Donc avant de rédiger ce billet, permettez-moi de reprendre le post-scriptum de mon précédent billet sur la crédibilité d'AsiaNews :
site géré par père Bernardo Cervellera, missionnaire de l'Institut Pontifical des Missions Étrangères, ex-directeur de Fides (1997-2002), l’agence de presse du Vatican, qui a vécu à Pékin et collabore actuellement au quotidien «Avvenire» et intervient comme expert de politique internationale dans des émissions télé de premier plan...
Ceci étant précisé, voyons ce que nous dit ce nouvel article.
1. D'abord il revient sur les déclarations du porte-parole du Trésor américain, Meyerhardt, et du porte-parole de la CIA, Darrin Blackford, qui ont affirmé que les titres étaient faux, tout en s'interrogeant sur la façon dont la CIA est parvenue à cette conclusion (via Internet ?), puisque selon les sources officielles italiennes, la commission d'experts américains attendue en Italie doit encore arriver...
Il précise également que les titres étaient accompagnés d'une documentation bancaire récente et ORIGINALE, et se demande par conséquent comment les autorités américaines peuvent établir que cette documentation aussi est fausse, dès lors qu'elle ne provient ni de la Fed ni du Trésor des États-Unis ?
2. Il insiste ensuite sur l'incarcération d'Hal Turner, qui fut le premier à indiquer - dès le 20 juin - que les titres étaient en possession de deux employés du Ministère japonais des Finances, et que d'après les numéros de série, les 134,5 milliards $ faisaient partie des 686 milliards $ de la dette U.S. officiellement détenue par le Japon. Il annonçait par ailleurs que dans les jours suivants il aurait été en mesure de communiquer les numéros de série pour prouver leur authenticité (TRN has been told to expect to receive serial numbers from the bonds as proof they are real. In addition, our source claims he can obtain scanned images of some of those bonds as well. If we are given such information or images, we will report them publicly.)
AsiaNews, sans se prononcer sur la crédibilité des infos relatées par Turner, remarque cependant qu'il fut en son temps à l'origine de révélations sur l'amero :
Voir ici des pièces de monnaie et là des billets, quand bien même tout ceci fut dénoncé comme une "conspiration", mais le fait qu'un particulier puisse frapper de telles monnaies reste pour le moins curieux. Un événement toujours en rapport avec le dollar, ceci dit.
AsiaNews poursuit en racontant le coup de fil que Turner a passé depuis la prison, dans lequel il déclare que ce n'est pas lui qui est à l'origine des menaces contre les juges, et que son arrestation est clairement de nature politique, liée à la saisie des titres à Chiasso, les autorités craignant qu'il ne puisse faire d'autres révélations sur leur authenticité ! En attendant son blog et son site ne sont plus en ligne, seule une version cache de l'info est encore disponible...
AsiaNews observe donc que la coïncidence temporelle et les détails de l'incarcération font naître quelques soupçons sur les motifs réels des américains.
Il est également curieux de constater que la révélation de Turner - qu'il a été le SEUL à faire - sur les connexions entre les deux japonais et le Ministère japonais des Finances a été corroborée à quelques jours de distance À PARTIR D'AUTRES SOURCES, d'abord par AsiaNews puis par deux journaux économiques aussi sérieux qu'Italia Oggi et Milano Finanza...
3. AsiaNews termine enfin en revenant sur les fameux titres Kennedy d'1 milliard $ l'un, pour lesquels il précise qu'il ne s'agit pas de Bonds mais de Treasury Notes, et que selon des sources confidentielles généralement bien informées, ce type de billets de trésorerie a bien été émis en 1998, même si cela ne veut pas dire que les billets saisis soient authentiques.
Tout en observant que le fait qu'ils ne soient pas du domaine public tend à exclure qu'ils puissent avoir été contrefaits, puisque cela n'aurait aucun sens pour un faussaire de reproduire des billets qui ne sont pas en circulation et dont personne n'est au courant.
J'ajouterai que lors des nombreuses recherches que je mène sur le sujet depuis trois semaines maintenant, j'ai plusieurs fois rencontré les commentaires d'un certain "wheel", qui semblent recouper, là encore, l'info d'AsiaNews selon laquelle, contrairement aux affirmations de Meyerhardt (no such securities exist), les T-Notes Kennedy existeraient bel et bien :
I believe they made big mistakes with the 1934 dates and Kennedy Bonds of course. To be totally correct you must know that the Kennedy Bonds were issued in 1998 in lieu of paying interest on the Gold Coin owned by the Dragon Family in the Federal Reserve. Believe that the Kennedy Bonds are real but just not those. There are many other financial instruments issued by the U.S. Treasury that you do not know of as well. This is all I can say. Best Wishes
Wheel says:
6/19/2009 at 1:23 pm
Brendan they had issuance dates of 1934…Kennedy waa a baby.. Impossible to be so. But the fact of the matter is that Kennedy Bonds exist and much much more than the 134 Billion you are reading about. If the Family that owns the Kennedy bonds wanted to harm us they could have at any time during the past 70 plus years. It is not a government but works with the upper echelons of the powerful governments that exist today. We are not supposed to know any of this.
J'ignore qui est cette personne et quelles sont ses sources, mais la date correspond (1998) et le ton péremptoire n'est pas exactement celui de quelqu'un qui parle sans savoir !
Allez savoir...
[MàJ - 1er juillet 2009] J'ai découvert aujourd'hui cette vidéo (en italien) de Giulietto Chiesa, journaliste et député européen, qui s'interroge sur les mystères de cette saisie :
Lui non plus ne se satisfait pas des déclarations américaines "officielles"...
Sarkozy, ou le cabinet dont Nicolas Sarkozy était associé, a bien défendu les intérêts de Silvio Berlusconi et de Jean-Luc Lagardère contre ... Jacques Chirac, à l'époque de La Cinq, sans parvenir à "dénouer l'affaire".
Nicolas Sarkozy a été, dans les années 1980, l'avocat de Silvio Berlusconi. (…) Comme le souligne le Corriere della Sera, il défendait les intérêts de l'empire médiatique du Transalpin dans le long contentieux qui opposait La Cinq, achetée par le Cavaliere, au gouvernement français, puis aux partenaires français de la chaîne de télévision. Le groupe d'avocats dont faisait partie Nicolas Sarkozy pour défendre le magnat italien n'était pas parvenu à dénouer l'affaire. Le litige avait nécessité un arbitrage suisse.
20 février 1986 : naissance. Silvio Berlusconi et Jérôme Seydoux, PDG des chargeurs réunis. LA CINQ, première chaîne française privée et gratuite. Le temps des paillettes italiennes; Amanda Lear, Alain Gillot-Pétré, Christian Morin, Roger Zabel.
3 février 1987 : La concession est résiliée par le gouvernement de Jacques Chirac.
