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jeudi 10 mai 2007

GYM : une analyse

Les indicateurs économiques
Le cool factor

Pour moi, la énième rumeur de rachat de Yahoo! par Microsoft est à mettre au compte des signaux sur lesquels il convient de s'arrêter et de réfléchir.

Dont acte.

Les trois acteurs en présence sont toujours les mêmes :
  1. Google
  2. Yahoo!
  3. Microsoft
Avec G d'un côté, et YM de l'autre.

Le premier caracole en tête, les deux autres suivent, tant bien que mal. Une troisième place qui n'est certes pas dans la nature de Microsoft. Et même si Terry Semel voudrait nous faire croire que les journaux ne racontent que des conneries, perso je préfère penser que le fait qu'un tel argument revienne cycliquement sur le tapis est bien le signe qu'il n'y a pas de fumée sans feu.

Et qu'il témoigne surtout de l'indécision, voire de l'égarement, de deux sociétés cherchant par tous les moyens à combler un retard qui ne cesse de croître. J'imagine que toutes deux sont conscientes qu'elles doivent trouver une forme d'accord ou de collaboration (Semel did make a call for his company and Microsoft to work together on Internet advertising standards) pour contrer Google, tout en sachant qu'une fusion entre deux cultures d'entreprises aussi différentes pourrait déboucher sur un échec retentissant. Sauf à créer une nouvelle entité en détachant MSN de la maison-mère, ce qui serait une bonne façon de faire du neuf avec du vieux et d'éviter une fuite des talents...

Car en réalité, la somme de deux échecs ne fait pas une réussite. Maintenant, dire de Yahoo! et Microsoft qu'elles ont échoué, vous allez me rétorquer que je divague, et pourtant les chiffres parlent d'eux-mêmes.

Ce que Steve Ballmer résume par une formule lapidaire :
Microsoft has the most visitors. Yahoo actually has people spending the most total time with them. And Google makes the most money.

Microsoft a le plus de visiteurs. C'est sur Yahoo que les internautes passent le plus de temps. Et c'est Google qui fait le plus d'argent (ou qui ramasse la mise, si vous préférez).
Donc si G s'en sort le mieux alors qu'il est devancé par YM (ne pas confondre avec ym...) en termes de fréquentation, les raisons de son succès doivent être cherchées ailleurs. Dans les ratios par exemple.

Or à nouvelle donne, nouveaux ratios : les indicateurs économiques servant à évaluer l'efficacité de GYM doivent être à la mesure ... de leur démesure. [Début]

* * *

Les indicateurs économiques

C'est d'ailleurs en lisant une analyse de Victor J. Cook Jr., intitulée Microsoft's $8 Billion Problem, que j'ai eu l'idée de ce billet.

En voici les principaux passages traduits avec son aimable autorisation.
Dans le marketing des entreprises, il y a deux marchés distincts, le marché pour les clients d’une part, le marché pour les capitaux de l’autre, et nous savons qu'ils interagissent. Les hausses de revenus générées par les ventes, qui sont la promesse d’une trésorerie plus abondante, se répercutent sur la capitalisation. Et une meilleure capitalisation impacte le chiffre d’affaires, en fournissant davantage de liquidités à l’entreprise pour financer sa croissance par le biais des acquisitions.

Le tableau ci-dessous, qui se base sur les données 2006, montre que GYM a généré un C.A. global de 61,3 milliards $ pour une capitalisation agrégée de 469,5 milliards $, soit un ratio Cap./C.A. moyen de 7,66. En termes simples, cela signifie que durant l’année dernière les trois sociétés ont globalement créé 7,66 $ de capitalisation pour chaque dollar de chiffre d’affaires.

Or mon étude sur le ratio Cap./C.A. [value/revenue (v/r) ratio] de toutes les entreprises cotées de 1950 à 2005 aboutit à un ratio moyen de 1,1, ce qui veut dire que sur le long terme C.A. et capitalisation s’équivalaient à peu près. Quant à l'écart type du ratio, il a constamment progressé, passant de 1,2 durant les années 50 à +70 sur la période 2000-2005, caractérisée par une volatilité majeure. En prenant un échantillon de 50 472 sociétés sur la décennie 1991-1999, la valeur moyenne du ratio était de 7,92. Par conséquent, la performance de GYM observée ci-dessus (7,66 pour l’année 2006) est plutôt modeste.

