jeudi 6 avril 2006

Google : affiner le rapport signal-bruit

Google : affiner le rapport signal-bruit !

Préambule

Rapport signal-bruit

Signaux forts
1. La largeur et la profondeur
2. La diversification
3. La reconnaissance de la marque

Conclusion

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Préambule

Dans un précédent billet consacré à la probable stratégie de portail de Google, je commençais ainsi :
Il ne se passe pas un jour (très rarement plus) sans que l’Internet n’annonce quelque événement ayant trait à Google : (...). L'important c'est d'alimenter le buzz...
Franchement, je me trompais ! Ces derniers jours, c'est heure par heure que les actus se succèdent, sans répit. Tout le monde parle de Google, dans toutes les langues, sous toutes les latitudes. Donc, comment faire le tri dans ce fouillis, comment discerner le bon grain de l'ivraie ?

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Dans un autre billet, brièvement intitulé : de l'ADN du Web 2.0 à la rupture du Web 3.0 en passant par le Web sémantique, même Dædalus se perdrait dans le Webyrinthe, écrit sur invitation de Jean-François Ruiz, je concluais en disant qu'un des enjeux majeurs de cette évolution, outre réussir l’intégration entre les différentes sphères de l’humain et assurer la portabilité des technologies, allait consister à affiner le rapport signal/bruit (Less noise, more signal).

Voyons comment j'interprète ce postulat dans le cas de Google. [Début]

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Rapport signal-bruit

En termes simples, affiner le rapport signal-bruit signifie qu'à l'heure de l'infobésité (où trop d'information tue l'information), nous devons pondérer et apprendre à extraire l'info utile au moment opportun.

Pour la commodité de la démonstration, disons que l'énorme masse de stimuli qui nous envahit en permanence (Internet, radio, télé, journaux, pubs, etc.) est peuplée de bruits informationnels, dont je dois extrapoler les signaux forts qui vont servir à me forger une opinion, à prendre une décision, et ainsi de suite.

Or quand il s'agit de Google, pour s'entendre il ne faut plus parler mais crier, voire URLer ;-), tellement le bruit est assourdissant, paradoxalement presque autant que le silence (c'est-à-dire qu'on sait que l'info ou l'actu qu'on cherche existe, qu'elle est là, tapie quelque part, mais on ne la trouve pas...).

Et en interférant démesurément, le bruit perturbe notre capacité à discerner, il parasite notre entendement : un éclat + un éclat + un éclat, etc., ne produisent... que confusion et cacophonie, même s'il convient toujours de les garder en mémoire, puisqu'au gré des évolutions de Google, ce qui n'est qu'une rumeur aujourd'hui peut très bien devenir un signal fort demain. :-)

[MàJ - 09-04-06] Dernière heure, un signal émergent destiné à faire grand bruit : Google, qui était en concurrence avec Yahoo et MSN, a eu le dessus et négocié l'achat d'un nouvel algorithme de recherche sophistiqué inventé par Ori Allon, un étudiant israëlien, destiné à donner plus de pertinence textuelle aux résultats du moteur. Pour que la triade s'y soit intéressé, il faut vraiment que cet algo soit exceptionnel ! [Début]


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Les signaux forts (tels que je les perçois)

Toujours en me référant, d'une part, à la mission proclamée de et par Google, et, de l'autre, aux fondamentaux qui se dégagent de la stratégie officielle de la firme, j'en citerai 3 :

1. La largeur et la profondeur
2. La diversification
3. La reconnaissance de la marque


en ajoutant pour être tout à fait clair que Google, qui mène désormais de pair de front une stratégie double unique de fins et de moyens, ne se contente plus seulement de prétendre « indexer » d'une manière ou d'une autre, essentiellement à des fins commerciales, toute l'information et la connaissance du monde, mais semble aussi vouloir, [et c'est nouveau, couvrir l'ensemble des activités humaines.] [Début]

1. La largeur et la profondeur

Dans le cadre de la stratégie de fins mise en place par la société, j'associerais au binôme largeur-profondeur, dont l'objectif est de râtisser le plus large et le plus loin possible, la troisième dimension manquante, à savoir la hauteur. Or Google en 3D est maintenant chose faite, puisque la stratégie de verticalisation tant annoncée commence à prendre forme.

Nous n'en sommes qu'au tout début, mais la montée en puissance de Google Base, anticipe un concept à proprement parler RÉVOLUTIONNAIRE !

Je suis réellement impressionné, estomaqué même, voire carrément bluffé, par l'altitude, l'étendue et la portée de la vision de Google, qui AMHA relègue Microsoft loin, très loin derrière..., en se positionnant d'un coup sur tous les domaines/secteurs/services/produits les plus porteurs de l'Internet, et en réussissant le tour de force de concurrencer à la fois et sur leur propre terrain des acteurs mondiaux tels qu'eBay, Amazon, Meetic, Monster, Realtor, Craigslist, etc. etc.


