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jeudi 24 février 2011

Victor-Emmanuel de Savoie avoue : scoop du Fatto Quotidiano !


I. Victor-Emmanuel de Savoie avoue : scoop du Fatto Quotidiano !
II. Victor-Emmanuel de Savoie / Dirk Hamer : le fusil du prince !
III. Victor-Emmanuel de Savoie / Dirk Hamer : où est la vérité ?


* * *
[3ème MàJ - 25 février, 0h10'] Je suis obligé d'intervertir l'ordre des mises à jour, en passant de la plus récente à la plus ancienne, car l'affaire n'arrête pas d'évoluer !

Je viens de découvrir en effet qu'un livre a été publié hier, intitulé "Délit sans châtiment" (titre inspiré de Crime et Châtiment, le roman de Dostoïevski, qui est traduit Délit et châtiment en italien : Delitto e Castigo), "la véritable histoire de Victor-Emmanuel" :


Publié chez Aliberti aux soins de Béatrice Borromeo (qui signe également l'article sur le Fatto), comtesse et fiancée de Pierre Casiraghi, la sortie du livre s'accompagne d'une présentation vidéo :



À noter que la publication du livre fait également la une du Fatto d'aujourd'hui (25 février 2010), où la Borromeo nous explique en pages 2 et 3 que la réaction du prince, prétendant que le journal aurait manipulé la vidéo en procédant à un montage maladroit des images, est une accusation d'une extrême gravité ; et de citer la réponse de Birgit Hamer : « Si le Savoie veut accuser les magistrats de Potenza d'avoir falsifié le film, qu'il le dise ouvertement... », puisque cette vidéo n'est autre que celle obtenue par les voies judiciaires après presque cinq ans d'attente (2006-2011), et livrée à la sœur de Dirk par les autorités compétentes !

Quant au livre, l'article nous dit dans un encadré qu'il est prêt depuis ... huit ans, mais qu'aucun éditeur n'a eu le courage de le publier jusqu'à aujourd'hui par crainte des rétorsions légales probables...

Le directeur du Fatto, Antonio Padellaro, conclut ainsi son éditorial : le Savoie menace de nous traîner devant un tribunal. Qu'il le fasse. Nous pourrons ainsi lui dire en face ce que nous pensons de lui... (il Savoia sparacchia minacce di querela. Ci porti in tribunale. Potremo dirgli in faccia ciò che pensiamo di lui).

La presse suisse commence d'ailleurs à faire sortir l'info. En reprenant des extraits de ma traduction, sans me citer bien sûr...

[2ème MàJ - 24 février, 16h00'] Réaction du prince (en italien), qui menace de poursuivre le journal en diffamation en les accusant de s'être livré à un "montage des images", « qui n'ajoutent pas une virgule à ce qui est notoirement connu et à disposition de la justice depuis longtemps. Elles font même ressortir l'état de difficulté évident dans lequel j'étais à cause de mon incarcération traumatisante et de la situation incompréhensible dans laquelle je me trouvais. J'ajoute que des doses importantes de sédatif m'avaient été administrées, nécessaires à cause de mon état d'anxiété, qui ont provoqué chez moi un grave état de confusion, chose prouvée par les analyses médicales effectuées à ma sortie de la prison de Potenza. »
L'esame del testo delle conversazioni relative al video, riportate dai brogliacci della Polizia Giudiziaria, già da tempo a disposizione, non aggiungono una virgola a quanto già noto e da tempo rappresentato. Anzi, fanno emergere l’evidente stato di difficoltà in cui versavo a causa del mio traumatico arresto e per la situazione incomprensibile in cui mi trovavo. Aggiungo che mi erano state somministrate ingenti dosi di sedativi, necessari per il mio stato di ansia, che mi hanno provocato uno stato di grave confusione, somministrazione provata dalle analisi mediche effettuate alla mia uscita dal carcere di Potenza”.
Le prince précise ensuite que le Ministère de la Justice français disposait déjà du film et de la retranscription des écoutes dès 2006, Ministère qui avait "sèchement" répondu au magistrat italien (Henry John Woodcock, qui avait transmis le dossier en France) qu'aucune procédure ne pouvait être rouverte contre lui après un jugement de la Cour d'Assises de Paris, fondé sur des preuves objectives et sans équivoque de son innocence.
Peraltro sottolineo che il video in oggetto e le relative trascrizioni erano già state trasmesse da Woodcock al Ministero della Giustizia Francese nel 2006. Il Ministro della Giustizia inviò una secca e chiara risposta affermando che nessun procedimento poteva ne potrà mai essere riaperto a fronte di una sentenza della Corte d’Assise di Parigi fondata su inequivocabili prove oggettive di innocenza”.
Le Prince appuie son raisonnement sur le fait que, dans le film, "les phrases sont déconnectées les unes des autres, avec l'intercalage de longues parties où s'alternent pauses et mots incompréhensibles, ce qui rend impossible de lier les différents tronçons entre eux pour faire croire à la thèse qu'il aurait admis sa culpabilité. Il s'agirait donc d'un montage artificiel faisant intervenir 7 tronçons différents pour tenter de donner un sens achevé aux phrases prononcées. Or tout cela a déjà été publié dans de nombreux journaux en 2006, et clairement expliqué dans les actes de différents procès."
“Desidero far notare come le frasi siano sconnesse tra loro con lunghe parti di parole incomprensibili o di pause che rendono impossibile il collegamento dei vari spezzoni con cui si vorrebbe accreditare la tesi dell’ammissione di colpa. E’ stato artificialmente montato con ben sette spezzoni diversi per tentare di dare senso compiuto alle frasi pronunciate. Tutto già più volte pubblicato nel 2006 da numerosi quotidiani e puntualmente chiarito anche negli atti processuali”.
Le journal rétorque que le prince s'est basé sur une première vidéo ne présentant que des extraits mais pas sur la version intégrale (celle que j'ai publiée sur ce blog). Je m'en vais donc la débobiner pour permettre à chacun de se faire son idée.

