Intelligence artificielle - Premier bloc
Intelligence artificielle - Deuxième bloc
Intelligence artificielle - Troisième bloc
Les quatre blocs en PDF
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- L'intelligence artificielle et le marketing
- L'intelligence artificielle et la comptabilité
- L'intelligence artificielle et l'éducation
- L'intelligence artificielle et l'enseignement
- L'intelligence artificielle et la formation
- L'intelligence artificielle et les langues
- L'intelligence artificielle et la culture
- L'intelligence artificielle et les services publics
- L'intelligence artificielle et les loisirs
- L'intelligence artificielle et les bibliothèques
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1. L'intelligence artificielle et le marketing
Sur mon profil X-Twitter est restée la mention Translator & Interpreter | Content & Language Consultant | Branding & Web Marketing Coach for freelancers, qui témoigne de mon intérêt pour le Branding/Marketing. Entre 2008 et 2017 j'ai animé une dizaine de sessions dédiées aux professionnels des langues entre Tunisie, Italie et France, documentées sur SlideShare dans mes présentations et autre documentation (à ce jour globalement vues 200 000 fois). Mon introduction est la plus consultée :

Ainsi, en partant de tout le matériel didactique et formatif réalisé pour les langues, l'idée m'est venue de le retravailler pour en faire un guide pratique à l’intention des freelances, des consultants indépendants et de tous les professionnels libéraux travaillant en solo, mais également des TPE/PME-PMI à la recherche de pistes de réflexion et de méthodes pour promouvoir leur image et leur notoriété. En effet, les bouleversements en cours qui intéressent l'ensemble des professions libérales n'étant pas prêts de s'arrêter..., j'ai affiné SOLO² :
Déclinaison du
SOHO (
Small Office / Home Office), le SOLO² est un concept réactualisé du travail en indépendant, qui entend adapter une philosophie de
Lean Office à une version «
Small », personnalisée, en éliminant les nombreux gaspillages de temps, d’énergie et, donc, d’argent, qui caractérisent souvent la façon de travailler à domicile, et s’inspirer du
branding & marketing à l’intention des auto-entrepreneurs et des professionnels exerçant en profession libérale, voire en portage salarial ou en société, qui sont ma cible de prédilection.
Toutefois ma conception du marketing reste artisanale, surtout orientée freelances. OK Boomer, me direz-vous, il serait temps de te mettre à la page !
Or le marketing n'est d'aucune utilité si vous n'avez rien à vendre : produits, services, ou votre professionnalisme. Donc a priori l'AI marketing concerne davantage les sociétés, bien que certaines applications de l'IA, orientées client, s'avèrent précieuses aussi pour les indépendants :
Côté production d'images et d'illustrations,
DALL-E est un modèle d'intelligence artificielle développé par OpenAI (la même société qui est à l'origine de ChatGPT), dont le nom fusionne le D de Salvador Dalí à
WALL-E (le robot de Pixar), pour symboliser sa capacité de créer des œuvres artistiques et technologiques, spécialisé dans la
génération d'images à partir de descriptions textuelles.
En fin de compte, le grand apport de l'IA est qu'au lieu de tout faire tout seul dans son coin, ça accélère le traitement de gros volumes d'infos en l'automatisant, y compris grâce à l'utilisation d'
agents IA. Je vous laisse sur quelques lectures :
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2. L'intelligence artificielle et la comptabilité
Comme pour les autres professions, l'intelligence artificielle redéfinit les métiers de la comptabilité, dont beaucoup sont promis à disparaître, ou pour le moins à se transformer en profondeur. Dès 2013, dans The Future of Employment: How Susceptible are Jobs to Computerisation? (Oxford University), C.B. Frey et M.A. Osborne prévoyaient qu'environ 47 % du total des emplois aux États-Unis auraient dû faire face à un « risque élevé d'informatisation » au cours des deux décennies successives, à savoir d'ici le début des années 2030.
