samedi 5 juillet 2008

La tribu de la presse à un tournant

La tribu de la presse à un tournant

Comme l'observe Narvic (c'est moi qui graisse) :
Aujourd'hui, on tire sur les journalistes de toutes parts, et des études montrent assez l'ampleur du malaise : la crédibilité est en miette, la défiance s'est installée. Mais les journalistes eux sont les seuls à ne pas tirer sur les journalistes !

Il serait temps qu'ils s'y mettent ! Il y a beaucoup de choses qui ne vont pas dans le journalisme et chez les journalistes.
Les journalistes me font penser à une tribu, une tribu migrante qui est à un tournant de son existence professionnelle (ce que les traducteurs vivent déjà depuis des années...), plutôt mal négocié pour l'instant. C'est ainsi qu'en lisant Migration Point for the Press Tribe, signé Jay Rosen, je lui ai demandé l'autorisation de traduire son billet, qu'il m'a gentiment accordée. Adaptation libre.
Nous assistons à la période initiale d'une montée en puissance du journalisme semi-professionnel, qui s'accompagne d'un déclin de l'ancien mode de vie de la tribu des journalistes professionnels. Je les nomme "tribu" parce qu'ils partagent une culture et un même sens du destin, et parce qu'ils s'imaginent qu'ils possèdent la presse, qui serait la leur, en quelque sorte, du fait qu'ils en dominent la pratique.

Le premier amendement de la constitution américaine dit à tous les citoyens : vous avez le droit de publier ce que vous savez, de dire ce que vous pensez. Or hier ce droit n'était exercé que de façon fort abstraite, alors qu'il s'exerce aujourd'hui concrètement, depuis que la population dans son ensemble se partage le pouvoir de publier. Les projets qui amènent les gens à exercer leur droit pour une presse libre renforcent la presse, que ces projets renforcent ou non les journalistes de profession qui ont mainmise sur la presse.

La tribu de la presse professionnelle traverse une condition dramatique, où il en va de sa survie. Ces dernières années, elle a commencé à réaliser qu'elle ne pouvait plus vivre des rentes héritées d'une situation où les journalistes étaient les pourvoyeurs industriels d'infos
one-to-many, capables de dicter le consensus.

Le terrain sur lequel ont vécu les gens dans les salles de rédaction - qui était également leur modèle économique - ne suffit plus pour rémunérer leur travail, d'où le tournant qu'ils doivent prendre, en dépit de leur réticence : et pour continuer, pour maintenir la presse professionnelle sur sa voie, la tribu de l'info devra migrer, traverser la fracture numérique et se réinstaller sur de nouvelles terres, un nouveau sol, ou, comme nous l'appelons parfois : une nouvelle plateforme.

Toute migration, que les américains idéalisent facilement, est un traumatisme pour la communauté. Il est difficile de tout quitter et d'abandonner des contrées familières. Certains membres de la tribu de l'info ne veulent pas partir : les bilieux des rédactions, un groupe réactionnaire. D'autres préfèrent nier la situation, d'autres encore s'éloigner discrètement du journalisme. Beaucoup sont éjectés vu la régression des conditions contractuelles et économiques de la tribu. Quelques-uns enfin admettent que c'est la panique.

Donc à l'instar des migrants réticents partout dans le monde, les membres de la tribu de la presse doivent décider ce qu'il leur faut prendre avec eux. Quand partir. Où aller. Ils doivent choisir ce qui est essentiel à leur mode de vie, déterminer quelles sont les choses adaptées à l'ancien monde qui sont désormais inutiles, voire handicapantes dans le nouveau ; et se demander s'ils peuvent emmener avec eux ce qu'ils savent. Maintenant, que sera la vie dans l'océan numérique reste bien sûr une inconnue pour tout migrant, et génère un sentiment de crise immédiat pour les anciens de la tribu, qui ont toujours su comment vivre auparavant.