* * *
Voici le débobinage, pour ce que j'ai réussi à comprendre car le son n'est pas de bonne qualité, mais sur l'extrait ci-dessous j'ai pu vérifier le sous-titrage (les parties graissées sont celles que j'avais citées dans la version originale de mon billet, les plus importantes selon moi). Traduction à suivre...
Io le posso dire che Isolabella è venuto al mio processo a Parigi, il processo, anche se io avevo torto, torto, per essere… 
Perché lì, è si o no, prima mi hanno sequestrato, sempre a me… allora ho cambiato sei persone dei giurati perché io ho diritto – se non mi piace – di cambiare  
Io avevo una batteria di avvocati … ah, come si chiamava il mio avvocato … aveva trovato … poi fui in affidamento … io avevo un anno e mezzo, allora abbiamo cominciato da lì, e devo dire che li ho fregati, eccezionale, poi … venti testimoni, e si sono affacciate tante di quelle personalità pubbliche, il Procuratore aveva chiesto cinque anni e sei mesi, ero sicuro di vincere, ero più che sicuro, allora, adesso che visualizzo, adesso chiediamo ai giurati che si sono, chiediamo ai giurati di ritirarsi e rispondere su tre punti: 
  1. C’è stato un atto volontario dal Signor Di Savoia?
  2. Il Signor Savoia è responsabile della morte?
  3. Il Signor Savoia aveva sì o no un’arma da fuoco? 
Si sono ritirati, due ore dopo, sono arrivati lì … impressionante
  1. Il primo punto: “Dal Signor Savoia nessun atto volontario”
  2. Secondo punto: “Il Signor Savoia non è affatto responsabile della morte del tedesco”
  3. Terzo punto: “Si, è una carabina anteguerra”…
Gli diamo sei mesi con la condizionale. Sei mesi: c’era un’amnistia, non l’hanno neanche scritto! 
- (risata) - 
Sono uscito, … ma lì, ma lì, eccezionale! No, ma perché… 
Io ho sparato un colpo così e un colpo in giù, ma il colpo è andato in questa direzione, è andato qui, e ha preso la gamba sua, che era … steso, passando attraverso la carlinga. 
E poi, non so sé qualcuno qui ha fatto il servizio, chi ha fatto il servizio quando c’erano … inglese, ecc. Carabina, va bene… Pallottola trenta zero tre, trenta zero tre, … di legno…
Allora, dov’è ‘sto whisky?
TRADUCTION (17h30'). Victor-Emmanuel de Savoie s’adresse à ses interlocuteurs :
Je peux vous dire qu’Isolabella (Lodovico Isolabella, son avocat dans l’affaire Valettopoli, que l’accusation a fini par laisser tomber pour preuves insuffisantes. NdT) est venu à Paris assister à mon procès, le procès, même si j'étais en tort, en tort, pour être...

Parce que là, c’est oui ou c’est non, d'abord ils m’ont saisi, encore à moi… alors j’ai changé six des jurés, parce que j’avais le droit, s’ils ne me plaisaient pas, de les changer

J'avais une batterie d'avocats... ah, comment mon avocat s’appelait-il donc ?... il avait trouvé... puis j'ai été mis en probation
(sursis avec mise à l’épreuve, je suppose), pendant un an et demi, donc c’est à partir de là que nous avons commencé, et je dois dire que je les ai bien eus, vraiment génial, plus une vingtaine de témoins, et d’autres personnalités publiques importantes, le parquet avait demandé cinq ans et demi, mais j'étais sûr de gagner, j'en étais plus que sûr, attendez, laissez-moi visualiser (la scène), maintenant on demande aux jurés qui se sont, on demande aux jurés de se retirer et de répondre sur trois points :
  1. Y a-t-il eu un acte volontaire de la part de Monsieur le prince de Savoie? 
  2. Monsieur le prince de Savoie est-il responsable de la mort (de Dirk Hamer)?
  3. Monsieur le prince de Savoie avait-il oui ou non une arme à feu ?
Ils se sont retirés, et deux heures plus tard ils sont revenus ... impressionnant
  1. Premier point : « Aucun acte volontaire de la part de Monsieur le prince de Savoie » 
  2. Deuxième point: « Monsieur le prince de Savoie n'est pas responsable de la mort de l'allemand » 
  3. Troisième point: « Oui, il avait une carabine datant d’avant-guerre »... 
Condamné à six mois avec sursis. Six mois : il y avait une amnistie, ils l’ont même pas transcrit (sur mon casier) ! 
- (rigolade) – 
Je suis sorti de là, vraiment génial ! Non, parce que…

J'ai tiré deux coups de fusil, un comme ça et l'autre vers le bas, mais le coup est parti dans cette direction, il est parti là et l'a touché à la jambe (incompréhensible)... en passant à travers la coque.

