rester encore très longtemps hypothétique, c'est bien Eric Schmidt, CEO de Google pendant une dizaine d'années (avant de devenir président exécutif du conseil d'administration de la société), qui a donné une interview extraordinaire il y a moins d'une semaine !

La voici dans son intégralité :

Selon son calendrier :

  • D'ici un an (2026), l'IA remplacera de nombreux programmeurs et mathématiciens parmi les plus diplômés.

(Lui s'intéresse aux programmeurs et aux matheux, puisqu'ils sont, d'après ses mots, à la base de tout notre monde numérique, mais nous avons vu que ça touche TOUS les secteurs...)

Il s'agit d'une boucle de rétroaction où une intelligence artificielle (IA) est capable de se perfectionner continuellement. Explications ici.

D'après les grands acteurs de l'IA, à l'heure actuelle, 10 à 20 % du code développé dans leurs programmes de recherche est généré directement par l'ordinateur. À terme, les ordinateurs n'auront plus besoin de nous écouter (voire plus besoin de nous tout court, ou dans tous les cas de moins en moins !)...

  • D'ici 3 à 5 ans (2028-2030), émergence de l'intelligence artificielle générale (AGI, celle qui mettra dans la poche de chacun de nous l'équivalent du plus intelligent des experts humains pour chaque problème !)

D'après Raphaël Gaillard (L'homme augmenté : Futurs de nos cerveaux - Grasset, 2024), nous utiliserons l’IA comme nous utilisons nos smartphones, partout et tout le temps, comme un appendice de nous-même, voire en l’incorporant. Surtout, selon Schmidt, ce sera l'étape à partir de laquelle les fondations auront été jetées, fixées, et à partir de là rien ni personne n'arrêtera plus l'IA... Toutefois, après cette phase, les choses deviennent encore plus intéressantes !

  • Dans 6 ans (2031), la superintelligence artificielle (ASI : théorie selon laquelle les ordinateurs deviennent plus intelligents que l'ensemble de l'humanité) devient réalité...

Selon Schmidt, les gens ne comprennent pas ce qui se passera avec un tel niveau d'intelligence, qui plus est largement gratuite. Notre société n'appréhende pas cette évolution. Il n'existe aucun langage, aucune langue (en anglais language signifie aussi bien langue que langage) pour concevoir ni expliciter ce qu'il en sera avec l'avènement de la superintelligence artificielle.

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« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément », disait Nicolas Boileau, mais que faire lorsque les mots ou la langue sont incapables de saisir une réalité qui n'existe pas encore et que l'on ne sait pas même imaginer ?

Cette situation me fait penser à Paul Virilio, un des premiers théoriciens de la « vitesse », qui disait nous n'avons pas de philosophie pour penser à une telle accélération du réel !

Or face au bouleversement de l'IA, il y a bien des tentatives d'élaborer une philosophie de l'intelligence artificielle, mais depuis la moitié des années 50 les changements sont d'une telle portée et d'une telle rapidité que le cerveau humain est incapable de suivre cette explosion de l'intelligence, qui nous amènera inéluctablement à redéfinir les concepts mêmes d’intelligence, d’autonomie et d’existence humaine, et nous obligera à repenser notre place dans l’univers : sommes-nous prêts à coexister avec une entité qui nous dépasse ?

En d'autres occasions, Schmidt s'est déjà prononcé pour accompagner une telle transition d’une réflexion éthique profonde. Simple vœu pieux !

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Ce déploiement tous azimuts de l'IA est également favorisé par la montée en gamme d'une puissance de calcul phénoménale. Citons juste l'exemple de Cerebras Systems et de son Wafer Scale Engine, dont la version 3 intègre 4 trillions de transistors et 900 000 cœurs d'IA, offrant des vitesses d'inférence jusqu'à 70 fois plus rapides que les processeurs traditionnels. Les chiffres sont impressionnants :


Déjà, il y a un an, Cerebras et G42 déployaient Condor Galaxy 3, un supercalculateur d'IA de 8 exaFLOPs avec 58 millions de cœurs optimisés par l'IA ! Je vous laisse calculer...

Et que se passera-t-il lorsque la suprématie quantique (la quatrième révolution civilisationnelle ?) deviendra à son tour réalité ?

Eric Schmidt a raison : c'est inconcevable...

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À la question « Les machines peuvent-elles penser ? », Alan Turing répondait toujours oui !

Dans son livre intitulé Les innovateurs (octobre 2015), Walter Isaacson nous dit qu'en réfléchissant au développement des calculateurs à programme enregistré, Alan Turing s’intéressa à l’affirmation émise par Ada Lovelace un siècle plus tôt dans sa note finale sur la machine analytique de Babbage, à savoir que les machines ne pouvaient pas vraiment penser

Dans un article de 1950, il consacra une section à « l’objection de lady Lovelace » :

« Au lieu d’essayer de produire un programme qui simule l’esprit adulte, pourquoi ne pas essayer plutôt d’en produire un qui simule l’esprit de l’enfant ? Si celui-ci était alors soumis à une pédagogie appropriée, on obtiendrait le cerveau adulte. »

Donc, si une machine pouvait elle-même modifier son programme sur la base des informations qu’elle traitait, ne serait-ce pas là une forme d’apprentissage ? Cela pourrait-il conduire à l’intelligence artificielle ?

C'est ainsi qu'il conçut « le jeu de l’imitation » (ou test de Turing) : un interrogateur transmet par écrit des questions à un humain et à une machine situés dans une autre pièce et essaie de déterminer à partir de leurs réponses lequel des deux est l’humain.

Or aujourd'hui, non seulement évoquer l'idée de machines pensantes est un truisme, mais il commence à être question de machines conscientes... 

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Cela me suggère une dernière question pour conclure ce billet :

« Les machines peuvent-elles croire ? »

Je laisse à chacun(e) le soin d'apporter sa propre réponse. La mienne est non.


dimanche 13 avril 2025

La troisième révolution civilisationnelle

Les deux premières furent l'Imprimerie et Internet, l'Intelligence artificielle sera (est) la IIIe révolution civilisationnelle. La différence étant qu'il aura fallu un peu plus d'un demi-millénaire entre la première et la deuxième, contre une cinquantaine d'années entre la seconde et la troisième : une évolution 10 fois plus rapide ! 

Je n'ose penser quelle sera la quatrième, et quand... L'informatique quantique ?

Dans révolution il y a évolution. Toutefois cette dernière peut être positive ou négative. Par exemple, lorsque l'on pense « révolution industrielle », on peut être saisi par la crainte de la « destruction créatrice » d'emplois, cette force motrice de la croissance selon Joseph Schumpeter... Des métiers disparaissent, de nouvelles professions apparaissent, au mieux se côtoient pendant quelque temps. Dans cette jungle, il incombe à chacun(e) de trouver sa propre réponse. 

L'idée de ce billet m'est venue en constatant le déploiement de plus en plus omniprésent des IA traductionnelles, dont je peux ressentir chaque jour les effets directs sur mon activité désormais ultra-quarantenaire...

Pour commencer la préparation de ce billet, j'ai donc posé à 4 Intelligences artificielles (IA pour les intimes) - ChatGPT, Mistral.ai, Deepseek et Gemini - la question suivante : Quelles sont les plus importantes révolutions industrielles ?

Je vous ai concocté les résultats sous forme de tableau synoptique, selon le schéma suivant :

  • Introduction
  • 1e révolution industrielle (Innovations/Impact)
  • 2e révolution industrielle (Innovations/Impact)
  • 3e révolution industrielle (Innovations/Impact)
  • 4e révolution industrielle (Innovations/Impact)
  • Conclusion

En cliquant sur les images vous avez un accès direct au PDF correspondant.

Introduction








Conclusion

En associant les résultats complémentaires des 4 IA, on obtient un tableau intéressant. Mais surligné en jaune, vous constaterez que Deepseek est la seule à évoquer dans sa conclusion une cinquième révolution industrielle.

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Ce devait être le titre de ce billet, et puis j'ai pensé que non, ça ne collait pas ! Comme son nom l'indique, la cinquième révolution industrielle se limite davantage à l'Industrie 5.0, dont le but, en bref, ne consistera plus uniquement à automatiser et optimiser les processus, mais à améliorer la vie des travailleurs grâce à la technologie plutôt que de les remplacer par des robots.

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C'est là où le bât blesse avec l'intelligence artificielle puisque, selon moi, dans de nombreux secteurs, elle vise purement et simplement à prendre la place des ressources humaines, les digital workers n'ayant pas d'état d'âme. 