(…)

LA RÈGLE DE GERSTNER


La première chose à savoir pour mieux comprendre quel est le moteur de ces résultats, c'est quelle est l'efficacité marketing de chacune des trois entreprises. Dans son livre, Who Says Elephants Can't Dance?, Lou Gerstner (l’artisan de la relance d’IBM) nous donne un principe de base sur l'efficacité marketing d'une entreprise. Une règle simple et révélatrice à la fois : combien ça vous coûte de générer un dollar de C.A. par rapport à vos concurrents ? Ce qu'on appelle la règle du coût par dollar (CPD) de Lou Gerstner…

Quant aux coûts marketing de l’entreprise (EME - Enterprise Marketing Expenses), ce sont tous les coûts supportés en termes de ressources humaines et de programmes destinés à influencer le comportement des clients, des investisseurs, et leur façon de penser, d’agir et de sentir vis-à-vis d’une entreprise.


En 2006, Microsoft a dépensé 6,584 milliards $ en R&D, plus 13,576 milliards $ en frais de vente, frais généraux et frais d'administration (SG&A), qui incluent traditionnellement les coûts vente & marketing. Pour un total EME de 20,160 milliards $. Donc en divisant cette somme par le C.A. 2006, cela nous donne un CPD de 0,455 : il en a coûté à Microsoft 45,5 cents pour générer 1 dollar de C.A.

Or en appliquant le même calcul à Google (1,229 milliard $ R&D + 1,601 milliard $ SG&A / C.A.), le même rapport était de 26,7 cents / 1 pour la société de Moutain View, soit près de moitié moins !

Autrement dit, pour chaque dollar de C.A. généré, Microsoft a dépensé 18,8 cents de plus que Google. Rapporté au C.A. global 2006, cela signifie que Microsoft aurait pu économiser 8,3 milliards $ en ayant le même ratio de performance que Google.
D'où l'analyse de Victor J. Cook Jr., qui chiffre le problème de Microsoft à 8 milliards de dollars. CQFD !

Dans un autre ordre d'idée, je me suis amusé à calculer la productivité par employé chez GYM, en divisant le C.A. par les effectifs (source : WSJ).


Résultat, là encore, Google fait 50% mieux que Microsoft (868 852 $ contre 579 085 $ par personne). Donc, je veux bien qu'à l'occasion on puisse faire dire aux chiffres tout et son contraire, mais parfois leur froideur donne une image assez fidèle de la réalité.

Or dans les trois cas ci-dessus, YM se situe dans la moyenne, alors que G s'en détache nettement. Et bien que Yahoo! et Microsoft aient d'excellentes performances (quelle n'est pas l'entreprise qui aimerait se vanter d'avoir des résultats pareils ?), Google est largement devant avec un différentiel énorme lorsque l'on parle d'hypercompétition... [Début]

* * *

Le cool factor

Pour autant les statistiques n'expliquent pas tout, y compris l'engouement et la préférence des internautes pour Google, qui sont plutôt à mettre sur le compte de ce que les anglo-saxons appellent le "cool factor", que je traduirais par "capital sympathie", une notion totalement étrangère à Microsoft et qui ne peut certes pas s'acheter, même avec quatre fois plus de liquidités que son concurrent !

Le capital sympathie de Google

Outre ses fameux intemporels, je dirais que le principal attrait de Google est l'ouverture, à quoi Microsoft oppose une conception propriétaire farouche qui fait de nous des clients captifs. Or avoir des clients captifs, c'est bon pour les monopoles, mais dès que ceux-ci tombent, les clients s'en vont. Et la legacy des produits Windows, Office & Co, même si elle se fait encore sentir, et comment, a de plus en plus tendance à se dissiper.

Observons deux signes qui ne trompent pas, l'un chez Google, l'autre chez Microsoft.

1. Dans GMail (dont je recommande vivement l'utilisation à quiconque), lorsque je reçois un document Word, Google me propose soit de le télécharger, soit de le voir en HTML, soit de l'ouvrir dans Google Docs, et c'est gratuit.


2. En revanche si un collègue m'envoie un fichier .docx, .xlsx ou .pptx. (nouvelles extensions d'Office 2007) je ne peux pas les ouvrir avec mon actuelle version de Word, Excel ou Powerpoint. Il faut juste que je passe à la caisse. Et pourtant j'ai déjà payé. Consternant ! À ce compte-là, je préfère de loin adopter OpenOffice qui m'offre gratuitement des fonctionnalités identiques, et se paie même le luxe de mieux gérer les gros fichiers que Word, j'ai eu l'occasion de le constater à maintes reprises.