Et d’ailleurs, je sais pas si quelqu’un a fait le service
(militaire), avez-vous fait le service quand il y avait les … anglais, carabine, OK, cartouche calibre 30/03, 30/03, (crosse) en bois

Alors, il est où, ce whisky ?
En guise de sédatif, probablement...

Dans sa communication au Fatto, le prince conclut qu'il n'a jamais rien avoué du tout, que cette vidéo ne change rien, et qu'il s'en prendra à quiconque prétend le contraire. Si c'est lui qui le dit, croyons-le.

La sœur de Dirk Hamer est bien sûr de l'avis opposé : j'ai gagné ma bataille, dorénavant ce monsieur ne pourra plus prétendre que ce n'est pas lui qui a tiré sur mon frère...

Ajoutons que dans un compte-rendu d'audience de l'époque, le journaliste belge Jacques Cordy se demandait : « Il est vrai que l'acquittement pur et simple constitue une surprise; mais le doute a pesé sur les débats, et il doit jouer en faveur de l'accusé. »

Donc on ne peut que s'interroger : quid de la décision des jurés s'ils avaient pu voir cette vidéo ? Est-elle de nature à lever le doute, ou non ? La question est posée...

[1ère MàJ - 24 février, 10h10'] Le film est en ligne (inutile de voir si vous comprenez pas l'italien, même s'il y a un sous-titrage) ! Au cas où, je l'ajoute en P.S.

* * *
Billet original

* * *
En 1996, Libération titrait : Son Altesse ne saurait être meurtrière. Victor-Emmanuel de Savoie définitivement blanchi de la mort d'un touriste.

Dix ans plus tard, en 2006, l'héritier contrarié de la couronne d'Italie est emprisonné une semaine à Potenza dans le cadre d'une enquête où le membre n° 1621 de la Loge P2 est accusé de faire partie d'un réseau de délinquants, de corruption et d'exploitation de la prostitution (associazione a delinquere, corruzione e sfruttamento della prostituzione) (affaire qui s'est terminée sur un non-lieu). Les enquêteurs mettent sa cellule sous surveillance en installant une caméra cachée.

Or l'enregistrement, publié aujourd'hui-même sur le site du Fatto Quotidiano, reprend Son Altesse le prince de Savoie en train de se vanter auprès de ses "compagnons de cellule" d'être bien le coupable et d'avoir réussi à s'en sortir dans le procès-farce qui s'est déroulé en France.
J'ai tiré deux coups de fusil, un comme ça et l'autre vers le bas, mais le coup est parti dans cette direction et l'a touché à la jambe (incompréhensible)... en passant à travers la coque. 
“Io ho sparato un colpo così e un colpo in giù, ma il colpo è andato in questa direzione, è andato qui e ha preso la gamba sua, che era (parola incomprensibile, ndr) steso, passando attraverso la carlinga”.
Il précise même qu'il s'agissait d'une cartouche calibre 30/03 (“Pallotola trenta zero tre”). Et d'ajouter :
Au procès, même si j'étais en tort, en tort, ... je les ai bien eus !
“il processo, anche se io avevo torto ... torto...”, “Devo dire che li ho fregati...”
L'histoire de l'involontaire "confession" avait déjà fuité en 2006, mais uniquement l'enregistrement voix, et Son Altesse avait convoqué vite fait une conférence de presse en jurant ses grands dieux que ses déclarations avaient été manipulées et que tout ça était faux :
“Queste notizie sono talvolta manipolate o non sono vere. Ma ora è il momento di parlare, di far emergere la verità”. “Due tribunali francesi si sono pronunciati prosciogliendomi da ogni responsabilità. Lo hanno fatto perché ci sono prove chiare. La pallottola che ha colpito il ragazzo non poteva essere del mio fucile. Qualcuno ha sparato con una pistola a quel povero ragazzo, ecco la verità”.
Or en découvrant cette histoire, Birgit Hamer, la sœur de Dirk - décédé dans des souffrances atroces le 7 décembre 1978, à 19 ans, après une agonie de 111 jours, 19 opérations et l'amputation de la jambe (les secours n'auraient pas été appelés suffisamment tôt après l'incident, ce qui a compromis sérieusement une blessure déjà grave) -, se dit au contraire que si ces "aveux" étaient authentiques et textuels, ils mettraient le mot "fin" à cette histoire, puisqu'il serait alors “impossible de nier qu'en dépit de son acquittement, Victor-Emmanuel de Savoie est bien le seul et unique responsable de la mort de son frère”.

