lundi 23 juin 2008

Correctif : l'ICANN et le lancement de nouvelles extensions

Correctif : ICANN et nouvelles extensions

[MISE À JOUR - 24-06] Paul Twomey nuance ses propos :

C'est absolument faux, je n'ai jamais dit ça...

New gTLD Program : What kind of Internet do you want? (+ un aperçu en français sur ces nouvelles extensions)

* * *

C'est aujourd'hui qu'a commencé la 32e réunion internationale de l'ICANN à Paris. Beaucoup d'arguments importants sur le tapis, comme toujours, notamment le lancement de nouvelles extensions, le domain tasting et les IDN. Je n'ai pas le temps de tout traiter, surtout les deux derniers sujets qui me tiennent à coeur, aussi commencerais-je par la désinformation dans le plus pur style médias 1.0, avec les Echos (déjà épinglés par Adscriptor) qui dit du grand n'importe quoi :
La Toile est en passe d'être chamboulée. A partir du premier trimestre de 2009, l'Icann (...) permettra à tous les internautes de créer l'extension d'adresse Web de leur choix. Ils pourront déposer une infinité de noms. Par exemple .paris ou .cocacola.

La perspective de tels bouleversements suscite d'ores et déjà critiques et inquiétudes...
Et blabla et blabla, et je t'en fous une couche sur la grande pagaille qui « pourrait accompagner l'arrivée massive de nouveaux noms de domaine », et une autre sur les sociétés qui vont, de fait, devoir rapidement se protéger contre le cybersquattage (vous pensez bien, ma pov' Madam Michu, rien que l'an dernier, un nombre record de 2.156 plaintes, « (s)oit une augmentation de 18 % par rapport à 2006 et de 48 % par rapport à 2005 du nombre de litiges »...), etc. etc., le tout assaisonné de 2 ou 3 témoignages sans aucun doute pertinents mais totalement décontextualisés, juste histoire de donner plus d'intensité au propos et de renforcer toujours davantage le sentiment diffus chez le beauf moyen que l'Internet, décidément, est bien un espace de non-droit.

C'est signé L. N'. K. et E. P., alors voilà, L. N'. K. et E. P., mon avis c'est que vous avez pondu (voir en commentaire) un torchon, une honte pour votre profession et un grand foutage de gueule vis-à-vis de votre public.

Après ça, aux journalistes qui s'inquiètent de savoir comment assurer le virage Internet, je ne peux que conseiller de commencer par le commencement : apprendre à écrire des articles sérieux, documentés et recoupés. Et non pas un tas de conneries alignées les unes à la suite des autres pour se faire mousser. Car quand la mousse finit par se dissoudre, il ne reste que l'encre sale.

Et puis tiens, puisque je suis en veine, j'en profite pour vous apprendre qu'une info de cette qualité ne pouvait qu'être immédiatement reprise, et démultipliée dans la foulée. Ça se passe chez Réseaux-Télecoms.net (pourtant, rien qu'au nom, on pourrait penser à du sérieux) (actu maintenant pondérée par celle-ci...), sous la plume de David Lentier (pour écrire ça, ce cher David a dû tellement chatouiller la clavier que les touches n'en finissent plus de se gondoler), et la désinformation monte d'un cran (mais quel cran ;-) :
(L)'Icann annonce qu'à partir de 2009, il sera possible à tous les internautes de demander la création de noms de domaines de leur choix. On pourra ainsi demander la création d'un « .navire », « .sexe », ou « .dupont ». Cela préfigure de futurs conflits autour de l'affectation de ces noms de domaines, et une difficulté croissante pour la protection des marques sur internet. (...) Et l'on pourra voir surgir des « FranceTelecom.sexe », « FranceTelecom.ventes », ou "Orange.ventes", etc ... l'Icann prévoit de confier le contrôle de ces noms de domaines à un organisme qui devra faire régner le bon droit. Il semble toutefois que le nombre de litiges ne puisse qu'exploser.
Reconnaissons à David qu'il cite ses sources (Selon notre confrère les Echos...), ce dont son lectorat lui saura gré. J'aime particulièrement le FranceTelecom.sexe, c'est du plus bel effet. Je suis certain que Didier Lombard appréciera. ;-)

Espérons quand même que les reprises vont s'arrêter là et que ça ne finisse pas à la Une du JT ou d'une quelconque radio, et qu'un terme soit naturellement mis à la nullité journalistique galopante. À suivre...