Ceci étant, bien que ma seule hâte soit d'écarter définitivement les produits Microsoft de mon ordinateur, je ne le fais pas - encore - pour une autre raison. En effet, ce ne sont pas les applications bureautiques qui me freinent, c'est le système d'exploitation. Aujourd'hui Windows XP, et demain très probablement Vista. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas suffisamment geek pour passer à Linux et aux logiciels libres, dont l'utilisation demande - encore - une expertise informatique que je n'ai pas. Et malheureusement je ne connais pas d'autre alternative à ces deux OS.

Donc pour finir, si j'avais un conseil à donner aux compères Brin, Page & Schmidt, ce serait de nous sortir vite fait un système d'exploitation signé Google, qui nous changerait par sa qualité, sa simplicité, sa rapidité, sa gratuité, son universalité, son originalité et son interactivité. Selon moi, ce serait vraiment la killer app pour se débarrasser définitivement de Microsoft.

Car aujourd'hui ce n'est pas tellement d'une connexion dont ont besoin les internautes qui se branchent via leur ordi, ce serait plutôt d'un système d'exploitation léger qui les libérerait de l'usine à gaz Microsoft. C'est selon moi le plus gros obstacle à la percée du webtop, car la firme de Redmond nous tient captifs bien plus par son OS que par ses applications de bureau, de jeu ou tout ce que vous voudrez.

Et dans la transition du desktop au webtop et, demain, au mobtop, le premier acteur qui sortira un système d'exploitation ayant une prise en main intuitive et conviviale décrochera un avantage phénoménal sur les autres.

Enfin, c'est mon avis. Un bel atout à jouer pour Yahoo! Qu'en pensez-vous ? [Début]


Liens connexes :
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vendredi 17 novembre 2006

L'action Google atteint 500$

L'action Google atteint 500$ !

[MàJ - 21 novembre 2006] Et bien voilà, c'est fait ! Je n'aurai eu que quatre jours d'avance...

Aujourd’hui, minute par minute

http://www.marketwatch.com/charts/int-basic.chart?siteid=mktw&symb=GOOG&sid=1795093&time=1&startdate=&enddate=&freq=9&comp=&compidx=aaaaa~0&uf=0&ma=&maval=&type=2&size=1&lf=1&lf2=&lf3=&style=1013&mocktick=1&rand=520560860&siteid=mktw
Source : http://www.marketwatch.com


Bien, sans grand risque de me tromper, je peux d'ores et déjà vous annoncer avant tout le monde que l'action Google va très probablement atteindre le cap des 500 $ dans les heures qui viennent (à Rome, il est presque 19h30') et elle a déjà franchi le cap des 498 $ :


Très exactement un mois presque jour pour jour après s'être offert YouTube, la valorisation de la société de Larry Page & Sergey Brin dépasse 150 milliards de $, c'est énorme !

Enfin, même s'il avait anticipé les délais de deux mois, Frank Poisson l'avait déjà prévu dès fin mars dernier...

J'ai bien l'impression qu'après la qualité, la simplicité, la rapidité, la gratuité, l'universalité, l'originalité et l'interactivité, la démesure est en train de devenir le huitième intemporel de Google, qui est sur le point de rentrer dans le S&P 100, le cercle très restreint des 100 premières capitalisations du marché américain, et ce à peine plus de deux ans après son introduction en bourse !

[MàJ - minuit] Donc, trois tentatives infructueuses n'ont pas permis à Google de clôturer à 500$ l'action, qui a oscillé pendant 4 heures entre 496 et 500 :


Maintenant il va falloir attendre lundi, et ça fout en l'air mes prévisions. C'est malin, ça. Une seule conclusion s'impose : je fais un bien piètre analyste financier :-)

Pour autant, dès que la barre symbolique sera dépassée, préparez-vous à être ensevelis sous un déluge de dépêches comme celle-ci ou celle-là, et les premiers analystes parlent même du seuil des 600$ (à ce prix-là, c'est sûrement pas les petits porteurs qui vont pouvoir s'en procurer, ou une à la limite, pour l'encadrer)...

Enfin, tant pis pour Google. Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, j'apprends que Google ne monte même pas sur le podium des trois sites les plus visités au monde, en se classant au quatrième rang avec seulement 110 millions de visiteurs uniques par mois (mais ça devrait s'arranger en 2007) :
  1. Yahoo! (130 millions)
  2. AOL/Time Warner (120 millions)
  3. Microsoft (118 millions)
Comme le dit si bien PC Inpact, ils ont tout faux. « Le site le plus visité, c'est ... la tour Eiffel ! »


Restons français, quoi, merde !


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mardi 11 avril 2006

Le futur du positionnement sur Orion

Le futur du positionnement sur Internet Orion

Après Google Earth, Google Moon et Google Mars, voici le petit dernier : Google Orion ! Les planètes ne lui suffisent plus, maintenant il lui faut les constellations.