C'est déjà assez dur comme ça. Même si cela le sera encore davantage - ainsi qu'un défi toujours plus grand à relever pour la sagesse politique de la tribu - vu que le terrain sur lequel la presse devra se reconstruire est déjà occupé par des gens comme Jane Hamsher, Roger L. Simon, Arianna Huffington et Glenn Reynolds, qui eux sont occupés à construire une espèce de civilisation alternative aux infos et aux commentaires professionnalisés, ce qui ne les empêche pas de faire usage de la presse à l'ancienne et de l'industrie sous-jacente.

L'une des questions face à laquelle les journalistes sont de plus en plus perplexes aujourd'hui, c'est quoi faire des pros installés et de leurs vieilles habitudes, et comment se positionner vis-à-vis d'eux.

Dans l'actuelle fracture numérique, les conditions d'exercice du journalisme ne sont plus du tout les mêmes. Laissez-moi vous citer quelques faits marquants. La communication est bidirectionnelle,
many-to-many. Le partage horizontal de l'info est devenu aussi important que le modèle top-down de sa diffusion. Les lecteurs sont devenus rédacteurs, et les gens qu'on qualifiait hier d'audience sont aujourd'hui des producteurs de contenu, des experts qui partagent leurs opinions et des consommateurs autonomes.

Il y a une chose que la tribu de l'info n'a pas compris en 1996, lorsqu'elle s'est retrouvée en ligne, en considérant le Web comme un bon moyen de reconditionner son contenu, pris tel quel à l'ancienne plateforme ; or même si le Web peut permettre cela, l'idée de reconditionner le contenu informationnel a un coût intellectuel énorme. Cela n'a pas aidé la tribu à bien appréhender sur quel terrain elle devait reconstruire, mais a permis à la presse de retarder la date de sa migration.

De nos jours, la presse est un territoire partagé, avec des zones pro et des zones amateur, une délimitation appropriée puisque la liberté de la presse elle-même est un territoire partagé, qui appartient autant aux amateurs qu'aux pros. En ligne, les deux zones sont connectées et ont un débit commun (voir un exemple ici). Cela fonctionne toujours sur un mode vertical : de la presse vers le public. Mais ça marche aussi horizontalement : de pair à pair. Avec une partie en système fermé — les systèmes fermés étant bons pour contrôler les choix éditoriaux —, et une partie en système ouvert.

Les systèmes ouverts, en revanche, sont bons pour participer, former la communauté et identifier l'intelligence où qu'elle se trouve sur le réseau. Ils sont bons pour partager et pour faire émerger le bon contenu. Mais ces deux systèmes éditoriaux ne fonctionnent pas de la même façon. L'un ne remplace pas l'autre. Ils ne sont pas ennemis pour autant. Nous avons donc besoin de mieux comprendre comment ils peuvent travailler ensemble.

C'est de là que vient l'idée d'un journalisme pro-am. Je pense que les formes hybrides seront les meilleures - l'ouverture avec ce qu'il faut de contrôle, les amateurs travaillant au côté des pros -, mais cela signifie que nous devrons appréhender comment fonctionnent ces formes mixtes de collaboration. Arianna Huffington, Amanda Michel, Mayhill Fowler, Marc Cooper et moi-même, accompagnés par plus de 3 000 membres abonnés, sommes actuellement plongés dans une tentative de ce genre, OffTheBus.

Arianna et moi voulions unir nos forces pour couvrir les élections américaines, sans idées claires sur la manière de le faire, jusqu'à ce que nous trouvions le nom, OffTheBus. Notre sentiment était que le courant dominant de la presse n'avait réussi jusqu'alors ni à innover ni à s'ouvrir bien loin. Nous voulions donc étendre les pouvoirs de la presse couvrant la campagne présidentielle à celles et ceux qui ne faisaient pas partie du club des pros, aux non-accrédités ayant des convictions et fiers de participer à la vie politique. Ce qu'a fait l'Huffington Post en permettant à des milliers de blogueurs d'écrire dans ses colonnes, en signant avec des milliers de journalistes citoyens pour suivre la campagne.