23 février 1987 : Robert Hersant et Silvio Berlusconi aux commandes de LA CINQ. "cinq you la cinq". Sébastien, Sabatier, Collaro et Bouvard : un petit tour et puis s'en vont.
14 septembre 1987 : Premier journal télévisé sur LA CINQ. LA CINQ c'est "tous les soirs un film".
23 octobre 1990 : Le CSA accepte la modification du capital. Le groupe Hachette devient opérateur. Yves Sabouret nommé PDG. Robert Hersant : "les meilleurs moments en télévision; c'est quand on obtient une chaîne… Et quand on s'en retire. Jean Luc Lagardère : "Et moi je dis, Hachette va sauver LA CINQ".
(...)
31 décembre 1991 : 10 heures. Dépôt de bilan. LA CINQ version Hachette aura durée 420 jours. Angelo Codignoni (représentant de Silvio Berlusconi) : "A partir de ce moment, nous réflechissons pour voir s'il y a encore des possibilités que LA CINQ ne disparaisse pas des écrans français."
03 janvier 1992 : Maître Hubert Lafont est nommé administrateur judiciaire par le tribunal de commerce. Hubert Lafont :"Il n'est pas possible de dire aujourd'hui quelle sera l'issue de cette affaire." Jean-Claude Bourret crée l'association de défense de LA CINQ; 40 000 adhésions en trois jours.
09 janvier 1992 : 100 000 adhérents à l'association de défense.
15 janvier 1992 : Silvio Berlusconi annonce qu'il peut sauver LA CINQ "dans le respect de la réglementation." Charles Pasqua envisage d'associer les collectivités locales au capital de LA CINQ. Charles Pasqua :" je ne réclame ni la présidence de la chaîne, ni le poste de présentateur."
20 janvier 1992 : TF1, CANAL + et M6 annoncent un projet de chaîne d'information continue pour remplacer LA CINQ.
23 janvier 1992 : 500 000 adhérents à l'association de défense de LA CINQ.
25 janvier 1992 : LA CINQ et son personnel reçoivent le prix "Europe et Liberté 1992" pour récompenser le combat mené par la chaîne pour la pluralité.
03 février 1992 : Silvio Berlusconi dépose officiellement son projet de reprise de LA CINQ. Il envisage une augmentation de capital de 1,5 milliard et le maintient de 600 emplois sur 900. Silvio Berlusconi :"Nous avons quelques idées."
24 février 1992 : 800 000 adhérents à l'association de défense de LA CINQ.
02 avril 1992 : Silvio Berlusconi annonce le retrait de son plan de sauvetage de LA CINQ. Le magnat italien ne peut pas lutter contre les pressions exercées par le gouvernement, par différents hommes politiques et les hautes sphères institutionnelles. Ces derniers ne veulent pas de Berlusconi à la tête d'une chaîne de télévision française. Tout est fait pour l'empêcher de sauver LA CINQ.
12 avril 1992 à 24 h 00 : LA CINQ cesse définitivement de vivre. La cinquième chaîne de télévision française, première chaîne privée et gratuite en France, est morte en direct sous les yeux de plusieurs millions de téléspectateurs.
Si une cession - demandée un temps par Berlusconi - rendrait caduque l’autorisation d’émettre (les fréquences sont incessibles), la continuation signifie une reprise du lourd passif (1,4 milliard de francs). Mais Berlusconi a aussi de bonnes raisons de ne pas laisser « filer » : il détient encore 25% du capital de la chaîne et, surtout, il a vendu ces trois dernières années à La 5, avec ses stocks milanais, pour environ 80 millions de dollars de programmes !
(...)
La solution de Berlusconi n’exclut ni un partenariat avec Charles Pasqua et les « collectivités locales » par le biais d’une société d’économie mixte, ni avec Hachette, réduit à un rôle d’actionnaire minoritaire. Berlusconi doit, en effet, trouver des partenaires. La rumeur cite l’Allemand Leo Kirch, associé à Berlusconi et… à TF1 dans la société de production Tricom, ou la ONCE, association des aveugles espagnols gérant La 5 madrilène avec… Berlusconi. Un entrecroisement d’intérêts privés d’où pourrait bien surgir la nouvelle 5. Pourquoi pas, Hachette se demandent certains ?
En réalité, l'affaire était éminemment politique et Jacques Chirac n'a jamais eu l'intention d'offrir une chaîne au "marchand de soupes" :
Lorsque Jacques Chirac boute Silvio Berlusconi hors de France, lui et sa chaîne télé la Cinq, en 1990, il traite l’entrepreneur italien de "marchand de soupes". Mais il a tort : Il Cavaliere n’est pas seulement un vulgaire politicien corrompu et cupide, c’est aussi et surtout un stratège malin et populaire en Italie malgré les affaires qui le poursuivent. L’incarnation parfaite du Prince de Machiavel. L’homme le plus riche de son pays n’a en effet jamais lésiné sur les moyens pour justifier ses fins. Toute sa carrière est entachée de mystères financiers.
En France, Chirac ne l’a pas voulu, puisque son gouvernement a exercé des pressions sur son ami Lagardère pour empêcher que Berlusconi ne puisse prendre le contrôle de la Cinq.
In Francia Chirac non l’ha voluto: il governo di Chirac fece pressioni sul suo amico Lagardère, pur di non lasciar prendere il controllo della Cinq a Berlusconi.
Donc, cinq you la cinq, et merci Chirac de nous avoir sauvés de la cata en évitant que Berlusconi ne s'implante en France !
Un dîner entre gens de bonne compagnie, censé rester secret, qui se déroule en mai dernier chez un juge de la Cour constitutionnelle, Luigi Mazzella, ex-ministre italien de la fonction publique sous le deuxième gouvernement Berlusconi, et réunit autour de la table un autre juge de cette même Cour, Paolo Maria Napolitano, ancien chef de cabinet de Gianfranco Fini durant le deuxième gouvernement Berlusconi et membre du Conseil d'Etat ; l'actuel ministre de la Justice, Angiolino Alfano ; le sous-secrétaire à la présidence du Conseil, Gianni Letta ; le président de la commission des Affaires constitutionnelles du Sénat, Carlo Vizzini, et enfin le président du Conseil des ministres en personne, Silvio Berlusconi.
Or il faut savoir qu'à partir du 6 octobre prochain la Cour constitutionnelle devra se prononcer sur la "Loi Alfano", qui doit son nom au bel Angiolino et assure l'impunité aux 4 plus hauts personnages de l'état italien.
Une décision lourde de conséquences pour Silvio Berlusconi, qui perdrait son immunité si elle était déclarée inconstitutionnelle, puisqu'en fait il s'agit d'une loi "ad personam", rédigée sur mesure par les avocats du patron, écrite expressément pour que Berlusconi puisse échapper, entre autres, à l'affaire Mills (où l'on a donc un corrompu sans corrupteur, pour l'instant), et sur laquelle Alfano s'est limité à apposer sa signature...
