mercredi 4 août 2010

Baromètre Verisign et IDN


Je suis tellement plongé dans l'Italie que je ne vois plus rien de ce qui se passe autour, mais revenons un instant à nos premières amours, les noms de domaine. Et les IDN, dont je parlais sur ce blog dès janvier 2006...

En tentant une comparaison sur deux ans, du deuxième trimestre 2008 au deuxième trimestre 2010.

J'arrondis les chiffres, bien sûr, mais sur l'ensemble des domaines enregistrés que compte Verisign (84 millions fin juin 2008 vs. 99,3 millions fin juin 2010), la proportion est d'environ 87% de .COM et 13% de .NET, soit 76 millions de .COM en fin de premier semestre 2008, contre 86 millions sur la période équivalente de 2010.

Autrement dit, nous avons un solde positif de 10 millions de nouveaux .COM enregistrés sur deux ans, soit 5 millions par an, presque 14 000 par jour !

Une donnée qui semble démentir la supposée "stagnation" des .COM au motif qu'il y en aurait de moins en moins de disponibles, tout au moins les domaines jugés intéressants. À savoir les noms génériques signifiants, comme les principaux substantifs, adjectifs et verbes d'une langue.

En fait c'est pas très difficile à vérifier, il suffit de prendre le dictionnaire complet d'une langue (on les trouve tous en .txt sur Internet, les hackers aiment beaucoup ça pour forcer les mots de passe...), on le croise avec la base des .COM à un instant donné, et il en résulte quels sont les mots pris et ceux qui restent disponibles à l'enregistrement.

Mais il est clair que plus un mot clé vraiment intéressant n'est aujourd'hui disponible, d'où la nécessité d'allonger la sauce en intégrant deux ou trois mots clés dans le nom de domaine.

Ceci dit, tous ces domaines ne correspondent pas vraiment à des sites, puisque sur l'ensemble, un gros 20% sont probablement des parkings (une seule page Web), un gros 10% sont soit des redirections, soit des noms inactifs, juste déposés dans l’attente de jours meilleurs, et environ 65% sont des sites Web actifs, multipages (.COM et .NET confondus) : ils étaient 56,3 millions en juin 2008, contre 63,6 millions en juin 2010, soit un différentiel de +7,3 millions de sites Web actifs en 2 ans.


Autant dire qu'il se crée en .COM et en .NET 10 000 nouveaux sites/jour, soit environ 300 000 par mois !

Or si l’on compare ce chiffre à la moyenne de 2,7 millions de noms mensuellement enregistrés en .COM et en .NET sur le premier trimestre 2010, cela reviendrait à dire que seuls 11% de ces enregistrements se transforment en site !

Et en arrondissant à 1 million le nombre de sites créés sur le trimestre, vs. 8,1 millions de noms enregistés, cela signifie que 7 millions de noms ne correspondent à aucun site : un rapport de 1 à 7 !

Où vont finir ces 7 millions de noms de domaine ? Il est probable qu'une grande partie servent au parking, mais depuis la fin du domain tasting un tel chiffre ne s'explique pas, surtout si on conjugue ce facteur avec le déclin inarrêtable du modèle économique du parking et des revenus associés qui s'essoufflent.

Un constat partagé par Mark McLaughlin, Président & CEO de VeriSign, selon qui tout ça est mort et enterré : domain parking is a dead thing”, “PPC is a dead thing...

Ceci dit je n'ai pas la réponse à ma question : - Où vont finir ces 7 millions de noms de domaine ?

À part dans l'escarcelle de Verisign, qui a perçu jusqu'au 30 juin 6,86$ par .COM et 4,23$ par .NET (des tarifs respectivement passés à 7,34$ et 4,65$ à partir du 1er juillet dernier). Mark McLaughlin a donc de quoi être satisfait, même s'il voit déjà d'autres opportunités de développement avec les nouvelles extensions et avec les IDN :
The second thing is we have growth opportunities right around that infrastructure related to like the new gTLDs I just discussed, both the new gTLDs themselves plus the internationalized version of the TLDs we run today. And if you take into account everything I’ve been saying about international growing very nicely, we think that there’s some growth opportunities around the non-English versions of the TLDs we run.
De quoi s'agit-il exactement ? Dans un nom de domaine, à droite du "." vous avez les extensions de premier niveau (COM, NET, ORG, etc.), et à gauche du point celles de deuxième niveau (le domaine proprement dit).

Pour l'instant les IDN ne pouvaient être enregistrés que sur les deuxièmes niveaux, mais depuis que l'ICANN a décidé d'ouvrir aussi les premiers niveaux à l'internationalisation, quatre premières extensions sont déjà disponibles et opérationnelles : امارات. السعودية. .рф مصر.

• Émirats Arabes Unis : امارات.

• Arabie Saoudite : السعودية.

• Fédération de Russie : .рф

• Égypte : مصر.

Or le pari de Verisign, c'est que les internautes qui ont déjà enregistré des IDN en .COM et en .NET pourraient devenir prioritaires pour enregistrer ces mêmes noms dans les extensions correspondantes.

Exemple : prenez un IDN russe en .COM, Verisign pourrait passer directement un accord avec le Registry de la Fédération de Russie pour réserver ce même nom en .рф et le proposer en priorité au détenteur du .COM équivalent !

Selon Chuck Gomes, un des Vice-Présidents de VeriSign, même si rien n'est encore définitivement fixé et qu'il est trop tôt pour quantifier ces noms, le Registry pourrait tenter de profiter de son droit de préemption sur le renouvellement d'un nom pour réserver un nombre significatif de noms intéressants :
“We can’t predict what ICANN will do in terms of the application process,” but “I can say that the business unit is considering applying for ‘several’ IDN versions of .com in some of the scripts that are available.”
Pour autant j'ai quelques doutes sur cette "opportunité de croissance" pour Verisign, d'autant plus que le nombre d'IDN en .COM est plutôt exigu, avec un taux d'enregistrement qui stagne autour de 0,8/0,9% du total :
  • 709 126 IDN en juin 2008 (mesure effectuée le 19/06/2008), soit en arrondissant : 710000 sur 76 millions de .COM = 0,93421 %
  • 782 421 IDN le 02/08/2010, soit uniquement 0,79165 % des .COM enregistrés
Soit un différentiel de 73 295 noms, c'est-à-dire environ 10% de progression en 2 ans !

Je n'ai pas encore pu calculer la proportion d'IDN français enregistrés par rapport au total, car dans la base des .COM ils sont encodés en Punycode et l'outil de Verisign ne les convertit que un par un... Il me faudrait donc un outil de conversion automatique pour convertir les actuels 780 mille IDN et des poussières, puis les matcher avec le dictionnaire français. Si vous en connaissez un, faites-moi signe...



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2 commentaires:

Ruben a dit…

Cela fait plaisir de te lire à nouveau à propos des noms de domaine. Non pas que je ne m'intéresse pas à l'Italie mais mon agrégateur ne prenait que les articles sur les DN.

david chelly a dit…

salut,
pour les outils verisign, je te recommande d'envoyer un email à Samantha. Je n'ai plus ses coordonnées mais elle est très demandeuse de contact avec les utilisateurs, plutôt qu'avec les registrars. Leurs outils sont souvent puissants, et je trouve par exemple leur récent domain view http://www.verisigninc.com/domainview
excellent