Car si la deuxième révolution ne s'est pas substituée à la première, si l'écran n'a pas tué l'écrit (de même que ceci n'a pas tué cela...), au grand bonheur des obsédés textuels, en remplaçant juste le texte classique par l'hypertexte, l'antique palimpseste par le moderne palimptexte, le passage de la deuxième à la troisième révolution civilisationnelle, 10 fois plus rapide que le premier, ressemble davantage à un choc des civilisations et me semble beaucoup plus préoccupant, bien moins "empathique".

Plus aucun domaine n'est à l'abri, ce que démontrent différentes études prospectives, des armées à l'éducation, de l'enseignement à la logistique et aux transports, du droit à la banque en passant par la médecine, etc., pour n'en citer que quelques-uns, et de nombreux emplois, y compris qualifiés, devront soit se mettre à niveau, soit disparaître...

Depuis plusieurs années la traduction / l'interprétation est déjà confrontée à cette problématique, accompagnée d'une baisse généralisée des services (et des salaires) que je nomme industrialisation du good enough... J'y reviendrai plus loin.

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Dans sa newsletter du 11 avril 2025, Tariq Krim (éditions Cybernetica), que j'ai rencontré il y a fort longtemps, publie un article intitulé « Quand le logiciel cessera d’obéir », où il nous propose une vision élargie de l'intelligence artificielle et de la rupture actuelle, en termes de conception architecturale des systèmes d’IA, notamment avec MCP (une brèche dans le code de programmation) et le protocole agent-à-agent (A2A) de Google. Tout ceci présage d'un fonctionnement de l'IA en réseau de systèmes intelligents dialoguant directement sans passer par nous : les machines prennent le contrôle, les robots prennent le pouvoir ! Sans parler des questions d'éthique...

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Le monde des agents est foisonnant ! Parmi cette myriade, pour ne prendre qu'un exemple, celui de MindStudio offre des agents pour la recherche, l'analyse de contenu (voir en P.S.), la création (podcasts, billets, articles, vidéos, etc.), la génération d'images, pour les étudiants, les financiers, les développeurs, etc., il suffit d'installer l'extension sur Chrome et à la seconde tous ces agents sont à votre disposition :


Et si vous n'y trouvez pas votre bonheur (une centaine d'agents libres d'utilisation), vous pouvez construire le vôtre (build), question de minutes ! En version gratuite vous avez jusqu'à 10000 requêtes (runs) par mois, au-delà (jusqu'à 100000) c'est 0,002$/run, vous avez accès à une cinquantaine de modèles IA et à des services tiers, etc. etc.

Donc, sans compter les outils de création de sites, de logiciels via prompt (le vibe coding), dont le lancement par Google d'un nouvel outil impressionnant (firebase.io) ou les perspectives d'autres acteurs de premier plan, vous comprenez bien que lorsque Tariq Krim évoque la possibilité (déjà réalité) que tout ce joli monde fonctionne en réseau de systèmes intelligents dialoguant directement sans passer par nous, c'est instantané et exponentiel, et les perspectives réelles vont bien au-delà de notre compréhension simplement humaine.

Eric Schmidt lui-même confirme cet état de fait : « Les ordinateurs sont auto-apprenants. Ils n'ont plus besoin de nous écouter »...

À mon niveau de traducteur lambda, qu'est-ce que tout cela peut bien signifier ?

Je m'interroge depuis une dizaine d'années déjà sur l'avenir du travail pour les métiers libéraux, et sur le mien in primis, au point d'avoir écrit une moyenne d'un billet par an pendant 8 ans sur ces questions :

  1. Plaidoyer pour un marketing de la traduction
  2. SOLO², branding & marketing à l’intention des auto-entrepreneurs et des professionnels exerçant en profession libérale
  3. Le « nouveau maintenant » de nos professions
  4. Transition université - marché du travail
  5. Conseils aux jeunes qui réfléchissent à leur carrière future
  6. De l'évolution du métier de traducteur-interprète et de la nécessité de s'adapter
  7. La création de son propre emploi
  8. Télétravail : sommes-nous prêts ?

J'ai expliqué dans un récent billet que la profession est en plein bouleversement, où le traducteur devient post-éditeur de traduction automatique (ce qui n'est plus le même métier), autrement dit l'inspecteur des travaux "finis"... Si l'on passe sous silence le fait que certains (Jaap Van Der Meer) rêvent d'automatiser aussi la post-édition, toute la problématique se concentre donc sur la finition !

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Lorsque j'avais mon bureau de traduction à Rome, je recevais des étudiants français en stage provenant de différentes universités (Grenoble, Rennes 2), où mon rôle consistait, dans une ultime opération, à contrôler et parfaire le texte à livrer. Une traduction réalisée à 95% n'est pas un produit fini : il manque 5%. On ne dirait pas, mais 5% de 1000 mots ce sont 50 mots incorrects. C'est énorme et ça fait toute la différence : la finition qualifie le traducteur de métier.

Or une IA traductionnelle n'est ni plus ni moins qu'un stagiaire : sans vérification et correction finales, le client n'en aura jamais pour son argent (if you pay peanuts you get monkeys), quand bien même il aura payé très peu (en tout cas bien moins qu'il y a quelques années), car là est le paradoxe de la quadrature du triangle : entre DÉLAIS, COÛTS et QUALITÉ, prenez-en deux et oubliez le troisième ! Désormais, un adage d'autrefois…

L'élément nouveau qu'introduit l'IA est que deux des trois paramètres sont (plutôt brillamment) résolus ! Les DÉLAIS sont immédiats, et les COÛTS éliminés, ou peu s'en faut. Y compris sur d'énormes quantités. Aucun traducteur humain n'est compétitif face à une telle réalité. Ne reste plus que la QUALITÉ, dont le degré ultime se définit au moment de la finition. À l'heure actuelle, sans cette réception - au sens technique - de la traductrice ou du traducteur en charge du « contrôle qualité », aucun agent intelligent (intellagent ?) artificiel n'est encore en mesure d'assurer seul ce niveau de finition. L'IA peut s'en rapprocher pour certains couples de langues et domaines (les plus documentés), mais ça reste très compliqué pour d'autres (IT > FR en juridique, par exemple), et bien que ça soit probablement à sa portée, cela demandera encore pas mal de temps. Nous sommes donc en sursis...

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Pour conclure, je terminais un précédent billet par cette citation :

Pourtant, une conséquence bien concrète de tout ce chambardement : après 40 ans de métier, j'ai de moins en moins de travail...
De quoi se demander si traducteur-interprète est un métier d'avenir ? 
J'en doute !

Mon sentiment est qu'au fil du temps l'avènement de l'IA dépasse et rend vains tous mes questionnements, les uns après les autres, peut-être le temps de la réflexion est-il venu...


P.S. À titre d'exemple, j'ai fait tourner l'agent Create Study Guide sur mon billet (rédigé en français) intitulé Branding & Marketing pour Traducteurs & Interprètes, en quelques secondes, voici le résultat (en anglais !) (il suffit de cliquer sur l'image) : 

dimanche 6 avril 2025

La fin de la démocratie dans le monde

Et puis je pense à la vie dans son ensemble, grinçante et décevante mais, comme la démocratie, préférable à toute autre forme d'(existence) !

La démocratie est toujours trahie, mais toujours applaudie.

Fédéric Dard, alias San-Antonio

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La citation exacte est ... préférable à toute autre forme d'inexistence !, mais Dard ne m'en voudra pas de le paraphraser. Je me suis déjà exprimé plusieurs fois sur ce blog à propos de démocratie, notamment dans deux billets importants :

Dans le premier billet, je dressais le constat suivant :

Pourquoi défendre la démocratie ? Personnellement, c'est juste une question de principe. Je pense en effet que la démocratie est la forme politique plus évoluée qui aurait pu permettre aux peuples de s'affranchir des différents totalitarismes, du communisme au capitalisme en passant par le nazisme ou le "socialisme de marché", etc.
Or ce que je vois se produire aujourd'hui dans deux "démocraties" telles que la France et l'Italie me pousse à être très pessimiste quant à la capacité des peuples de s'affranchir de ces totalitarismes en exerçant leur responsabilité, et leur discernement. Ou tout simplement leur esprit critique.

Or 16 ans plus tard, non seulement les choses n'ont pas progressé, mais elles ont définitivement empiré, et s'aggravent chaque jour un peu plus, dans le monde entier, sous les coups de boutoir systématiques et conjugués de l'extrême-droite, de milliardaires sans scrupules qui noyautent tous les médias (presse, télé, radio et, désormais, Internet...) pour manipuler l'opinion égoïste et ignorante, et des politiques indécents qui nous gouvernent. J'ai clairement l'impression de revenir un siècle en arrière et d'assister impuissant à la montée du nazisme et des totalitarismes un peu partout, notamment en Europe et aux États-Unis ! On sait pourtant comment ça s'est terminé... 