Quant à Carlo Vizzini, lui aussi membre du parti de Berlusconi, sa présence était justifiée par sa fonction à la présidence de la commission des Affaires constitutionnelles du Sénat ; il faisait également partie de la commission antimafia, dont il a dû démissionner le mois suivant après avoir été accusé par Massimo Ciancimino, fils de Don Vito, célèbre pour avoir mis Palerme à sac en compagnie de Riina et Provenzano, d'avoir favorisé la mafia !
Aucun conflit d'intérêt, donc, dans cette histoire, et un dîner tout à fait normal, puisque Luigi Mazzella répond aujourd'hui à ceux qui demandent sa démission de la Cour constitutionnelle qu'il était chez lui, et que chez lui il reçoit qui il veut, quand il veut, et qu'il n'a de comptes à rendre à personne...
Dont acte !
Ceci étant, quelques questions demeurent. Notamment lorsque l'on apprend que deux jours après le fameux dîner, une ébauche de réforme constitutionnelle était communiquée à Berlusconi, dans laquelle le titre IV de la Constitution italienne, qui réglemente la magistrature, est totalement remis à plat. Selon Peter Gomez il s'agirait de 9 articles qui font table rase du parquet, des magistrats du ministère public, en les remplaçant par des fonctionnaires recrutés parmi des avocats ou des professeurs universitaires. Ces juges, haïs depuis toujours par Berlusconi, dont l'emblème d'hier fut Antonio Di Pietro et l'emblème d'aujourd'hui Luigi De Magistris. Haïs à tel point que récemment Berlusconi déclarait que, selon son père, si quelqu'un naissait avec le désir de faire le mal, il devenait soit criminel, soit dentiste, soit magistrat du ministère public.
À quoi j'observais sur mon blog italien qu'on comprenait mieux pourquoi des trois le fils ne faisait ni le magistrat ni le dentiste...
Pour ce faire, donc, la "réforme" prévoit la création d'un nouveau Conseil supérieur de la magistrature (CSM) dont fera partie, de droit, non plus le procureur général, mais le premier président de la Cour de cassation. Alors là, une parenthèse s'impose !
Or il faut bien comprendre que jusqu'alors en Italie, pratiquement jamais aucun boss mafieux n'avait été condamné à perpétuité, et tous étaient convaincus, à commencer par Riina, qu'ils s'en seraient sortis une fois de plus, notamment grâce au juge Corrado Carnevale, le "tueur de jugements" connu pour "ajuster" les condamnations d'appel, c'est-à-dire de pratiquement toutes les casser en faveur des mafieux, le plus souvent pour des détails de procédure. La Cassation lui a d'ailleurs revalu ses "bons et loyaux services", puisqu'après avoir été condamné en 2001 à 6 ans de prison en appel, la sentence a été cassée par ses confrères en 2002, en confirmant définitivement le jugement de première instance, qui abandonnait l'inculpation de corruption faute de preuves suffisantes...
Falcone avait découvert la chose et avait donc institué une rotation des juges, en écartant ainsi Carnevale du maxi-procès. Lui qui avoua plus tard (contre son gré, surpris par des écoutes téléphoniques) qu'il n'avait jamais respecté ni Falcone ni Borsellino, pas plus morts que vivants (i morti li rispetto, ... ma certi morti no)...
En bon et loyal serviteur de l'état, le 21 juin 2007 il a donc fini par être réintégré - grâce à une loi écrite spécialement pour lui ! - à la première chambre civile de la Cassation, où il peut continuer sereinement son œuvre, comme a pu s'en rendre compte Beppe Grillo. Avec une perspective qui fait froid dans le dos : sur la base de l'ancienneté, Carnevale a toutes les chances de devenir un jour président de la Cassation, or vu ses antécédents, on peut facilement imaginer le résultat de futurs procès "excellents" destinés à arriver tôt ou tard devant la Cour : Dell'Utri, Cuffaro, etc.
Le fait qu'il soit le plus âgé le place en tête dans la course à la présidence de la Cassation.
Le président actuel, le juge Vincenzo Carbone, prendra sa retraite en 2010, alors que Carnevale ne quittera la Cassation qu'en 2013, à 83 ans.
Donc, dès le départ de Carbone, qui sera le seul candidat, le plus âgé, celui qui aura le plus de titres pour devenir le premier président de la Cassation, le plus important juge d'Italie, au sommet de la pyramide du pouvoir judiciaire au-dessus de laquelle il n'y a plus rien ?
Corrado Carnevale.
En 2010, c'est dans quelques mois...
Voici donc une infime partie des saloperies que Berlusconi et sa cour trament dans l'ombre, pour finir de démanteler complètement la justice et réaliser à la lettre, et même plus, le "programme de renaissance démocratique" de la P2, dont le vice originel, absolu, consiste non pas à abolir la démocratie dans ses formes, mais à la vider totalement de sa substance pour n'en laisser qu'une belle coquille présentable.
C'est écrit en toutes lettres dès les premiers articles : l'adjectif "démocratique" signifie que sont exclus de ce plan tous les mobiles et toutes les intentions, y compris occultes, de renverser le système, en le "revitalisant" via la sollicitation de toutes les institutions que la Constitution prévoit et réglemente, des organes de l'État aux partis politiques, de la presse aux syndicats en passant par les électeurs, etc.
L'aggettivo democratico sta a significare che sono esclusi dal presente piano ogni movente od intenzione anche occulta di rovesciamento del sistema.
Il piano tende invece a rivitalizzare il sistema attraverso la sollecitazione di tutti gli istituti che la Costituzione prevede e disciplina, dagli organi dello Stato ai partiti politici, alla stampa, ai sindacati, ai cittadini elettori.
Il piano si articola in una sommaria indicazione di obiettivi, nella elaborazione di procedimenti - anche alternativi - di attuazione ed infine nell'elencazione di programmi a breve, medio e lungo termine.
Va anche rilevato, per chiarezza, che i programmi a medio e lungo termine prevedono alcuni ritocchi alla Costituzione successivi al restauro delle istituzioni fondamentali.
C'est ainsi que les initiatives en cours décidées dans les conciliabules et les dîners secrets (car pour un que l'on découvre, combien se déroulent-ils dont on ne saura jamais rien...) s'accompagnent d'autres projets de loi visant à imposer définitivement LA FIN DE LA DÉMOCRATIE EN ITALIE, notamment en muselant la justice, en baîllonnant la presse et en censurant Internet. Définitivement, je répète.
J'aurai l'occasion d'y revenir, car si je devais détailler les dispositions de l'actuel projet de loi sur la "justice", destiné à passer incessamment sous peu, il faudrait que je multiplie la longueur de ce billet par 2 ou par 3, or il donne déjà suffisamment à réfléchir. Tout au moins il devrait...