[MàJ - 18h15'] En fait, je crois bien que c'est tout le contraire qui va se passer, l'info a déjà été reprise telle quelle par plus de 100 sources "officielles" et va se répandre comme un feu de poudre. Les télés et les radios vont prendre le relai, et tout le monde croira qu'en 2009 chacun/e aura son petit domaine perso. Je trouve ça désolant. Mon opinion en commentaire.

* * *

Donc, Messieurs, si je suis votre raisonnement, dès le premier trimestre 2009, nous aurions potentiellement plus d'un milliard d'extensions, disons à peu près autant qu'il y a d'internautes, et d'ailleurs j'en profite pour signaler à celles et ceux qui me lisent qu'à partir du 1er avril 2009, l'adresse de ce blog ne sera plus http://www.adscriptor.com mais www.jmleray.adscriptor, c'est plus reconnaissable, je vous le concède.

Quelques bémols toutefois sur ces assertions inconsidérées quant à la frénésie de personnalisation annoncée.

Il se pourrait effectivement que l'ICANN s'oriente vers la création de "milliers" de nouvelles extensions génériques (TLDs), mais cela ne sera jamais sans contraintes fortes, de nature à calmer les ardeurs.

Sur la création d'un .paris, par exemple, il faudrait d'abord obtenir l'avis favorable du gouvernement français sur l'utilisation d'un domaine géographique de premier niveau. C'est ainsi que le gouvernement espagnol a donné son aval à la création du .cat pour la Catalogne.

Sans compter que la création d'extensions de villes ou de régions pourrait bien faire de l'ombre à certaines extensions pays, qui n'en ont déjà pas besoin vu le peu d'engouement des populations nationales...

Maintenant, sur la création d'un .cocacola ou d'un .ebay, il est clair qu'il s'agit là de très grosses entreprises et que cela ne serait jamais à la portée de tout le monde.

Citons entre autres la nécessité de présenter un dossier sérieux pour appuyer la création d'une nouvelle extension (voir ce billet pour le .sport, par exemple). Nos journalistes en herbe pourront peut-être lire avec intérêt le point 8 des recommandations inhérentes (et les autres aussi, d'ailleurs) :
Applicants must be able to demonstrate their financial and organisational operational capability.
Il n'y a qu'à voir le flux d'évaluation d'une nouvelle extension pour s'en rendre compte :

flux d'évaluation des nouvelles extensions
Sans oublier qu'avec un ticket d'entrée coûtant entre 25 000 et 250 000 euros, ça limiterait quand même considérablement les vélléitaires. Mais bon, c'est juste un détail...

En tout cas, ceci pour dire que c'est pas demain la veille que le pékin moyen ira réserver son .pékin en IDN, à moins qu'il ait l'aval du gouvernement chinois. Auquel cas, je m'inclinerai volontiers devant la sagesse et la clairvoyance de nos journaleux du dimanche.

Perso je réserverais bien le .con, au moins on est sûr qu'il y aura des candidats !

