samedi 28 juin 2008

Crowdsourcing : contribution communautaire

Le crowdsourcing, ou la contribution communautaire

Dans le cadre de la réflexion que je mène sur Web 2.0 et modèles économiques, et notamment sur la nécessité d'inverser la traîne, le crowdsourcing occupe une place de choix.

Il est difficile de traduire ce terme, souvent influencé par le contexte dans lequel il se trouve, au croisement de l'externalisation (outsourcing) et de la foule (crowd), même s'il me semble que sa signification et sa portée s'étendent de plus en plus.

Personnellement, je le définirais par "contribution communautaire", vue comme apport de contenu volontaire, plus ou moins gratuit ou intéressé, c'est selon. En outre cela touche un nombre considérable d'activités sur Internet, de la photographie à la cartographie, en passant par la traduction, l'encyclopédie et l'innovation au sens large, etc.

En fait, je pense que s'estompent chaque jour davantage les contours entre contenu généré par l'utilisateur (UGC), contribution communautaire (crowdsourcing), pro-am, Internet participatif et Web social dans leur ensemble, autant de concepts qui témoignent cependant d'une tendance commune, d'une orientation partagée, de plus en plus destinées à jouer un rôle clé dans l'évolution d'Internet.

J'aime assez le modèle FLIRT créé par Sami Viitamäki en deux versions successives :


FLIRT signifie :
  • Focus
  • Languages
  • Incentives
  • Rules
  • Tools
Focus, Langues, Incitations, Règles, Outils, voilà tout un outillage des coopérations qui ne saurait nous faire oublier que le Web coopératif, il faut le vouloir !

D'abord et avant tout. Comme l'observe Narvic :
Les outils sociaux du Web 2.0 sont très utiles pour cela, mais il faut des volontaires... et des volontés. Où va-t-on les trouver ?
Et de proposer de redonner la voix aux créateurs, ce qui me rappelle un excellent billet de Josh Catone, où il constate que les foules sont meilleures pour valider les contenus que pour les créer (Crowds are better at vetting content than creating it).

Un avis contrastant apparemment avec celui de Chris Sherman sur la recherche sociale, qui « fait de plus en plus parler d'elle, mais (qui) en dépit de cet engouement (...) n'est pas prête à remplacer la recherche algorithmique traditionnelle ».

Ici la question des créateurs est centrale, même si la fameuse règle des 1% tend à confirmer la théorie d'Hubert Guillaud et Daniel Kaplan, selon laquelle un web massivement relationnel n'annonce pas par définition un monde massivement coopératif.

Il n'empêche, l'homme est un animal social...

* * *

Pour ma part, je pense que tous ces concepts sont à la fois très riches et trop nouveaux, très riches et porteurs d'implications de toutes sortes, mais trop nouveaux pour qu'on puisse encore bien en saisir les degrés, les interdépendances et ... les conséquences !

Tant à court terme qu'à moyen-long terme.

À noter enfin que le pendant du crowdsourcing serait le slavesourcing cher à Nicholas Carr, dans une confluence « vers un monde meilleur, où les machines externalisent l'universel slavesourcing crowdsourcing de l'intelligence et du travail humains » (en attendant The One Machine...), une variante de ce que Narvic appelle en bon français la sagesse du troupeau.

De quoi se demander si la sagesse des foules appartient vraiment aux foules...

Donc pendant que je tente de progresser dans ma vision des choses (c'est quand même assez compliqué, tout ça), laissez-moi vous proposer la lecture d'un document intitulé Le crowdsourcing, une intermédiation hybride du marché, par Cédric Pélissier, dont je vous livre la conclusion en espérant vous donner l'envie de lire le PDF (25 pages) :
Le crowdsourcing est un de ces nouveaux phénomènes issus du web 2.0, une nouvelle organisation qui se développe et s’implante sur la toile. Le modèle crowdsourcing compose aussi avec les outils du web. Cet univers est un prolongement des communautés web, de l’open source, de l’open innovation, etc. Cette nouvelle construction sociale nécessite désormais d’intégrer ces nouvelles formes d’échanges dans les constructions théoriques autour de l’open source, de l’open innovation et plus généralement autour des processus de collaboration et de gouvernance. Ces premiers résultats nous montrent qu’il faut dépasser les logiques dualistes entre marchandisation des entreprises et militantisme des communautés, mais plutôt prendre en compte l’ensemble des dimensions et rationalités qui s’entrecroisent dans ces nouveaux univers. Il est nécessaire de penser d’emblée ces modèles comme des modèles hybrides.
« Dépasser les logiques dualistes entre marchandisation des entreprises et militantisme des communautés » : vaste programme...


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1 commentaire:

Christophe Benavent a dit…

l'externalisation de masse me semble une assez bonne traduction qui inclue une part d'ironie en réduisant le jargonnage technophile à une réalité prosaïque et économique : comment faire de ses clients les investisseurs de notre affaire : http://i-marketing.blogspot.com/2007/07/le-consommateur-investisseur-o-le-modle.html