Elle se lance donc dans des recherches et découvre qu'il existe un enregistrement filmé déposé aux actes de la nouvelle affaire. Et après pratiquement trois ans et une requête de son avocat ainsi motivée :
Mme Hamer a le droit, garanti par notre Constitution, de connaître la vérité sur la mort de son frère (“La signora Hamer ha il diritto costituzionalmente garantito alla verità sulla morte del fratello”)
elle finit par recevoir le film, qu'elle regarde avec horreur, mais soulagement, 33 ans après !

L'héritier contrarié à la couronne d'Italie y rit grassement, apparemment content de s'en être sorti à si bon compte. Il rigolera probablement moins maintenant que la vidéo fera le tour d'Internet. Je la posterai en P.S. dès qu'elle sera en ligne. En attendant, l'info commence déjà à être reprise sur le Web italien, mise en une de Dagospia, qui ne fait pas dans le sobre en criant : ASSASSIN !

j'enlève la photo car le site Dagospia l'a mise en ligne et retirée dans la matinée...

Il faut dire que Roberto D'Agostino, éditeur du site, avait été condamné en 2006 à verser 50 000 euros pour diffamation parce qu'il avait traité Son Altesse d'assassin à la suite des premières révélations... Qui seront plus dures à réfuter aujourd'hui !



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P.S. Il y a sur l'édition d'aujourd'hui du Fatto Quotidiano, dans l'article signé Béatrice Borromeo, une photo de Dirk et de sa sœur à l'hôpital, où lui regarde l'objectif, qui est vraiment très touchante.



Le Fatto signale également une interview donnée au début des années 1980 par le prince à Enzo Biagi, où il raconte sa "version" expurgée en déclarant qu'il est totalement en paix avec sa conscience (mais que tout ça est dommage pour le "pauvre garçon" et pour sa famille) : intéressant aujourd'hui de comparer les deux...



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vendredi 9 juillet 2010

Italie : la grande, grande, grande réforme de la justice


Lire ce billet sur l'Observatoire des médias, de Gilles Bruno...

[MàJ - 10 juillet 2010] Déclaration de Berlusconi ce matin, qui persiste et signe : « La liberté de la presse n’est pas un droit absolu »… Et d'ajouter : « La presse gauchiste bâillonne la vérité. » ! Comme si la vérité ou la liberté étaient de gauche ou de droite...

* * *

Troisième partie de la série « Pourquoi l'Italie de Berlusconi est-elle un danger pour l'Europe ?», le premier étant consacré à la démocratie, le second à l'environnement, et ce dernier à la justice.

I. Pourquoi cette "réforme de la justice" ?
II. Bâillonner la presse, ça presse !


Aujourd'hui, vendredi 9 juillet 2010, la plupart des titres de presse n'ont pas été publiés au motif d'une grève nationale des journalistes italiens contre la Loi-bâillon : en silence aujourd'hui, pour pouvoir parler demain.


De quoi s'agit-il ? C'est difficile à expliquer en deux mots, d'autant plus que cette "loi" s'inscrit dans une stratégie globale dont le but ultime est d'assurer une immunité-impunité totale à Berlusconi et à ses ministres.

I. Pourquoi cette "réforme de la justice" ?

Une stratégie globale qui concerne la "grande, grande, grande réforme de la justice" voulue et annoncée par Silvio Berlusconi, à faire en deux temps :
  1. La Loi-bâillon
  2. La réforme constitutionnelle pour protéger définitivement de tous ses procès - passés, présents et à venir - Silvio Berlusconi (et accessoirement ses ministres)...
Disons que l'objectif final est la "réforme constitutionnelle", motivée par le fait que les lois que Berlusconi a voulu faire passer jusqu'à présent pour se protéger des procès ont toutes été déclarées inconstitutionnelles. Essentiellement parce qu'elles mettent à mal l'article 3 de la Constitution italienne :
Tous les citoyens ont une même dignité sociale et sont égaux devant la loi, sans distinction de sexe, de race, de langue, de religion, d'opinions politiques, de conditions personnelles et sociales.
Il appartient à la République d'éliminer les obstacles d'ordre économique et social qui, en limitant de fait la liberté et l'égalité des citoyens, entravent le plein développement de la personne humaine et la participation effective de tous les travailleurs à l'organisation politique, économique et sociale du pays.
Ce qui est en quelque sorte un condensé de l'article 1 et de l'article 6 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789 :
Article 1

Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ; les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Article 6

La loi est l’expression de la volonté générale.
Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation.
Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège soit qu’elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et leurs talents.
D'où le constat sans faille de Berlusconi : ce ne sont pas mes lois sur mesure, censées me protéger contre les persécutions "justitialistes et communistes" qui sont inconstitutionnelles, c'est l'actuelle Constitution italienne qui est erronée, donc je change la constitution pour rendre constitutionnel ce qui est aujourd'hui inconstitutionnel. CQFD !

Ce qui donnerait à l'Italie une primauté absolue pour un pays "démocratique", à savoir qu'au final elle aurait, pour reprendre une analyse de Giovanni Sartori, une « Constitution inconstitutionnelle », mais passons...