Mais apparemment, les hommes, et les femmes (égalité oblige), se refusent à tirer les enseignements de l'histoire. Il y aurait pourtant matière à réfléchir !

Dans le deuxième billet, je commentais :

Dommage que nos gouvernements - y compris "démocratiques" - ne me semblent pas tellement œuvrer dans le sens d'une responsabilisation et d'une conscientisation des citoyens, mais plutôt dans le sens opposé de leur déresponsabilisation et de leur abrutissement. Ainsi il leur est plus facile de gouverner et de faire leurs intérêts et ceux de leurs tribus plutôt que ceux de la collectivité et du bien public...

Donc voilà, en 2025, je crois peut-être encore en la démocratie, mais je ne crois plus en la capacité des peuples de s'organiser "démocratiquement" pour exercer leur « inaliénable vocation (...) à prendre en charge leur destin, tant individuel que collectif. »

Cela aurait-il un sens de rechercher les responsabilités de cette situation ? Clairement, non. Il n'empêche qu'on peut - et qu'on doit - se demander pourquoi nous en arrivons là, plus proches chaque jour d'un point de non-retour.

Dans sa préface aux Misérables, Hugo nous prévenait pourtant :

Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; (...) tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.

Victor Hugo, Hauteville-House, 1er janvier 1862

163 ans plus tard, est-ce que cela a servi à quelque chose ? Non ! Les guerres, les massacres et le racisme permanents entre les peuples, est-ce que nous en avons appris quelque chose ? Non ! Je dirais même plus, c'est comme si chaque génération voulait faire pire que les précédentes : pire dans l'horreur, pire dans la haine, pire dans l'esclavage, etc.

Il n'y a qu'à voir ce que fait Israël en ce moment, pourtant l'un des peuples les plus martyrisés de l'histoire humaine, en train de transformer Gaza et la Cisjordanie en un gigantesque camp de concentration à ciel ouvert, un camp d'extermination selon Antonio Guterres, en tuant par milliers de personnes désarmées tout ce qui bouge, mais surtout les enfants, les personnels soignants, les journalistes, etc. etc., dans le silence insupportable du monde politique "démocratique". Même leurs propres otages ne comptent rien aux yeux de Netanyahou et de l'extrême-droite israélienne, qui ne se servent du 7 octobre 2023 que comme d'un prétexte pour effacer méthodiquement deux millions de personnes et les aspirations légitimes du peuple palestinien - et de l'Autorité palestinienne - de revendiquer ces territoires afin d'y établir l'État de Palestine.

Chose dont ne veulent surtout pas les extrémistes des deux bords, qui se sont toujours très bien entendus sur le dos du peuple, dont le seul tort est d'être né sur ces terres ! Il n'est plus question de combattre le terrorisme, de justice, de droit ou de je ne sais quelle autre valeur, mais juste de déplacer tous ces gens pour en faire la "Riviera du Moyen-Orient", selon l'idée de l'autre malade...

« Même notre Shoah, ils nous l'envient », arrive à déclarer Yvan Attal, en crachant sur la mémoire de quelque six millions de victimes - ses propres compatriotes - qui doivent se retourner dans leur tombe !

Il y a dans ces mots une haine maladive, incontrôlable, extrémiste, une haine que l'on retrouve partout dans la société, dans toutes les strates, contre l'étranger, l'immigré, le différent, etc. 

Vers la fin du mois de mars, un épisode m'a particulièrement frappé en Italie : Roberto Giordanelli, un photographe d'Alexandrie, lisait tranquillement son journal dans un bar de la ville, lorsqu'il a entendu des jeunes chanter 'Bella ciao', hymne à la résistance et à l'antifascisme italiens (que des "créatifs" français débiles ont cru bon d'adapter en une vulgaire publicité...), auxquels il s'est joint en chantant lui aussi. C'est alors qu'il a pris plusieurs coups violents, assénés par un énergumène se revendiquant du fascisme et l'accusant d'être "un communiste de merde".

Tout est devenu extrêmement binaire, les noirs contre les blancs, les pauvres contre les riches, si tu es antifasciste tu es une gauchiasse, a priori, comme ça, sans aucun raisonnement, si tu n'es pas contre l'immigration, tu n'es pas un patriote, etc. etc. « Dieu, famille, patrie » est la "nouvelle" devise, de pétainiste mémoire...

Un siècle en arrière, vous dis-je ! Sous des poussées convergentes, identitaires et protectionnistes, qui vont TOTALEMENT à rebours de l'histoire, accentuées 24/7/365 sur tous les supports possibles imaginables, pour bien que ça rentre - de gré ou de force - dans nos têtes d'incapables (au sens juridique et pas seulement) infantilisés. [Début]

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Dans mon premier billet je m'insurgeais contre « la facilité et la passivité avec lesquelles ces deux peuples (l'Italie et la France) se font manipuler à leur insu de leur plein gré ! »

Or à présent cela s'étend à tous les pays, car lorsque l'on voit comment les peuples "libres" votent "démocratiquement" des leaders plus dérangés les uns que les autres (les israéliens Netanyahou, les turcs Erdoğan, les américains Trump, les argentins Milei, les brésiliens Bolsonaro, les hongrois Orbán, etc.), cela signifie que les gens n'ont plus aucune capacité de discernement, qu'ils sont le terreau fertile où se développe sans obstacles la propagande que politiques, communicants et médias vendus et corrompus administrent quotidiennement à leurs esprits apeurés. 

Tout cela est rendu possible à deux niveaux, collectif et individuel, qui font le pendant avec l'incapacité des hommes d'exercer leur « inaliénable vocation (...) à prendre en charge leur destin, tant individuel que collectif. » [Début]

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Le collectif prépare le terrain, 1) en insufflant partout la peur, dans les esprits et dans l'opinion, et 2) en détruisant l'esprit et la culture d'un pays par l'élaboration et l'emploi d'une novlangue qui dépouille les mots de leur sens originel profond, traditionnel : une fois transformés, soit dans leur forme soit dans leur fond, voire les deux, ce ne sont plus que des messages stériles, sans odeur et sans goût, sans substance et sans valeur, sans plus aucun rapport entre les réalités qu'il seraient censés décrire et le néant qu'ils expriment.

1. La peur

La fabrique de la peur, ou des peurs, devrais-je dire, irrationnelles et soigneusement entretenues par les pouvoirs en place, peur de tout, contre l'insécurité, contre les immigrés, les différents, les étrangers, contre les "boucs émissaires", expressément choisis pour endosser des responsabilités ou expier des fautes dont ils sont généralement innocents (en France, les gilets jaunes en sont un parfait exemple), bien pratiques pour conditionner l'opinion et la manipuler à souhait. Faits divers démesurément amplifiés lorsqu'un immigré commet un délit, et honteusement passés sous silence quand le même délit est commis par un petit blanc bien de chez nous, plus encore s'il s'agit d'un fils (ou d'une fille) de bonne famille...

L'important c'est de marteler le même message H24 (Goebbels enseigne...), les immigrés sont des graines de criminels, des terroristes en puissance, des islamistes incapables de s'intégrer, tout juste bons à être expulsés sous le coup d'un OQTF. Et tout ceci, uniquement à des fins électorales !

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Il y a eu en Italie une expérience formidable, entre 2004 et 2018, du 4 fois maire de Riace (mondialement connue pour ses guerriers de bronze), Domenico Lucano, dit Mimmo, qui a accueilli plus de 6000 migrants (contre 2000 habitants) pour redonner vie à sa commune calabraise sur la côte ionienne et en faire un « village global ».

Dans son numéro du 1er avril 2016, le magazine Fortune classe Mimmo Lucano au 40e rang des 50 leaders les plus importants de la planète :


La description est la suivante : « Pendant des décennies, l'émigration a dépeuplé Riace, un village de 2 000 habitants situé sur la côte calabraise. Lorsqu'un bateau de réfugiés kurdes débarque sur ses côtes en 1998, Mimmo Lucano, alors instituteur, y voit une opportunité à saisir. Il leur offre les appartements abandonnés de Riace, ainsi qu'une formation professionnelle. Dix-huit ans plus tard, le maire est salué pour avoir sauvé la ville, dont la population comprend désormais des migrants d'une vingtaine de pays, et pour avoir relancé son économie (Riace a accueilli plus de 6 000 demandeurs d'asile au total). Bien que sa position en faveur des réfugiés l'ait opposé à la mafia et à l'État, le modèle de Lucano est étudié et adopté alors que la crise des réfugiés en Europe atteint son paroxysme. »

C'est ainsi qu'il a donné vie au "modèle Riace", analysé un peu partout dans le monde, qui fait de l'accueil des migrants un moteur coopératif de relance économique et sociétale


Seulement voilà, le système ne voulait ni de lui ni des migrants, et encore moins - surtout pas ! - d'une expérience qui marche. Son calvaire juridique a donc commencé en 2017, et 4 ans plus tard il a été condamné en première instance à 13 ans et deux mois d'emprisonnement pour plus d'une dizaine de délits, y compris pour s'être procuré un enrichissement personnel et avoir favorisé l'immigration clandestine...

