Ainsi, je suis de près le tag Wikileaks sur Twitter (bien qu'il ne soit pas "trendy"...), et à chaque fois je suis étonné par le nombre relativement peu important de tweets en français sur le sujet. Pour en avoir le cœur net, j'ai sélectionné autant de tweets tagués Wikileaks que Twitter m'a permis, soit 1 478. Tweets en français : 37 (!), soit 2,5% du total.
Personnellement, il me semble que ça fait pas lourd. Tout au moins rapporté à une affaire de cette importance. Vous allez me dire que ce pourcentage doit être évalué au regard du pourcentage réel de francophones sur Twitter, qui devrait tourner autour de 3% (si quelqu'un a les chiffres exacts ou un lien, merci de le signaler en commentaire), mais même en comparant les deux chiffes, je trouve ce "2,5%" extrêmement bas, trop bas !
J'ai donc cherché des articles en français sur le sujet, juste pour voir si ce que j'allais trouver aurait corroboré mon idée d'un seuil d'attention plutôt faible, et voici le résultat de mes recherches.
Je salue tout d'abord l'initiative Statelogs, d'OWNI, qui est sans aucun doute la source d'info francophone la plus riche, avec des analyses de fond s'intéressant à la véritable nature du phénomène Wikilieaks et qu'il convient de méditer.
Cliquez ces liens pour chercher dans les mémos, ici, là, ou directement à la source.
Je ne partage évidemment pas l'avis de Wikileaks comme d'une grande illusion médiatique, mais tous les avis méritent d'être pris en considération lorsqu'ils sont étayés (voir ici, en anglais, une série d'arguments pour et contre Wikileaks). Je me range plutôt du côté de Cédric Manara, pour qui un tel acharnement est un signe inquiétant que l'Internet tel que nous connaissons pourrait bien être en péril, et que tout ça pourrait aller très vite...
Et d'ailleurs, pourquoi se contenter de tirer sur le messager ? Sinon parce que Wikileaks sert à dénoncer les magouilles de nos gouvernants ?
D'où la nécessité, impérative, de résister ! Les américains eux-mêmes s'interrogent sur le fondement d'une action légale sérieuse (bien qu'ils aient déjà préparé une inculpation pour espionnage...), donc laissons les vélléitaires français (le totalitarisme de la transparence...) ou italiens (Assange veut détruire le monde...) à leurs enfantillages (si ce n'est que ce sont des ministres, mais bon...). Quand le chef de l'état lui-même confond Wikileaks et Wikipédia, que peut-on demander de plus à ces braves gens ?
Par conséquent, face à un Julian Assange en danger, je trouve qu'il est important de lui assurer un soutien sans faille, à l'image de Reporters sans frontières ou de La Quadrature du Net, puisqu'il est évident que nos gentils gouvernants vont vite tenter de s'engouffrer dans la brèche créée par Wikileaks pour raccourcir encore davantage les laisses du peu qui reste de nos libertés, sous couvert de régulation du Web...
La position de l'ISOC est claire sur ce point :
Unless and until appropriate laws are brought to bear to take the wikileaks.org domain down legally, technical solutions should be sought to reestablish its proper presence, and appropriate actions taken to pursue and prosecute entities (if any) that acted maliciously to take it off the air.Et qu'on soit d'accord ou pas avec l'action d'Assange et de l'équipe de Wikileaks ne change rien à l'affaire, puisque les conséquences "législatives" qui risquent d'être prises un peu partout dans le monde "démocratique" iront bien au-delà du seul cas particulier.
D'ailleurs certains pensent déjà à des moyens "techniques" de défense, comme les DNS en P2P, mais il est clair que ce n'est pas forcément la panacée. Pour autant, voici une visualisation des sites miroirs de Wikileaks...
Sur un autre terrain, les relations de Wikileaks avec le journalisme doivent encore être approfondies, du reste la presse elle-même s'interroge, et les journalistes aussi : renaissance du journalisme ou imposture médiatique ? Et qui pourrait me dire la différence entre Daniel Ellsberg et Julian Assange, né le 3 juillet 1971, à l'époque même où Ellsberg fournit au New York Times et au Washington Post des extraits d'un rapport gouvernemental secret sur la guerre du Viêt Nam, les fameux Pentagon Papers. Lui-même avoue aujourd'hui :
EVERY attack now made on Assange and @wikileaks was made against me and release of Pentagon Papers.Voici donc un rapide tour du problème que m'a inspiré la question suivante : Les français s'intéressent-ils à Wikileaks ?
Car je persiste à penser que seuls 37 tweets francophones sur 1 478 témoignent d'une sous-estimation, ou d'une sous-représentation de cette affaire, selon moi cruciale. Ceci dit, histoire de se consoler, hormis l'anglais, il ne me semble pas que les autres langues soient beaucoup plus représentées que le français dans mon échantillon, à part l'espagnol, peut-être, même s'il est vraisemblable que tous les non-anglophones twittent aussi en anglais.
Y en a-t-il d'autres parmi vous qui ont eu une impression identique ?
* * *
Sarah nous signale au passage ce beau documentaire de la télévision suédoise :Partager sur Facebook
P.S. Pour celles et ceux qui comprennent l'anglais, il a aussi été question de Wikileaks durant Le Web 2010, voici le panel :
Voir également la défense de Wikileaks par Pierre Chappaz, en français :
Pierre Chappaz s'exprime sur WikiLeaks (Challenges)
Actualités, Assange, Wikileaks, Statelogs, désinformation, information, presse, médias
11 commentaires:
Beau récapitulatif. Mais hélas, je crains qu'en dehors d'une faible population de très connectés, les gens ne s'intéressent pas à Wikileaks.