Notre idée : vous pouvez publier des sujets politiques indépendamment de votre positionnement. Vous n'avez pas besoin d'être dans la zone "presse" pour faire du journalisme sur la campagne présidentielle. Huff Post filtre les meilleurs sujets qui font la une, et, de là, sont injectés dans la conversation nationale. Nous allons ensuite tester un modèle de publication distribuée pour couvrir la campagne.

Dans la course à la narration, nous entreprenons quelque chose de “nouveau”, comme l'a observé Zephyr Teachout pour inaugurer cet événement, quelque chose en dehors des sentiers battus. Ainsi que l'a souligné Clay Shirky, l' “action collective en est facilitée”. En mettant nos idées en pratique, nous avons voulu faire, quelque part, une presse renouvelée.

Au final, je pense qu'il est temps que la presse s'élargisse, ne croyez-vous pas ? Cela signifie que nous devons étendre nos idées sur le sujet. C'est le but de ce billet.
Voilà. Je ne suis qu'un “amateur” mais c'est ma manière de contribuer au débat qui agite en ce moment les esprits sur la crise du journalisme et de la presse en général. Je laisse aux “pros” le soin d'adapter ce billet à la réalité francophone et de trouver les liens qui vont avec.

Sur le modèle de publication distribuée, voir également ici. Personnellement, je pense que ce pourrait être là un excellent laboratoire d'expérimentation pour développer une contribution communautaire “encadrée”.

Laissez-moi enfin vous signaler trois lieux de réflexion essentiels : Narvic, Journalistiques et Média Chroniques. Déjà si vous lisez tous leurs billets et suivez tous leurs liens, vous en saurez ... davantage que moi :-)

Merci encore à Jay Rosen, et si vous souhaitez suivre la campagne présidentielle américaine jusqu'à son terme, voici un lien de choix : OffTheBus !

En France, ne reste plus qu'à savoir qui et quand sera capable de sauter hors du bus...


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P.S. Juste une citation (via ABC Digital Futures) :
Journalists are too often reduced to a cross between call-centre workers and data processors.

Trop souvent le rôle des journalistes se réduit à un croisement entre les tâches d'opérateurs de centres d'appels et celles d'opérateurs de traitement des données.

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6 commentaires:

Anonyme a dit…

Remarquable billet. Merci de cette traduction Jean-Marie.

L'analyse est très largement transposable à la situation française...

Anonyme a dit…

Merci pour ce billet.
Mais ...
Le pouvoir de la presse était le moins démocratique des quatre, le plus facile à acheter sinon le plus vénal et en même temps le plus bavard pour ne pas dire grand'chose.
Rien d'étonnant à ce qu'il périsse le premier : c'est la volonté du consommateur qui a clairement sanctionné par désaffectation.
On ne se moque pas impunément du client payant, on le fait plus facilement quand c'est gratuit (sourire, mais réfléchissez à ce concept).

Je ne vois aucune raison d'embarquer le journalisme indépendant dans cette galère qui coule.

Quant au recyclage envisagé ... je ne vois rien d'autre dans le projet que la récupération sélective de l'opinion publique.
Pour ma part, je trouve cela aussi pathétique que le reste du Web 2.0.
Mais ça peut fonctionner, au moins un temps, et c'est anodin : ça ne changera pas le monde.

Jean-Marie Le Ray a dit…

Szarah,

"je trouve cela aussi pathétique que le reste du Web 2.0"

J'ai souvent des difficultés à cerner ce qu'on pourrait sauver et promouvoir, selon vous, du Web et de l'Internet en général...

Ça ferait une bonne idée de billet : Internet et/ou le Web selon Szarah.

Et n'allez pas croire que je dise ça ironiquement, ce n'est pas le cas.

Jean-Marie

Anonyme a dit…

Je n'en peux plus de lire à tout bout de champs que les journalistes sont les seuls à ne pas se remettre en question...

Sans déconner, vous avez UNE IDEE de comment ça se passe dans un journal ?