Liens connexes :

Partager sur Facebook

P.S. (20h30') Cette affaire est tellement énorme que je n'arrête pas d'y penser. Apparemment elle n'a pas encore dépassé les frontières, mais dès que l'info va exploser outre Atlantique ça va faire l'effet d'une bombe. Il semble quand même que la presse commence à expliquer que ça ne va pas se faire comme ça, même si je nourris de gros doutes sur l'applicabilité immédiate d'une telle mesure. Il y aura en effet derrière tout ça des problèmes politiques, voire géopolitiques immenses qui vont bien au-delà de la propriété intellectuelle, et je doute que l'ICANN ait vraiment l'autorité d'imposer une telle aberration sans que personne n'y trouve rien à redire.
En outre, l'un des premiers mandats de l'ICANN étant d'assurer "la sécurité et la stabilité d'Internet", il me semble qu'une telle décision va carrément dans le sens opposé.
Enfin, maintenant que l'affaire a démarré, nous verrons sur quoi ça va déboucher. En espérant que les médias grand public auront quand même l'honnêteté d'approfondir les choses...

, , , , , ,

23 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis tout à fait d'accord sur l'argument du coût comme principal frein au déploiement de tout un tas d'IDN. Mais les motivations de Paul Twomey sont par contre sans ambigüités : libéraliser les IDN en donnant aux 1,3 milliard d'internautes la possibilité d'acquérir des adresses du type .amour, .haine, etc. (je le cite dans l'interview qu'il a donné aux Echos.fr).

Maintenant, je pense que tous ces dépôts finiront soit à l'OMPI/devant la juridiction compétente (dont il cache encore le nom), soit... aux enchères tout simplement ! Voilà pourquoi je pense que ces IDN reviendront très cher et seront hors de portée du quidam.

Jean-Marie Le Ray a dit…

Guillaume,

Oui, j'ai lu cette déclaration ici, comme quoi « les internautes pourront créer des noms de domaines comme .amour ou .haine », etc.

Mais au-delà de la faisabilité d'une mesure aussi débile, ce qui me rebute c'est cette manière caricaturale de traiter l'info sans prendre le moindre recul, en se contentant de dire aux gens : bon, à partir de 2009, on aura 1,3 milliards de noms de domaine, etc.

C'est faux. Totalement faux. En théorie, Twomey peut dire tout et son contraire, mais dans la pratique, tel que présenté, c'est totalement inapplicable. Donc ce que je reproche aux Echos, qui vont être repris en boucle par tous les médias, chacun y allant de sa petite invention, c'est de répéter bêtement ces propos sans offrir au lectorat un minimum de perspective.

Sans parler des conditions d'attribution (je ne donne dans mon billet qu'un exemple de certaines des conditions minimales, mais il y en a d'autres...), sans essayer de replacer cette simplification excessive dans la réalité bien plus complexe de ce qu'une telle mesure impliquerait, etc.

Qu'une agence de presse reprenne la dépêche brute sans rien y ajouter ou y retirer, je comprends. Mais qu'un spécialiste du journal ne reprenne pas l'interview en présentant le pour et le contre pour expliquer aux gens de quoi il retourne vraiment, en se contentant au contraire de répéter bêtement sans recul ni analyse, je trouve que c'est de la désinformation. Pas de l'information.

Mais bon, je suis pas journaliste.

Et après on s'étonne que les gens ne comprennent rien à Internet !

Jean-Marie

olivier a dit…

j'ai particulièrement aimé la fin de ton billet et le coup du ".con"

Il parait que jean marc morandini est déjà sur le coup...

Anonyme a dit…

Je ne suis pas certain de ce que vous entendez par "vous avez pondu (euphémisme, mais ça sort par le même trou) un torchon", mais je vous signale qu'il y a plusieurs trous et que celui réservé à la ponte est différent de celui utilisé, par exemple, pour la défécation.
Là aussi, une information "documentée et recoupée" est souhaitable.

Jean-Marie Le Ray a dit…

Yogi,

OK, je suis pas spécialiste aviaire.

Il y a eu une interview de Paul Twomey qui a dit ce qu'il a dit.
Ensuite l'article des Echos aurait dû être un article d'accompagnement, non pas pour reprendre les propos tels quels, mais pour leur apporter un éclairage différent, si possible avec des arguments contradictoires.