Une machination anéantie en octobre 2023 par la Cour d'appel de Reggio Calabre, qui n'a retenu que le délit d'usage de faux en écritures publiques (au titre d'un seul chef d'accusation, contre 19 au départ, et d'une seule résolution, sur 57 délibérés du maire), assorti d'une condamnation à 18 mois avec suspension de la peine, confirmée définitivement par la Cour suprême italienne en février 2025 (mais sans enrichissement personnel ni encouragement de l'immigration clandestine).

Entre-temps la Ligue de Salvini a conquis la mairie, mis fin aux projets et fermé les écoles et les laboratoires d'artisan, en balayant près de 20 ans d'une intégration réussie. Quant à la première peine de 13 ans et deux mois, une honte absolue, c'est quand même près du double de ce qu'a pris Dell'Utri pour avoir collaboré avec la mafia après toute une vie de saloperies pires les unes que les autres...

Conclusion : huit ans plus tard, Mimmo Lucano risque encore la déchéance politique de son mandat de maire, ce qui donne bien une idée de l'ordre des priorités de la "démocratie" italienne ! [Début]

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2. La novlangue

La novlangue, le novlangue selon son auteurGeorge Orwell dans 1984 (écrit en 1948), est un langage dont le but vise à anéantir la pensée, détruire l'individu devenu anonyme, asservir le peuple. 

La novlangue aujourd'hui, c'est la langue de la renaissance démocratique, à l'instar du plan de renaissance démocratique voulu par Licio Gelli (loge P2 : Propaganda Due), qui consistait à subvertir la démocratie en vidant de leur contenu toutes les institutions démocratiques pour ne laisser qu'une coquille vide au regard des "citoyens" et de la "communauté internationale". Il est d'ailleurs presque totalement mis en place dans l'Italie d'aujourd'hui, et les dernières "réformes" de la justice selon Gelli sont en cours.

Idem pour la novlangue de la renaissance démocratique, donc, qui consiste à subvertir la langue en vidant de leur contenu toutes les paroles et les expressions pour ne laisser qu'une coquille vide au regard des "citoyens" et de l'opinion publique d'un pays. Elle emploie le plus souvent les mots habituels de la langue nationale, dont elle détourne la signification de manière à la fois subtile et vicieuse, pour finir par les faire mentir en disant tout et le contraire de n'importe quoi, mais jamais la vérité...

Depuis toujours, les dictateurs de tous poils sont maîtres dans l'art de créer une novlangue, la langue n'étant plus qu'une victime collatérale des tyrannies, or à présent la nouveauté est que même les soi-disant démocraties s'y sont mis. On pensait qu'elles pouvaient être un rempart contre le pouvoir trompeur des mots, mais à force de faire tomber les contre-pouvoirs les uns après les autres, je ne vois plus guère de différences entre les discours de Poutine et de Trump, de Xi et de Macron, et ainsi de suite.   

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Puisque l'on parle de l'infâme Poutine, son "opération militaire spéciale" est un parfait exemple de novlangue. Ce n'est plus une guerre d'invasion mais une entreprise de libération pour "dénazifier" l'Ukraine !!! C'est ainsi que le 24 février 2022, les ukrainiens dans la joie ont vu arriver leurs libérateurs...

Je ne peux m'empêcher de penser au livre du philologue allemand Victor Klemperer, « LTI, Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIe Reich » (écrit en 1946), devenu la référence de toute réflexion sur le langage totalitaire... 

Dans sa note à l'édition française de 1996, la traductrice, Élisabeth Guillot, nous dit ceci:

L’Allemagne a failli mourir du nazisme ; l’effort qu’on fait pour la guérir de cette maladie mortelle se nomme aujourd’hui « dénazification » (Entnazifizierung). 

Je ne souhaite pas, et je ne crois pas non plus, que ce mot abominable vive longtemps. Il disparaîtra pour ne plus exister que dans les livres d’histoire dès lors que sa mission présente aura été accomplie. 

Fort malheureusement, en 2025, le regain de popularité de la dénazification est appelé à un avenir radieux, et à plus de cinquante ans de distance, la lecture de LTI montre combien le monde contemporain a du mal à se guérir de cette langue contaminée ; et aucune langue n'est à l'abri de nouvelles manipulations. L'histoire est loin d'être terminée... [Début]

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Au plan individuel, les deux principales raisons qui sous-tendent toutes les autres sont, selon moi : 1) l'ignorance, et 2) l'égoïsme.

1. L'ignorance

L'ignorance est une alliée puissante des politicien(ne)s de tous bords, qui manient cette arme silencieuse pour mieux nous tromper et faire croire aux esprits simples, pour ne pas dire aux simples d'esprit, prêts à tout gober, que des gens tels que Aliot, Tanguy, Odoul, Jordy le bellâtre, Jacobelli, Lavalette, la famille Le Pen ou autres du même acabit seraient intéressés à nos problèmes, voire en mesure de les résoudre !

Je cite le RN mais il en va de même pour Philippe, Retailleau, Darmanin, Bayrou, Ciotti, Zemmour, etc. Sans compter le petit Manu qui s'est allègrement torché le fion avec les cahiers de doléances et les bulletins de vote des français.

Non, à droite, le seul qui m'inspire aujourd'hui une quelconque confiance est de Villepin, dont l'envergure à la fois nationale et internationale serait un atout, mais reste à savoir s'il aura la capacité suffisante pour mobiliser assez d'électeurs et être suivi.

De l'autre côté, les votants se sont clairement manifestés pour une union des forces de gauche, mais le NFP n'a tenu que le temps d'un vote. Il faudrait une personnalité capable de rassembler tous ces courants, or ni Mélenchon, ni Roussel, Glucksmann, Faure ou l'autre Marine ne sont - et ne seront jamais - des gens de consensus. Le seul honnête homme (?) capable de jouer ce rôle, selon moi, est Ruffin, mais jamais les autres, dévorés par leurs propres ambitions, n'accepteront de s'effacer pour un tiers (en lisant les commentaires à ce tweet, je me dis que ça sera compliqué...). Désolé pour celles et ceux qui espèrent et croient encore en une gauche de gouvernement, personnellement je n'en vois aucune. 

Comme vous l'observerez, je suis plutôt pessimiste pour l'avenir de la France, aux mains d'une bande d'arrivistes tous partis confondus, avec l'assentiment complice de celles et ceux qui votent, comme de celles et ceux qui s'abstiennent. L'énergie des gilets jaunes a été réprimée dans le sang et les violences policières "légitimes" - sous le silence assourdissant du peuple "souverain" dans son ensemble - commises par des forces de l'ordre indignes, à commencer par leurs supérieurs hiérarchiques et les politiques aux commandes, qui ont abusé du droit sous toutes ses formes : des milliers de gardes à vue et d'amendes injustifiées, de vagues délits d'outrage, de vexations à n'en plus finir. Comme on dit en italien, le poisson commence toujours à puer par la tête. Le courage doit être puni, il ne doit surtout pas servir d'exemple.

En outre les élites vivent de l’ignorance du peuple, c'est évidemment la raison pour laquelle elles s'attaquent sans cesse à l'instruction, l'éducation, l'enseignement, la raison pour laquelle les médias dominants minent la culture et orientent les pensées, désinforment à tout-va, triturent les mots et les sens, les véritables journalistes n'existent pratiquement plus, ils ont été remplacés par des influenceurs grassement nourris qui se gardent bien de cracher dans la soupe, par des collabos propagandistes virevoltant comme des girouettes pour suivre le sens du vent ponctuellement indiqué par leur patron, des crieurs de l'info, des singes hurleurs de faits divers arbitrairement choisis pour accuser et discréditer des populations cibles minutieusement pointées du doigt.  

Pour conclure, en considérant l'ignorance une source permanente de maux et de souffrances, Victor Hugo prônait l'éducation et la connaissance comme moyens de libération et de progrès. Fervent défenseur de l'instruction publique, il a souvent plaidé pour une éducation gratuite et accessible à tous, notamment pour les enfants issus de milieux défavorisés, en estimant que c'était une ressource essentielle pour lutter contre les inégalités sociales. Donc, enlever aux citoyens l'éducation et la connaissance revient à les priver de leurs moyens de libération et de progrès...