En 2018, l'étude « L'impact de la révolution digitale sur l'emploi », de l'Institut Sapiens, classait la comptabilité parmi le top 5 des métiers en voie de disparition. Nous y sommes donc ! Selon le cabinet PWC, dans son rapport intitulé Will robots really steal our jobs?, les taux d'automatisation prévisibles menaçaient potentiellement jusqu'à 30 % des emplois au Royaume-Uni, 38 % aux États-Unis ou 35 % en Allemagne, contre seulement 21 % au Japon.
Les services financiers seraient plus touchés que les autres secteurs par la première vague d’automatisation en cours, et l'arrivée d'outils comptables dopés à l'IA ne va certes pas tranquilliser les collaborateurs des cabinets : saisie des documents, facturation électronique, réconciliation de compte, rapprochement bancaire, automatisation des tâches répétitives, analyse des données, génération de rapports, conformité réglementaire, détection des erreurs, anomalies, fraudes, etc., toutes ces opérations autrefois chronophages ne prennent plus que quelques secondes et permettent de dessiner plus finement les tendances en cours, financières ou autres.
L'évolution est donc claire quant aux aspects difficilement remplaçables par l'IA :
- Conseil stratégique : moins de temps consacré aux tâches mécaniques, plus d'accent sur les missions à haute valeur ajoutée
- Jugement professionnel : les situations complexes requièrent une compréhension profonde du contexte économique et humain et une évaluation subtile des risques
- Relation client : les dimensions humaines de confiance, d'empathie et de compréhension des problématiques spécifiques sont fondamentales pour chaque client
- Innovation fiscale et financière : l'orientation des décisions stratégiques d'une entreprise conception et une optimisation individualisée
Une situation dont les contours étaient déjà tracés dès 2021, dans l'étude «
L'attractivité et l'avenir de la profession comptable á l'horizon 2040 » du cabinet Sophos, qui indiquait : «
À l’horizon 2040, les cabinets d’expertise comptable (…) seront devenus des sociétés multiservices, centrées et guidées par un objectif principal ; aider les entreprises à créer de la valeur et à piloter leur performance globale ».
[Début]*
3. L'intelligence artificielle et l'éducation
L'éducation concerne l'individu en général et son développement global. Les parents éduquent (ou pour le moins devraient éduquer) l'enfant, l'adolescent (avec la collaboration de l'enseignement), puis la vie et les milieux sociaux et professionnels éduquent (ou pour le moins devraient éduquer) le jeune et l'adulte...
Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants. Leur rôle consiste à poser les valeurs et les bases humaines et affectives sur lesquelles l’école, la société et la vie viendront construire ensuite.
Que vient faire l'IA là-dedans ? En fait, pas grand chose ! L'IA n'est qu'un outil, extrêmement puissant et perfectionné, certes, mais comme tous les outils, toutes les techniques, cela dépend de qui l'utilise et comment, quand, pourquoi, dans quelles circonstances, etc.
Au niveau des parents, l'IA pourrait faciliter leur rôle de curateurs de solutions éducatives et de médiateurs technologiques pour accompagner leurs enfants dans l'appropriation et l'utilisation des mille dispositifs désormais à leur portée et les guider dans leurs usages numériques (l'avons-nous fait avec la télévision et la presse, en matière d'éducation à l'image et de décryptage de l'information ?), pour peu que les parents eux-mêmes en soient capables, ce qui est encore loin d'être évident, avec dans certains cas des renversements de situation (ce sont les enfants qui aident leurs parents à mieux maîtriser les technologies, exemple de moi et mon fils, que je consulte régulièrement pour l'utilisation de mon mobile) (perso je fais un blocage sur le smartphone et ses myriades d'applis, trop invasif à mon goût)...
Selon moi l'éducation porte bien davantage sur les composantes abstraites de la transmission des valeurs (principes moraux et éthiques), du développement de l'identité, de l'élaboration des structures mentales, de l'intériorisation des normes sociales, du développement émotionnel et relationnel, de la transmission culturelle et du sens, justement en donnant du sens à l'existence.
Bien qu'invisible, cette dimension abstraite de l'éducation, qui façonne profondément ce que deviendra l'enfant, se transmet souvent de manière implicite, à travers l'exemple parental, les récits, les discussions adaptées à chaque âge de l'enfant qui grandit, ainsi qu'à travers les expériences significatives partagées au sein de la famille et de la communauté.