[MàJ - 29 juin 2009] Il semblerait - je n'ai pas encore pu recouper l'info - que l'actuel Président de la Cour constitutionnelle, Francesco Almirante, veuille repousser la date du 6 octobre pour l'examen de la constitutionnalité de la loi Alfano ; il n'aurait pas très bien pris la chose, après avoir appris hier la nouvelle du dîner par les journaux...
Que les idiots utiles soient sûrs et certains que les titres sont faux (raison pour laquelle seuls les idiots inutiles en parlent...), ce dont je me suis convaincu moi-même après moultes recherches, c'est une chose.
Mais que l'histoire soit vraie et que personne ne l'ait analysée ou n'en ait parlé proportionnellement à son ampleur potentielle, c'en est une autre !
Notamment au vu des incohérences multiples et de la désinformation flagrantes qui entourent cette histoire. Où la fouchette des possibles entre les dits et les non-dits ne fait qu'ajouter à la confusion.
Dans cette affaire je n'ai aucune théorie du complot à proposer (contrairement à ce que je peux penser sur Berlusconi et qui n'engage que moi...), aussi me limiterai-je à examiner les faits.
Qui dit exactement ceci (extraits, c'est moi qui souligne) :
Les titres étaient en possession de deux Japonais, âgés d'une cinquantaine d'années, qui ont affirmé aux douaniers n'avoir rien à déclarer à leur descente du train en provenance d'Italie.
Or un contrôle minutieux de leurs bagages a permis de trouver, cachés dans le double-fond d'une valise contenant leurs effets personnels, 249 “bonds de la Federal Reserve” d'une valeur nominale de 500 millions USD l'un, et 10 “bonds Kennedy” d'une valeur nominale de 1 milliard USD l'un, outre une importante documentation bancaire ORIGINALE.
Les bons du Trésor et les documents qui les accompagnaient ont été saisis et font actuellement l'objet d'une enquête pour en déterminer l'authenticité et l'origine.
* * *
I valori erano posseduti da due cinquantenni giapponesi che, scesi da un treno proveniente dall’Italia, al momento del controllo doganale affermavano di non avere nulla da dichiarare.
Un’accurata verifica dei bagagli ha consentito di rinvenire, nascosti sul fondo di una valigia in uno scomparto separato da quello contenente gli indumenti personali, 249 bond della “Federal Reserve” americana del valore nominale di 500 milioni ciascuno, e 10 “Bond Kennedy” del valore nominale di 1 miliardo di dollari ciascuno, oltre a una cospicua documentazione bancaria in originale.
Per i bond e la documentazione di interesse valutario che li accompagnava, anch’essa sottoposta a sequestro, sono attualmente in corso indagini volte a stabilirne l’autenticità e la provenienza.
Un communiqué officiel paru le 4 juin 2009, très peu repris dans la presse italienne et pas du tout dans la presse internationale. Il faudra attendre quelques jours, jusqu'au 8 juin, le jour même où j'en ai parlé pour la première fois sur Adscriptor, pour lire sur un blog italien une très brève interview du Colonel Rodolfo Mecarelli, commandant provincial de la GDF à Côme, qui nous fournit quelques éléments supplémentaires déjà relatés ici :
Pour l'heure, je peux seulement dire que nous avons de gros doutes sur les 10 bons "Kennedy", d'une valeur nominale de 1 milliard $ l'un, tandis que les bons de 500 millions sont imprimés sur du papier filigrané d'excellente facture, ils semblent plus crédibles.
(...)
Naturellement, nous collaborons avec des experts des services secrets américains, et nous devrions bientôt disposer d'expertises officielles pour éclaircir la question.
(...)
Les japonais, en transit de l'Italie vers la Suisse, ont été interrogés et ont déclaré ce qu'ils avaient à déclarer. Ils sont à présent en liberté, je ne peux en dire plus pour le moment.
* * *
Per quanto riguarda i 10 bond denominati "Kennedy", dal valore nominale di 1 miliardo di dollari, posso dirle soltanto che abbiamo forti perplessità. Mentre per i 240 titoli da 500 milioni, la carta è filigranata e di ottima fattura. Sembrano più credibili.
(...)
Ovviamente collaborano con noi esperti americani del Secret Service. Al termine avremo perizie ufficiali per dirimere la questione.
(...)
I giapponesi, che viaggiavano dall'Italia alla Svizzera, sono stati interrogati ed hanno rilasciato le loro dichiarazioni. Al momento si trovano a piede libero. E naturalmente non posso dirle di più.
Nulle part il n'est question de titres datés de 1934, jusqu'à la dépêche publiée par Bloomberg le 12 juin (sur laquelle Rue89 a basé son article), SEULE source à rapporter cette info, et dont j'ai obtenu confirmation par la journaliste de Bloomberg qu'il s'agissait bien d'une déclaration directe du Colonel Mecarelli, interviewé par Sonia Sirletti.
Le jour même, dans une deuxième dépêche, Bloomberg précise que les autorités japonaises ne sont pas encore sûres qu'il s'agit bien de citoyens japonais : « An official at the Consulate General of Japan in Milan, who only gave his name as Ikeda, said it still hasn’t been confirmed that the individuals are Japanese. » !
Il faudra attendre six jours, le 18 juin, pour que Bloomberg, encore, cite Stephen Meyerhardt, un porte-parole du Trésor américain, déclarant que de toute évidence les titres sont faux : “They’re clearly fakes” !
Tout ce que nous avons vu, ce sont des photos qui tournent sur Internet, mais cela nous suffit pour affirmer que ces bons du Trésor sont des contrefaçons...
"All we've seen is a photograph that's been moved on the Internet. But just with that we can tell that those are not real Treasury securities."
Questions :
peut-on assimiler une telle déclaration à l'expertise officielle que les douaniers italiens affirment avoir sollicité plus de deux semaines auparavant ?
fallait-il attendre 15 jours (du 3 au 18 juin) pour fournir les résultats d'une telle "expertise" sur la base de telles "preuves documentaires" ?
n'y a-t-il pas une contradiction majeure entre ce constat de faux tellement grossiers que de simples photos suffisent à les identifier à distance, et les premières déclarations de la douane italienne qui font état d'une importante documentation bancaire ORIGINALE et de bons imprimés sur du papier filigrané d'excellente facture, au point de sembler crédibles ?
et si, comme le laisse entendre le communiqué officiel italien, une importante documentation bancaire ORIGINALE accompagnait les titres, et que les titres sont faux, de quelle importante documentation bancaire ORIGINALE s'agit-il ?
et s'il est avéré "officiellement" que les titres sont faux, pourquoi les deux personnages interpellés à Chiasso et presque immédiatement relaxés parce que leur avocat se serait porté garant pour eux ne sont-ils pas arrêtés ? A-t-on perdu leurs traces ? Est-on sûrs de leur identité ?
Mais l'histoire ne s'arrête pas là...