Sans parler du traitement que réservent depuis des lustres l'école privée et l'église aux enfants issus de milieux défavorisés, et pas seulement (Bayrou a-t-il jamais entendu parler de Bétharram ?), n'est-ce pas là ce que souhaitent vraiment les politiques ? [Début]

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2. L'égoïsme

« Sans un minimum d'égoïsme la vie ne serait plus vivable », disait Frédéric Dard, toujours lui. Certes, mais encore faut-il savoir faire la part des choses. 

Joël Dicker, en se rappelant que ses grands-parents juifs "cassaient des cailloux" dans des camps de réfugiés en Suisse, fustige l’égoïsme de l’Occident à l’égard des migrants. Égoïsme/indifférence, individuelles ou collectives, un binôme mortel en conflit avec les valeurs fondamentales de l'idéal démocratique : égalité, solidarité, bien commun, justice sociale.

Une démocratie doit être ouverte par définition. Lorsqu'elle commence à se refermer sur elle-même, à rejeter l'étranger, le différent, à empêcher l'entrée de nouveaux arrivants, à tracer de nouvelles frontières, à dresser des murs, elle glisse doucement mais sûrement vers la démocrature (autrement dit, une dictature déguisée en démocratie), elle meurt avec les mensonges (citation de Staffan Ingemar Lindberg).

L'égoïsme individuel est un danger pour l'intérêt général, il reflète souvent une absence de conscience sociale et une éducation déficitaire aux valeurs du bien commun et de la responsabilité collective. Aucune empathie, une déclinaison de l'effet NIMBY, ce qui se passe ailleurs, que ce soit à quelques mètres ou à des milliers de kilomètres, ne me concerne pas, ce n'est pas mon problème, un état d'esprit qui évoque irrésistiblement le Quand ils sont venus me chercher du pasteur Martin Niemöller :

Quand ils sont venus chercher les socialistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas socialiste. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif. Puis, ils sont venus me chercher. Et il ne restait personne pour protester.

En fait, lorsque vous composez un cocktail mélangeant différentes doses de peurs, d'une novlangue destructrice (quand on mutile les mots, on finit par mutiler les corps...), d'ignorance et d'égoïsme, indépendamment des proportions de chaque ingrédient, au final il n'est pas surprenant d'obtenir individuellement des gens qui ont perdu le cap et collectivement une société qui a perdu la raison... [Début]

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Dans mon deuxième billet, je citais cette phrase de Jacques Attali :

Comment alors s’étonner que les peuples se retournent contre les démocraties qui les ont négligés ?

Il faut dire que tous les partis politiques qui se sont alternés au pouvoir depuis la deuxième guerre mondiale y ont mis grandement du leur ! Droite, gauche, centre, modérés ou extrêmes, tous se sont acharnés au fil des ans à détricoter les acquis sociaux conquis de haute lutte par les peuples, dans un esprit de service universel, pour en détruire la portée en les segmentant afin de pouvoir en donner plus facilement les morceaux au privé : « privatiser les bénéfices et socialiser les pertes » a toujours été leur devise, toutes couleurs politiques confondues.

En s'en mettant plein les poches au passage, en piquant bien sûr dans la caisse à qui mieux-mieux, l'exemple de Marine Le Pen est le plus parlant qui soit... Il ne faudrait pas croire pour autant qu'elle est la seule concernée : la gauche a volé autant que la droite, le centre autant que les ailes, etc. Comme disait Andreotti, expert en la matière s'il en est, « le pouvoir n'use que ceux qui ne l'exercent pas... ». Lorsque Marine Le Pen affirmait que son parti était le seul qui ne volait pas, c'est simplement qu'il n'avait pas encore été aux affaires. On a vu la suite...

Et j'ose croire - vœu pieux ! - que la France sera préservée d'avoir jamais aucun président issu de l'extrême droite, même si les françaises et les français pourraient bien être suffisamment con(ne)s et incultes pour en voter un(e). L'histoire enseigne que, lorsqu'il s'agit de suivre des baltringues, ils ne sont pas les derniers... 

Dans son article, Attali posait également une autre question, fort intéressante :

Les démocraties doivent-elles intervenir pour aider un peuple qui se bat contre une dictature ?

Et d'assurer : « La réponse fut alors négative. »

Elle l'est toujours, et le sera à jamais... L'Ukraine et Gaza en sont les preuves les plus éclatantes. Définitives, dirais-je.

Les démocraties auraient probablement pu en avoir les moyens, mais elles n'en ont jamais eu la volonté (ni individuellement ni collectivement). Nous avons déjà évoqué le syndrome NIMBY au niveau individuel, il en va de même au niveau collectif : si ça ne se passe pas chez nous, cela ne nous regarde pas... Chacun chez soi ! 

Seul problème dans ce postulat : des millions de terriens, pour ne pas dire des milliards, n'ont pas de chez-soi. Beaucoup sont nés et vivent (survivent, serait plus exact) dans un no man's land ou dans des contrées en proie à la guerre, aux mafias, à la terreur, aux famines, à la pauvreté extrême, de plus en plus aux catastrophes naturelles, sans abris, sans hygiène, sans eau potable, sans nourriture, sans intimité...

Donc comment s'étonner que des millions de gens veuillent changer leur destin et celui de leurs familles, partir vers des cieux plus cléments pour échapper à des situations de dénuement total ?

Et comment le leur refuser ? Aucun "chacun chez soi" ne suffit plus ni n'est justifié. Être un migrant économique, serait-ce moins pertinent qu'être un réfugié ou demandeur d'asile fuyant les persécutions ? Au début du siècle dernier, les millions d'italiens, d'irlandais ou autres, qui ont tenté d'échapper à la pauvreté pour émigrer un peu partout dans le monde, comptaient-ils plus que celles et ceux qui fuient leur pays un siècle plus tard, exactement pour les mêmes raisons ? Et que dirons-nous, demain, des migrants écologiques, qui vont déferler par millions aussi ?

C'est pourtant largement prévisible. Mais quels sont les pays qui mettent en place des corridors humanitaires et des politiques migratoires, d'accueil et d'intégration dignes de ce nom ? Aucun. Demandez à Retailleau, ce vichyssois de cœur...

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La marée brune et nauséabonde du nazi-fascisme et de l'autocratie se propage chaque jour davantage dans nos sociétés, elle fait tache d'huile, à une époque où on croyait ce cancer enseveli depuis longtemps dans les oubliettes de l'histoire. Or le voici qui réapparaît en plein jour, il ne se cache plus, métastase sans vergogne, les rats sortent fièrement des égouts, ils transpirent la haine et exhalent leur haleine méphitique, à croire qu'ils ont l'anus derrière les dents, les garde-fous disparaissent les uns après les autres, la société civile semble dépassée de tous les côtés, les quelques voix contre qui s'élèvent finissent noyées dans le brouhaha des réseaux "sociaux", les opinions sensées sont assourdies par la cacophonie ambiante, de plus en plus de gens finissent par perdre complètement la boussole...

Dans une interview au Monde publiée sur l'édition des 22-23 décembre 2024, Staffan Ingemar Lindberg, directeur de l’Institut Varieties of Democracy (qui publie tous les ans un rapport sur l’état de la démocratie dans le monde), concluait ainsi son entretien :

Oui, je pense toujours qu’il est prématuré de parler de la fin de la démocratie. En même temps, la démocratie est dans une situation bien pire aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Mais il y a encore de l’espoir.

Après avoir précisé toutefois : « La situation de la démocratie dans le monde est pire que celle que nous avons connue dans les années 1930 »...

Personnellement, je n'ai pas son optimisme. Bonne lecture... [Début]






dimanche 30 mars 2025

L'obsolescence du contenu

Billet fleuve...

Sommaire

Introduction

L'obsolescence programmée a beau ne pas exister pour les blogs, elle n'en reste pas moins inévitable et logique.

Voici 20 ans que j'exerce en tant que blogueur : plus de mille cent (1100 !) billets globalement rédigés sur mes blogs (850 seulement sur Adscriptor, contraction de l'expression Ads & Scriptor, ou encore Ads & Marketing Translator) ou via d'autres vecteurs (une quarantaine sur Presse-Citron, dans une collaboration annoncée, 77 sur Translation 2.0, 7 sur l'Observatoire des médias, etc.), dont plus de 200 billets sur mon blog italien de l'époque, quelques articles, interviewsbillets invités et autres mentions, plus de 3 millions de vues (avec un pic de 153000 pages consultées en octobre 2017, toujours Facebook)... Il fut même un temps où ce blog était dans le top 50 des blogs francophones, ou du top 100, et avait un PR 5, pour les spécialistes ;-)

Cela représente un contenu énorme, près de 1 million de mots, si je me base sur une moyenne déjà analysée en 2009 (ce seul billet est 5 fois plus long que la moyenne en question). Certes, à l'époque, j'étais à 16 billets par mois, soit un tous les deux jours, alors que sur les dix dernières années, je tourne plutôt à 5... par an ! Pour autant, la longueur des billets n'a pas notablement varié.