C'est pourquoi, plutôt qu'à l'éducation, je vois l'IA mieux adaptée à la formation et à l'enseignement. Du reste les enseignants ne dépendent-ils pas du ministère de l'Éducation nationale ? Or quand on voit ce qu'est devenue l'éducation aujourd'hui en France, on peut s'interroger sur le choix du terme... Je trouve la dénomination italienne d'Instruction publique beaucoup plus pertinente (quand bien même le gouvernement Meloni l'a renommé en ministère de l'Instruction et du Mérite, le choix des mots n'est jamais neutre...) !
En conclusion, l'IA est parfaite - et fortement conseillée - pour répondre aux questions que se posent les parents d'une manière générale, et plus particulièrement sur l'éducation. En revanche, dans le lien parents-enfants, son rôle se limiterait plutôt à du soutien et de l'accompagnement, car jamais elle ne remplacera la bienveillance et l'amour de la relation humaine. Par conséquent je laisse à chacun(e) le soin de choisir ses propres outils, si besoin est... [Début]
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4. L'intelligence artificielle et l'enseignement
Lorsque l'on soumet aux moteurs du Web la requête "L'intelligence artificielle et l'éducation", la plupart des résultats renvoient à l'enseignement et non à l'éducation, alors qu'en toute logique le premier est une composante de la seconde.
Dans un cadre scolaire ou universitaire, la dimension cognitive de l'enseignement se focalise sur la transmission de savoirs et de compétences techniques. Dans ce contexte, l'IA n'a pas vocation à remplacer les enseignants/professeurs, mais plutôt à les assister pour personnaliser,
optimiser et enrichir les processus d’apprentissage, à travers la personnalisation d'études de cas, l'adaptive learning, les tutoriels, la génération de quiz, de scénarios pédagogiques ou d'articles conçus par l'IA, la création de contenus en général (texte, images et autres...).
Comme dans beaucoup de domaines, nous allons donc vers une hybridation enseignement-IA, où le soutien de l'intelligence artificielle aux enseignants passe par la correction automatisée, la gestion des classes, l'analyse des besoins, voire l'accessibilité et l'inclusion pour les porteurs de handicaps (reconnaissance vocale pour les malentendants, synthèse vocale pour les malvoyants, ou traduction en temps réel pour les élèves allophones, etc.), l'enseignement dans des zones reculées (plateformes diverses) ou l'apprentissage immersif (IA + réalité virtuelle).
Quelques
conseils et règles simples à respecter :
explorer et tester les outils, en allant des plus simples aux plus complexes (pour la plupart, des tutoriels existent pour faciliter l’auto-formation) ; intégrer progressivement l'IA en classe,
en commençant à utiliser ces outils en situation réelle avec les apprenants, tout en prévoyant des solutions alternatives pour pallier d'éventuels dysfonctionnements.
Une dernière question :
qui formera les enseignants ? [Début]*
5. L'intelligence artificielle et la formation
Les objectifs de l'enseignement sont les savoirs théoriques, ceux de la formation l'acquisition de savoir-faire et le développement de compétences pratiques dans des contextes professionnels ou techniques. On se forme soit pour un
métier, soit pour se mettre à niveau et conserver son employabilité si on en a déjà un. La formation peut se dérouler dans des centres de formation professionnelle, des entreprises, des organisations, des ateliers, des lieux d'enseignement, ou via des programmes de développement personnel, des mises en situation (
FEST), des séminaires, des stages, le
e-learning, le tutorat, etc. Elle peut être continue, en alternance, à distance, programmée, etc., en vue d'acquérir de l'expertise, des
soft skills, d'apprendre l'adaptabilité et la résilience..., cela dépend de différents facteurs : niveau d'études initial, objectifs professionnels, contraintes de temps et de budget, style d'apprentissage de chacun(e), et ainsi de suite.