Ceci étant, quand bien même la procédure est déjà enclenchée, si tout va pour le mieux (pour lui et pour les autres corrompus), Berlusconi peut difficilement espérer faire aboutir sa "réforme constitutionnelle" en moins d'un an, or entre-temps il risque d'avoir du pain sur la planche, d'où une stratégie "provisoire" en deux coups :
  1. Premièrement il s'est déjà fait approuver une loi dite de "l'empêchement légitime", pour lui et pour ses ministres, qui dit que vu leurs intenses occupations gouvernementales et ministérielles, ils sont justifiés à ne pas pouvoir se présenter devant les juges...
  2. Deuxièmement la loi-bâillon qu'il essaie de se faire voter par tous les moyens et contre tous les avis...
Sur la première loi, que Berlusconi a déjà utilisée trois fois dans la foulée depuis qu'il l'a faite voter, il y a quelques mois à peine, l'anecdote d'Aldo Brancher, ministre de rien pendant 17 jours uniquement pour se soustraire à la justice avant d'être contraint de démissionner, est exemplaire de la moralité du personnage. De Berlusconi, j'entends, puisque c'est lui qui l'a nommé avant de lui demander, 17 jours plus tard, de se sacrifier !

Mais c'est sur la seconde qu'il convient de s'arrêter un instant pour approfondir, car là encore, les choses sont plus compliquées qu'il n'y paraît.

II. Bâillonner la presse, ça presse !

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, bâillonner la presse n'est pas son premier objectif. Non ! Son premier objectif, c'est de boucher les yeux et les oreilles aux enquêteurs, magistrats et policiers.

On pourrait l'appeler la loi des trois singes, qui condamne d'une part magistrats et policiers à ne pas voir et ne pas entendre, et de l'autre journalistes et citoyens à ne pas parler.


Pour autant, l'aspect le plus urgent compte tenu des tempêtes qui se profilent à l'horizon, c'est d'empêcher les journalistes et les citoyens de parler (je pense bien sûr à tous ceux qui s'impliquent sur Internet), et par là même la grande masse de l'opinion publique de savoir...

Museler ceux qui sont en mesure de parler, c'est donc l'exigence à court terme. Par contre sur le moyen terme ce qu'il faut c'est empêcher les magistrats et les policiers d'enquêter. D'où un arsenal de mesures manifestement ridicules, qui se commentent d'elles-mêmes : limite des écoutes téléphoniques à 60 jours, renouvelables une seule fois pour quinze jours. Après stop, terminé.

Devant le tollé général, après des luttes à n'en plus finir, le législateur fou a accordé un renouvellement possible, de 3 jours en 3 jours (initialement de 2 jours en 2 jours), avec à chaque fois l'autorisation indispensable signée par un tribunal collégial de 3 juges !!!

C'est tellement impensable que même le secrétaire d'état américain à la justice a déclaré qu'une telle loi rendrait impraticable la collaboration Italie-U.S. pour les enquêtes sur la mafia, aux termes de la convention bilatérale en vigueur signée par ... Giovanni Falcone.

Mais la loi ne s'arrête pas seulement aux écoutes, puisque ces mêmes mesures s'appliquent à la consultation des listes d'appels (communiquées aux juges par les opérateurs téléphoniques, et qui mentionnent tous les numéros des appels effectués et reçus) et aux reprises filmées incognito (quand vous mettez un endroit sous surveillance vidéo, par exemple).

Le ministre dit que ces mesures ne s'appliquent pas aux enquêtes sur la mafia, ce à quoi les juges rétorquent que la plupart des enquêtes sur la mafia naissent en enquêtant sur des non-mafieux...

Le 1er juillet j'étais à Place Navona pour une manifestation contre cette loi, et une dizaine de syndicats de policiers ont déclaré que 90% des policiers, je répète, 90% des policiers n'en voulaient pas. Même le très sérieux groupement d'élite pour la capture des mafieux en cavale (squadra catturandi) s'est déclaré contre !

L'Europe également s'est déclarée contre (elle serait d'ailleurs totalement incompatible avec le règlement communautaire), ainsi que d'autres organismes internationaux, dont l'OSCE.

Donc pourquoi Berlusconi la veut-il à tout prix cette loi, envers et contre tous ?

Simplement parce que l'Italie est un délicieux pays où Silvio Berlusconi est en train de se faire rattraper, voire dépasser, par procès et scandales en tout genre.

Faut dire aussi qu'il est pas prudent, et ses amis non plus. Voilà des années qu'ils se font prendre à cause des écoutes téléphoniques, mais malgré ça ils continuent de bavarder comme si de rien n'était. Du reste, ils sont tellement sûrs de leur immunité-impunité qu'on se demande pourquoi ils devraient faire attention !

Car malgré les scandales à répétition secouant l'Italie depuis des décennies, tous les acteurs sont encore fidèles au poste, qui s'abreuvent sans modération aux deux mamelles empoisonnées de la "démocratie italienne" que sont les mafias et les loges maçonniques secrètes, dont la p2 est l'infame mère-mérétrice, avec Licio Gelli dans le rôle du proxénète...

Et l'affaire qui s'annonce, déjà désignée par les journaux sous le titre de "nouvelle p2", promet d'arroser à profusion tout ce bel univers de ripoux. Y en aura pour tout le monde ! 44 000 conversations déjà retranscrites dans les dossiers des juges, même si aucune n'a encore filtrée. Mais ça commence...