Bon, il est clair que nombre d'entre eux ne sont plus au goût du jour, de même que nombre de liens ne fonctionnent plus, il n'empêche, beaucoup de billets importants restent significatifs, et il est fort dommage qu'ils soient tombés en désuétude.

La tâche est ardue, mais je me propose de rafraîchir ceux qui le méritent, selon moi, et il y en a ! 

Par rapport au bandeau du blog, bien qu'ayant évolué, les grands thèmes abordés n'ont pas changé au fil du temps, entre autres : Internet, ses acteurs, les noms de domaine, les noms tout court, l'Italie, l'écriture, le français, la traduction (dont Federico Pucci), parfois la poésie, le marketing, plus quelques digressions fruits de la sérendipité...

L'un des exemples les plus éclatants de cette sérendipité est la fameuse histoire des centaines de milliards de dollars ! Née par le plus grand des hasards le lundi 8 juin 2009, après avoir découvert une dépêche, confirmée par un communiqué officiel des douanes italiennes daté du 4 juin :


Il s'agissait de deux japonais, nommés Akihiko Yamaguchi et Mitsuyoshi Wanatabe, arrêtés au poste frontière de Chiasso en possession de titres probablement contrefaits, d'une valeur de ... 134,5 milliards de dollars. J'avais alors traduis cet extrait du communiqué :

Âgés d'une cinquantaine d'années, [ils] ont affirmé aux douaniers n'avoir rien à déclarer à leur descente du train en provenance d'Italie. Or un contrôle minutieux de leurs bagages a permis de trouver, cachés dans le double-fond d'une valise contenant leurs effets personnels, 249 « bonds de la Federal Reserve » d'une valeur nominale de 500 millions USD l'un, et 10 « bonds Kennedy » d'une valeur nominale de 1 milliard USD l'un, outre une importante documentation bancaire ORIGINALE...

J'ai rédigé au total 28 billets sur cette affaire, mais pour n'en citer qu'un, ce serait celui-là : 134 milliards de dollars - l'opération Lys d'Or et le Traité de Versailles !

Or à ma connaissance cette histoire avait été précédée deux mois plus tôt (6 avril 2009) par une autre saisie gigantesque, toujours à Ponte Chiasso, de 4 obligations japonaises d’une valeur de 500 milliards de yens  chacune, soit un total de deux mille milliards de yens japonais, environ 15 milliards d'euros...

Autre communiqué des douanes italiennes :


Tout comme elle avait été suivie en 2012 par une autre saisie de 6000 milliards de dollars, effectuée par la direction départementale anti-mafia de Potenza, une info reprise un peu partout dans le monde, en Italie bien sûr, connue sous le nom d'opération Vulcanica, mais aussi en France ou en Amérique (un chiffre à rapprocher aujourd'hui de l'enveloppe sur laquelle Elon Musk a la mainmise)...


Je me suis toujours demandé quel pouvait être le but de ces trafics, il me semble que ce billet fournit une bonne explication (en anglais). 

Je vous passe moult rebondissements de ces histoires, mais le hasard, toujours lui, a voulu que Benjamin Fulford, complotiste s'il en est, publie 13 ans plus tard un billet où il reparle de cette affaire, tout juste huit jours après le décès de Neil Keenan (impliqué lui aussi, avec qui j'avais échangé plusieurs fois en écrivant ma "saga"), le 24 mars dernier, jour de mon anniversaire !

Après ça, comment pourrais-je prétendre que le hasard ne fait pas bien les choses ? [Début]

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Mais revenons-en aux grands thèmes abordés et recherchons les billets dignes d'être lus encore aujourd'hui pour chacun d'entre eux :

  1. Internet
  2. ses acteurs
  3.         le référencement (ancêtre du SEO)
  4. les noms de domaine
  5. les noms tout court
  6.         le travail
  7.         le marketing & le branding
  8.         la sémantique
  9.         la politique
  10. l'Italie
  11.         la poésie (et la musique)
  12. la traduction
  13.         le français et l'écriture
  14. Federico Pucci

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1. Internet

Cela fait trente ans cette année que je navigue sur Internet : j'ai commencé en 1995 ! À l'époque j'avais un très beau bureau dans le centre de Rome, juste en face de l'Académie des Beaux-Arts, Via di Ripetta (l'une des rues du Trident avec Via del Corso et Via del Babuino). Et, vu mon métier, j'étais obsédé par les glossaires, toujours en quête de trouver une bonne ressource dans tel ou tel domaine et, surtout, dans mes trois langues de travail : l'anglais, l'italien et le français. Une fois installé Internet, ma première recherche fut "glossary", pour obtenir, en moins d'une seconde, 300 000 (trois cent mille !) résultats. C'était tellement énorme que j'ai dû me déconnecter pour réfléchir...

En tout cas, dans mon esprit il était tout à fait clair qu'Internet changeait la donne, et qu'il y aurait eu un avant et un après, ce qui n'est plus à démontrer. En parallèle à l'usage "professionnel", cela révolutionnait également l'usage "personnel", en donnant à chacun(e) la possibilité de s'exprimer comme jamais auparavant (or les réseaux sociaux n'existaient pas encore, ils n'étaient qu'en vue...). Même Google n'existait pas, juste Yahoo ! Et Microsoft était hors-jeu (les choses ont bien changé avec l'arrivée de Satya Nadella en février 2014)...

Toutefois il m'a fallu 10 ans pour que je commence à bloguer ! Le 6 février 2005, très exactement, sur Typepad, et mon premier blog s'appelait Site Log (le journal de mon site), j'y ai publié 15 billets avant de les intégrer dans Blogger...


Mes premières interventions étaient des traductions de spécialistes anglo-saxons du Web et du marketing : Bloguer, commenter : rédiger, impacter, captiver !, Marketing : manifeste de marque, Importance d'une stratégie de liens, ou encore Les travailleurs de la connaissance, par exemple...

Quand on commence, on se cherche, on se demande pourquoi bloguer ?, on tâtonne, jusqu'à ce qu'une ligne éditoriale plus personnelle se fasse jour, petit à petit, au fil des mois. Cela étant, je n'ai jamais cessé de m'interroger sur le sens de ma présence sur le Web : 

Les trois composantes de notre présence sur Internet : le sens, le contenant, le contenu

bien avant que le contenu ne se professionnalise, et d'analyser le Web sous toutes ses coutures, en m'intéressant tout particulièrement à ses principaux acteurs, GYM à l'époque (Google, Yahoo, Microsoft), plus un petit nouveau...

Dans ce cadre, l'Internet des objets occupe une place à part. [Début]

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2. Les acteurs du Web

Sur 850 billets, j'en ai consacré au moins 350 (soit 41% du blog) à Google (plus de 130 billets), Microsoft, Yahoo (environ 80 billets chacun) et Facebook. À l'époque, au-delà du binôme Google-Traduction (automatique), j'ai décortiqué le fonctionnement de Google, avec quelques billets mémorables (mars 2006), dont les intemporels de Google (en guise de postface au Monde selon Google), analysé dans le détail la tentative avortée de Microsoft d'acheter Yahoo, l'absence de mission (en anglais) et de vision (en anglais) de Yahoo, pour en arriver à parler du dernier arrivé avec l'ambition de jouer dans la cour des grands : Facebook.

J'ai écrit une cinquantaine de billets sur Facebook, dont les deux principaux (Facebook et Facebook annonce Facebook Ads) ont été lus/vus plus de 210 000 fois ! Au point que mon blog était positionné en première page de résultats de Google sur la requête "Facebook"... 

Tous ces acteurs s'affrontant sans cesse dans une logique de bloc contre bloc, l'internaute au centre...

Avec pour objectif la conquête incessante de l'attention (ils en savent toujours plus sur nous), la présentation des résultats et le profilage pour une publicité toujours plus individualisée, invasive. Avec son corollaire : la monétisation. L'arrivée des portables n'a fait qu'empirer les choses. [Début]

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3. Le référencement (ancêtre du SEO)

Dans le sillage de mes 7 conseils pour se positionner dans la première page de résultats de Google sur une requête donnée, il faut bien comprendre les deux faces de la médaille du positionnement : le contenant, et le contenu !

Le contenant, SERP pour les intimes, c'est l'habillage qui présente les résultats. Il dépend moins de vous que des moteurs de recherche et de leurs index, tandis que le contenu dépend essentiellement de vous, puisque c'est vous qui allez le créer, en apprenant à l'optimiser, y compris sur les médias/réseaux sociaux (ce que j'ai écrit pour les blogs vaut également pour tout autre type de vecteur, simple page Web, site complet, etc.) et à ne pas le dupliquer.

