Sur les deux dernières décennies, je peux diviser mon activité de blogging en deux grandes ères, avant et après 2025 :
- 2005-2010 : 728 billets publiés sur Adscriptor (soit une moyenne de plus de 10 billets/mois, un tous les trois jours pendant 6 ans !)
- 2008-2018 : Straniero, mon blog italien
- 2011-2024 : 191 billets sur Adscriptor (117) et Translation 2.0 (74) (soit une moyenne à peine inférieure à 14 par an, tout juste un peu plus d’un par mois)
- 2025 : plus de 60 billets répartis sur mes différents blogs à ce jour (début octobre)
- Présence / Web / Internet
- Médias / Réseaux sociaux / Information
- Propagande / Politique / Démocratie
- Italie / Mafia / Straniero
- Écriture / Contenu / Poésie
- Traduction / Translation 2.0 / Federico Pucci
Internet n'est pas uniquement un catalyseur de tous les autres médias, c'est également un média à part entière, un orchestrateur d'une notion qui m'est chère, celle de « palimptextes » :
- L'Internet aujourd'hui : de l'hypertexte au palimptexte (19 septembre 2006)
- Palimptexte : une tentative de définition (23 septembre 2006)
- Welcome to the Word Century (3 juillet 2011)
- Le palimptexte terminologique (2 avril 2016)
- Palimptextes poétiques (10 février 2023)
Je n’ai pas la moindre idée d'où me mènera cette aventure, mais comme disent les Chinois, même un voyage de milliers de kilomètres commence par le premier pas...
Je m’appelle Jean-Marie Le Ray, français, né à Bordeaux en 1957, en Italie depuis 82 et à Rome depuis 85. Je n’écris presque jamais en italien dans le but de préserver au maximum ma langue, et je suis déjà un blogueur actif sur le Web francophone.
Cependant, puisqu’il se passe en Italie des choses que je subis, comme des millions d’autres italiens, j’ai de plus en plus l'envie d’exprimer mon opinion. Ça pourra toujours servir...
Et qu'importe si ce n'était d'aucune utilité à autrui, cela nous serait au moins profitable, à ma femme, moi et notre fils, Paolo Bernard, qui est trop petit pour parler (il aura 7 ans le mois prochain). Car vu toutes les saloperies qui caractérisent aujourd’hui la politique italienne, il est certain qu’il en paiera les conséquences en grandissant, si personne ne s’oppose aux brimades quotidiennes de celles et ceux qui nous gouvernent.
Mal, et en ne pensant qu’à leur cul (idiotisme…). Pour le dire clairement, je crois que l’entrée de Berlusconi en politique en 94 marque la fin de la démocratie. Pas tant d’une certaine idée de la démocratie, mais de la démocratie tout court. Et pas seulement en Italie.
On verra si je parviendrai à développer de manière accomplie et cohérente la perception que j’ai...
- « Écrire un poème pour exprimer l’amourL’attente ou le silence, ou l’absence ou l’enfanceLe mal de mon pays, étranger à ma FranceTerre que j’avais abandonnée pour toujours
Du moins l’avais-je cru, renfermé dans ma gangueDe peine et solitude mêlées aux douleursPour cacher au monde ma tristesse et mes pleursTrop heureux d’inventer ma patrie dans ma langue
Belle ancre de salut pour échapper aux mauxDe l’existence à travers l’encre bleue des motsEn joignant le sens à la parole donnée
En cohérence avec l’âme, le cœur et l’espritPour raconter passé, présent et destinéeConfiés au poète et à son message écrit ! »
Beauvais, 1er octobre 2023
Huit ans plus tard. Avril 2025. Après avoir totalement ignoré le phénomène ChatGPT (arrivé en novembre 2022) pendant deux ans et demi, juste en raison d’idées préconçues erronées, je découvre enfin l’« artefact conversationnel », tel que je le dénomme.