Donc même si j'ai réagi de façon impulsive en me laissant emporter par mes propos, il n'empêche que je suis terriblement las de voir tout ce qui touche à Internet être traité par les journalistes qui se disent de métier, de façon superficielle et caricaturale.

Et puisque les Echos savaient que l'info allait être reprise en boucle, il me semble qu'ils auraient dû faire leur métier. Donc pour moi cet article est un torchon, lorsque vous rendez une traduction de ce niveau à un client, il ne vous ménage pas pour vos beaux yeux.

Je trouve que c'est se foutre des lecteurs et je le dis.

JML

Simon Talvard Balland a dit…

Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi cela vous enerve autant...

Les medias traditionnels comme des industries et les gens "traditionnels" (oserais-je le terme de "non-geek?") font tous les jours des erreurs de ce type!

A la fois beaucoup et trop peu de gens connaissent les ressors d'internet, les enjeux meme simples etc. Pour ma part, j'ai 22 ans et je commence a peine a travailler (je suis meme encore en stage), ces difficultes d'analyses constituent de belles opportunites pour mon futur.

Apres tout, ma grand mere n'arrive meme pas a comprendre a quoi sert mon travail actuel!

Bien a vous

Olivier Auber a dit…

c'est drôle comme l'arbre cache la forêt!
GAME OVER, changeons l'Internet
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=40935

Jean-Marie Le Ray a dit…

Simon,

Pourquoi ça m'énerve tant ?
Je me le demande aussi. En fait je devrais m'en foutre et régler le tout d'un bof.
Mais c'est plus fort que moi.
D'un côté, je vois la presse dans tous ses états qui ne sait plus comment affronter le phénomène Internet en se plaignant que le combat est inégal, etc. etc.

Et de l'autre, je vois une presse qui a des opportunités gigantesques et qui se les pourrit toute seule.

L'ICANN se réunit à Paris. C'est suffisamment rare pour que la presse s'y prépare, je suppose.

Twomey accorde une interview (exclusive, je pense, mais je n'en sais rien) aux Echos, qui tiennent un scoop mondial, un truc pas possible qui peut faire voler en éclat tous les équilibres sur Internet (déjà qu'il n'y en a pas beaucoup...), un truc qui va faire le tour de la planète à la vitesse de la lumière.

Et qu'en font-ils ? Ils publient un article qui confine à l'anecdote, en balançant deux clichés sans aucune mise en perspective, sans aucune ouverture vers d'autres sources d'informations qui pourraient donner un complément utile aux lecteurs (je ne parle même pas de liens, les journaux "traditionnels" ne mettent pratiquement JAMAIS de liens vers des sources extérieures, ce qui est totalement absurde sur le Web), sans rien apporter aux lecteurs qui leur permettrait de se faire un début d'opinion.

Rien de plus que des clichés sans chercher à comprendre ce que cache une telle info.

Alors oui je me mets en colère parce que ce n'est pas à moi, pauvre blog lu par 200 personnes en moyenne, de leur dire qu'ils se foutent de leur public en particulier, et du public en général.

Quand on a la chance exclusive de pouvoir traiter une telle info, dont on sait qu'elle va être reprise au niveau mondial, on s'y prépare, on fignole son dossier, on cherche des indices, des pistes de réflexion, et on est à la hauteur.

On la mérite, en quelque sorte.

Or c'est loin d'être le cas dans cette affaire. En écrivant ça, un proverbe italien me vient à l'esprit. Je vous le livre tel quel : ceux qui ont des dents n'ont pas de pain, et ceux qui ont du pain n'ont pas de dents...

Jean-Marie

Jean-Marie Le Ray a dit…

@ OA Game Over !

C'est pointu comme article, j'avoue que ça me dépasse un peu.

Juste une question, car je ne suis pas du tout sûr de comprendre : est-ce que la libéralisation des extensions que voudrait mettre en application l'ICANN a un rapport quelconque avec ce passage :

« Les "adresses de groupe" prévues dans la prochaine version de l’Internet font potentiellement sauter ce verrou. Elles ne sont pas attachées à une machine particulière. »

Merci pour les explications.

