vendredi 27 juillet 2007

Rendez-vous avec Tariq Krim

Rendez-vous avec Tariq Krim

Modèle économique de Netvibes =
Univers + Widgets

Bien, maintenant que me voici de retour depuis 5 jours, et 9 jours après avoir rencontré Tariq Krim et Frank Mahon au Starbucks du coin (qui leur sert de quartier général alternatif), je crois avoir suffisamment digéré les différents éléments pour commettre ce billet, dont la ligne directrice (toujours la même sur Adscriptor, autant que faire se peut, mais cette fois je préfère insister) se résume en un mot : objectivité. Ça veut dire que je ne me suis pas jeté sur le clavier à peine rentré pour écrire n'importe quoi, mais que j'ai essayé d'assimiler et de déchiffrer le message du patron de Netvibes.

Genèse de cette discussion à bâtons rompus

Suite à un précédent billet, dans lequel j'estimais qu'après le départ de Pierre Chappaz, Netvibes souffrait d'un déficit de communication, j'ai suivi les discussions sur la blogosphère française, et suis resté frappé par le commentaire (n° 9) d'Emmanuel Parody, reprochant à Thierry Bézier de « n'avoir pas interrogé Tariq, Pierre, Marc ou Freddy directement ».

Des mots qui ont fait tilt, car avant d'écrire mon seul billet consacré à Netvibes jusqu'alors, mon premier réflexe avait été d'interviewer Tariq Krim, option à laquelle j'avais renoncé en ne croyant pas pouvoir le contacter personnellement. Je me suis donc entêté et j'ai fini par obtenir son courriel. Dont acte :
Bonjour Tariq,
Le but de ce message va peut-être vous surprendre, mais dans le sillage d'un billet que j'ai écrit sur la façon dont l'internaute lambda tel que moi perçoit la situation, j'aimerais vous poser quelques questions sous forme d'une interview publiable sur mon blog, avec votre accord, c'est clair.
J'imagine que vous êtes débordé, mais bon, qui tente rien n'a rien !
Merci d'avance, et bonne continuation quoi qu'il en soit.
Cordialement,
J'ai expédié ça tel quel le 6 juillet, sans trop me faire d'illusions, et quelle n'a pas été ma surprise de recevoir, le même jour, une demande de contact de Tariq Krim sur ma messagerie Skype !

C'est ainsi que nous avons eu un premier échange assez long, lui à San Francisco et moi à Rome (les merveilles d'Internet...), dans lequel il m'a dit qu'il rejetait le principe de l'interview, ayant déjà "tout dit" à Jérôme Bouteiller, mais acceptait de me parler, dès son retour en France, du "business model de Netvibes", sur lequel il me trouvait "un peu sceptique". Or vu que mon voyage à Paris était programmé du 12 au 23, je lui ai demandé si je pouvais le rencontrer, et il a accepté. Rendez-vous fut fixé le mercredi 18 dans l'après-midi. [Début]

Ma rencontre avec Tariq et Franck

D'abord, la chose qui ma frappé, c'est leur tranquillité. Elle n'était pas feinte, et j'ai vu deux personnes sereines, pas du tout stressées, qui ont répondu sans problème à mes questions. Je n'ai pas pris de notes, car j'aime bien conserver intacte l'impression que je garde des choses qui comptent dans une conversation. Les trois points que je retiens des déclarations de Tariq sont les suivants :
  1. Netvibes n'a pas encore deux ans, durant lesquels nous avons déjà bâti un succès considérable en termes de popularité et de services, qu'on nous laisse donc travailler en paix à la poursuite de nos objectifs futurs, les résultats viendront
  2. Modèle économique I : les Univers
  3. Modèle économique II : les Widgets
Vu que je partage évidemment le point 1, sur lequel je ne vois vraiment rien à redire, mon analyse va se concentrer sur les deux principaux éléments qui sont au cœur du modèle économique de Netvibes selon Tariq Krim, les Univers et les Widgets. [Début]

I. Les Univers

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, voici les explications de Hubert Michaux :


Netvibes1
envoyé par youvox

En fait, des médias TV, des journaux, des investisseurs, des acteurs culturels, des personnalités, des sites webs, etc., payent pour créer et disposer de leur Univers Netvibes, une société classée par Time parmi les 50 meilleurs sites Web 2007, avec un effet d'attraction évident. Imaginez le potentiel d'entraînement de chanteurs tels que Beyonce, Jamiroquai ou Moby sur les jeunes... Imaginez aussi l'arrivée possible des marques et de leur puissance de feu...

Par ailleurs, avec en tête la déclaration de Tariq sur les marques blanches (En conséquence je ne partageais pas l'urgence de compromettre notre stratégie produit en offrant des services de marques blanches), je lui ai demandé si l'accès aux univers allait être étendu à tous les internautes. À quoi il a répondu que c'était effectivement prévu, le temps de trouver des modèles de contrat et de tarification ciblés et adaptés aux différentes exigences.