Les requêtes sur Internet se comptent en centaines de milliards par an (déjà en 2010...), avec entre 4 et 5 mots pour une prépondérance d'entres elles, donc apparaître dans les résultats organiques (je ne parle pas des stratégies d'achat de mots clés) d'une de ces requêtes pourrait sembler une gageure ! Quant à monétiser son contenu, y compris sur les réseaux sociaux, c'est encore plus compliqué.

Sans oublier la longue traîne et différentes stratégies de niche... Cela étant, les noms de domaine peuvent jouer aussi un rôle clé dans le référencement naturel. [Début]

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4. Les noms de domaine

Il fut un temps où la rareté des extensions (les principales étant alors .com, .net et .org, dont je suivais l'évolution via le baromètre Verisign) conférait davantage de valeur aux noms de domaine. Et puis en 2009 l'ICANN a totalement changé la donne avec de nouvelles extensions (une opportunité pour les marques, pour Google certainement, mais pas toutes !), ce qui a provoqué un choc avec le gouvernement américain (qui tient absolument à conserver sa mainmise sur la gouvernance d'Internet), bouleversé le second marché, les spéculations juteuses et la longue traîne des noms de domaine, le parking, les IDN (c'est quoi, les IDN ?), etc.

Désormais, tout cela est loin derrière, mais les nombreux billets que j'ai écrits sur le sujet ont eu une conséquence plutôt inattendue ! Un jour, précisément le dimanche 4 novembre 2007 à 15h57', je reçois un courriel de trois lignes de quelqu'un qui demande à me rencontrer : « J'ai lu avec un très grand intérêt vos billets sur les noms de domaine et je souhaiterais avoir votre avis sur la curieuse situation qui est la mienne. Je vous remercie par avance. »

La distance Rome - Paris n'y fera rien, près de 2000 courriels d'échange suivront le premier, ce sera le début d'une amitié qui durera plus de 10 ans, jusqu'au départ prématuré de Jean-Philippe, et qui m'embarquera dans l'une des aventures professionnelles - et humaines - les plus étonnantes de ma vie, à savoir ma collaboration avec Quensis, société qui fut même citée dans le Wall Street Journal...

Pendant 20 ans Jean-Philippe et son ami Guy ont développé un puissant logiciel de création de noms de marque, le logiciel IDeeL, unique au monde et totalement génial ! Plus tard Jean-Philippe me demandera d'en écrire le manuel de l'opérateur, ce qui fut fait : 77 pages descriptives. [Début]

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5. Les noms tout court

C'est ainsi que je passe des noms de domaine aux noms de marque, que je commence à m'intéresser à leur création (Kering, Meta) et, découverte fondamentale pour moi, au distributionnalisme ! En écrivant des poèmes depuis 50 ans, il est clair que je faisais déjà du distributionnalisme sans le savoir...

En bref, ça se résume à dire les mêmes choses avec d'autres mots. Ce que font toutes les langues : elles décrivent des situations identiques en employant des termes différents, des tournures différentes, des formes de sagesse ... idiomatiques (les proverbes, par exemple) et, pour en pénétrer les secrets, la simple compréhension des mots ne suffit plus, il faut aller plus loin dans la culture, approfondir les relations entre les personnes, et ainsi de suite.

La traduction le démontre : le mot à mot fausse le sens, il n'est d'aucune utilité (en plus d'être ridicule)...

En négatif, c'est ce que font aussi les politiques et les "communicants", ils remplacent constamment les mots pour en détourner le sens, pour confondre leurs publics, ils désinforment sciemment, voire scientifiquement, ils déguisent la tromperie en sincérité, la manipulation en sympathie, la propagande en vérité, ni le mensonge ni la responsabilité de leurs actes et de leurs déclarations n'ont plus aucune prise sur eux, etc. Il y a aujourd'hui une énorme asymétrie de crédibilité dans l'information.

Mais je m'égare... Les noms ! Les mots. On n'écrit plus pour le Web comme on écrivait pour le papier. Les temps changent ! L'antique palimpseste est devenu un moderne palimptexte, nous sommes passés de Welcome in the World Century à Welcome to the Word Century, puis de l'hypertexte au palimptexte et au palimptexte terminologique, l'homme est un animal social (de même que l'est le traducteur), ses mots, ses discours, son langage, ses codes et ses modes de communication (multilingue) (en anglais) évoluent sans cesse, l'information est liquide !

Le problème est que tout va très vite mais que nous sommes lents. Ça me fait d'ailleurs beaucoup penser à Paul Virilio et à sa tyrannie de la vitesse...

Ce qui s'applique aussi au travail ! [Début]

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6. Le travail

Dans un récent billet, je me demande si traducteur-interprète, toujours plus soumis à la concurrence de la traduction/interprétation automatique conjuguée à l'IA, est un métier d'avenir ? Ma réponse est : - « J'en doute ! »

La question d'exister professionnellement sur Internet devient désormais celle d'exister professionnellement tout court... Beaucoup de professionnels en sont au « nouveau maintenant » de leur métier :

Le travail a été continuellement déconstruit et reconstruit à travers les siècles : sa durée, sa productivité, sa rémunération ou sa localisation ont été sans cesse repensées, transformant en conséquence les métiers et les compétences. La mondialisation des échanges et le développement des technologies numériques ont achevé de bouleverser le temps, l’espace et les modalités du travail qui, du salarié à l’auto-entrepreneur, a désormais mille visages.

Le travail en solo se généralise de plus en plus, mais est-ce une progression ? ou une régression ? S'adapter coûte que coûte, télétravail, créer son propre emploi, certes, mais après ? Qualité de la vie ? Individuelle, sociale, professionnelle, familiale ? Recréer son identité, sa réputation ? Aujourd'hui, le cœur du réseau, c'est vous, qu'ils disaient ! L'Internet of Me ! Branding & Marketing sont les deux mamelles de la modernité... [Début]

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7. Le marketing et le branding

Je réfléchis depuis des années au binôme Branding & Marketing. Ou Marketing & Branding, comme vous préférez, le but étant le même : se faire connaître. Mais aussi savoir ce que l'on dit de soi.

J'ai fait plusieurs formations et organisé des présentations.

Ma conclusion :

Branding & Marketing sont les deux faces de la même médaille : vous !

Autrefois la médaille était une pièce de métal frappée en l’honneur d’une personne illustre, ou en souvenir d’un fait remarquable, voire le signe distinctif d’un prix, d’une récompense honorifique, ou encore, à Paris, une plaque de métal portée par ceux qui exerçaient certaines professions dans, les rues : médaille de porteur aux Halles, médaille de commissionnaire.

Aujourd’hui, la personne illustre, c’est vous, le fait remarquable, c’est votre carrière, la médaille du traducteur et de l’interprète, c’est votre prix et votre récompense, celle que vous porterez partout avec honneur pour raconter à toutes et à tous la beauté et l’amour de votre métier, sur lequel vous remettrez votre ouvrage, non pas vingt fois, mais cent, mille, autant que de besoin. Polissez-la sans cesse, et la repolissez, aurait dit Boileau : avec patience et longueur de temps, il vous incombe de la forger !


Changez traducteur-interprète par votre métier, et le tour est joué... Juste une question de sémantique :-) [Début]

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8. La sémantique

Définir le Web n'a jamais été simple, a fortiori le Web sémantique ! Perso, ce qui m'intéresse davantage, c'est la sémantique. Non pas la sémantique formelle des langages de programmation, mais l'étude du sens, de la signification des signes, à travers les langues. Surtout l'étude du sens. Notamment à travers la statistique et la fréquence des mots. 

C'est ainsi que j'ai créé de nombreux "nuages sémantiques" au hasard de mes envies et de mes humeurs. Mon préféré est sans aucun doute celui sur Les Misérables. Et découvrir que le nuage d'un de mes recueils de poèmes et celui de Hugo étaient semblables à 43% !!!

J'ai également utilisé ces nuages pour Adscriptor ou la politique (Sarkozy, Obama, ici et , Macron...). [Début]

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9. La politique

Je n'avais aucune envie de parler politique sur ce blog. Mais lorsque la politique devient injustice, criante, alors c'est plus fort que moi, il faut que je parle. Et lorsque je m'exprime sur ce sujet, malheureusement, ce n'est presque jamais en positif.

Dans dix questions à Emmanuel Macron, j'apostrophais le gamin (j'aurais bien aimé - et je voudrais encore - le défier sur un plateau télé) sur les violences policières que lui et ses bras cassés faisaient subir gratuitement et cruellement aux françaises et aux français, en abusant impunément du droit et des mensonges d'état. Et des mensonges d'état au terrorisme d'état, il n'y a qu'un pas, vite franchi !