Quelques liens pour vous inciter à approfondir :
Dans le
Guide des outils pour la formation dopés à l'IA que vous propose d'obtenir l'
ILDI via ce dernier lien, les outils présentés couvrent les domaines suivants :
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6. L'intelligence artificielle et les langues
En général, dans le binôme "intelligence artificielle et langues", il est question d'apprentissage/enseignement des langues (essentiellement vivantes, mais pas seulement), et donc des ressources que l'IA peut mettre à disposition des élèves/enseignants. Pêle-mêle :
- Intégration de l'IA dans les cours
- Enjeux pédagogiques et éducatifs
- Assistants pédagogiques
- Exemples de séquences pédagogiques utilisant l'IA
- Types de tâches réalisables grâce à l'IA (traduction, correction automatique, reconnaissance vocale, interactions, etc.)
- Responsabilisation des élèves (détecteurs d'IA, contribution à la recherche de supports, médiation, animation de groupes, auto-évaluation, etc.)
- Évaluation des compétences des élèves (grammaticales - p. 106, compétences en production écrite, compétences en production et réception orale, enrichissement du vocabulaire) et des enseignants
- Évaluation de la qualité des travaux
- Risques liés à l'utilisation de l'IA (protection des données, dépendance technologique, etc.)
- Utilisation efficace et responsable de l'IA par les enseignants
- Sensibilisation des élèves aux différents usages et risques
- Correction linguistique avec ChatGPT 4
- Expression écrite avec ChatGPT 4
- Préparation des cours et création du matériel pédagogique
- Gestion des parcours d’apprentissage en ligne
- IA et formation des enseignants de langue
- Autoformation des enseignants de langue à l’utilisation de l’IA
- Etc.
Autres ressources documentaires :
Enfin, on ne peut mener une réflexion sur l'intelligence artificielle et les langues sans évoquer
Duolingo et Google...
Je m'étais intéressé à
Luis von Ahn il y a plus de 10 ans dans une de mes
présentations, diapositive n° 35 intitulée «
Apprendre gratuitement les langues en traduisant le Web » :
“Developing our first 100 courses took about 12 years, and now, in about a year, we’re able to create and launch nearly 150 new courses. This is a great example of how generative AI can directly benefit our learners. This launch reflects the incredible impact of our AI and automation investments, which have allowed us to scale at unprecedented speed and quality.”
En gros, « Nous avons mis à peu près 12 ans pour développer nos 100 premiers cours, et tout juste un an pour lancer près de 150 nouveaux cours : c'est là un formidable exemple des avantages de l'IA générative pour nos apprenants, et cela témoigne de l'impact exceptionnel de nos investissements dans l'IA et l'automatisation, qui nous ont permis d'évoluer à une vitesse sans précédent et avec une qualité remarquable. »
L'avant-dernier paragraphe est intéressant :
Ceci étant dit, Duolingo reste une entreprise qui se soucie profondément de ses employés. Il ne s'agit pas de vous remplacer par l'IA. Il s'agit de supprimer les goulots d'étranglement afin de pouvoir exploiter pleinement les personnels exceptionnels dont nous disposons déjà. Nous souhaitons d'abord que vous vous concentriez sur le travail créatif et les problèmes concrets, plutôt que sur des tâches répétitives. Nous allons donc vous accompagner en vous proposant davantage de formations, de mentorat et d'outils pour exploiter l'IA dans le cadre de vos fonctions.
- Tiny Lesson est conçu pour une acquisition de vocabulaire ciblée. Les utilisateurs choisissent une langue et un thème (voyages, gastronomie, affaires) et reçoivent instantanément une liste de mots pertinents, accompagnée d'extraits audio et de définitions.
- Slang Hang offre aux utilisateurs un aperçu du langage courant en simulant des conversations réelles intégrant l'argot local (toutefois, Google met en garde les utilisateurs contre toute inexactitude éventuelle générée par l'IA).
- Word Cam est un outil de traduction d'images amélioré permettant à l'internaute de prendre des photos de scènes du quotidien. Les objets contenus dans ces images sont instantanément étiquetés dans la langue choisie, alliant ainsi le contexte réel à l'enrichissement du vocabulaire.
