dimanche 5 février 2006

Google et le business des noms de domaine


Google et le business des noms de domaine

Avis aux lectrices et lecteurs : attention, billet marathon ! Celles et ceux qui auront le courage et la patience d'arriver jusqu'au bout gagnent ... toute ma reconnaissance :-)

1. Introduction aux related searches de Google
2. Le service AdSense for Domains de Google
3. La nouvelle ère du business sur Internet : la sémantique contextuelle
4. Explication
5. Du type-in au typo-in...

1. Introduction aux related searches de Google

Il y a quelques jours, le 1er février pour être précis, Olivier Andrieu annonçait dans ses actus l'apparition timide des recherches connexes de Google sur l'Internet francophone, en réponse à la syntaxe "define:". En quoi ça consiste ?
Vous saisissez dans l'onglet de recherche « define:[mot ou expression qui vous intéresse] », et Google vous propose plusieurs définitions correspondantes en affichant des termes connexes en haut de ses résultats. Exemple pour "traduction" :

Termes connexes affichés : "mémoire de traduction", "informatique et traduction", "traduction française des", "le logiciel de traduction", "services de traduction", "traduction automatique", "traduction renversee", "compétence de traduction", ces termes menant eux-mêmes à d'autres définitions.

On sent bien que les résultats en
français sont quelque peu hésitants, tant et si bien que Google vous renvoie à d'autres langues quand il ne trouve rien. Exemple avec "marketing" :

Aucun terme connexe n'est visualisé mais un choix de langues en option. Cliquez sur "anglais" et voici enfin les « related searches » :


Expressions connexes : "direct marketing", "marketing plan", "marketing mix", "marketing research", "search engine marketing", "viral marketing", "affiliate marketing", "internet marketing", "permission marketing", "database marketing".

Certes, la pertinence est plus affinée en anglais. Comme le note O. Andrieu (qui propose aussi une alternative), « les résultats semblent parfois moins heureux » en français, et il termine en posant la question suivante : « Ces infos sont-elles proposées pour la syntaxe "define:" uniquement en version bêta avant d'être élargies aux pages de résultats "classiques" ? Difficile à dire pour l'instant... »

C'est le seul point où je diverge avec lui, car à mon avis la prévision est facile, elle coule de source, même : toutes proportions gardées, c'est comme pour la grippe aviaire, la question n'est plus de savoir "si" ça va se produire, mais "quand" ! [Début]

* * *

2. Le service AdSense for Domains de Google

Google est d'ailleurs très avancé dans sa technologie sémantique, puisqu'il propose déjà cette fonctionnalité aux professionnels des noms de domaine, avec un service dénommé « Google AdSense for domains ».

Voyons de plus près de quoi il retourne.

Google propose aux gros centres d'enregistrement et aux gros détenteurs de noms de domaine, c.-à-d. qui gèrent des dizaines, ou plutôt des centaines de milliers de domaines, de les « monétiser » en personnalisant chaque landing page, c'est-à-dire la page où vous atterrissez lorsque vous faites une saisie directe (type-in) du nom de domaine dans la barre d'adresse.
Et si j'insiste sur l'adjectif gros, c'est tout simplement parce que si vous ne pouvez pas justifier d'un réseau de sites qui génère au moins 750 000 pages vues/mois, inutile de contacter Google !

La société de Mountain Vew se définit elle-même comme leader du secteur, en fournissant son service sur les pages de plus de 3 millions de domaines stationnés (parked pages), aux mains d'une vingtaine d'acteurs à peine qui se répartissent chacun un portefeuille allant de 100k à 500k domaines et plus...

Voici à quoi ressemble la page de résultats fournie par Google :

Par conséquent, en guise de contenu, pourtant largement prôné par Google, nous obtenons une page 100% « marketing sémantique », truffée de liens sponsorisés et de pubs contextuelles, qui sont à proprement parler la seule raison d'être de la page. De toute façon, 4 américains sur 5 ne font pas la différence entre liens organiques (ou référencement naturel) et liens promotionnels...

Donc, dans la série « faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais », pour Google, en-dessous de 750 000 pages vues par mois, c'est du spam, en-dessus c'est du commerce ! Big deals et gros sous, en espèces sonnantes et trébuchantes...

Juste une précision : je ne m'indigne pas sur le principe, en ce sens que je trouve tout à fait licite de gagner de l'argent avec les noms de domaine, je reproche juste le discours à deux vitesses. Mais c'est une autre histoire. [Début]

* * *

3. La nouvelle ère du business sur Internet : la sémantique contextuelle

Le temps est proche où les bannières, les programmes d'affiliation et d'échanges de liens divers feront partie des vestiges de la "civilisation Internet", définitivement supplantés par les publicités contextuelles et autres liens promotionnels, qui sont les chevaux de bataille, pour ne pas dire l'artillerie lourde, de Google, Yahoo, Microsoft, Miva, etc.