Jean-Marie

Anonyme a dit…

Je ne comprends rien à cette polémique. Il me semble qu'il y a depuis longtemps moyen de créer un tld, la procédure est stricte, longue et coûteuse mais c'est jouable et rentable. Si l'ICANN envisage vraiment de populariser la création de tld, c'est un nouveau champ qui s'ouvre pour les domaineurs, donc de l'argent à faire circuler pour en tirer profit et pi c'est tout, il ne faut pas aller chercher plus loin.

Jean-Marie Le Ray a dit…

Szarah,

"Il me semble qu'il y a depuis longtemps moyen de créer un tld, la procédure est stricte, longue et coûteuse mais c'est jouable et rentable."

De quoi s'agit-il ? J'avoue que j'ignore totalement cette possibilité. Vous avez des exemples d'une organisation l'ayant déjà utilisée ?

Jean-Marie

Anonyme a dit…

.travel par exemple (mais il y en a d'autres).

Jean-Marie Le Ray a dit…

Szarah,

OK, à ce niveau-là, on est bien d'accord. Mais ça reste une procédure très lourde qui n'est pas à la portée de n'importe qui.
Quant à la rentabilité de ces extensions, à part les majeures, j'ai quelques doutes.
Il y a plutôt une dilution qu'autre chose.
Donc de là à dire aux gens, dans 6 mois vous aurez tous votre propre extension, c'est totalement faux.

De la désinformation, ni plus ni moins. Donc ce billet n'est pas animé par un désir de susciter la polémique, mais de faire passer le message aux journalistes : arrêtez de prendre les gens pour des cons en prétendant leur faire gober n'importe quoi.

Jean-Marie

Anonyme a dit…

Dans ce sens-là, on est d'accord : l'info a été traitée trop vite.
En fait, plutôt que réagir à chaud, les journalistes devraient attendre que les spécialistes aient évalué la portée de l'information. Mais ils y perdraient l'impact de l'"actualité". Le moyen terme serait de prendre l'avis de blogueurs compétents dans le domaine.
Le journalisme, c'est d'abord un bon carnet d'adresses et ensuite une faculté d'analyse et de synthèse.

Anonyme a dit…

Je m'interroge surtout sur la possibilité pratique pour les serveurs de gérer ces tld. La mutation implique-t-elle que tous les serveurs pourront servir tous les tld ?

Jean-Marie Le Ray a dit…

Szarah,

Mis à part les innombrables problèmes techniques que cela entraînerait (dans son billet, Rémy Sahuc par de très gros problèmes prévisibles au niveau des transferts), moi ce qui m'interpelle c'est la précipitation aiguë de l'annonce de l'ICANN, à laquelle personne ne s'attendait dans ces proportions.

La seule explication que je vois à tant d'urgence incompréhensible, c'est qu'à la fin de l'année l'ICANN devrait se désengager de la tutelle du DoC américain et qu'ils ont décidé de foutre la merde avant dans l'espoir d'en retirer un maximum d'argent.

Les promoteurs du .XXX doivent bien rire en ce moment...

jaune :-)

Jean-Marie

Anonyme a dit…

Ce n'est pas le seul sujet sur lequel les journalistes lâchent des bombes simplement par mauvaise compréhension, par paresse de vérifier les sources, etc.

La course à l'échalote de la news bien fraîche fait oublier qu'être journaliste ce n'est pas seulement lire la traduction en mauvais français d'une news, c'est aussi expliquer... et donc comprendre.

Il est facile ensuite de pointer la blogosphère, mais ce "journalisme" n'a même pas les excuses de l'amateurisme.