Pour l'heure, ces outils ne sont ouverts à l'exploration que
sur la plateforme expérimentale de Google (certaines options prenant même en charge des dialectes régionaux). Or si l'avenir de cet écosystème en évolution n'est pas encore totalement assuré, son existence signale d'ores et déjà une accélération vers des systèmes d'apprentissage interactifs et adaptatifs.
La bataille des langues entre dans une nouvelle phase, et la concurrence pour les solutions telles que Duolingo et les autres va être rude (notamment avec l'arrivée d'un nouvel acteur :
NVIDIA !)...
[Début]*
7. L'intelligence artificielle et la culture
Dès 2020, une mission «
Intelligence artificielle et culture », commanditée par le
Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA), a produit
un rapport «
fruit d’une réflexion menée à partir d’auditions, de contacts informels et de nombreuses lectures », selon ses auteures, Alexandra Bensamoun (professeure à l’Université de Rennes 1) et Joëlle Farchy (professeure à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).
Je signale ce rapport à toutes fins utiles, car il aborde très largement les problématiques juridiques, certes incontournables, mais ce n'est pas du tout l'angle d'approche que je privilégie. Je suis plutôt branché "culture et création", et donc sur le rôle de l'IA,
entre imitation et innovation culturelle, dans
la production culturelle et la création liée à toute forme d'expression (art pictural, musique, cinéma, littérature, etc.), d'où les questions de la place de l'artiste / du créateur dans la chaîne et de la pertinence de l'intervention humaine dans le processus créatif.
Ainsi que sur leur corollaire : la "consommation" de culture (
la consommation culturelle inclut tous les biens et services acquis pour satisfaire les besoins liés à la culture), que l'on appelle fréquemment aujourd'hui la "culture de masse" (
comprendre les choix : 600 pages de thèse !)...
À l’heure actuelle, on observe l’existence d’un « homo consumericus de troisième type
», c’est-à-dire un « turbo consommateur flexible
» (
décalé, mobile)
totalement libéré des anciennes cultures de classe, imprévisible dans ses goûts, à la recherche d’expériences émotionnelles et de mieux-être, de qualité de vie, d’authenticité, d’immédiateté.
D'autre part, il est désormais notoire que l'IA, pour entraîner ses moteurs, est à la recherche permanente de données qui ne lui appartiennent pas mais qui ont été créées par d'autres, les véritables titulaires des droits... Donc la transparence des fabricants d'IA dans l’utilisation des contenus qu'ils "pompent", outre devenir si possible un "
levier de rémunération" pour les
auteurs (j'ai observé que les robots conversationnels d'IA indiquent toujours plus fréquemment les sources de là où ils vont puiser leurs raisonnements), est en fait une véritable reconnaissance de la paternité des contenus.
Côté
consommateurs, bien que, potentiellement, toutes et tous aient "librement" et "gratuitement" accès à la culture, qui s'est considérablement démocratisée, en réalité de nombreuses
fractures (pas seulement
numériques) entre classes sociales et générations entravent cet accès. Il devrait y avoir un nivellement par le bas, au sens positif, où la base de la pyramide des utilisateurs devient toujours plus large et inclusive. Car dans la réalité, aujourd'hui nous assistons plutôt à une IA dominante de sens contraire, avec une «
homogénéisation culturelle forcée engendrée par les outils d’IA, essentiellement entraînés avec des textes écrits en anglais à l’aide d’algorithmes rédigés en langue anglaise, qui sont conçus pour des contextes propres aux économies avancées et alignés sur les valeurs de ces dernières. »
Il s'ensuit que les outils et services d’IA s’adaptent souvent mal aux environnements des cultures et des pays non anglophones, et que leurs résultats dans les langues locales laissent beaucoup à désirer. Cette situation entame la confiance dans l’IA et ralentit son adoption par celles et ceux qui se trouvent du mauvais côté de la fracture numérique grandissante.
Alors qu'au contraire l'IA devrait contribuer activement à éliminer ces
fractures, ou pour le moins à les atténuer, en facilitant dans toutes les langues un accès équivalent aux œuvres et à la production culturelle
lato sensu.