Une étude de WebSiteStory sur les taux de conversion nous donne déjà une indication (merci à Guide-Webmaster, qui m'a fourni la source) :

Ces taux de conversion s'appliquent aux quatre types de trafic générés sur Internet pour vous amener là où vous le voulez (ou là où on veut vous amener...), c'est-à-dire, en les prenant par ordre croissant :
  1. les hyperliens fournis par les bannières, les comparateurs de coûts, les affiliations, les liens référents, etc. : 0,96%
  2. les résultats fournis par les outils de recherche (OR) : 2,30%
  3. la navigation directe, qui regroupe les liens de courriels, les favoris et les saisies directes d'URL dans la barre d'adresse des navigateurs : 4,23%
Donc, première surprise, contrairement à ce qu'on pourrait croire, les OR ne se placent qu'au deuxième rang, en offrant un taux de conversion qui représente le double de 1, mais la moitié de 3, c'est-à-dire loin derrière la navigation directe, qui inclut essentiellement l'e-mail marketing, les signets et les "type-ins".
Il n'y a pas, à ma connaissance, d'études qui analysent précisément le segment « navigation directe », mais vraisemblablement l'e-mail marketing et les favoris - parmi les milliers de signets que chacun(e) accumule jour après jour, il devient de plus en plus difficile de retrouver le bon à la volée - ne sont qu'une part marginale, les "type-ins" se taillant la part du lion.

En français, on pourrait appeler ça la "saisie directe" de l'URL (généralement un .com) dans la barre d'adresse. Exemple pratique, tapez http:// (ou www.) type-ins.com :

type-in.com :

typeins.com :

typein.com :
Vous ne trouvez pas qu'à première vue trois de ces quatre pages ressemblent étrangement au modèle AdSense for Domains de Google (soit plus de 750 000 pages vues par mois) ? Qui dit mieux parmi mon très cher lectorat !
Mais la démonstration ne s'arrête pas là, que non... [Début]

* * *
4. Explication

Pour bien comprendre de quoi on parle, il faut lire attentivement un avis de bourse du mois de décembre dernier, qui analyse les bienfaits de la navigation directe pour justifier auprès de ses investisseurs la hausse (de 25 à 30 $) du price target de Marchex, société américaine cotée au Nasdaq.

La navigation directe y est divisée en trois grands volets :
  • la saisie directe de noms communs génériques ("generic" intent)
  • la saisie directe de noms de marque ("branded" intent)
  • la saisie directe de coquilles (mistake traffic, « when the user makes a "typo" when entering a URL address »)
Et les prévisions de développement sont florissantes, puisqu'elles font état de résultats qui vont plus que doubler entre le 2ème trimestre 2005 et le 4ème trimestre 2006 (Q = trimestre et q/q d'un trimestre sur l'autre) :

  • revenus générés par domaine : de 28,93 $ à 60,91 $
  • revenus annualisés par domaine : de 116 $ à 244 $
  • revenus générés par la navigation directe : de 6,4 à 15,2 millions de dollars
Dans un même temps, leur portefeuille devrait passer de 221 000 à 249 000 domaines...

Et Marchex de nous expliquer qu'à terme sa stratégie compte se démarquer notablement de celle des autres acteurs qui occupent la scène de la navigation directe, en créant du contenu et des sites que les internautes pourront trouver soit par la saisie directe, soit par leurs recherches dans les OR, le premier pas consistant à relooker la mise en page. Exemple de loanconsolidation.com :
Avant
Après
Une question, 1., et une remarque, 2. :
  1. l'ancienne version ne vous semble-t-elle pas familière ?
  2. l'évolution graphique est sensible, et ne doit certes rien au hasard :
puisque toutes ces pages ont en commun un élément, invisible en apparence mais omniprésent, c'est-à-dire qu'elles respectent la règle du triangle d'OR, ou Golden Triangle, qui énonce que l'oeil du visiteur se pose d'emblée sur la partie supérieure gauche de l'écran. (cliquer sur l'image pour l'agrandir dans une nouvelle fenêtre)

En gros, nous dit l'étude, l'attention immédiate se concentre sur une zone en forme de F majuscule, où l'oeil balaye en priorité de haut en bas la hampe du F à la recherche d'indices visuels (mots qui ressortent, marques connues, etc.), avant de se déplacer de gauche à droite lorsqu'il capte un signal pertinent. J'avais d'ailleurs commenté cette info en son temps, ici et .

Les auteurs de l'étude poursuivent leur analyse et ont prévu de publier les résultats détaillés dans un livre blanc, à suivre donc.
En attendant, d'ici à ce qu'ils s'avisent de monnayer les premières adresses qui apparaissent dans le F majuscule, il y a pas loin ! [Début]

* * *

5. Du type-in au typo-in...

À venir dans un prochain billet !
[MàJ - 25-04-06] Paru aujourd'hui :
Google et le business des noms de domaine - Du type-in au typo-in...
[Début]


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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il est clair que Google et consors, du fait de leurs programmes spécialisés dans la monétisation des domaines parqués, favorisent le spam de noms de domaines avec des contrefaçons manifestes des marques, mais "mal" (?) orthographiées...

A noter que Google s'est prémuni de certaines contrefaçons en déposant diverses orthographes de son nom de domaine principal. Maintenant qu'il est registrar, il veut ainsi promouvoir la vente des noms de domaines ?