Et hier on a eu les premières arrestations, dont Flavio Carboni, autre homme de tous les mystères en Italie, impliqué de près ou de loin dans la banqueroute du Banco Ambrosiano, dans la mort de Roberto Calvi, dans le rapt d'Aldo Moro, outre quelques accointances avec la mafia et, surtout, ami de Berlusconi de longue date : vous pensez, c'est lui qui lui a vendu la villa Certosa, en Sardaigne, désormais connue dans le monde entier pour son hospitalité (testimonial d'exception, Topolanek). Or le bougre a une moyenne de 250 coups de fil/jour (Carboni, pas Topolanek)...

Donc entre ça et l'autre sénateur PDL (parti de Berlusconi), déjà en prison, qui commence à parler à propos de l'affaire Fastweb / Telecom Sparkle, définie par les juges « une des fraudes plus colossales jamais vues dans l'histoire de l'Italie » (c'est tout dire...), vous imaginez bien que le père Berlusconi il commence à se faire du mauvais sang, comme disait ma tante.

Surtout qu'on pourrait aussi allonger la liste à démesure...

Voilà pourquoi il aimerait bien qu'on parle d'autre chose, le Silvio : du ciel bleu, de la mer, des belles femmes, de la pizza, de l'Italie magique, etc.

Et bien parlons-en : l'été sera chaud, mais l'automne s'annonce encore plus chaud...


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mercredi 24 mars 2010

Pourquoi l'Italie de Berlusconi est-elle un danger pour l'Europe ?


Dans un contexte toujours plus globalisé, il est inutile de penser que les actions d'un pays, quelles qu'elles soient, bonnes et/ou mauvaises, restent sans conséquences sur les pays voisins, mais pas seulement. Avec des implications directes pour tout le tissu social et dans la vie quotidienne des gens. De tous les gens. Vous et moi, nos familles, nos amis, etc.

Pour faire un exemple, l'Espagne et le Portugal n'ont pas de frontières communes avec l'Italie, et pourtant, au sein de l'Europe, les politiques de chaque État membre ont des répercussions positives et/ou négatives sur tous les autres.

Aujourd'hui il est clair que tous les sujets sont largement transnationaux, mais je me contenterai d'en citer trois où le déclin de l'Italie (qui régresse dangereusement au lieu de progresser), pour peu que l'Europe ne fasse rien pour l'en empêcher, ne sera pas sans retombées sur plus de 500 millions d'européens :
  1. La Démocratie
  2. L'Environnement
  3. La Justice
* * *

1. La Démocratie

Parmi tous les cancers malins qui affligent l'Italie, il en est un particulièrement pernicieux qui étend ses métastases, lentement mais sûrement, depuis les années 70 : je veux parler de la P2, à laquelle je n'ai pas encore consacré de billet d'approfondissement mais que je traite en long et en large dans mon projet d'essai sur la République italienne.

Or le vice originel de la loge Propaganda Due (P2), dont Silvio Berlusconi était le piduiste (membre) n° 1816, consistait à subvertir la démocratie en vidant de leur contenu toutes les institutions démocratiques pour ne laisser qu'une coquille vide au regard des "citoyens" et de la "communauté internationale".

Il est vrai qu'à une époque où les États-Unis œuvraient activement à la mise en place de toutes les dictatures d'extrême-droite (du Japon à l'Amérique du Sud en passant par l'Europe, notamment en Grèce, au Portugal et en Espagne) pour contrer la montée en puissance du communisme, une dictature de plus ou de moins travestie en "démocratie" formelle n'aurait pas inquiété les opinions publiques outre mesure.

Mais le fait qu'en 2010, Silvio Berlusconi soit en passe de réaliser ce projet en plein cœur de l'Europe sans que nul gouvernement se proclamant "démocratique" ne trouve rien à y redire, voilà qui dépasse l'entendement !

Ces jours-ci il annonce haut et fort qu'immédiatement après les élections régionales, qui se tiendront ce week-end (à noter un niveau transversal de pourriture dans les listes gauche-centre-droite absolument stupéfiant, au point que Roberto Saviano a invoqué la présence d'observateurs de l'ONU pour surveiller les élections...), il entreprendra une grande, grande, grande et radicale réforme de la justice...

En réalité il s'apprête à mettre un point final à la démocratie en Italie, en réalisant une grande première dans l'histoire de l'humanité : un COUP D'ÉTAT LÉGAL ! Puisqu'il dispose en fait de la majorité parlementaire nécessaire pour modifier, sans violence apparente et sans courir le moindre risque, la Constitution de l'État Italien...

Non pas pour le meilleur, mais pour le pire ! Non pas en vue d'une plus grande démocratisation d'un pays qui serait déjà démocratique, mais plutôt pour privatiser le peu qui reste de démocratie à l'usage et au profit de Silvio Berlusconi en premier lieu, et en second lieu dans l'intérêt de clans, de mafias, de pouvoirs occultes et de corrompus/corrupteurs en tous genres.