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8. L'intelligence artificielle et les services publics
J'ai déjà traité dans mes quatre blocs le rapport entre IA et nombre de ces services publics (éducation, santé, sécurité, droit, transports, etc.), mais pas encore de la contribution, par l'intermédiaire de l'IA, de l'État, des collectivités locales ou d'autres entités publiques et
administratives au déploiement de ces services, dont quelques-unes des caractéristiques principales sont les suivantes :
- Intérêt général (réponses à des besoins collectifs de la société)
- Accessibilité [destinés à l'ensemble des citoyen(ne)s, indépendamment de leur situation psycho-physique, géographique, financière ou sociale]
- Qualité (normes de qualité minimales pour en assurer l'utilité)
- Continuité et amélioration continue (services fournis de manière régulière et constante, sans en compromettre la fourniture, même en cas de perturbations ou de crises, y compris via la dématérialisation)
- Adaptabilité [selon les évolutions de la société et les besoins changeants des citoyen(ne)s] [le paradoxe étant qu'il y a parfois renversement de l'adaptabilité des services publics vers l'adaptabilité des usagers, qui doivent être capables de faire les démarches en ligne parce que le progrès prend ce sens (nombre d'usagers ne pouvant bénéficier des services publics s'ils ne s'adaptent pas, d'où le concept de "maltraitance institutionnelle"...)]
- Efficacité (capacité des prestataires publics d'atteindre les objectifs fixés en utilisant les ressources de manière judicieuse)
- Responsabilité (des prestataires publics)
Et puisque l'on parle de l'État, à côté des services publics, il y a aussi les services régaliens, à savoir ses missions et prérogatives essentielles, indispensables à l'exercice de sa souveraineté et à la garantie de l'ordre public :
Je les mentionne uniquement par souci de précision, car cela sort des visées (modestes) du présent billet. Je terminerai en signalant une récente publication de la
CNIL sur le sujet (notamment ses recommandations relatives à l'emploi) :
[Début]*
9. L'intelligence artificielle et les loisirs
En clair, par ordre d'importance :
- Les voyages, le tourisme
- Les livres et la lecture
- La musique
- Le jardinage
- Les spectacles, le cinéma, le théâtre, les concerts, etc...
- Le bricolage
- L'aménagement et la décoration de la maison
- L'actualité sportive ou le sport
- L'actualité politique et sociale
- La mode, les vêtements
- Les sciences
- L'actualité économique et financière
- Les techniques, en général ou dans certains domaines
- Les arts (peinture, sculpture, gravure, photographie d'art)
Sans fournir de liens à chaque fois sur "IA et ceci" ou "IA et cela", je vous propose de saisir vous-même les requêtes "IA + secteur" dans les moteurs et d'analyser les nombreux résultats (signe que l'IA est désormais omniprésente dans tous les domaines) ou, mieux encore, de tester directement les IA ci-dessous :
avec le prompt suivant (ou l'invite, si vous préférez) :
« Quel est l'impact de l'intelligence artificielle sur la cuisine [ou l'un des 14 secteurs ci-dessus] »
Et d'étudier ensuite les réponses, y compris les sources, lorsqu'elles sont mentionnées, puis de comparer (aussi bien entre les IA qu'entre les résultats des IA et ceux des moteurs de recherche). J'en ai fait moi-même l'expérience et je vous en parle au point suivant...
[Début]*
Au Canada et, au-delà de ses frontières, partout dans le monde :
L'IA aide les bibliothèques à relever des défis complexes et à répondre aux besoins changeants des chercheurs, des éducateurs et des étudiants, dans des domaines tels que l’analyse de données, la découverte de ressources et les services personnalisés aux utilisateurs. En adoptant ces innovations, les bibliothèques de recherche jouent également un rôle essentiel dans la promotion d’approches éthiques et inclusives de l'IA...
Plus de 40 millions de documents de multiples natures (livres, manuscrits, cartes, partitions, objets, documents sonores et jeux vidéo) dans les magasins physiques de la Bibliothèque, près de 9 millions de documents numérisés et accessibles dans Gallica, 15 millions de notices dans le catalogue général, 40 milliards d’URL collectées dans les archives de l’internet : ces chiffres donnent une idée de l’immensité des gisements documentaires sur lesquels la Bibliothèque veille. Face à une telle volumétrie, l’IA ouvre aux bibliothécaires comme aux publics de nouvelles voies vers l’intelligibilité des collections.