Le lendemain, 19 juin, tout en relatant les propos de M. Takeshi Akamatsu, attaché de presse du Ministère japonais des Affaires étrangères, qui déclare n'avoir aucune idée de la où se trouvent ses présumés concitoyens (“We don’t know where they are now,” Mr Akamatsu said), le Financial Times publie l'un des papiers les plus absurdes que j'ai eu l'occasion de lire sur cette affaire, en accusant la mafia d'être à l'origine de cette contrebande de faux titres.
Un papier indigne d'une gazette de quartier, qui n'est étayé par aucune info ou source pertinente, basé sur des rapprochements hasardeux et forcés avec une affaire précédente mais sans le moindre rapport avec celle-ci, et le FT aurait déployé des journalistes en Italie, au Japon, à New York et à Washington pour pondre ce torchon !
Par quelque bout que vous preniez la chose, c'est totalement absurde, incompréhensible, inconcevable !
Car si l'on donne crédit à cette supercherie fantaisiste (comment croire un seul instant que la mafia ferait passer 134,5 milliards de faux bons d'Italie en Suisse par deux japonais dans un train régional !?), alors pourquoi ne pas prendre pour argent comptant l'autre version du Turner Radio Network, publiée le lendemain, 20 juin, qui affirme avoir eu confirmation (quand ?, comment ?, par qui ?...) que les deux japonais seraient des employés du Ministère des Finances japonais qui tenterait d'écouler secrètement leur bons du Trésor en $.
Je n'ai aucune idée de ce qu'est ce Turner Radio Network et l'histoire qu'ils racontent peut sembler totalement farfelue, mais ni plus ni moins que celle du Financial Times ! Et si en théorie on peut évacuer le premier d'une pichenette, il n'en va pas de même du second : quelle est la véritable motivation et quels sont les objectifs de cet "article", qui sera d'ailleurs repris ici et là, si ce n'est de brouiller ultérieurement les pistes ?
Aujourd'hui je lis de nouveaux développements sur deux journaux économiques très connus en Italie, aussi sérieux que Il Sole 24 Ore, à savoir Italia Oggi et Milano Finanza, ce dernier commençant ainsi :
Les autorités italiennes considèrent suspecte la précipitation avec laquelle Washington a jugé que les bons étaient faux, vu l'enjeu d'une amende de 38 milliards d'euros. Reste encore à clarifier l'identité des deux suspects japonais et la nature de leurs relations avec la Banque centrale de Tokyo (...), une histoire qui risque maintenant de se transformer en affaire diplomatique.
Le autorità italiane considerano sospetta la fretta con cui Washington ha giudicato falsi i titoli obbligazionari. In ballo una sanzione da 38 miliardi di euro. Da chiarire l'identità dei due giapponesi indagati e i loro rapporti con la Banca centrale di Tokyo.
Il giallo del maxisequestro da 134,5 miliardi di dollari di buoni del Tesoro americani alla frontiera tra Italia e Svizzera ora rischia di diventare un caso diplomatico.
Car c'est là où les choses se compliquent, comme le détaille le premier article (qui titre « Maintenant, que le Japon nous paie 38 milliards $ », en confondant d'ailleurs $ et €, une constante dans cette histoire) :
Le fait est que la seule chose dont on est sûrs pour le moment, c'est que les deux suspects sont bien japonais, l'un de la préfecture de Kanagawa, au centre du Japon, et l'autre de la préfecture de Fukuoka, à l'ouest du pays. Mais il y a plus encore.
Selon des sources confidentielles, l'un des deux, Tuneo Yamauchi, serait le beau-frère de Toshiro Muto, ancien vice-gouverneur de la Banque du Japon. Un détail loin d'être négligeable dans l'actuel bras de fer entre les autorités italiennes, japonaises, et la Fed. Car si la Guardia di Finanza avait estimé dès le départ que les titres étaient contrefaits, les deux hommes auraient dû être arrêtés et non pas remis en liberté sans commentaires.
Fatto sta, che l'unica cosa finora accertata è che i due fermati sono realmente giapponesi e provenienti uno dalla prefettura di Kanaga nel Giappone centrale e l'altro dalla prefettura di Fukuoka nel Giappone occidentale. Non solo.
Uno dei due fermati Tuneo Yamauchi, secondo fonti riservate sarebbe il cognato dell'ex vice governatore della Banca del Giappone Toshiro Muto. Un dettaglio non da poco nel possibile braccio di ferro tra le autorità italiane, quella giapponese e la Fed. Sì, perché se la Guardia di finanza avesse ritenuto che i titoli erano contraffatti avrebbe dovuto arrestare i due giapponesi che invece sono stati rilasciati senza rilasciare nessun tipo di commento.
Car de deux choses l'une :
Soit les bons sont faux, et les porteurs auraient dû être arrêtés ;
Donc j'ignore quelles sont les sources de ces infos, déjà relatées hier par AsiaNews en italien et en anglais, mais avec un tel luxe de détails sur des journaux aussi sérieux, perso je dirais que l'affaire se complique...
P.S. À propos des sources à peine mentionnées, quelques précisions.
Soit Italia Oggi et Milano Finanza ont des sources qui coïncident avec celles d'AsiaNews (IT) (EN), soit ils se sont inspirés des sources de ce dernier, vu que les articles d'AsiaNews sont sortis la veille (23 juin) par rapport à ceux d'Italia Oggi et de Milano Finanza (24 juin).
Mais quand bien même Italia Oggi et Milano Finanza se seraient inspirés d'AsiaNews, je ne doute pas un instant que des journaux économiques aussi professionnels - au niveau des Échos ou de la Tribune en France, pour faire une comparaison - auront recoupé l'info et les sources avant de les publier !
[MàJ - 26 juin 2009, 0h40'] Le New York Times vient de consacrer un article à cette histoire, qui semble confirmer la position de Stephen Meyerhardt (voir plus haut), en la corroborant par cette citation de Darrin Blackford, un porte-parole des Services Secrets contactés par la police financière italienne pour déterminer l'authenticité des titres saisis (“legitimacy of the seized financial instruments”), qui déclare dans un courriel envoyé au NYT :
Nos services ont vérifié que les titres étaient des faux, qui n'avaient jamais été émis par le Gouvernement des États-Unis.
... Agency had verified the bonds were “fictitious instruments and were never issued by the United States Government.”
Par contre l'article ne touche mot ni de l'identité des japonais ni du fait que l'un des deux serait le beau-frère de l'ancien vice-gouverneur de la Banque du Japon, en précisant que ni le Département du Trésor ni Europol ne peuvent commenter l'affaire tant que l'enquête italienne est en cours.
Or même si les titres sont faux, ce qui pose problème aujourd'hui c'est davantage « l'identité des deux suspects japonais et la nature de leurs relations avec la Banque centrale de Tokyo », car j'imagine que dans le titre « Maintenant, que le Japon nous paie 38 milliards $ », l'élément clé subliminal ce n'est pas l'amende, mais le fait que le Japon pourrait être impliqué au plus haut niveau dans cette histoire.