Sources : Pour la science & Astrosurf

Donc, dans la foulée du précédent billet, j'ai cherché à recueillir quelques indices ici ou sur les implications de l'achat par Google de cette nouvelle technologie de recherche. Et ce que j'ai trouvé ne va pas forcément plaire à tout le monde.

Sous réserve de vérifier à l'usage l'adaptation et l'application que la société compte vraiment faire de ce nouvel algorithme, il semble que l'enjeu consiste à rendre la recherche plus pertinente pour l'utilisateur, au niveau de la présentation des résultats.

Le projet original, intitulé « RichProlog, a System for Deducing, Inducing and Learning in the Declarative Programming Paradigm », a été subventionné à hauteur de 150 000 $ par l'Australian Research Council, et développé dans les locaux de l'Université australienne de New South Wales (UNSW).

Les débuts ne sont pas sans rappeler ceux des deux compères Gates & Allen dans leur garage, ou encore Page & Brin à l'Université de Standford, puisqu'Ori Allon aurait commencé seul dans une petite salle de la Faculté des sciences informatiques, sous la direction du Pr Eric Martin.

Or voici ce que dit d'Orion le Professeur Martin :
Nous avons développé un nouveau moteur de recherche qui ne renvoie pas seulement les liens à une page Web, mais aussi les informations présentes sur la page, de sorte que les utilisateurs, lorsqu'ils saisissent un mot clé, obtiennent en retour une liste de concepts corrélés et d'informations auxquel(le)s ils ont directement accès. Donc, au lieu de devoir cliquer sur le lien pour aller visiter la page et y trouver l'information souhaitée, ils disposent déjà de l'information en question. !!!

(We have been developing a new search engine that returns not only links to webpages, but actual information so that users, when they enter key words, get a list of related concepts, information that they can directly access. So instead of having to click on the link to read the webpage and find out the information they're after, they're provided with the information itself.)
En gros, le risque est que l'utilisateur bypasse votre site parce qu'il disposera déjà du renseignement qu'il cherche sur les fameuses pages de résultats.

Et d'inférence en inférence, cela veut dire aussi que les moteurs, qui ont déjà l'importance et l'influence qu'on leur connaît, en auront de plus en plus au détriment des millions de sites qui cherchent à émerger dans l'océan d'Internet !

Or jusqu'à présent, sauf erreur de ma part, le but de référencer et de positionner un site dans les moteurs était essentiellement celui d'attirer des visiteurs sur ses pages. Mais si demain ce même visiteur s'arrête en chemin chez Google, Yahoo, Microsoft ou ... Exalead, alors quel sera le but ?

Je pose la question en priorité aux intéressés, les référenceurs, ainsi qu'à celles et ceux qui ont une idée à ce propos. Moi je n'en ai pas encore. Mais je m'interroge, et comment !



P.S. Ressource connexe : QTSaver

Réflexion : en voyant le nom de l'inventeur (Ori Allon) et celui du produit (Orion), je me suis dit que si on enlève All à Ori Allon, ça donne Orion ! Alors, ORI = Orion Resource Identifier ?

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jeudi 6 avril 2006

Google : affiner le rapport signal-bruit

Google : affiner le rapport signal-bruit !

Préambule

Rapport signal-bruit

Signaux forts
1. La largeur et la profondeur
2. La diversification
3. La reconnaissance de la marque

Conclusion

* * *
Préambule

Dans un précédent billet consacré à la probable stratégie de portail de Google, je commençais ainsi :
Il ne se passe pas un jour (très rarement plus) sans que l’Internet n’annonce quelque événement ayant trait à Google : (...). L'important c'est d'alimenter le buzz...
Franchement, je me trompais ! Ces derniers jours, c'est heure par heure que les actus se succèdent, sans répit. Tout le monde parle de Google, dans toutes les langues, sous toutes les latitudes. Donc, comment faire le tri dans ce fouillis, comment discerner le bon grain de l'ivraie ?

* * *

Dans un autre billet, brièvement intitulé : de l'ADN du Web 2.0 à la rupture du Web 3.0 en passant par le Web sémantique, même Dædalus se perdrait dans le Webyrinthe, écrit sur invitation de Jean-François Ruiz, je concluais en disant qu'un des enjeux majeurs de cette évolution, outre réussir l’intégration entre les différentes sphères de l’humain et assurer la portabilité des technologies, allait consister à affiner le rapport signal/bruit (Less noise, more signal).