Pas d'échéance temporelle précise, juste un "oui" à ma question : « Est-ce que ces modèles seront prêts d'ici un an ? ». Ce qui laisse quand même le temps de voir venir... [Début]

II. Les Widgets

Nous voici à la partie la plus délicate ! Car si je crois saisir la logique des Univers, l'aspect Widgets reste pour moi beaucoup plus obscur. En effet, lorsque j'ai fait observer à Tariq qu'il faudrait au moins des millions de widgets pour rentabiliser un service comme Netvibes, il m'a répondu "non, pas des millions, mais des milliards".

J'avoue que je ne comprends pas cette réponse. Actuellement les modules développés sont au plus quelques milliers, que ce soit les widgets de Yahoo, les gadgets de Google, les API de Facebook (avec les problèmes de sécurité connexes), les extensions de Firefox et autres mashups en tous genres, par conséquent quelle est la proportion entre quelques dizaines de milliers de widgets d'un côté (l'existant, en étant large) et les milliards annoncés par Tariq pour monétiser Netvibes ? Comment interpréter cette réponse, qui me laisse songeur ? J'avoue que je n'en sais trop rien. En effet, je ne crois pas que les widgets puissent être créés autrement que par des développeurs, et que je sache, il n'y en a pas des milliards.

Ou alors cela reviendrait à dire que Netvibes prendrait des royalties à chaque affichage d'un widget (seul moyen réaliste de parvenir à des "milliards"), un peu comme feues les bannières ou les impressions au coût par mille (CPM), un retour en arrière en quelque sorte...

Il y a quelque chose qui m'échappe et, pour tout dire, j'aimerais bien qu'on m'explique ce widget marketing (via Synodiance) à la sauce Netvibes. J'ai même demandé à Franck Poisson de m'illustrer un concept qu'il doit bien connaître et maîtriser, mais il ne m'a pas répondu. Alors voilà, si quelqu'un a une réponse plausible à cette question : comment générer des milliards de widgets pour rentabiliser Netvibes ?, je suis tout ouïe.

En conclusion, merci à Tariq Krim de m'avoir rencontré, je pense avoir interprété correctement ses déclarations. Si ce n'était pas le cas, je m'en excuse, mais ce qui précède est très exactement ce que j'ai compris, ou pas...

So, now, WidgUp Netvibes !

[MàJ - 29 juillet 2007] Cette histoire des widgets m'empêchant de dormir (j'ai horreur de ne pas comprendre les choses), j'ai poursuivi mes investigations et crois tenir un début de réponse. Dans un commentaire au billet de Michael Arrington sur Facebook, qui aborde notamment le succès du modèle économique mis en place par RockYou, Rogelio Choy, Vice-Président Biz Dev de Rockyou, fait le commentaire suivant :
Simply put, we have an installed base of 23MM apps on Facebook growing at 500K new installs a day. We have a very high click-through rate on cross-promotion and can deliver between 5K-30K new installs/users per day per app promoted on our network. We’ve been selling this placement for $0.50 CPA and are already oversubscribed.

En bref, nous avons une base installée de 23 millions d'applications sur Facebook avec une croissance de 500 000 nouvelles installations par jour. Nous avons en outre un taux de clics très élevé sur les promotions croisées et pouvons servir entre 5 et 30 000 nouvelles installations/nouveaux utilisateurs par jour et par appli promue sur notre réseau. Nous vendons le CPA à 0,50 $ et sommes déjà surbookés.
Sur son blog, il parle également des widgets Facebook, en déclarant qu'une semaine après la mise en ligne des applis Horoscopes, Slideshows & X-me (le billet est du 1er juin), Rockyou comptait déjà 1,3 million d'installations (We have the top 3 fastest growing and 3 of the top 5 largest apps on Facebook's new f8 platform, with an aggregate 1.3MM embeds for Horoscopes, Slideshows and the new X-me application - just 7 days after going live.) !!!

Voici donc un bon début d'explication. Il n'y a plus qu'à décortiquer le, ou plutôt les business models derrière tout ça, pour l'instant je n'en suis pas capable. Mais je vais continuer à me renseigner, soyez-en sûrs :-) [Début]


P.S. Pour les curieux, voici en téléchargement le texte de l'interview que j'avais préparée lors de mon premier courriel à Tariq (s'il m'avait répondu par l'affirmative, je la lui aurais soumise de suite). [Début]


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3 commentaires:

Unknown a dit…

je lis avec plaisir ce billet suite aux précédents échanges que nous avions pu avoir. merci jean-marie pour tous ces "éclaircissements", même si certains points restent effectivement....obscurs !

Anonyme a dit…

Je suppose que plutot que "milliard" de widgets differents, il s'agit plutot "d'installations" de widgets, non?

Jean-Marie Le Ray a dit…

@ Tom : oui, je l'ai compris depuis ;-)

@ jdo : l'avenir nous apportera sûrement la lumière :-)

J-M