En ces temps troublés, où tout le monde s'essaie à décoder le « Da Vinci Code » mais où bien peu y réussissent, je voudrais vous poser une question simple, en apparence :
Quel est le point commun entre le Code Da Vinci et Google ?Donnez votre réponse sans tricher et gardez-la secrète jusqu'à la fin de ce billet. Je vous suggérerais même plus : faites un test en la soumettant autour de vous, notez toutes les réponses et gardez-les secrètes jusqu'à la fin de votre lecture, même si pour cela vous devrez mettre un frein à votre impatience, je vous le concède.
Donc, si vous êtes fan de Google, vous ne pouvez ignorer qu'il y a un mois environ, Google a lancé un jeu en collaboration avec Sony, intitulé en anglais The Da Vinci Code quest on Google, dans la meilleure tradition de marketing viral chère à Google, expert ès buzz s'il en est... Vous avez d'ailleurs peut-être tenté d'y participer en français.
Alors voilà, vous vous dites, ça y est, je tiens ma réponse, inutile d'aller plus loin. Erreur ! Grosse erreur ! Laissez-moi vous éclairer, je vous demande juste un peu de patience, je n'abuserai pas, c'est promis.
Dans un précédent billet où j'associais Léonard de Vinci à Google, j'affirmais certes que notre génie transalpin n'aurait jamais pu concevoir une aussi formidable machine de guerre que Google - guerre économique, il s'entend -, mais je taisais que Leonardo avait bien prévu l'une des caractéristiques essentielles et universelles de la firme de Mountain View : « Les couleurs de Google »...
À noter au passage que j'en parlais dès le jeudi 6 avril, alors que sur son blog, Google ne publiait Can you crack the code? que le 14 avril, soit huit jours plus tard !
* * *
Or de quel Code parle-t-on ? Du Code da Vinci, oui, mais encore ? Et bien il s'agit du Codex Vaticanus Urbinas 1270, en termes simples le fameux Trattato della pittura, de Leonardo da Vinci, éd. par Raphaël Trichet du Fresne, Paris: Jacques Langlois, 1651.
TRAITTÉ DE LA PEINTVRE DE LEONARD DE VINCI DONNÉ AV PVBLIC ET TRADVIT D'ITALIEN EN FRANCOIS PAR R.F.S.D.C. [Roland Fréart Sieur de Chambray], A PARIS, De l'Imprimerie de IACQVES LANGLOIS, 1651.
En effet, c'est dans le Traité de la Peinture, probablement commencé aux alentours de l’an 1490, voilà plus de 5 siècles, que Léonard définit déjà des couleurs primaires et secondaires, où il décrit les six couleurs simples :
« I semplici colori sono sei, de' quali il primo è bianco, (…) il giallo il secondo, il verde il terzo, l'azzurro il quarto, il rosso il quinto, il nero il sesto; ed il bianco metteremo per la luce senza la quale nessun colore veder si può, ed il giallo per la terra, il verde per l'acqua, l'azzurro per l'aria, ed il rosso per il fuoco, ed il nero per le tenebre, che stan sopra l'elemento del fuoco, perché non v'è materia o grossezza dove i raggi del sole abbiano a percuotere, e per conseguenza illuminare. »Ces mêmes couleurs qui nous frappent en arrivant sur la page principale de Google, où la dominante est le blanc, celle qui fait ressortir toutes les autres, suivie du bleue, du rouge, du jaune, du vert et du noir, ce noir que l’on retrouve dans les pages de réponses à nos requêtes, où les résultats sont écrits … noir sur blanc !
(Nous avons les six couleurs simples, dont le blanc est la première, (…) le jaune la seconde, le vert la troisième, le bleu la quatrième, le rouge la cinquième, le noir la sixième ; nous choisissons le blanc pour la lumière, sans laquelle aucune autre couleur ne peut être vue, le jaune pour la terre, le vert pour l’eau, le bleu pour l’air, le rouge pour le feu, et le noir pour les ténèbres, qui sont au-dessus de l’élément feu, puisqu’on n’y trouve ni matière ni corps que les rayons du soleil pourraient irradier, et donc illuminer.)
Ces couleurs dont la symbolique reprend les quatre éléments fondamentaux – la terre, l’eau, l’air et le feu – baignés de lumière et d’ombre – le blanc et le noir –, avec une nette prédominance du blanc, résultante de toutes les couleurs, quintessence de la pureté, la totalité, l'universalité.
Ces éléments traduits par les quatre couleurs des jeux et des jouets qui me frappent toujours quand je rentre dans la chambre de Paul, 4 ans et demi, inondée de jaune, vert, bleu, rouge...
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, là encore en anticipant brillamment le concept du LegoFactory (via Chris Anderson), Larry Page et Sergey Brin ont construit leur premier serveur avec des Lego® :
origine probable des couleurs du logo de Google !
Voici enfin percé le rapport secret entre le Code Da Vinci et Google, et que celles et ceux qui ont répondu D. Brown à la question posée en début de billet se consolent : le marron ne fait pas partie des six couleurs simples décrites par Léonard il y a plus de cinq siècles. :-)
P.S. Si l'intégralité du Traité en italien vous intéresse : Trattato della pittura (7,77 Mo, PDF de 516 pages :-). Les inconditionnels peuvent même s'en procurer la traduction française en ligne :
Pour ce dernier billet du mois de mai, j'ai essayé de finir en beauté, ai-je réussi ? À vous la parole...
Tags : Code Da Vinci, Da Vinci Code, Google
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