Voyons comment j'interprète ce postulat dans le cas de Google. [Début]

* * *

Rapport signal-bruit

En termes simples, affiner le rapport signal-bruit signifie qu'à l'heure de l'infobésité (où trop d'information tue l'information), nous devons pondérer et apprendre à extraire l'info utile au moment opportun.

Pour la commodité de la démonstration, disons que l'énorme masse de stimuli qui nous envahit en permanence (Internet, radio, télé, journaux, pubs, etc.) est peuplée de bruits informationnels, dont je dois extrapoler les signaux forts qui vont servir à me forger une opinion, à prendre une décision, et ainsi de suite.

Or quand il s'agit de Google, pour s'entendre il ne faut plus parler mais crier, voire URLer ;-), tellement le bruit est assourdissant, paradoxalement presque autant que le silence (c'est-à-dire qu'on sait que l'info ou l'actu qu'on cherche existe, qu'elle est là, tapie quelque part, mais on ne la trouve pas...).

Et en interférant démesurément, le bruit perturbe notre capacité à discerner, il parasite notre entendement : un éclat + un éclat + un éclat, etc., ne produisent... que confusion et cacophonie, même s'il convient toujours de les garder en mémoire, puisqu'au gré des évolutions de Google, ce qui n'est qu'une rumeur aujourd'hui peut très bien devenir un signal fort demain. :-)

[MàJ - 09-04-06] Dernière heure, un signal émergent destiné à faire grand bruit : Google, qui était en concurrence avec Yahoo et MSN, a eu le dessus et négocié l'achat d'un nouvel algorithme de recherche sophistiqué inventé par Ori Allon, un étudiant israëlien, destiné à donner plus de pertinence textuelle aux résultats du moteur. Pour que la triade s'y soit intéressé, il faut vraiment que cet algo soit exceptionnel ! [Début]


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Les signaux forts (tels que je les perçois)

Toujours en me référant, d'une part, à la mission proclamée de et par Google, et, de l'autre, aux fondamentaux qui se dégagent de la stratégie officielle de la firme, j'en citerai 3 :

1. La largeur et la profondeur
2. La diversification
3. La reconnaissance de la marque


en ajoutant pour être tout à fait clair que Google, qui mène désormais de pair de front une stratégie double unique de fins et de moyens, ne se contente plus seulement de prétendre « indexer » d'une manière ou d'une autre, essentiellement à des fins commerciales, toute l'information et la connaissance du monde, mais semble aussi vouloir, [et c'est nouveau, couvrir l'ensemble des activités humaines.] [Début]

1. La largeur et la profondeur

Dans le cadre de la stratégie de fins mise en place par la société, j'associerais au binôme largeur-profondeur, dont l'objectif est de râtisser le plus large et le plus loin possible, la troisième dimension manquante, à savoir la hauteur. Or Google en 3D est maintenant chose faite, puisque la stratégie de verticalisation tant annoncée commence à prendre forme.

Nous n'en sommes qu'au tout début, mais la montée en puissance de Google Base, anticipe un concept à proprement parler RÉVOLUTIONNAIRE !

Je suis réellement impressionné, estomaqué même, voire carrément bluffé, par l'altitude, l'étendue et la portée de la vision de Google, qui AMHA relègue Microsoft loin, très loin derrière..., en se positionnant d'un coup sur tous les domaines/secteurs/services/produits les plus porteurs de l'Internet, et en réussissant le tour de force de concurrencer à la fois et sur leur propre terrain des acteurs mondiaux tels qu'eBay, Amazon, Meetic, Monster, Realtor, Craigslist, etc. etc.


Sans compter le reste... [Début]

* * *
2. La diversification

Quant à la stratégie de moyens, outre l'approche « no constraints » pour booster l'aspect technique et les nouvelles opportunités identifiées, l'évolution de Google porte la société à inverser sa règle des 70/20/10



pour recentrer ses cœurs de métier par le biais soit de partenariats, dans les annuaires (AOL, Verizon), la téléphonie mobile (Wi-Fi), la radio (Clear Channel Radio), la vidéo (Discovery Video, et bientôt la télé...), soit d'acquisitions (dMark Broadcasting, juste pour en citer une, car la liste est un peu longue...), et ce en synergie avec ses capacités de géolocalisation et de géorecherche, qui sont gigantesques.

Autre signal fort, la tentative de Google de servir d'intermédiaire entre la presse (journaux, magazines) et ses annonceurs. Bien que les résultats semblent peu concluants, il faut relativiser le prétendu « échec » rapporté par les observateurs et replacer cette info en perspective, surtout à la lumière de l'influence considérable qu'exerce la société « en ligne », notamment sur la presse (selon cet article du New York Times, l'impact des moteurs va croissant, puisqu'ils canalisent plus de 30% du trafic vers les sites des journaux, d'où le gain probable de lecteurs, d'abonnés, d'annonceurs...), et « hors ligne », comme nous le révèle une étude de comScore commissionnée par Google, selon laquelle les recherches en ligne impactent fortement les comportements d’achat hors ligne.