D'une part, aux commandes, se trouvent des dinosaures qui n'ont aucune idée sur l'internet et comment en profiter, d'autre part, les moyens d'investissements des journaux sont réduits à zéro...

Et en dessous, y'a nous. Ouais, nous les journalistes. On regarde les météorites tomber et tout ce qu'on peut faire, c'est éviter d'être juste en dessous.

Si c'est la panique pour certains, pour ceux que je connais, ce serait plutôt la déprime. Je trouve que le raccourci qui consiste à rejeter sur eux, les journalistes, la faute du monolithisme ambiant des médias est facile, faux et honteux. Les premières victimes, ce sont eux.

Jean-Marie Le Ray a dit…

Pierre,

Je vous l'accorde, je n'ai absolument aucune idée de comment ça se passe dans un journal.

Par ailleurs, j'imagine assez aisément que lorsque moi ou un autre blogueur parlons des journalistes en général, le mot est assez fourre-tout pour y mettre les différents corps de métier dedans.

C'est sûrement une erreur, on est d'accord.

Ceci dit, le billet sous lequel vous commentez porte dans son intitulé "la tribu de la presse" et j'imagine qu'il ne parle pas QUE des journalistes (je suppose, car je n'en suis pas l'auteur, qui enseigne le journalisme à l'Université de New-York, mais juste le traducteur) (il se peut d'ailleurs que j'ai alterné indifféremment "presse" et "journalistes" pour éviter des répétitions, reportez-vous à l'original si vous souhaitez vérifier), puisqu'il mentionne aussi les "salles de rédaction", la "tribu de l'info", etc.

Ensuite, les quelques échanges que j'ai eu avec des journalistes professionnels n'ont fait que me conforter dans mon opinion d'incompétence, puisque face à deux articles nuls, j'ai eu comme réponses :

1. j'avais pourtant préparé mon sujet ;
2. soit, puisque vous continuez à nier les faits journalistiques...

Personne ne les obligeait pourtant à avouer de façon aussi candide leur manque de professionnalisme.

Il y a enfin un dernier point qui me fait penser que même si vous n'en pouvez plus "de lire à tout bout de champ que les journalistes sont les seuls à ne pas se remettre en question", les choses ne vont pas s'arranger...

Et ce n'est pas moi, pauvre blogueur ignare qui le dit, tout seul dans mon coin, mais nombre de vos confrères qualifiés.

Car vu les orientations qui se profilent, notamment les fameux états généraux de la presse VOULUS par S*** (celui dont on ne prononce plus le nom), et bien on se dit que c'est pas demain la veille que les choses vont s'arranger.

Donc ne vous trompez pas de tribune, et si vous voulez vous faire entendre, allez plutôt gueuler à la face de ceux qui vont vraiment décider de l'avenir d'une presse qui vit d'un héritage remontant au XIXe siècle, que "les premières victimes, ce sont les journalistes".

Sachez enfin, si vous découvrez mon blog, que ceci n'est pas le premier billet que je consacre aux journalistes et à la presse, et que mes billets ne sont en rien des raccourcis, mais expriment seulement un désir forcené de comprendre.

Merci de participer à la discussion.

Jean-Marie Le Ray

P.S. Je n'avais pas lu votre billet, dont je partage à 100% les conclusions. Donc en fait, nous sommes d'accord !

Anonyme a dit…

"J'ai souvent des difficultés à cerner ce qu'on pourrait sauver et promouvoir, selon vous, du Web et de l'Internet en général..."

Il n'y a rien à sauver : le Web se porte bien, on y trouve sans cesse de nouvelles preuves de l'intelligence humaine.
Mais la presse n'est pas le Web. Et c'est heureux.

Avec la presse, on parle d'un secteur qui se porte mal depuis le millénaire dernier, qui non seulement mendie des subsides mais exige la redistribution des gains obtenus par d'autres médias.
Tout ça au nom d'une liberté plurielle qu'elle n'a pas été fichue de préserver (à quelques brillantes exceptions près).