Et qui dit Japon dit États-Unis ?
En outre il est étrange qu'actuellement le dialogue semble avoir lieu par journaux interposés ! Le mystère continue... [Début]
Or Versac (si j'écris Nicolas, on saura plus duquel je parle :-) nous propose une bonne analyse mais un nuage sémantique confus :
et donc peu expressif du fait qu'il contient tous les mots vides du discours, d'où un sens noyé dans le flux.
De ce point de vue, le nuage proposé par Vincent en se basant sur le même discours me semble un peu plus pertinent, même s'il reste bruyant :
Moi qui me sens l'âme d'un népho-sémanticien (néologisme modeste combinant néphologie et sémantique), voire de faux sémanticien tout court, je ne pouvais résister à l'envie d'y ajouter mon grain de sel, surtout depuis que je maîtrise à la perfection le binôme Quensis (sémantique) et Wordle (néphologie)...
En intégrant quelques différences dans le classement des mots par rapport au tableau utilisé par Versac, puisque lui ne prend pas en compte les pronoms personnels.
Or lorsqu'on parle de Sarkozy, l'analyse des pronoms est toujours très significative. J'en veux pour preuve le nuage issu de ma précédente analyse, où le JE est omniprésent et le NOUS totalement absent :
alors que dans le discours d'hier le NOUS (135 occurrences sur 6266 mots) est presque deux fois plus représenté que le JE (76 occurrences, dont 62 fois JE et 14 J'), une nouveauté absolue pour Sarkozy !
Un discours assez proche de celui tenu par Obama au Caire, tout au moins au plan de la répartition de NOUS, NOTRE, JE, MONDE, etc.
En tout cas un recentrage total par rapport à tous les précédents discours de Sarko, qui devient encore plus évident si l'on n'examine que les 21 termes significatifs ayant plus de 10 occurrences :
Certes, il n'y a aucune spontanéité là-dedans, c'est de la pure ingénierie linguistique, où l'on commence par booster la densité des mots clés autour desquels le discours sera bâti, phrase par phrase, en jouant sur les répétitions, les figures de style, etc. etc.
Voici donc les 14 substantifs plus représentatifs du texte (en réunissant singuliers et pluriels) :
et en étendant le nuage aux 100 substantifs plus représentatifs :
J'emprunterai ma conclusion à Versac :
Au final, on est dans un habillage assez peu inspiré, ou par de grands creux, d’un message simple et basique : on continue, parce que notre voie est la bonne, et que ne rien faire serait criminel.
Lundi dernier, 15 juin, Barack Obama recevait Silvio Berlusconi à Washington.
Or derrière les sourires de circonstance et les accords de convenance, il se pourrait bien qu'en coulisse le bras de fer de l'Amérique soit en train de s'abattre, une fois de plus, sur un État italien à "souveraineté limitée".
En clair, un pays à souveraineté limitée est un pays qui n'est pas maître chez soi, ce qui fut pendant des décennies la réalité italienne, la réalité d'un pays sous influence durable, d'une Italie limitée dans ses choix "démocratiques" depuis l'après-guerre.
Une réalité historiquement documentée dont je citerai un seul exemple parmi tant d'autres : le 3 août 1995, Giovanni Motzo, Ministre pour les Réformes Institutionnelles de l'époque (déjà...), déclarait dans une interview au journal "Avvenire" :
Au cours de la dernière décennie, des événements concrètement liés à l'existence d'accords secrets internationaux ont fait ressortir une situation de véritable incertitude constitutionnelle.
Le journaliste, Antonio Mira, lui rétorque :
Journaliste : - Monsieur le Ministre, qu'entendez-vous par là ?
Ministre : - Je me réfère aux accords exécutifs qui ne passent pas devant le Parlement mais sont signés exclusivement par le Gouvernement. Ces documents, top secrets, régissent habituellement les questions relatives aux bases militaires étrangères et de l'OTAN en Italie, au quartier général de l'OTAN, au transit et au séjour des troupes.
(...)
J. : - Certains évoquent une souveraineté limitée de notre pays...
M. : - En partie, ils ont raison.
J. : - C'est la première fois qu'un gouvernement met en doute la légitimité de ces secrets.
M. : - Eh bien, il serait temps. Pensez que l'accord bilatéral États-Unis-Italie signé en 1961 est toujours en vigueur.
J. : - En connaissons-nous le contenu ?
M. : - Il y en aurait deux versions... Nous en connaissons quelques articles. Où l'accord prévoit que les Etats signataires s'engagent à se prêter assistance mutuelle, et prévoit également l'envoi de conseillers militaires américains en Italie.
Bref aperçu historique : issu des cellules stay-behind coordonnées par l'OTAN au sortir de la deuxième guerre mondiale, présentes dans plus d'une dizaine de pays d'Europe de l'Ouest, le réseau Gladio (mot italien pour "glaive") était initialement l'organisation clandestine italienne correspondante, théoriquement chargée de combattre une éventuelle invasion de l'URSS et des pays du Pacte de Varsovie, justement en agissant "derrière les lignes".
Je vous laisse approfondir en suivant les liens de Wikipédia si ça vous intéresse, mais le concept de "souveraineté limitée" que je souhaite approfondir ici n'est présent sur aucun des deux articles, français et italien.
Pour qui parle italien, je recommande donc chaudement cette leçon de Gianni Barbacetto, tenue le 3 décembre 2008 à l'Université Roma Tre, où le journaliste affirme même qu'en Italie aucun président du conseil n'aurait pu occuper ce poste sans l'aval des américains...
En clair, quand bien même élu par le peuple, le président du conseil italien avait besoin de recevoir une habilitation NOS (Nulla Osta Sicurezza) des services secrets militaires italiens, directement assujettis au bon vouloir de la CIA ! Un aspect que n'aborde absolument pas le rapport Andreotti sur Gladio, bien sûr.
Essayez, juste un instant, de transposer une telle situation à la France...
Bon, ceci dit, en Italie le gouvernement a officiellement dissous le réseau stay-behind le 27 novembre 1990, et les choses ont dû changer depuis, pour autant que l'on sache (car, pour le moins, 5 ans après la dissolution du réseau, les propos du Ministre Motzo peuvent laisser planer quelques doutes)...
Donc, pour en revenir à Barbacetto, selon lui, cette "souveraineté limitée" est théorisée par la doctrine Truman, qui tire son nom du fameux discours prononcé le 12 Mars 1947 par le président américain Harry Truman sur la disponibilité des Etats-Unis d'intervenir dans toute région du monde, menacée par les Soviétiques et intoxiquée par le communisme.