Voilà. Je préfère m'arrêter là.
En concluant cette série de quatre blocs sur l'
Intelligence artificielle par une expérience, vécue en préparant ce billet, et ce dixième point en particulier. Durant mes recherches de matériel sur les bibliothèques, je suis tombé sur ce passage de
Umberto Eco :
« C’est une absurdité de croire qu’il faille absolument lire tous les livres que l’on achète, tout comme il est ridicule de reprocher à quelqu’un d’acquérir plus de livres qu’il n’en pourra jamais lire dans une vie. Ce serait comme dire qu’il faut utiliser tous les couverts, tous les verres, tous les tournevis ou forets que l’on possède avant d’en acheter de nouveaux. Il est des choses dans l’existence dont il faut toujours disposer en abondance, même si l’on n’en utilisera qu’une infime partie. Prenons les livres comme des remèdes : mieux vaut une armoire pleine de soins que quelques fioles esseulées. Le jour où l’âme vacille ou vacille le cœur, on ouvre alors cette armoire — non pas au hasard — mais pour y choisir le livre juste, celui qui saura panser, éclairer, relever. D’où l’importance de toujours avoir un vaste éventail de choix. Celui qui n’achète qu’un seul livre, le lit, puis s’en débarrasse, ne fait qu’appliquer à la lecture une logique de consommation. Il traite le livre comme une simple marchandise, un bien de passage. Mais ceux qui aiment les livres savent qu’ils ne sont rien de tout cela. Un livre n’est pas un produit. C’est une présence ».
dont l'authenticité a été mise en doute en adressant une demande de vérification à Grok :
Voici la réponse de Grok :
La citation attribuée à Umberto Eco semble apocryphe. Après vérification, aucune source fiable, y compris ses œuvres, discours ou le documentaire *Umberto Eco : A Library of the World*, ne confirme qu’il l’ait dite ou écrite. Bien que le propos reflète ses idées sur les livres, notamment sa notion d’« antilibrairie » et son amour des bibliothèques, les mots exacts ne sont pas authentifiés. Il est donc probable qu’Eco n’ait pas formulé cette citation ainsi.
Intrigué, j'ai décidé de demander la même vérification (en français et en italien) à d'autres IA, dont voici les réponses (sans préciser qui a répondu quoi, et en quelle langue) :
1.
La citation que vous mentionnez provient du livre N’espérez pas vous débarrasser des livres, un recueil de dialogues entre Umberto Eco et Jean-Claude Carrière. Dans cet ouvrage, Eco exprime sa vision personnelle de la lecture et de la collection de livres, soulignant que l'acquisition de livres ne doit pas être motivée uniquement par l'intention de les lire tous, mais plutôt par le plaisir d'avoir un large éventail de choix à disposition. Il compare les livres à des remèdes, suggérant que, tout comme une armoire pleine de médicaments peut être utile même si l'on n'en utilise qu'une petite partie, une bibliothèque bien fournie offre des ressources pour nourrir l'esprit aux moments opportuns.
Cette perspective met en lumière l'importance de la diversité et de la richesse des livres dans une bibliothèque personnelle, et critique une approche consumériste de la lecture qui se limiterait à lire un seul livre à la fois avant de s'en débarrasser.
Pour une exploration plus approfondie de cette philosophie, vous pouvez consulter le livre N’espérez pas vous débarrasser des livres, disponible sur des plateformes telles que Babelio. [En citant plusieurs sources, dont celle-ci.] [J'ai vérifié personnellement, et contrairement à ce qu'affirme l'IA, aucune mention de ce texte n'est faite dans le livre cité]
2.
Cette citation d'Umberto Eco provient de son livre "Cette chaire n'est pas une pipe" [Alternative : Comment voyager avec un saumon. Nouveaux pastiches et postiches]
3.
Cette citation d'Umberto Eco provient de son essai "De Bibliotheca" (ou "La bibliothèque" en français), écrit en 1981. Dans ce texte, Eco réfléchit sur la nature des bibliothèques, leur utilité et leur signification culturelle.