Après autorisation de comScore Networks de traduire le communiqué de presse, pour ne pas surcharger cet article, je l'ai publié sur un autre blog où vous pouvez le consulter dans sa version intégrale.

Les enseignements qu'on peut en tirer sont impressionnants. Réalisée pendant 2 mois (nov.-déc. 2005) sur un panel de 83 millions d’internautes américains qui ont effectué plus de 552 millions de recherches (sur un ou plusieurs des 24 moteurs de recherche majeurs) dans les 11 catégories analysées (électronique grand public ; ordinateurs, périphériques & assistants personnels ; logiciels, livres & magazines ; musique, vidéos & films ; jouets & temps libre ; jeux & consoles vidéo ; bijouterie & horlogerie ; confection ; fleurs & étrennes ; maison & jardinage), la recherche nous dit que :

* toutes catégories confondues, suite à leurs recherches, 8,6 millions d’internautes ont fait un achat en ligne (instantané ou différé),
* ce groupe ne représente que 37 % du total des acheteurs,
* les 63 % restants (soit près de 15 millions de personnes) ont finalisé ensuite leur achat « hors ligne », directement dans un magasin,
* La recherche sur Internet est la deuxième source d’informations la plus importante pour les acheteurs potentiels, pratiquement sur le même plan que les magasins en ligne, les amis et la famille, et n'arrive qu'un peu en retrait derrière le lèche-vitrine.

C'est énorme ! [Début]

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3. La reconnaissance de la marque


Construire la reconnaissance de la marque est l'un des objectifs stratégiques de Google, cette diapositive et les deux qui précèdent sont extraites de la troisième partie de la désormais célèbre présentation de Google aux analystes financiers, que je n'ai pas traduite car ce n'était pas mon but.

Or qu'une entreprise comme Google, qui est aujourd'hui l'une des marques les plus connues au monde, inscrive au cœur de ses objectifs stratégiques la nécessité de construire la reconnaissance de sa marque ne manque pas de m'interpeller !

Pourquoi et en quoi est-ce nécessaire au point d'être un objectif stratégique ?

Mon intuition est que Google souhaite implicitement se démarquer de son image auprès du public, qui continue à le percevoir (de moins en moins, il est vrai) comme un « simple » moteur de recherche, ce qui pourrait nuire à la politique de l'entreprise dès lors que celle-ci vise à conquérir de nouveaux territoires et fidéliser toujours plus d'utilisateurs, sur Internet et hors Internet.

C'est peut-être aussi l'une des raisons (autres que purement commerciales) pour lesquelles Google s'intéresse aux autres médias et supports, notamment à la presse. Mise à part toute considération technique, cela lui permettrait de toucher un immense public pour qui l'Internet n'est encore qu'une vue de l'esprit, au mieux un gadget et au pire un danger...

À noter enfin que depuis la fin de l'année dernière, l'entreprise a fait ses premiers pas, visibles quoique fort discrets, dans le lobbying... [Début]

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Conclusion

Ceci est le deuxième long billet que je consacre à mon analyse de Google, j'ai l'impression que petit à petit je commence à faire le tour et à mieux appréhender l'entité Google, aussi mystérieuse que fascinante.

Je ne crois plus qu'à l'avenir il sera possible de vivre sans Google, donc autant faire avec en essayant d'apprivoiser le monstre, même si la tâche sera rude. Car pour essayer de comprendre la bête, mieux vaut pouvoir et savoir faire preuve d'anticipation, autant que de réactivité. Un véritable travail de veille, à plein temps !

Enfin, le blog officiel de Google en version française va bientôt démarrer, espérons qu'ils nous aideront à y voir plus clair. En tout cas, bonne route à eux, et qu'ils gardent le bon cap !

Qu'on aime ou qu'on déteste, Google ne laisse pas indifférent.

Tiens, s'ils acceptent les contributeurs, j'ai déjà le titre de mon prochain billet sur la question : « Les couleurs de Google »...

À bon entendeur ! [Début]


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mercredi 5 avril 2006

Le futur du positionnement sur Internet : rebondir !

Le futur du positionnement sur Internet : rebondir (vite) !

Billet qui fait pendant au précédent, dicté par l'actualité d'hier.