Enfin quoi ? Pour défendre la presse, c'est facile : abonnez-vous aux titres qui vous conviennent !
Amis lecteurs, faites votre examen de conscience et comptez le nombre de vos abonnements (sourire).
Vous me direz "Le papier n'est plus viable, ce n'est plus ainsi qu'on consomme l'information".
Ah d'accord, s'il s'agit de consommer, et gratuitement, le Web s'impose ...

Les abonnements ne suffisent pas.
N'oublions pas que la presse, depuis longtemps, vit de la publicité autant sinon plus que des ventes : combien de magazines spécialisés ne sont-ils en réalité rien d'autre que l'équivalent de sites MFA ?

A présent, il faudrait donc aider la presse à réussir sa migration sur le Web.
C'est oublier que c'est insuffisant pour assurer sa survie, les comptes l'ont montré, et que la presse n'est pas en train de débarquer sur le Web, elle y est depuis longtemps.
Ce n'est pas de migration qu'il s'agit mais de sauvetage.

Alors ? Web 2.0 et participation des internautes, nouveau tremplin ou acharnement thérapeutique ?

Vous n'étiez pas né (et moins encore moins, si je puis dire) quand l'épouvantable drame social s'est produit qui a vu disparaître les dizaines de milliers d'allumeurs de réverbères.
La lumière est restée, mais électrique.
De même, la presse peut disparaître, l'information continuera à passer.

La sauver grâce au Web, ce serait transposer ses maux sur la toile, ce serait ni plus ni moins qu'une contamination.

L'information n'est plus le monopole de la presse ni la chasse gardée des journalistes ... ni la chose de groupes rassembleurs.
Ces groupes, s'ils ne le sont pas dès le départ, finissent toujours par devenir mercenaires ou partisans.

L'information sans la presse, c'est surtout et d'abord un immense espoir pour la démocratie : la fin de la mainmise des groupes politiques et financiers sur l'information.
Une nuée de signatures au lieu de quelques titres : la pluralité et la diversité, non le dualisme organisé.

Mais les blogs personnalisés ne sont pas la solution.
Voilà une affirmation qui va vous faire sursauter, pas vrai ? (sourire)
C'est à cause de la plus ou moins consciente course au vedettariat, qui pourrit tout et le reste.

Le vedettariat est une tentation qui consume jusqu'aux plus doués.
Il faut casser le vedettariat des blogueurs dits influents, ces images manipulables et manipulées au service du système.
C'est pour leur bien et pour celui de l'information.
Les meilleures plumes n'hésitent pas à saborder une signature devenue pesante par connotations abusives.
Quand tu perds le contrôle, mieux vaut fermer.
Pour les vrais talents stressés par la frénésie des blogs, l'édition traditionnelle est le refuge idéal : participations ponctuelles et livres.

Et je comprends que cette idée dérange, elle fait trop "cyberpunk" et "no future", c'est un réalisme un peu cynique à la Philip K Dick.
Ce que je comprends moins, ce sont les combats d'arrière-garde menés pour sauver une presse dont il ne reste qu'une lointaine idée.

Vous finiriez par me donner l'impression que je suis négative alors que je m'efforce de faire gagner du temps à tout le monde (sourire).

Pour répondre à Pierre, dont je lis les billets : le journaliste n'est pas en cause, ni le journalisme mais bien le processus de publication, bien trop lourd, bien trop lent, bien trop sujet à diverses pressions.
C'est la presse qui est critiquée, pas ceux qui écrivent.
Et il n'y a pas seulement des dinosaures aux commandes mais aussi des gens informés dont les mains sont liées par les obligations techniques et une politique commerciale contraignante.

Comment faire vivre un organe de presse sans museler ses voix par des compromissions, voilà la question.
La réponse est : c'est impossible, il faut manger et comme on dit aux USA "Tout le monde a des traites à payer".
Le journaliste de demain, le vrai, devra sans doute tirer ses ressources d'une autre activité, c'est une question d'indépendance.