Sans compter le reste... [Début]

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2. La diversification

Quant à la stratégie de moyens, outre l'approche « no constraints » pour booster l'aspect technique et les nouvelles opportunités identifiées, l'évolution de Google porte la société à inverser sa règle des 70/20/10



pour recentrer ses cœurs de métier par le biais soit de partenariats, dans les annuaires (AOL, Verizon), la téléphonie mobile (Wi-Fi), la radio (Clear Channel Radio), la vidéo (Discovery Video, et bientôt la télé...), soit d'acquisitions (dMark Broadcasting, juste pour en citer une, car la liste est un peu longue...), et ce en synergie avec ses capacités de géolocalisation et de géorecherche, qui sont gigantesques.

Autre signal fort, la tentative de Google de servir d'intermédiaire entre la presse (journaux, magazines) et ses annonceurs. Bien que les résultats semblent peu concluants, il faut relativiser le prétendu « échec » rapporté par les observateurs et replacer cette info en perspective, surtout à la lumière de l'influence considérable qu'exerce la société « en ligne », notamment sur la presse (selon cet article du New York Times, l'impact des moteurs va croissant, puisqu'ils canalisent plus de 30% du trafic vers les sites des journaux, d'où le gain probable de lecteurs, d'abonnés, d'annonceurs...), et « hors ligne », comme nous le révèle une étude de comScore commissionnée par Google, selon laquelle les recherches en ligne impactent fortement les comportements d’achat hors ligne.

Après autorisation de comScore Networks de traduire le communiqué de presse, pour ne pas surcharger cet article, je l'ai publié sur un autre blog où vous pouvez le consulter dans sa version intégrale.

Les enseignements qu'on peut en tirer sont impressionnants. Réalisée pendant 2 mois (nov.-déc. 2005) sur un panel de 83 millions d’internautes américains qui ont effectué plus de 552 millions de recherches (sur un ou plusieurs des 24 moteurs de recherche majeurs) dans les 11 catégories analysées (électronique grand public ; ordinateurs, périphériques & assistants personnels ; logiciels, livres & magazines ; musique, vidéos & films ; jouets & temps libre ; jeux & consoles vidéo ; bijouterie & horlogerie ; confection ; fleurs & étrennes ; maison & jardinage), la recherche nous dit que :

* toutes catégories confondues, suite à leurs recherches, 8,6 millions d’internautes ont fait un achat en ligne (instantané ou différé),
* ce groupe ne représente que 37 % du total des acheteurs,
* les 63 % restants (soit près de 15 millions de personnes) ont finalisé ensuite leur achat « hors ligne », directement dans un magasin,
* La recherche sur Internet est la deuxième source d’informations la plus importante pour les acheteurs potentiels, pratiquement sur le même plan que les magasins en ligne, les amis et la famille, et n'arrive qu'un peu en retrait derrière le lèche-vitrine.

C'est énorme ! [Début]

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3. La reconnaissance de la marque


Construire la reconnaissance de la marque est l'un des objectifs stratégiques de Google, cette diapositive et les deux qui précèdent sont extraites de la troisième partie de la désormais célèbre présentation de Google aux analystes financiers, que je n'ai pas traduite car ce n'était pas mon but.

Or qu'une entreprise comme Google, qui est aujourd'hui l'une des marques les plus connues au monde, inscrive au cœur de ses objectifs stratégiques la nécessité de construire la reconnaissance de sa marque ne manque pas de m'interpeller !

Pourquoi et en quoi est-ce nécessaire au point d'être un objectif stratégique ?

Mon intuition est que Google souhaite implicitement se démarquer de son image auprès du public, qui continue à le percevoir (de moins en moins, il est vrai) comme un « simple » moteur de recherche, ce qui pourrait nuire à la politique de l'entreprise dès lors que celle-ci vise à conquérir de nouveaux territoires et fidéliser toujours plus d'utilisateurs, sur Internet et hors Internet.

C'est peut-être aussi l'une des raisons (autres que purement commerciales) pour lesquelles Google s'intéresse aux autres médias et supports, notamment à la presse. Mise à part toute considération technique, cela lui permettrait de toucher un immense public pour qui l'Internet n'est encore qu'une vue de l'esprit, au mieux un gadget et au pire un danger...

À noter enfin que depuis la fin de l'année dernière, l'entreprise a fait ses premiers pas, visibles quoique fort discrets, dans le lobbying... [Début]

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Conclusion

Ceci est le deuxième long billet que je consacre à mon analyse de Google, j'ai l'impression que petit à petit je commence à faire le tour et à mieux appréhender l'entité Google, aussi mystérieuse que fascinante.

Je ne crois plus qu'à l'avenir il sera possible de vivre sans Google, donc autant faire avec en essayant d'apprivoiser le monstre, même si la tâche sera rude. Car pour essayer de comprendre la bête, mieux vaut pouvoir et savoir faire preuve d'anticipation, autant que de réactivité. Un véritable travail de veille, à plein temps !

Enfin, le blog officiel de Google en version française va bientôt démarrer, espérons qu'ils nous aideront à y voir plus clair. En tout cas, bonne route à eux, et qu'ils gardent le bon cap !

Qu'on aime ou qu'on déteste, Google ne laisse pas indifférent.

Tiens, s'ils acceptent les contributeurs, j'ai déjà le titre de mon prochain billet sur la question : « Les couleurs de Google »...

À bon entendeur ! [Début]


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