Dans ce pays la liste des pourris est incalculable ! À commencer par les 2400 membres de la Loge P2 (à la seule exception du général Carlo Alberto Dalla Chiesa), officiellement dissoute par la loi n° 17 du 25 janvier 1982 en application de l'article 18 de la Constitution italienne, dont le plus célèbre des membres est l'actuel président du conseil des ministres, et dont la seule liste retrouvée ne mentionnait que 962 piduistes, ainsi répartis :
  • 208 militaires et policiers = 21,66%
  • 67 politiques = 7%
  • 52 fonctionnaires ministériels (dirigeants) = 5,5%
  • 49 banquiers = 5%
  • 47 industriels = 5%
  • 38 médecins = 4%
  • 36 professeurs d'université = 4%
  • 28 experts comptables = 3%
  • 27 avocats = 3%
  • 27 journalistes = 3%
  • 23 dirigeants de la grande industrie = 2,5%
  • 18 chefs d'entreprises = 2%
  • 18 juges = 2%
  • 17 membres de professions libérales = 2%
Plus 20% dont on ne sait - publiquement - rien ou pas grand chose, mais vu la nature de ce que l'on sait des autres, il est permis d'être inquiets...

Car lorsque l'on parle de militaires, il ne s'agit certes pas de soldats du rang mais presque uniquement de généraux qui comptent, y compris tous les commandants des services secrets italiens, sans oublier les généraux de la dictature argentine ; quand on parle de dirigeants ministériels, ce sont pour la plupart des grands commis de l'état impliqués dans des scandales sans fin ; quand on parle de banquiers, il s'agit de Roberto Calvi ou de Michele Sindona ; quand on parle de journalistes, ce sont des directeurs de journaux ou des gens qui ont fait carrière dans la presse et à la télévision ; quand on parle de chefs d'entreprises, c'est entre autres Silvio Berlusconi, lui-même introduit dans la loge par un journaliste, et ainsi de suite.

D'ailleurs si pratiquement aucun extrémiste (de gauche, mais surtout de droite) coupable des nombreux attentats qui ont ensanglanté ce pays pendant les années de plomb et la stratégie de la tension n'a jamais été condamné, on le doit en grande partie aux militaires inscrits à la P2 qui ont passé leur temps à dépister les enquêtes et à mettre des bâtons dans les roues aux magistrats en charge des dossiers !

Donc retracer l'histoire des 962 noms de la liste serait sans aucun doute plein d'enseignements, puisque presque tous ont été promus depuis dans l'échelle sociale, mais plus encore celle des quelque 1500 noms manquants : en effet, le 29 mai 1977, l'hebdomadaire L'Espresso annonçait 2 400 inscrits à la Loge, un chiffre confirmé par Gelli lui-même dans une interview à ce même hebdomadaire, publiée moins d'un an plus tôt, en juillet 1976, intitulée "Dottor Gelli cosa ha da dire?", dans laquelle il parle d'un avocat fasciste, Gian Antonio Minghelli (dont le père était membre de la P2, et lui aussi soupçonné d'en faire partie), impliqué dans le blanchiment des rançons de rapts exécutés aux dépens des familles de trois autres piduistes par Albert Bergamelli, l'un des chefs du clan des marseillais, également "trésorier" de la NCO de Raffaele Cutolo, et dont le juge Vittorio Occorsio observa un parallèle pour le moins curieux, à savoir que le montant total payé pour les rançons correspondait exactement à la somme dépensée pour l'acquisition du siège de l'OMPAM à Montecarlo, l'Organisation Mondiale de la pensée et de l'assistance maçonnique fondée par Licio Gelli au printemps 1975 :
Journaliste : - Minghelli est franc-maçon ?
Gelli : - Ils lui ont trouvé une carte d’appartenance à la franc-maçonnerie.
Journaliste : - Minghelli occupait un poste important dans la Loge P2 ?
Gelli : - Purement nominal. Je l'ai vu trois fois à peine car la Loge P2 ne se réunit jamais. Mais même si je l'avais vu trois mille fois, cela ne voudrait rien dire. Dans toutes les organisations ayant de nombreux membres, on peut toujours trouver celui qui dégénère. Or nous sommes 2 400.
Par un étrange hasard, cette interview fut publiée dans l'Espresso du 10 juillet 1976, le jour même de l'assassinat du juge Occorsio par des membres de l'extrême-droite...

Il est d'ailleurs bizarre de noter que Gelli quantifie les membres de sa loge à une époque où il se croit fort et où ses activités se déroulent à la lumière du jour, au vu et au su de tout le monde. D'autant plus qu'il le dit non pas en réponse à une question spécifique sur ce point (combien êtes-vous dans la P2 ?), mais au détour d'une réflexion portant sur tout autre chose. Pour une fois, il n'y a donc aucune raison de mettre en doute ses dires...

Une interview reprise sur Candido Nuovo (extrême-droite) par Giorgio Pisanò en juin 1982, l'un des membres de la Commission d'enquête sur la P2, pour expliquer que la liste retrouvée commençait le décompte à partir du numéro 1600, intitulé au Général Donato Lo Prete (chef d'État-Major, responsable de la nomination du Général Raffaele Giudice sur proposition de Giulio Andreotti, le véritable fondateur de la P2 avec Eugenio Cefis, selon différentes sources..., Lo Prete et Giudice furent compromis dans le scandale des pétroles, une affaire de crontrebande à 2500 milliards de lires dans les années 80).


