lundi 7 janvier 2008

Facebook Translations = crowdsourcing ?

Facebook Translations = crowdsourcing ?

La traduction de Facebook en crowdsourcing, ou localisation communautaire ? Ouriel Ohayon nous rapporte ici quelques mots de son entretien avec Dan Rose lors du Web3 :
Facebook sera disponible en plusieurs langues dès le premier semestre 2008. Les applications (une minorité je pense en tout cas) seront traduites mais ils veulent surtout stimuler la création d’applications locales...
Or la localisation d'un site est une opération qui dépend de critères multiples, d'autant plus complexes que le site est complexe, ce qui est très exactement le cas de Facebook.

Donc la première question qui se pose à Mark Zuckerberg, outre le choix des langues à traiter en priorité, c'est quoi localiser, tout ou partie du site ?

Et la deuxième, c'est comment ? En payant des professionnels, ou en faisant levier sur la vague communautaire pour créer un mouvement de localisation ?

Ce que fait déjà Netvibes avec succès, par exemple :


Voir à ce sujet le billet de vœux de Tarik Krim pour une bonne année ... 2007 !

Donc, voilà que depuis fin décembre, Facebook a mis en ligne une page et une appli dédiées :


La capture d'écran rapportée par Mashable donne une idée de la façon dont l'appli fonctionne avec l'espagnol comme langue test :


Au moment de la capture, 839 traducteurs avaient déjà traduit + 15 600 segments (chaque segment pouvant être voté par les utilisateurs), et 10 338 phrases anglaises restaient à traduire.

Rodney Rumford nous donne une idée de l'interface de traduction :


Ce qui donnerait 26 000 phrases à traduire par langue si l'on s'en tient à ces chiffres. Soit un gros millier de pages en traduction technique professionnelle (pour le détail, je compte par défaut une moyenne de 8 mots par segment et de 200 mots par page, mais en réalité c'est sûrement plus important que ça, comme le montre l'exemple ci-dessus...).

Pour une fourchette de facturation entre 25 et 30 000 euros par langue, toujours si l'on s'en tient à cet ordre de grandeur, disons un forfait d'1 million d'euros pour quarante langues. Et même si c'était le double, ça reste largement dans les possibilités financières de Facebook, qui dispose au bas mot d'un cash au moins 200 fois supérieur...

Pour autant, le choix d'opter pour une traduction communautaire vs. payante est éminemment stratégique, bien dans la tradition chère à Zuckerberg de "créer un mouvement" ! C'est également une logique totalement Web 2.0, expérimentée par Google dans une autre mesure, mais où l'approche participative et l'expertise des foules permettent globalement d'obtenir des résultats largement satisfaisants et constamment susceptibles d'être améliorés.

Facebook n'a d'ailleurs pas complètement écarté l'idée de faire appel à des professionnels, tel que le rapporte Brandee Barker, porte-parole de la société :
We will also continue to evaluate more traditional forms of translation services.
Pour l'instant l'appli est uniquement disponible en bêta privée (Currently the Facebook Translations Application is limited to beta users only), mais il sera intéressant de suivre l'évolution du taux d'implication globale des utilisateurs.

Notamment avec le français. Puisque si l'on compte d'ores et déjà plus de 1 135 000 utilisateurs de langue française alors que la plateforme n'est pas encore francisée, on peut légitimement se demander combien de nouveaux membres francophones la traduction du site fera gagner à Facebook...

En attendant, juste histoire d'apporter une modeste pierre à l'édifice, le moteur de terminologie multilingue que j'ai mis au point en partenariat avec Primoscrib sera disponible incessamment sous peu, en widget expressément conçu pour Facebook, iGoogle, Google Desktop, OpenSocial et Netvibes UWA.

Je ne manquerai pas de vous en dire plus dans les jours à venir...


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P.S. Et puisqu'il est question du binôme Facebook + traduction, j'aimerais vous demander votre avis sur une affaire peu banale : j'ai reçu hier un courriel menaçant de Justin Smith m'enjoignant d'effacer dans les 48 heures mon billet Facebook et marketing viral : 24 conseils pour booster votre présence commerciale.

Si vous suivez mon blog depuis un certain temps, vous n'êtes pas sans savoir qu'à l'origine Adscriptor est né comme laboratoire de réflexion et de traduction de l'anglais (et/ou de l'italien) vers le français, pour partager des ressources anglophones avec un public francophone.

