II. Les grands discours d'un grand président
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À la suite de mon précédent billet, il m'est venu l'envie d'analyser les discours du Général de Gaulle, non pas pour comparer ce qui n'est pas comparable, mais plutôt pour faire réfléchir qui me lira sur la grandeur de la politique - et des politiques -, notion qui a disparu depuis longtemps de la scène politique mondiale (et par décence je me tairais sur l'Italie pour l'occasion)...J'ai donc constitué un corpus de 94 discours qui comprennent, une fois nettoyés, 85 305 mots, soit une moyenne de 907,5 par discours. Comparé au corpus de Sarko (7 discours, 44 958 mots, +6 422 mots par discours en moyenne), ça donne une moyenne de 7 fois moins de mots par discours pour le Gal, mais pratiquement un corpus multiplié par 2 en taille.
Autrement dit, si j'ai 100 fois JE VEUX chez de Gaulle et 100 fois JE VEUX chez Sarko, à égalité d'occurrences c'est comme si j'avais le double chez Sarko (190 exactement, x 1,897).
En réalité, je n’ai trouvé « JE VEUX » que 11 fois (dont 9 fois « je veux … dire », 1 fois « … parler » et 1 fois « … évoquer ») dans les discours du Général, donc en proportions, c'est comme si à chaque fois que Charles de Gaulle dit "JE VEUX", Sarko le dit 30 fois !!! (177 / 11 x 1,897).
Bien sûr, ces chiffres doivent être rapportés à mon seul échantillon d’analyse, donc rien de valable dans l’absolu.
Pour autant, question pronoms, chez le Général de Gaulle, le premier pronom employé est le NOUS (918 occurrences), suivi de JE (544 = 397 JE + 147 J'), de ELLE (pas toujours la France, mais souvent), de VOUS (378) et de NOTRE (368), tandis que chez Sarko, c’est JE en premier (689 = 590 JE + 99 J'), NOUS après (447), et la France en dernier (193) : une inversion totale des valeurs, en quelque sorte !
Donc pour Charles de Gaulle, la France est première absolue, avec 604 occurrences plus quelques centaines de ELLE : 452, qui ne s'y réfèrent pas toujours, mais le plus souvent quand même, comme dans l'Appel du 18 Juin :
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis…
Alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur...À noter que "grandeur" n'est utilisé en tout et pour tout que 24 fois dans les 94 discours. Mais voici le nuage sémantique des 20 premiers termes ayant plus de 100 occurrences, pronoms compris :
Au plan du symbolisme, le discours de Charles de Gaulle dit : NOUS sommes la FRANCE et JE suis à VOTRE/SON service, tandis que SARKO, c'est JE suis la FRANCE (l'État c'est moi, et que la plèbe me suive ... si elle peut !)
Comme si la répétition obsessionnelle du JE / VEUX était censée suppléer une carence évidente au niveau de la traduction en faits des bonnes intentions...
C'est d'ailleurs une des grandes leçons que je retire de ces analyses, à savoir qu'un discours n’est pas grand par la taille, mais par le contenu ! Le communiqué du 28 avril 1969 est un grand discours, qui ne fait que 2 lignes :
Je cesse d'exercer mes fonctions de Président de la République.C'est l'Histoire qui donne tout leur sens à ces paroles, tandis que dans les affirmations vides autant que prolixes de Sarko, les mots ne sont que le témoignage de la vacuité d'un discours jamais concrétisé.
Cette décision prend effet aujourd'hui à midi.
En somme, ce qui fait toute la différence entre un grand président, et un petit président...
Je conclurai sur le nuage sémantique des 100 premiers termes significatifs (par nombre d'occurrence et sans les pronoms) :
Mais, surtout, laissons le dernier mot au Général de Gaulle (respectivement 10 et 19 occurrences) :
Vive la République !
Vive la France !
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P.S. À titre de comparaison avec le précédent corpus, voici le tableau des 40 premiers termes avec le nombre d'occurrences :
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