Dans l'une de ses déclarations, encore plus nulle que les autres, il nous dit le 7 mars 2019 : « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit. »

Cette phrase est incroyable ! Il n'y a pas eu un seul journaliste pour lui répondre que puisque ses "forces de l'ordre" se rendaient allègrement (je les vois encore défiler en rigolant et en se foutant de la gueule de celles et ceux qu'ils avaient éborgnés et mutilés à vie) coupables de répression et de violences policières, alors cela signifiait que la France n'était plus un État de droit. CQFD ! 

Pauvre Macron ! Bien qu'il ait autant d'empathie qu'une porte de prison, je ne pense pourtant pas qu'il soit aussi malfaisant et délétère que ne l'a été Berlusconi... [Début]

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10. L'Italie

Je ne peux pas reprendre ici la centaine de billets écrits en français sur l'Italie, pour celles et ceux qui souhaiteraient approfondir je vous renvoie au site Bungalandia dans lequel j'en ai rassemblé une bonne partie...

Pas plus que je ne peux résumer plus de 200 billets écrits sur mon blog italien, entre 2008 et 2018 (plus de 210 000 pages vues...), année où je l'ai retiré du Web. 

Intitulé "Journal d'un étranger", dans mon premier billet, daté du 16 octobre 2008, je disais ceci :

Je n'ai pas la moindre idée d'où cela va me mener, mais vu les choses qui se produisent actuellement en Italie et que nous subissons, avec des millions d'italiens, je ne peux plus éviter d'avoir mon mot à dire. Cela pourrait toujours s'avérer utile... Et si cela ne sert pas aux autres, à moi ça me servira. Ainsi qu'à mon fils, trop jeune pour parler (il fêtera ses 7 ans le mois prochain), car vu toutes les saloperies qui se passent aujourd'hui dans ce pays, il est évident qu'il en paiera les conséquences lorsqu'il sera grand, si personne ne s'oppose aux oppressions quotidiennes de celles et ceux qui nous gouvernent. Mal, et en ne pensant qu'à leur propres affaires. En clair, je crois que l'arrivée de Berlusconi en politique - en 1994 - marque la fin de la démocratie. Non pas d'une certaine idée de la démocratie, mais de la démocratie tout court. Et pas seulement en Italie.

Je l'ai supprimé par désespoir, de voir les années passer sans que rien ne change, sinon que les choses empiraient, lentement mais sûrement. Par contre j'ai continué de bloguer en français sur le cloaque italien, en tentant d'expliquer à mes compatriotes ce qui se passait dans ce pays et, si possible, en tirer les enseignements pour éviter d'en faire autant. C'est bien raté...

Il y a donc quelques billets que j'aimerais vous signaler en particulier, notamment sur la géopolitique du pays ou sur les relations étroites entre mafia et politique, encore et toujours ! Du reste l'actuel gouvernement Meloni est en train de réaliser à la lettre le "plan de renaissance démocratique" prévu par Licio Gelli, au-delà des espérances du maître lui-même. Comme disait Giovanni Falcone, « on se rendra compte que la mafia a pénétré les institutions lorsque celles-ci attaqueront la justice », difficile d'être plus explicite, et clairvoyant.

Or nous y sommes en plein. Pourtant, de nombreuses voix se sont élevées contre la corruption, mais sans vouloir être pessimiste, le combat me semble un peu perdu. Il y a surtout un aspect que la politique ignore complètement, c'est l'aspect environnemental. Voici une galerie des horreurs :

Et allez savoir depuis : 15 ans ont passé sans jamais aucun jugement, aucune enquête approfondie, et qui s'approche trop près de la vérité meurt, Ilaria Alpi et Miran Hrovatin, Natale De Grazia...

Tout cela est déprimant, le moment est venu de changer de sujet. [Début]

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11. La poésie (et la musique)

La poésie est mon jardin secret depuis mon adolescence, je m'y réfugie dans les moments de doute, de solitude, pour y retrouver le sens et la valeur des mots, pour retrouver la paix, en moi et chez les autres, quand c'est possible.  

Dès 2006, dans Adscriptor, c'est quoi ?, j'annonçais déjà vouloir développer la poésie comme centre d'intérêt. En fait, je voulais le faire sur un site dédié, je n'ai jamais eu le temps. J'ai dû attendre novembre 2024 pour publier mon premier recueil à compte d'auteur, intitulé 70 nuances de sonnet... 

L'une des très rares personne qui m'a lu (je ne le cite pas par respect), a réagi ainsi:

Je viens de parcourir ton livre de poésie, et wow ! C’est à la fois puissant, drôle et léger, avec un style qui me parle bien...

Or tout a commencé par une dédicace sur une plaque de marbre blanc (une plaque à la fois silencieuse et pleine de musique), et fini par la publication de mes palimptextes poétiques...

La musique étant l'un de mes autres refuges, surtout le blues, les poèmes musicaux gravés dans ma mémoire, et la découverte de l'histoire de Roger Waters, dont la dépouille du père a été identifiée après des décennies à quelques kilomètres de chez moi !


Ici avec mon fils (il y a 10 ans).
Aujourd'hui (3 avril 2025, 16h)


Quant à traduire la poésie, cela signifie re-créer (billet en italien) l'original avec des mots étrangers, selon sa propre sensibilité et le génie de sa langue... [Début]

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12. La traduction

Un exemple parfait est celui de Gianni Rizzoni, qui a su re-créer, non pas des mots, mais une langue : celle de San-Antonio ! Et traduire San-Antonio, croyez-moi, c'est pas du gâteau. C'est maousse costo...

Autre exemple : Le petit Prince !

Victor Hugo disait des traducteurs qu'ils « ont une fonction de civilisation. Ils sont des ponts entre les peuples. Ils transvasent l’esprit humain de l’un chez l’autre. Ils servent au passage des idées. C’est par eux que le génie d’une nation fait visite au génie d’une autre nation. Confrontations fécondantes. Les croisements ne sont pas moins nécessaires pour la pensée que pour le sang. »

Ce sont des ponts dans la voie lactée. Leur tâche gigantesque les honore. Exactement comme les poètes :-)

Sans revenir sur l'aspect "traduction professionnelle", récemment traité ici, et , tous utilisent les mots dans un esprit de fidélité au message, que le message vienne d'autrui ou de soi-même. Or cette fidélité exige une parfaite maîtrise de sa langue et de l'écriture. [Début]

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13. Le français et l'écriture

Bien plus que la France, le français est ma patrie. Comprenne qui pourra...

J'ai un rapport charnel à la langue, profond. Quant à l'écriture, tantôt caresse tantôt rhétorique, elle peut donner lieu à des batailles épiques. Comme celle qui m'a opposé à Maître Eolas autour de l'affaire Olivier Martinez. Plus d'une centaine de commentaires, ce sont les billets les plus commentés de l'histoire de mon blog :

Conclusion, 3 ans plus tard : Eolas, désolé, mais le juge avait tort, et vous aussi par la même occasion. Ça arrive parfois, même aux meilleurs. [Début]

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Sur les 29 billets consacrés à Federico Pucci (19 en français, 6 en italien et 4 en anglais), je n'en citerai qu'un : Federico Pucci censuré par Wikipedia.it, si vous souhaitez vous faire une opinion, cela devrait suffire... [Début]

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Voilà. J'ai commencé par une note de sérendipité, je conclurai de même, avec d'autres billets, inclassables mais tout aussi importants :

Etc. etc. etc. 

Il y eut un temps où je fus tenté d'arrêter de bloguer : trop chronophage, trop d'espace pris sur ma vie professionnelle et familiale. Cela dit, en voyant tout ce que le blogging m'a apporté (participation au Web 2008, grâce à Eric Dupin), rencontre avec Jean-Philippe et d'autres, découverte de Federico Pucci, etc., j'estime que la richesse de cette aventure fera toujours pencher la balance du côté positif... [Début]

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Je terminerai cette longue (mais indispensable, quoique partielle) récapitulation de 20 ans de blogging par les 10 billets ayant été lus/vus plus de 10 000 fois (données actualisées à la date de publication d'Obsolescence du contenu) :

Nom du billet (date) Nombre de vues
Facebook (8/10/2007) 122 103
Facebook annonce Facebook Ads (6/11/2007) 89 642
Halloween : Trick or Treat (31/10/2008) 19 852
Bunga Bunga (29/10/2010) 17 496
Bilan 2009 de l'entreprise MAFIA SA (28/01/2010) 16 965
Le Château Trompette à Bordeaux (9/09/2010) 15 122
Lettre ouverte à Michel-Édouard Leclerc (6/02/2007) 12 812
Qu'est-ce que la mafia ? (20/12/2010) 12 358
GYM : une analyse (10/05/2007) 12 020
134 milliards de dollars - L'opération Lys d'Or et le Traité de Versailles ! (2/10/2010) 10 452

BONNE LECTURE ! [Début]