Le document NSC n° 1/3 du 8 mars 1948, à la veille des élections cruciales du 18 avril suivant, pose directement le problème de la possible conquête du pouvoir par les communistes « par des moyens légaux », auquel cas les États-Unis devraient immédiatement répondre, y compris en fournissant une assistance financière et militaire à la base anti-communiste italienne. N'oublions pas que le 3 avril 1948, le congrès américain adoptait le plan Marshall pour la reconstruction de l'Europe après la deuxième guerre mondiale.
Le document NSC n° 10/2 du 18 juin 1948 affirme que les activités officielles à l'étranger seraient accompagnées d'opérations "couvertes" pour qu'il ne soit pas possible de remonter à la responsabilité du Gouvernement des États-Unis.
Le document NSC n° 67/3 du 5 janvier 1951 (indisponible dans son intégralité, aujourd'hui encore, puisqu'une bonne partie reste sous secret militaire), prévoit explicitement des initiatives des États-Unis « pour empêcher la prise du pouvoir par les communistes. »
C'est le programme tout tracé de la stratégie de la tension, qui avait pour but délibéré non seulement d'installer un climat de violence politique pour favoriser l'émergence d'un état autoritaire, mais aussi et surtout de faire en sorte que des attentats exécutés par des néofascistes et des subversifs d'extrême droite fussent faussement attribués aux réseaux gauchistes.
Je ne veux pas dire par là que tout ce qui s'est passé ensuite est à mettre au crédit de Stay-Behind, puisque de tous les pays où les armées secrètes de l'OTAN étaient présentes, seule l'Italie a connu de telles dérives, et dans de telles proportions.
Avec comme but évident de terroriser la nation pour affaiblir le Parti communiste qui se renforçait, et pour induire le peuple - à son insu, bien évidemment, et plutôt de force que de gré - à accepter "le" pouvoir voulu par des "instances supérieures".
Naturellement, l'état faisait partie intégrante de cette stratégie. Un exemple entre tous, parfaitement avéré, est celui des "affiches chinoises", dans le sillage des opérations "false flag", qui consista, en février 1966, à tapisser les murs de Rome, Milan, Mestre, Venise, Padoue, etc., d'affiches de propagande pour la Chine maoïste divulguées par de fantomatiques groupes communistes italiens filo-chinois.
Imaginé avant 1968 pour contrer le "péril communiste" par Federico D’Amato, chef du bureau des affaires réservées du ministère de l’intérieur, membre de la loge P2 et Yves Guillou alias Guérin-Serac, néo-fasciste français, ce 12 décembre 1969 inaugurait la "stratégie de la tension". Le principe clairement exprimé dans un document intitulé "Notre action politique" consiste à réaliser des attentats meurtriers dans des lieux publics et à les revendiquer au nom de l’extrême gauche. "Quand on les frappe et qu’ils ne peuvent pas se défendre, les petites gens vont réclamer un Etat fort", déclarera Delfo Zorzi, un néo-nazi qui a avoué à deux reprises avoir participé à l’attentat de la piazza Fontana.
Membre de la loge P2, j'y reviendrai...
Mais Gladio n'est pas la seule preuve historique de la mainmise des américains sur l'état italien. J'ai récemment rendu compte sur mon blog italien de l'Anello della Repubblica, l'Anneau de la République, une organisation encore plus secrète, clairement appuyée par la CIA et quasi certainement manipulée par Andreotti, qui fut vraiment de tous les coups...
Or donc, dans cette continuité historique qui dure maintenant depuis plus de soixante ans (!!!), paradoxalement, le seul homme d'état capable d'imposer une rupture aura été ... Silvio Berlusconi !
Lorsque les premières rumeurs sur un complot à son égard ont commencé à circuler, il y a quelques jours, j'ai été le premier à penser qu'il s'agissait d'une idiotie. Or mon raisonnement était motivé par le fait que Berlusconi mélangeait tout et le contraire de tout dans les ingrédients du complot, de sa femme à Mills, de Noemi à l'utilisation abusive d'un avion d'Etat, révélée par le photographe Antonello Zappadu.
Et puis petit à petit j'ai commencé à mettre en relation cette déclaration de Berlusconi avec une autre déclaration, faite en 1972 par Arnaldo Forlani, signalée par Stefania Limiti dans L'Anello della Repubblica (p. 88-89), et relatée par Giovanni Pellegrino, Président de la Commission parlamentaire d'enquête sur le terrorisme en Italie et sur les causes de la non-identification des responsables des massacres, lors de la séance du vendredi 18 avril 1997 :
Le président Pellegrino s'adresse à Forlani :
Il est notoire que vous avez tenu, en novembre 1972, lors d'une réunion publique à La Spezia, des propos d'une extrême gravité. Vous avez notamment déclaré :
« Nous venons d'assister à la tentative la plus dangereuse que la droite réactionnaire ait jamais tenté et réalisé depuis la Libération jusqu'à nos jours. Une tentative de désagrégation tramée par une organisation forte disposant de puissantes ressources financières et de soutiens solidaires non seulement internes, mais probablement aussi internationaux, une tentative qui n'est pas encore terminée : nous savons en effet, documents à l'appui, qu'elle est encore en cours.
(E’ stato operato il tentativo più pericoloso che la destra reazionaria abbia tentato e portato avanti dalla liberazione ad oggi. Questo tentativo disgregante, che è stato portato avanti con una trama che aveva radici organizzative e finanziarie consistenti, che ha trovato delle solidarietà probabilmente non soltanto di ordine interno, ma anche di ordine internazionale, questo tentativo non è finito. Noi sappiamo in modo documentato che questo tentativo è ancora in corso.)
Des mots sibyllins que Forlani a prononcés en public mais qu'il s'est bien gardé d'expliciter par la suite... Des mots qui dénonçaient ouvertement un complot, mais sans dire lequel, bien sûr.
Idem pour Berlusconi, qui parle de complot en essayant de noyer le poisson, c'est-à-dire en accusant tous et n'importe qui sans désigner nommément les États-Unis. C'est tout juste si, de temps en temps, lui et ses porte-parole font allusion à l'intervention de services étrangers.
Ceci dit, de plus en plus de voix s'élèvent en Italie pour remarquer cette situation. À commencer par Gioacchino Genchi, qu'on n'accusera certes pas d'être un pro-Berlusconi, et qui constate avec raison que les quelque 5 000 photos prises par Zappadu n'ont absolument pas pu l'être sans des complicités internes, puisque "d'autres photographes avaient déjà tenté le coup avant d'être arrêtés dans les minutes qui suivirent".
Il compare même les photos prises à l'aéroport, dont quelqu'un a forcément averti le photographe des dates et heures de vol et des personnes qui se trouvaient à bord, avec la taupe qui avertit Brusca que Giovanni Falcone venait d'atterrir...