Anonyme a dit…

Une fois de plus très bon billet Jean-Marie et je partage absolument ton indignement face à ce qui peut se dire et s'écrire autour de ce sujet. Bon, je dois avouer que nombre d'article m'ont plutôt fait rigoler, notamment le coup de (désolé je ne saurais plus citer ma source) la probable gestion de l'Internet par l'ONU.
Quoiqu'il en soit c'est vrai que cette désinformation, une fois de plus au sujet de l'Internet, commence à être pénible.
Je suis parfaitement d'accord avec ton analyse. Le droit d'entrée ne sera évidemment pas à la portée de petites structures et combien même des grosses boites comme coca ou des hébergeurs de sites, créeraient leurs extensions, je pense que leur impact resterait très limité.
Certes il y a de forte chances que certaines voient le jour et donc que des opérateurs privés qui auront pu et su investir, proposent de nouvelles extensions comme le .sex (ce qui dans le cas du .sex ne me semblerait pas trop mal). Je m'abstiendrai de parler des problèmes juridiques et techniques afférent à cette ouverture des tld (vous l'avez très bien fait toi et Remy); ça me semble évident que pour encore quelques temps tout cela reste de l'ordre du fantasme et que les titulaires d'éventuels droits devront à coup sur, faire preuve d'un professionnalisme sans faille. Donc il faudra compter bien entendu des droits d'entrée assez importants mais aussi de lourds investissements sur la gestion technique, juridique ... des nouvelles extensions. Je crois que pour se faire, seuls de véritables professionnels du secteur semblent viables et je ne vois pas vraiment en quoi même de grosses boites comme coca y trouveraient un intérêt. Est-ce que ce .limonadier aurait une vocation à devenir .registrar, .hébergeur ??? Serait t-il capable, lui ou la ville de .paris par exemple, de proposer un service de nom de domaine au prix de ceux que l'on trouve actuellement ? Certains le feront pour le buzz ou que sais-je (parce qu'ils ont beaucoup de tune à claquer), mais de là à vraiment proposer des services autour de leurs extensions, il y a encore du chemin. Et la démocratisation de la pratique .... je me trompe peut être, mais ... pas avant l'aube de l'an 3000 ;)
Toutefois si cela se fait (et ça se fera dans une certaine mesure), c'est clair que certains entrepreneurs avec des business plans bien léchés sauront extrêmement bien sortir leur épingle du jeu et je ne doute pas que de sacrés dossiers sur des tld du type .sex doivent carrément tenir la route. Peut être que certains prestataires proposerons à terme aux société désirant investir là dedans, les moyens techniques, juridiques et autre permettant de se faire ... mais ce n'est pas pour dans 6 mois !!
Sinon, je ne sais pas comment tout cela fonctionne techniquement, il me semble juste que cette boite n'est pas reconnue par l'Icann (malgré une bataille de plusieurs année), mais un site comme new.net propose depuis de nombreuses années des extensions très originales du type .shop .loi . famille .family .mp3 .tech ..... ça avait fait un buzz il y a quelques années mais depuis on ne voit personne les utiliser . Jusqu'à présent : le bide total !

Donc au final l'information exact serait plus : nous réfléchissons face aux demandes de certains pays, structures ... à proposer la création d'extensions particulières à ces dernières. Après le truc de la démocratisation des extensions, c'est soit un grand bluff, soit plus simplement une grosse connerie relayée par les médias.

L'un dans l'autre je pense que cela va avoir l'intérêt de parler au "grand public" des noms de domaine. Donc lorsque certains annoncent déjà la mort des tld et autres extensions nationales, je pense au contraire que c'est le moment d'en parler, que les gens vont commencer à comprendre l'intérêt de la démarche et qu'elles ne feront que prendre de la valeur. Bon , je ne compte pas polémiquer sur l'avenir de certaines extensions existantes, il me semble que nombre d'entre elles étaient des extensions mort nées ... mais ça on le savait déjà.

Jean-Marie Le Ray a dit…

Ruben,

Intéressante ton approche, et surtout les deux exemples que tu donnes, qui vont tous les deux dans le même sens au niveau conclusion :

1. le .sex ne devrait jamais voir le jour pour la bonne et simple raison que le promoteur de son aïeul malheureux, le .xxx, va pas se gêner pour attaquer l'ICANN vite fait.