J'ai déjà eu l'occasion de parler du cas Silvio Berlusconi, premier ministre indigne d'un pays civilisé, encore à propos d'un de ses habituels écarts de langage. Mais enfin, on peut pas toujours être derrière, vu qu'il en fait tous les jours, volontairement ou involontairement. Il y a pourtant des fois où il exagère vraiment, l'exemple le plus connu étant sa fameuse tirade au Parlement européen, en juillet 2003, lorsqu'en plein hémicycle il traita de « Kapo » un Eurodéputé allemand, Martin Schulz.

Il y a quelques jours, il a presque créé une crise diplomatique avec Pékin, après avoir affirmé que les « communistes chinois faisaient bouillir les enfants »...

Hier en revanche, alors qu'il s'adressait aux électeurs italiens, à moins d'une semaine de l'élection de dimanche prochain, il eut cette phrase charmante :
« Ho troppa stima per l'intelligenza degli italiani per poter credere che siano in giro così tanti coglioni che possano votare contro i propri interessi »
Avant de se reprendre, gauchement et en butant sur les mots : « Scusate è un linguaggio rozzo ma efficace... » !

Le peuple remercie pour l'estime...

La presse internationale s'est bien sûr emparée de l'affaire, voir ici le Guardian :
« I have too much respect for the Italians to think there are that many dickheads around who'd vote against their own interests. »
Quant à moi, je me suis intéressé à la traduction française, ici ou , reprise de la dépêche de Reuters.

La traduction proposée est la suivante :
« J'ai trop d'estime pour l'intelligence des Italiens pour penser qu'ils puissent être couillons au point de voter contre leurs propres intérêts », a-t-il dit. « Pardonnez-moi mon langage abrupt certes, mais efficace. »
Le point de traduction que je souhaite soulever concerne le terme « coglioni », rendu par « couillons » dans la presse française, qui est une traduction exacte mais littérale, et ne prend nullement en compte ce qu'on appelle « le registre de la langue ».

La connotation anatomique de « coglioni » (couilles) explique l'étymologie de « couillons », mais si l'on veut conserver le ton, il faudrait traduire par « cons », ou mieux encore, « connards ».

Transposé à notre situation politique franco-française, imaginez le scénario suivant, où une semaine avant les élections présidentielles, Villepin s'adresserait à l'électorat hexagonal en déclarant fièrement :
« J'ai trop d'estime pour l'intelligence des français pour penser qu'ils puissent être cons au point de voter contre leurs propres intérêts »...
* * *

Maintenant, pour en revenir au sujet de ce billet, je voudrais vous citer l'exemple de M. POL, qui a ouvert dans la foulée un blog sobrement intitulé « Je suis un con » (sonouncoglione), qui a reçu plus de 3 000 commentaires dès le jour de son ouverture (MàJ - 1-10-08 : ça continue et nous en sommes à plus du double aujourd'hui). Ou encore cet autre exemple, avec la vidéo en prime et plus de 2 000 commentaires. Qui dit mieux ?

Comme toujours, une mention spéciale au blog de Beppe Grillo, avec son billet intitulé Déchaîne-toi, connard !.

Scatenati, coglione!
Voilà donc un exemple éclatant de la façon dont une veille attentive peut et doit s'exercer, autant a priori (anticiper) qu'a posteriori (rebondir).

Jean-Marie Le Ray


P.S. Pour une fois je suis d'accord avec Antonio di Pietro : « meglio coglioni che Berlusconi » (mieux vaut être un con que Berlusconi), avec toutes nos excuses aux cons pour la comparaison, ajouterai-je...

Ça me rappelle une petite phrase d'un comique transalpin, Paolo Rossi, qui dit à peu près ceci : « Pour autant que Berlusconi mette des talons hauts, il ne sera jamais à la hauteur de la situation » -:)

Berlusconi est une honte pour le peuple italien en particulier, et pour le genre humain en général, c'est mon avis et je le partage...

Si quelqu'un souhaite approfondir l'argument (en italien) :



[MàJ - dans l'après-midi (05-04-06)] Toujours dans le chapitre REBONDIR, les premiers t-shirts sont déjà disponibles :



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mardi 4 avril 2006

Le futur du positionnement sur Internet : anticiper !

Le futur du positionnement sur Internet : anticiper !

Avis aux référenceurs !

Oyez, oyez, bonnes gens ;-)
Si aujourd'hui le positionnement dépend encore beaucoup du référencement, demain il pourrait bien passer par la veille !
Je m'explique :

Souvent le référencement est le remède miracle de l'internaute pressé, qui n'a ni le temps ni l'envie mais les moyens, et délègue contre espèces sonnantes et trébuchantes à un conseil indépendant ou une agence la tâche de le « positionner » dans les moteurs de recherche...