Et Pisanò de s'interroger : - que sont devenus les 1 599 premiers ?

Selon lui, d'après le récit que lui fait le général Ennio Battelli, grand maître de la maçonnerie, après la découverte et la publication de la liste des piduistes, de nombreux autres lui ont demandé de "régulariser" leur position vite fait, en les inscrivant "officiellement" à une loge quelconque, pour pouvoir se disculper au cas où leur nom serait apparu par la suite. Or naturellement il n'y avait rien dans les archives du Grand Orient d'Italie pour "prouver" leur inscription : ni demande, ni serment, ni versements, etc. Battelli a donc mis nombre de ces frères "en sommeil", en mentionnant uniquement sur les fiches correspondantes : « M.G.M : Mémoire du Grand Maître », mais sans loge de provenance.

Or la Commission parlementaire sur la P2 a vérifié environ 1500 de ces fiches, datées après le 17 mars 1981, jour où la liste a été saisie. Je n'ai pas encore réussi à comprendre si une liste existe des illustres piduistes manquants à l'appel, mais traduit en chiffres (en se basant sur les pourcentages mentionnés plus haut), à ma connaissance cela veut dire que n’ont jamais été identifiés comme appartenant à la P2 entre 300 et 350 militaires et membres des forces de l’ordre, outre une bonne centaine de politiques et presque autant de dirigeants ministériels, environ 150 personnes entre banquiers et industriels, 150 autres entre experts-comptables, avocats et journalistes, 120 entre médecins et professeurs universitaires, une autre centaine entre entrepreneurs, dirigeants de PMI et professions libérales diverses, sans oublier une trentaine de juges, une vingtaine de notaires et environ 300 ou 400 autres membres aux activités variées, appartenant à des sociétés publiques et privées, au monde diplomatique, associatif, syndical, de l’édition et des médias (presse et télé), de la santé, de l’enseignement, des transports, de l’assurance, de l’hôtellerie, du commerce, architectes et analystes financiers, etc. etc.

Le gratin du gratin, quoi… Dont on retrouve aujourd'hui encore certains des noms de la liste au centre d'intrigues nationales et internationales qui pourrissent la vie de ce pays, il n'est que de lire le dernier opus d'Edoardo Montolli, Il caso Genchi, pour s'en convaincre.

Car il est évident que ces pouvoirs occultes n'ont jamais cessé d'étendre leurs métastases malignes sur l'ensemble de la société italienne, on peut très bien les suivre à la trace au fil des ans et des décennies, sans interruption des années 70 (et même avant) à nos jours (voir ici, ou , par exemple)...

Et comme le disent avec courage Gioacchino Genchi et Luigi De Magistris, la nouvelle P2 opère aujourd'hui encore, à 90 ans passés Gelli est plus que jamais actif, avec des implications qu'il serait trop long de détailler ici.

Une citation suffira, de l'un des protagonistes de cette nouvelle affaire (16 juin 2007) :
Je veux créer une force qui, sous des objectifs humanitaires, deviendra aussi une force économique et, surtout, politique... Politique dans le vrai sens du terme.

(...)

On peut compter sur des notaires, sur les meilleurs avocats, des députés, des sénateurs et des parlementaires, et même sur un vice-ministre de l'intérieur.
Dont le nom est largement cité dans le livre de Genchi.

Des ramifications qui nous amènent jusqu'à l'affaire Hiram (qui a dévoilé la façon dont cette bande de corrompus réussissaient à ajuster les procès jusqu'en Cassation !) et, indirectement, jusqu'à ... Marcello Dell'Utri, l'éminence noire de Berlusconi, encore et toujours !

Au vu de ce cancer généralisé, vous comprenez pourquoi l'aspirant dictateur Silvio Berlusconi est extrêmement dangereux (voici plus de 15 ans que son programme politique calque et dépasse même le "plan de renaissance démocratique" voulu par Gelli en 1976), et j'espère que les italiens réussiront à s'en débarrasser uniquement grâce à la force de leur vote citoyen, mais en tout état de cause les gouvernements démocratiques et les sociétés civiles concernées par la démocratie en Europe devraient se faire entendre. Haut et clair. Comme le disait récemment un magistrat italien, si ce n'est pas maintenant, quand !?

On a vu ce que ça a donné de laisser faire deux fous furieux comme Hitler et Mussolini, or les enseignements de l'histoire ont-ils jamais servi à quelque chose ?

J'aborderai une autre fois les thèmes 2. Environnement et 3. Justice, mais laissez-moi conclure sur ceci : dans la liste de la P2, un seul piduiste a été expulsé par Gelli au motif d'indignité : Giancarlo Elia Valori. C'est lui qui serait aujourd'hui à la tête de cette nouvelle P2, selon Luigi De Magistris (dessaisi de ses enquêtes et contraint de quitter la magistrature, de même que les magistrats qui ont eu le tort de lui donner raison). Pratiquement toute la troisième partie du livre d'Edoardo Montolli, Il caso Genchi, parle de lui (soit près de 200 pages !)...


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