Et j'ai toujours mis un point d'honneur - déontologie oblige - à demander AVANT l'autorisation de traduire aux auteurs des billets que je souhaitais partager. Ce qui m'a d'ailleurs valu quelques refus.

Or dans le cas de ce billet, que j'ai été le premier à commenter pour me féliciter avec son auteur, j'ai traduit d'impulsion tant j'étais enthousiaste, en demandant à Justin Smith son autorisation non pas a priori, mais a posteriori : en effet, je lui ai signalé ma traduction LE JOUR MÊME de la publication de son billet, soit le 9 décembre dernier, en ces termes :
Hi Justin,
Your post was definitively too brilliant, I translated it...
I beg you pardon if I didn’t ask first your authorization.
I hope my initiative is OK :-)
Jean-Marie
Le jour même il savait que je traduisais son billet, il lui aurait suffi de me signifier son désaccord pour que j'arrête ma traduction (puisque vu la longueur du billet, le travail était loin d'être terminé). Je pointe d'ailleurs vers son blog et son profil Facebook avec 6 liens. Nul ne pourrait donc prétendre que j'ai fait ça à la sauvette, pour vanter une paternité que je n'avais pas...

Par conséquent, je ne sais que penser de ce ton comminatoire un mois après les faits, alors qu'il était au courant depuis le début. À vrai dire, ça m'énerve beaucoup car ça me semble aller à l'encontre de l'esprit du blogging.

Bloguer c'est d'abord partager. Si je blogue en anglais, tous les anglophones peuvent me lire sans avoir besoin de demander l'autorisation. Sinon je fais un blog privé avec accès restreint.

Donc à partir de là pourquoi interdire la lecture de ce que j'écris à celles et ceux qui ne parlent pas l'anglais mais qui pourraient accéder à un contenu de qualité, via la traduction ? D'autant que dans ce cas, la démarche du traducteur est totalement gratuite. Aucun profit ni autre retour financier du travail fourni, si ce n'est le plaisir de faire partager à des locuteurs non anglophones un contenu disponible en libre accès à qui parle anglais.

Franchement j'ai du mal à comprendre la logique de Justin Smith. Je lui ai demandé des explications, nous verrons bien...

Mais d'ores et déjà, si vous avez votre idée sur la question, je suis preneur !

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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Jean-Marie,
Concernant ton PS, sur la forme je suis naturellement entièrement d'accord avec toi. Sur le fond c'est hélas un peu plus compliqué (ou plus simple) : le monsieur en question "vend" son étude sur ses conseils marketing et l'intégralité de son blog est sous copyright apparent (aucune mention nulle part de licence creative commons) ...Si on s'en tient là, il est donc dans son droit en te demandant de retirer ta traduction. Ce qui est par ailleurs fort dommage, d'autant qu'il aurait apparemment pu le demander plus gentiment. La seule question serait de savoir si au moment où tu as traduit son article, il était déjà en train de le vendre ou non ...

Jean-Marie Le Ray a dit…

Olivier,

Effectivement, je ne discute pas le fond, ce qui est son droit le plus absolu, mais la forme.
Je lui ai demandé ses motivations réelles, et j'attends encore sa réponse.
Il est vrai que maintenant il met en vente une version "étoffée" de son article, sans pour autant avoir enlevé la version originale de son blog, qui reste donc librement accessible aux locuteurs anglophones.
Je ne pense pas pour autant qu'il ait vendu "les droits" de son article, je crois plutôt qu'il met en vente un simple PDF fait "maison" compilant l'article original et l'enrichissant probablement de nouveaux exemples, vu le succès rencontré par la première version.
Il faudrait que j'achète le PDF pour vérifier, et je le ferai peut-être.
En attendant, j'enlèverai probablement mon "adaptation" mais sans renoncer aux "conseils" qui ne font que reprendre le nom des services Facebook en en détaillant un peu le fonctionnement. Chose que je suis parfaitement capable de faire avec mes mots à moi sans adapter qui que ce soit. Justin Smith n'a certainement pas le monopole du marketing sur Facebook.
Ceci dit, je trouve vraiment dommage la tournure que prennent les choses, et, je le répète, sur la forme, je trouve ça indigne de l'esprit du blogging.
Chose que je ne manquerai pas de lui faire savoir en mots choisis...

Jean-Marie

Anonyme a dit…

Puisque l'interface de FaceBook est désormais accessible en français, l'heure est au bilan de la traduction collaborative. Et pour certains, le résultat tend à désirer : http://www.90degres.ca/facebook-en-francais-echec-20/70