Tâche ingrate, il est vrai, vous n'avez qu'à tester votre ou vos mots clés préférés dans Google Suggest, qui vous donne le nombre d'occurrences d'un mot ou d'une phrase clé au fur et à mesure que vous les saisissez dans le champ de recherche :


Sur « Google strategy », l'exemple du graphique, le moteur nous signale 6 220 000 résultats. Donc quelqu'un qui voudrait se positionner dans les 20 premiers résultats aurait 1 chance sur 311 000 d'y arriver. La concurrence est rude, d'autant plus que les premiers n'ont pas vraiment l'intention de laisser leur place comme ça. Et encore, il y a des termes bien plus concurrentiels : Internet donne 619 millions de résultats, marketing 170, translation 42, traduction 7 160 000, à peine plus que l'exemple ci-dessus.

Donc il est clair que les techniques de positionnement peuvent aider, mais pas suffire ; rapportées aux différents âges du Web, je dirais qu'au Web 1.0 correspond le référencement, au Web 2.0 l'optimisation, et au Web 3.0 l'anticipation, avec pour dénominateur commun LE CONTENU.

Or rien ne vaut un exemple pour illustrer mon propos.

* * *

Connaissez-vous le « Live Query » ? J'ai découvert ça récemment, lancez la vidéo ci-dessous, vous allez vite comprendre :



Il s'agit d'un grand écran installé dans le hall du Googleplex, si j'ai bien compris, où sont visualisées en temps réel les requêtes (filtrées), saisies partout dans le monde à la milliseconde près !

Joël de Rosnay en parlait dès 2003, donc ce n'est pas nouveau, et pourtant ! D'après moi Google devrait en faire un site, je suis persuadé qu'il aurait une audience formidable. Dans son blog, Mikiane nous interroge :
Ça ne vous rappelle rien comme petit jeu ? Un gigantesque divan ? Un cerveau planétaire ouvert à tous ? L’accès à la conscience collective ?
Fantastique instantané de nos fantasmes, nos fantômes et nos fantaisies, voire nos fatrasies... Mais au-delà de cette spectacularisation de nos recherches (qui se déroulent généralement dans la solitude et le secret), une équipe Google dédiée, la « logs team », examine minutieusement ces tranches de psyché-analyse.

C'est d'ailleurs en lisant cette info, dont l'article original a été publié dans le New York Times, que j'ai eu l'intuition de rédiger ce billet.

En effet, après nous avoir expliqué que les actualités médiatisées s'accompagnent toujours d'un pic correspondant dans les recherches - d'autant plus important que les faits considérés ont un fort retentissement -, la journaliste explique clairement que l'étude prospective de ces logs peut nous en apprendre beaucoup sur certains événements à venir, et donne l'exemple des soeurs Las Ketchup, dont l'ascension fulgurante au firmament des stars était facilement prévisible en suivant simplement leur progression dans les charts d'un pays à l'autre.

Voilà donc révélée la clé d'un positionnement intelligent (au sens d'intelligence économique) : ANTICIPER.

Et seule une veille active et tactique peut nous permettre de mettre en place une véritable stratégie d'anticipation : veiller, être éveillé, curieux, aux aguets, rester alerte, s'informer, se tenir au courant, lire, naviguer, fureter, identifier les tendances du ou des secteurs que l'on veut « tracer », et ainsi de suite.

Je sais de quoi je parle, puisque c'est une veille de ce genre qui m'a permis de sortir le scoop sur Google, et d'être aujourd'hui positionné au 13ème rang sur stratégie de Google, juste devant www.01net.com (!) et les quelque huit autres millions de suiveurs... Alors qu'il y a deux mois à peine, j'avais un PR de 0 et tout au plus une vingtaine de lecteurs par jour !

En conclusion, bien au-delà de mon cas personnel, je vois là un formidable potentiel de « positionnement intelligent », lié à un contenu anticipateur de tendances, de modes, d'événements, etc. En un mot : JOURNALISTIQUE !


Jean-Marie Le Ray


P.S. Dans l'article cité plus haut, paru le 28 novembre 2002 et signé JENNIFER 8. LEE, la journaliste demande à Sergey Brin si Google n'a jamais été assigné à comparaître sous peine d'amende à cause de la teneur des infos que l'entreprise détient :
- So, does Google ever get subpoenas for its information ?
« Google does not comment on the details of legal matters involving Google », Mr. Brin responded.

Si ça s'appelle pas de l'actu anticipée, ça !?

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