La faute certainement à une absence médiatique. Nous, professionnels Internet, sommes connectés à diverses sources d'informations qui nous renvoie constamment des nouvelles sur Assange, sur Wikileaks et son importance.
A priori il n'y a pas le même echo à la télévision française ou dans les journaux / magazines populaires.
Donc le bon peuple ne sait pas que ça existe. Au mieux, il aura retenu que "c'est des pirates de l'internet qui ont volé des informations confidentielles aux gouvernements. Et donc que c'est bien normal, ma bonne dame, que ce Assange soit emprisonné. En plus il paraitrait qu'il a violé une fille, vous vous rendez compte ? Dans quel monde on vit."
Non le français n'est pas con. Il est juste très mal informé.
Bravo donc d'écrire sur le sujet. Je rêve d'une blogosphère française (hors média) qui arrêterait de parler du LeWeb et de la dernière marque à la mode pour s'intéresser un peu à ce qui se passe.
Cet article est la preuve que c'est possible.
J'en ai écrit un jeudi pendant les évènements de la nuit : http://www.cyroul.com/tendances/anarchy-in-the-internet/
Cyroul,
Merci pour le commentaire. C'est probablement vrai que les français sont mal informés, mais je crois qu'Internet est en train de changer la donne, et que de plus en plus de gens ont désormais les moyens de s'informer, de façon libre et responsable.
C'est d'ailleurs pour ça qu'une restriction législative sur le Web est malheureusement à craindre...
J'en profite pour mettre ton lien en hypertexte :-)
Jean-Marie
+1 avec cyroul, comme souvent, je me suis fendu d'un petit papier aussi : http://ow.ly/3nixJ
Fred, intéressant cet éclairage sur le point de vue des ONG sur Wikileaks, merci.
Bonjour Jean-Marie,
Avec cette requête sur Google, on trouve plus de 25'000 résultats en français dans les status Twitter; c'est déjà plus conséquent et plus encourageant que ce que ramène la pauvre recherche Twitter.
(Il faut aussi compter avec les utilisateurs, dont je suis, qui n'utilisent les #hashtags qu'avec parcimonie, et le plus souvent pour plaisanter; c'est pourquoi la requête porte sur "Wikileaks" tout court.)
Lionel, intéressante, cette requête, mais comment fais-tu pour n'obtenir que les pages en français ?
Je ne comprends pas trop la syntaxe, est-ce que c'est lié avec "status/" ?
P.S. Lionel, juste une remarque sur ton calcul : "plus de 25'000 résultats en français dans les status Twitter; c'est déjà plus conséquent et plus encourageant que ce que ramène la pauvre recherche..."
En fait, pas tant que ça ! J'ai été jusqu'à la 100ème page de résultats, et les derniers mentionnés - sur 27000 - remontent à juillet-août derniers.
Or si l'on en croit Twitter, nous en sommes déjà à 95 millions de tweets par jour !
Donc même en supposant que l'on obtienne ces 27000 résultats en un seul jour (et non pas sur 5 mois), ça ne ferait jamais que le 0,028% de 95 millions, soit 100 fois moins que mon "petit" 2,5%...
J-M :-)
Je vous conseille de vous pencher sur le site DeDefensa.org site d'analyse géopolitique extremement pertinent depuis trois ans que je le consulte. Ce qu'ils décrivent a propos de wikileaks est tres interessants.
http://www.dedefensa.org/
Sur Globalvoice on trouve des sujets a propos des cablegate
http://fr.globalvoicesonline.org/
bizarrement sur le site Ecran de Libération on trouve pas mal d'info interessantes;
http://www.ecrans.fr/
Sinon il faut fouillé sur les sites des journaux français et leurs blogs...
OWNI est, il me semble, l'autre révolution de l'info avec Wikileaks...
@Jean-Marie
Alors pour la requête, c'est très simple: dans le champ de requête Google, taper site:twitter.com pour ne ramener que des pages du domaine Twitter; puis inurl:status pour ne ramener que des messages individuels d'utilisateurs (car les adresses de ceux-ci comportent toujours status; puis le terme de la requête, ici, wikileaks.
Pour ne ramener que les messages en français, dans la barre d'options de Google sur la gauche, cliquer sur Pages en français.
Pour affiner la requête par date, cliquer sur l'une des options: Les plus récentes, Depuis 24 heures, Depuis une semaine, Depuis un mois, Depuis un an, Période personnalisée… Si on choisit Les plus récentes, l'indexation des messages Twitter par Google s'actualise quasiment en temps réel; en quelques dizaines de minutes, il en est quand même passé bien plus que 37.
Il faudrait peut-être aussi ajouter à la requête les termes OR Assange OR Cablegate OR Statelogs OR Infowar, comme ceci, avec des résultats limités à la dernière semaine (la dernière semaine telle qu'indexée par Google, en fait; il manquera les tout récents, qui ne s'obtiennent qu'avec l'option… Les plus récentes.).
Pour un sujet aussi pointu et aussi étranger aux préoccupations majoritaires quotidiennes de nos collègues en francophonie sur la toile, sur un media aussi limité que Twitter, le nombre de résultats n'est pas si affligeant.
En janvier 2010, d'après une étude ni plus ni moins bidon que les autres, les Français étaient censés représenter 0,98% des utilisateurs et 0,64% des messages de Twitter; leurs parts relatives ont dû encore diminuer depuis lors.
pour la liberté il faut que wikileaks survive, c'est certain.
cette histoire m'a permis de decouvrir et ça c'est bien comme service pour l'avenir de l'internet.
http://flattr.com/profile/WikiLeaks
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