- IA / IQ / Article académique
Après des mois où des amis, des collègues et autres connaissances m'ont incité à explorer les intelligences artificielles disponibles gratuitement sur le Web, et après mes refus répétés (je ne supportais pas l'idée qu'un "robot" puisse écrire - ou traduire - à ma place), j'ai fini par céder : au mois d'avril 2025, ça se voit aux dates de mes premiers billets. Et j'avoue que j'ai été bluffé par la pertinence des réponses, d'une manière générale, mais surtout par la puissance en arrière-plan et par les implications en résultant, réelles et potentielles, actuelles et futures.Je ne laisse toujours pas les "robots" écrire à ma place, mais j'ai décidé de me lancer dans cette série de billets pour tenter une analyse, modeste, à mon niveau d'utilisateur lambda, de ce que je nomme respectivement la troisième révolution civilisationnelle (l'intelligence artificielle), et la quatrième révolution civilisationnelle (l'informatique quantique), réunion de la partie logicielle (l'IA, le cerveau) et de la partie matérielle (l'IQ, le corps) !J'ignore où tout cela nous portera, mais c'est phénoménal, fantastique, étonnant, extraordinaire, inouï, prodigieux, sensationnel, énorme, faramineux, fabuleux, formidable, incroyable, effarant, gigantesque, stupéfiant, surprenant, colossal, monstrueux, invraisemblable, inimaginable, monumental, époustouflant, unique, sans pareil, hors de pair, homérique, écrasant...
Dialogue, donc. Encore et toujours. Je dois apprendre à me familiariser avec cette Intelligence Artefactuelle (IA :-). Je pose des questions, je vois ses ripostes s'afficher sur le prompt (...), j'itère, elle réplique, je réitère, et ainsi de suite. Elle a réponses à tout. Fournit toujours des propositions intéressantes. Parfois fausses, mais intéressantes. À moi de recouper les infos, de fouiller les sources, de chercher à comprendre, de demander des explications, et d'autres explications, puis d'autres encore...
Mais revenons-en à Pucci. Depuis huit ans, je lui ai consacré plus d'une trentaines de billets longs et détaillés, en trois langues, sans aucun résultat tangible, pas la moindre légitimation. J'enrage. Federico Pucci est LE précurseur de la traduction automatique, c'est prouvé, noir sur blanc. Et pourtant, aucune reconnaissance, totalement ignoré de son vivant autant qu'après sa mort, il y a déjà plus d'un demi-siècle. Aucun chercheur n'a daigné se pencher sur son histoire, tenté d'en savoir plus, fait montre d'un minimum de curiosité.
La bascule va se dérouler en deux jours ! Le 25 juillet 2025, je saisis ChatGPT avec le prompt suivant :
2029 marquera le centième anniversaire de la vision conceptuelle pionnière de Federico Pucci dans la traduction automatique. Or il est encore totalement méconnu et ignoré. Rédige un plan programmatique détaillé des actions à entreprendre pour amener à la reconnaissance du rôle précurseur de Federico Pucci dans la TA. Quel type de contenus créer ? Dans quelles langues ? Pour quels supports ? Avec quelle fréquence ? Quel type d’événementiel ? Quels sont les contenus susceptibles d’avoir la portée la plus large ? Comment devenir une autorité pour les IA qui devront répondre à des questions sur Pucci ?
Je vous passe le détail des recettes proposées, sauf la première étape du plan : rédiger un article académique à publier dans une revue de premier plan et sur un site faisant autorité !
Après la censure de Wikipédia, il n'est pas simple de s'attaquer à la rédaction d'un article académique, chose dont je n'ai pas la moindre expérience, par où commencer ? Pour réfléchir au plan de mon article, je commence donc à interagir intensément avec ChatGPT et Grok (les deux IA que j'utilise de préférence, Claude arrivant en troisième position), déjà pour comprendre ce qu'est exactement un "article académique". En gros :
Article académique (ou scientifique) : texte de recherche dont l’objectif est d’apporter une contribution originale, vérifiable et située à un champ disciplinaire. Il s’appuie sur des méthodes explicites, des données/résultats présentés avec rigueur, et une discussion qui les replace dans l’état de l’art, le tout référencé, etc.
Franchement, après ma trentaine d'articles déjà publiés, je ne sais plus trop quoi dire que je n'aie déjà dit. C'est là où l'interaction avec les IA va porter ses fruits ! À force de poser des questions sur Pucci dans tous les sens, le 26 juillet Grok formule la critique suivante :
Without access to Pucci’s actual charts (e.g., page 36 of his book) or a complete “book-machine” prototype, key details about ideogram mappings, rule application, and chart structure are speculative. This lack of documentation complicates implementation...