Ce discours a été prononcé à l'origine lors de l'inauguration de la bibliothèque municipale de Milan. Eco y développe sa vision sur la relation entre les lecteurs et leurs livres, défendant l'idée qu'une bibliothèque personnelle abondante n'est pas un signe d'ostentation mais une nécessité intellectuelle - une sorte de pharmacie de l'esprit où l'on peut trouver le remède approprié quand le besoin s'en fait sentir.
Cette réflexion s'inscrit parfaitement dans la pensée d'Eco, qui était lui-même un collectionneur passionné de livres et possédait une immense bibliothèque personnelle. Sa vision du livre comme objet culturel dépassant largement sa dimension commerciale est une constante dans son œuvre. [J'ai vérifié le discours prononcé lors de l'inauguration de la bibliothèque municipale de Milan, et cela n'a rien à voir avec la citation]
4.
Cette citation souvent attribuée à Umberto Eco circule largement sur internet, notamment dans des articles et discussions sur la bibliophilie, mais elle ne figure pas textuellement dans ses œuvres publiées. Elle semble plutôt être une reformulation libre inspirée de ses idées sur les livres et la culture, mélangée à des ajouts poétiques.
Origine probable : Un mélange d'inspirations
Umberto Eco était un grand bibliophile (il possédait plus de 30 000 livres) et a souvent défendu l'idée qu'une bibliothèque personnelle est un "antidote à l'oubli", un outil de recherche bien plus qu'une simple collection de livres lus.
Dans De Bibliotheca (1981, conférence), il compare les livres à des "remèdes" et évoque l'importance d'avoir une réserve de savoir à portée de main.
Dans Sur les épaules des géants (2017), il parle des livres comme "outils" qu'on ne consulte pas toujours, mais dont la présence est essentielle.
La métaphore des couverts/outils ressemble à des propos tenus par d'autres auteurs (comme Anatole France ou Jorge Luis Borges), mais elle a été popularisée sous le nom d'Eco.
La version exacte de la citation semble issue de forums ou blogs (années 2000–2010), où des lecteurs ont synthétisé ses idées avec une touche littéraire.
Citations vérifiables d'Umberto Eco sur le sujet
En voici une, plus authentique :
« La bibliothèque est une sorte de cerveau artificiel qui multiplie nos possibilités de mémoire. On n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres, mais ils doivent être là, comme une pharmacie où l’on trouve le remède au bon moment. » (De Bibliotheca, 1981)
Pourquoi cette confusion ?
Eco a souvent parlé de l'accumulation culturelle et du rôle des livres comme "objets potentiels" plutôt que consommables.
Le style de la citation apocryphe est proche de sa pensée, d'où son attribution erronée.
La citation est inspirée d'Eco, mais reformulée de manière créative. Pour retrouver sa vraie pensée, mieux vaut se plonger dans ses essais (De Bibliotheca, Sur les épaules des géants) ou ses interviews.
Le saviez-vous ? Eco disait aussi : "Un livre non lu est plus utile qu’un livre lu, car il représente une possibilité infinie." (idée reprise par Tzvetan Todorov).
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Je vous fait grâce des autres réponses. Résultats :
- La numéro 1 est fausse.
- La numéro 2 propose faussement deux livres où la citation n'est pas mentionnée.
- La numéro 3 est fausse, y compris la circonstance de la bibliothèque municipale de Milan.
- La numéro 4 est vraie.
En fait, j'ai demandé à 5 IA, qui m'ont fourni 4 réponses fausses, et 1 vraie. Si l'on y ajoute celle de Grok, également vraie, cela me donne au final
6 IA consultées,
4 réponses fausses et
2 vraies. La problématique est la suivante : lorsque vous consultez une IA, comment déterminer si les réponses qu'elle vous fournit sont fausses ou vraies ? Il en va donc de l'IA comme de tous les médias en 2025, ne jamais rien donner pour acquis, mais vingt fois sur le métier, recouper, recouper, et recouper encore les infos et les sources !
[Début]
À suivre...