Parce qu'après 3 ans de procédures et 4 millions $ dépensés, je doute qu'il laisserait faire ça réagir. Et cette fois il aurait tous les droits de son côté...

Les hasards du calendrier sont d'ailleurs incroyables, puisque le 6 juin il a lancé une pétition contre l'ICANN, dont on verra maintenant quelles seront les suites...

Quant aux extensions proposées par new.net, leur seul tort fut de ne jamais avoir été agréées par l'ICANN.

Donc maintenant que Towmey déclare vouloir faire exactement la même chose, la seule différence étant que c'est l'ICANN qui le dit, alors on voit bien que dans un cas comme dans l'autre, on nage dans l'arbitraire le plus total.

La seule raison a tout ça c'est simplement "follow the money", et l'ICANN espère se faire un max.

Mais à mon avis, c'est loin d'être gagné d'avance, et ça va bien bouger dans les semaines et les mois qui vont suivre...

J-M

Anonyme a dit…

Le "problème" vient du fait que la déclaration initiale force le trait (pas par hasard) en annoncant la possibilité au quidam de créer sa propre extension.
Si on tient compte des contraintes techniques et financières, en s'informant un minimum, il y a de quoi se calmer de suite!
Que l'info ait été reprise telle quelle, sans recul ou analyse, est évidemment une erreur grossière. On "surfe" sur l'effet d'annonce ! ;-)

D'ailleurs les nombreuses discussions en cours sur le net vont maintenant dans le sens de la réflexion technique et argumentée.

Rémy Sahuc a dit…

Paul Twomey rectifie le tir :

"C'est absolument faux, je n'ai jamais dit ça," nous a répondu l'intéressé cet après-midi, durant la réunion ICANN de Paris.

http://www.domainesinfo.fr/interview/94/paul-twomey-je-ne-m-attends-pas-a-voir-160-millions-d-extensions-en-2009.php

Merci au journalisme de masse moderne qui tend toujours plus vers la presse à scandales !

Anonyme a dit…

Jean Marie,

Merci pour ce billet qui confirme à quel niveau l'industrie des domaines se trouve malheureusemnt en France.


Domainerie.eu

Olivier Auber a dit…

Jean-marie à demandé:

Juste une question, car je ne suis pas du tout sûr de comprendre : est-ce que la libéralisation des extensions que voudrait mettre en application l'ICANN a un rapport quelconque avec ce passage :

« Les "adresses de groupe" prévues dans la prochaine version de l’Internet font potentiellement sauter ce verrou. Elles ne sont pas attachées à une machine particulière. »

Oui et non. La libéralisation des extensions est une manière pour l'ICANN et les US de prolonger un "ordre" mauribond en y installant lui-même un chaos qui justifiera son surcroit de pouvoir. C'est pervers, mais c'est comme ça.

A propos du bug de communication. C'est clair, quand un américain dit "libéraliser", "tout le monde aura le droit, etc.", les européens comprennent "libérer" et "vraiment tout le monde, etc.". L'américain n'a pas menti pour autant, car pour lui "tout le monde" veut dire "tous ceux qui peuvent payer..."

Retour sur la "adresses de groupe" telles que décrites dans GAME OVER. Ce type d'adresse est une possibilité technique d'IPv6 (alors que ce n'était qu'une vérrue d'IPv4), mais cette possibilité est planquée et personne n'en parle. A priori, cette classe d'adresse qui pourrait conférer au Net le même caractère ubiquitaire que les ondes radioélectriques n'a pas encore de système de gouvernance bien défini. C'est un nouveau continent tout à fait vierge qu'il s'agit d'investir et qui est selon moi est susceptible de renouveler complètement l'Internet. Cf. le "continent bleu" http://www.isi.edu/ant/address/