Je comprends alors que je dois alimenter l'IA avec le matériel source de Pucci, déjà numérisé. Dont acte. Je charge toute la méthode, les tableaux de clés et d'idéogrammes, les règles, etc., et je demande à l'IA nourrie à la méthode Pucci de traduire l'un des deux extraits de texte qu'il a déjà traduits en 1931. Il est environ deux heures du matin, et j'éprouve l'une des plus grosses surprises de ma vie : ça marche ! Pour vérifier, je fais traduire l'extrait par la même IA sans qu'elle intègre la méthode Pucci, et le résultat est très différent. Je tiens enfin le matériau brut de mon article...
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L'IA fait revivre une méthode inventée de toutes pièces il y a près d'un siècle ! Non seulement c'est étonnant, mais je ne crois pas qu'à ce jour une autre expérience de cette nature existe. En outre, il est évident que si ça marche pour Pucci, ça devrait le faire aussi pour d'autres, dans tous les domaines. Afin que l’IA puisse "réactiver" des méthodes historiques, il suffirait qu'elles soient bien documentées et structurées, ce qui représente un apport majeur pour l’archéologie des techniques...
En général, le temps garde les objets (exemple de la machine d'Artsrouni, visible à Paris, au Musée des Arts et Métiers), plus rarement les méthodes, les processus immatériels. Or la technique ne se réduit jamais à l'objet seul : l'intelligence humaine est dans le processus, pas dans le produit. Avec Pucci, nous avons l'ensemble de la méthode, de A à Z, imprimée et conservée dans son ouvrage de 1931, ce qui va permettre d'orchestrer la partition et de la rejouer avec de nouveaux instruments : les grands modèles de langage !
J'ai donc passé tout le mois d'août à rédiger la version anglaise de mon article. Je tiens ici à remercier le Dr Pinzhen "Patrick" Chen, qui a très gentiment parrainé ma publication sur arXiv. Précisons que sans l'IA je n'aurais pas pu rédiger seul un tel document en anglais. Mais la réciproque est tout aussi vraie : sans moi, l'IA seule n'aurait jamais su ni pu rédiger ce document dans une langue quelconque !
J'ai travaillé ensuite tout le mois de septembre sur la traduction-adaptation française de mon article, qui a presque doublé de volume par rapport à l'anglais. Pour autant, ce n'est pas seulement une version plus longue : elle élargit le cadre (neuro-symbolique, explicabilité, traçabilité), permet de mieux opérationnaliser la réplication (prompts/procédures), affine l’argument "métriques", pédagogise (glossaire, rappels) et contextualise l’article dans l’écosystème des sciences ouvertes en ajoutant des éléments pratiques de diffusion et de citation.
J'aurais d'ailleurs souhaité publier sur HAL, qui a laissé mon dépôt mariner un mois en modération avant de refuser au motif suivant : « HAL n’accepte que les dépôts effectués par des chercheurs (au moins doctorants) affiliés à une structure de recherche reconnue et/ou bien par des auteurs ayant déjà publié dans une revue à comité de lecture. »
« Nous ne vous demandons pas de détails supplémentaires concernant le contenu de votre document, mais uniquement des précisions sur votre statut de chercheur » : rassurant de voir que ce n'est pas le contenu qui compte, toujours la forme devant le fond, cette manie bien française...
Conclusion : si je suis pas ceci ou cela, je ne peux pas être chercheur ! Comme si nos bonnes vieilles institutions en étaient restées au XXe siècle, voire au XIXe...
Heureusement que le "Deuxième Plan national pour la science ouverte" indique, entre autres, la possibilité de "simplifier le dépôt dans HAL pour les chercheurs qui publient sur d’autres plateformes en accès ouvert dans le monde" (ce qui est déjà mon cas avec la publication sur arXiv). Mais bon, la date de péremption étant 2024, on comprend mieux le refus. L'axe 1 de ce plan prévoit pourtant de "généraliser l’accès ouvert aux publications", et notamment de "favoriser le multilinguisme et la circulation des savoirs scientifiques par la traduction des publications des chercheurs français", tel qu'indiqué sur le site.
Dorénavant, puisque je ne suis pas chercheur, je vais m'employer à le devenir...