Du reste, on ne prend pas 5 000 photos en un jour mais sur des mois, voire des années, et l'on se surprend de voir que le photographe les a gardées sous le coude pendant tout ce temps sans jamais en parler à personne, en attendant juste le bon moment pour les sortir au compte-gouttes mais suivant un rythme de publication savamment orchestré, puisqu'il a déjà averti que la prochaine série concernerait un faux mariage de Berlusconi avec une jeune fille, le "couple" étant entouré par un nuage d'autres jeunes filles...
Je vous laisse imaginer l'impact sur l'opinion publique. Mais c'est aussi et surtout une menace à peine voilée pour dire : après Noemi, après D'Addario, en voici d'autres, et derrière il y en aura d'autres, et d'autres encore...
Du genre, "maintenant, on va te casser" ! Fabrizio Cicchitto, autre célèbre colistier de Berlusconi sur les listes de la Loge Propaganda Due et actuel chef de groupe du PDL au parlement, s'en est d'ailleurs ému en se demandant ce qui se serait passé si l'on avait eu un tireur avec un fusil à lunette au lieu d'un paparazzi avec un appareil photo...
Un paparazzi un peu étrange d'ailleurs, plutôt photo reporter avec des accointances dans certains services, euh, disons ... secrets.
Il faut dire aussi que depuis longtemps, mais surtout dernièrement, les coups sur l'échiquier politique de Berlusconi sont à la limite de l'antiaméricanisme primaire. Fini la lune de miel avec Georges W. Bush ! :-)
C'est ainsi que Paolo Barnard, un journaliste sui generis, observe avec justesse que l'affaire Noemi n'est qu'un prétexte violemment invoqué par le Times, « bastion historique des conservateurs, porte-parole international des Conseils d'administration des plus grands groupes mondiaux », pour dissimuler des motifs bien plus graves : à savoir que Berlusconi doit avoir fait quelque chose qui n'a pas plu en hauts lieux, en suscitant la colère de ceux qui avaient parié sur lui outre Atlantique...
Sans quoi comment justifier que le séculaire quotidien sorte de ses gonds après 224 ans de tact purement britannique, en se lançant dans des attaques de bas étage du genre “Berlusconi est un clown”, “un bouffon chauvin”, un playboy pathétique, etc. ?
C'est ainsi qu'un blogueur, Gianluca Freda, nous propose une fine analyse où les dieux se déchaînent sur Berlusconi juste au moment où celui-ci serait sur le point de « favoriser la conquête d'une microscopique particule d’indépendance politique vis-à-vis des puissances étrangères qui tiennent depuis 65 ans l’Italie sous leur botte », c'est le cas de dire :
Certes, les tentatives de Berlusconi pour se démarquer n'ont jamais répondu à des intérêts politico-stratégiques clairvoyants d’autonomie nationale, mais uniquement à sa volonté mesquine de sauvegarder son propre pouvoir et de défendre son empire économique contre un encerclement de plus en plus rapproché.
...puisque depuis qu'il est arrivé en politique, il ne s'est intéressé qu'à ses affaires personnelles, en écrasant sous le talon de ses bottines tout ce qui risquait de limiter ses intérêts économiques, à commencer par le peuple italien.
En clair, ne pouvant plus se fier à Berlusconi, désormais totalement imprévisible et incontrôlable, aux États-Unis de plus en plus les instances au pouvoir doivent penser « !Tell the fucking spaghetti to do his own fucking business » !
Raisonnons par l'absurde et donnons pour acquis que les théories du complot sont fondées, aussi bien celle selon laquelle Obama aurait un plan pour écarter Berlusconi, que celle indiquant Rupert Murdoch, éditeur de Sky et du Times, comme le stratège du discrédit antiberlusconien pour de basses raisons de concurrence télévisée. Nous devons alors considérer ces deux hypothèses également d'un point de vue extérieur. Pourquoi donc nos alliés ou des groupes médiatiques mondiaux devraient rester indifférents au fait qu'un groupe d'affairistes tournant autour du pouvoir absolu d'un seul individu est en train de prendre le contrôle d'un pays entier ? L'objection selon laquelle cela s'est fait par la voie d'un scrutin électoral ou que Berlusconi est fort du consentement d'une majorité d'italiens ne tient pas face à l'omnipotence sans scrupule avec laquelle il bafoue la séparation des pouvoirs qui garantit le maintien de la démocratie en Italie. Car lorsqu'il qualifie de délinquants criminels les juges et les journalistes qui enquêtent sur sa personne, ou lorsqu'il mélange avec la plus parfaite indifférence intérêt public et intérêts privés tant dans ses comportements que dans son mode de vie, alors il est temps de constater que le danger a déjà dépassé la cote d'alerte.
Et que tous les électeurs de droite devraient entendre le signal d'alarme qui nous parvient de l'extérieur. Avant que le faux nationalisme ne se transforme en nouvelle fracture de la démocratie.
On ne peut être plus clair.
Donc en conclusion, si Berlusconi arrive au bout de son parcours politique, ce n'est sûrement pas moi qui pleurererai. Au contraire, ce jour béni je fêterai ça comme il se doit.
Par contre vu l'immense bordel que sa "disparition" du champ politique risque de générer tant à gauche qu'à droite que dans tout le pays, situation propice à tous les débordements..., j'espère juste que les italiens en particulier et tous ceux qui vivent ici ou s'intéressent à l'Italie en général, sauront réunir suffisamment de forces et d'intelligences pour faire en sorte que les ingérences du passé ne deviennent pas ENCORE celles du présent et de l'avenir.
P.S. Ni Cossiga (cacochyme cyclothymique), pour qui je n'ai aucune considération, ni Marco Travaglio, pour qui j'ai la plus grande considération, ne partagent l'idée d'un "complot" :
Il n'y a aucun complot, si l'on entend par complot une entité étrangère ou italienne, des pouvoirs forts ou des conneries du même acabit, qu'avons-nous de plus fort en Italie que Berlusconi ?
...non c’è nessun complotto, se intendiamo per complotto un’entità straniera o italiana, poteri forti, cazzate di questo genere, cosa c’è di più forte di Berlusconi in Italia?
Ceci dit, si vous entendez parler dans la presse d'un complot présumé contre Berlusconi, au moins vous saurez d'où ça vient...
Par contre, ma conclusion sur les conséquences d'une "disparition du champ politique de Berlusconi" est la même que la sienne :
Si Berlusconi tombe, c'est toute la classe dirigeante qui tombe, aussi bien de droite que de gauche, qui n'est là que parce qu'il y a lui en face d'eux, ..., donc comprenez bien qu'au moment même où Berlusconi tombe, c'est l'ensemble du système qui s'écroule, exactement comme en 1992...
Quando cade Berlusconi, questa classe dirigente va a casa, quella di destra e anche quella di sinistra che sta lì soltanto perché dall’altra parte c’è lui, ..., quindi capite che nel momento in cui crollasse lui, crolla tutto come nel 1992...