La semaine dernière, je suis tombé par hasard sur ce billet d'Éric Dupin, intitulé Devenir rédacteur sur Presse-citron, et en le lisant, je me suis dit : pourquoi pas ?
J'ai donc contacté Éric en lui demandant s'il était d'accord et en trois jours je publiais un bref billet de présentation.
Car depuis que j'ai annoncé mon changement de cap sur ce blog, il y a déjà deux ans (!), j'ai consacré une centaine de billets à l'Italie pour tenter d'expliquer ce pays à un lectorat francophone ayant trop souvent tendance à "ne voir de l'Italie que ce qu'il voit en France", mais j'avoue que je commence à fatiguer.
Non pas que j'aie l'intention d'arrêter, ça n'aurait pas de sens tant que Berlusconi continue à conditionner si tristement la vie du pays, et je continuerai donc jusqu'à un "retour à la normale", en espérant que cette "normalité" arrivera le plus vite possible.
Pour autant le salutaire billet d'Éric m'a permis de retoucher terre un instant, et je me suis dit qu'il n'était pas juste de consacrer toutes mes forces à un travail d'Hercule que je trouve de plus en plus inutile, et qu'il serait peut-être temps de revenir à mes premières amours, à savoir le Web. Or quel meilleur endroit que publier sur le premier blog français au classement high-tech de Wikio !?
Et puisqu'il est question de Wikio, mon premier véritable billet s'intéresse à la société de Pierre Chappaz, car je dois dire qu'il me trottait dans la tête depuis un moment.
Vous me direz que j'aurais aussi bien pu le publier sur Adscriptor, mais le mélange ne prend plus, ce commentaire l'explique fort bien :
Salut Jean-Marie, avant je suivais beaucoup tes articles mais depuis que tu cibles seulement l’Italie, j’ai arrêté de visiter ton blog. Dans tous les cas, Bienvenue !
Donc comme on dit, l'occasion fait le larron et je me sens bien la pêche pour entreprendre cette nouvelle aventure.
Alors merci à Éric, et qu'il me soit également permis de remercier Philippe Lagane, d'Accessoweb, qui m'a aussi invité à publier sur le sien. C'est assez gentil pour le signaler !
Donc en attendant, voici l'extrait de présentation de "Convergence totale des médias, Wikio et création de contenu" :
Chaque révolution dans la production de contenu s’accompagne d’une révolution correspondante dans la distribution de contenu. Or cette distribution est fortement impactée par la convergence totale des médias de plus en plus interconnectés (Web, TV, radio, films, téléphone, etc., voire, demain, l’Internet des choses), qui se décline à travers la multiplicité des supports (ordinateurs, tablettes, mobiles, etc.), des tailles d’écran (iPhone, iPad, Blackberry…), des résolutions (Androïd), sans oublier la localisation multilingue : seule une plateforme ouverte, libre et sociale pourra relever cet immense défi…
La politique italienne est une pute de la pire espèce. Je ne parle pas des prostitué(e)s qui vendent leur corps mais conservent leur dignité d'êtres humains, non, je parle des traînées dont tous les trous sont déjà bouchés et qui vendent au plus offrant les restes que la nature a mis à leur disposition, dans un souci d'égalité mal récompensé, du coeur à l'âme, du cerveau aux sentiments.
Et dire qu'entre eux les politiques italiens prétendent qu'on les appelle "honorables", un titre inversement proportionnel à leur bassesse d'esprit, un titre dont seule la pompe va comme un gant préservatif usagé à tous ces pompeurs de ... (je vous laisse remplir les trous).
Ils confondent députés et des putes, probablement un problème d'accent, voire députés et "imputés" (le terme italien qui désigne le prévenu, tandis que "indagato" désigne l'inculpé, ou mis en examen).
Honneur à l'imputé en chef, donc, Silvio Berlusconi, appelé à comparaître dans quelques jours, entre autres..., pour concussion et instigation à la prostitution de mineurs, mérite d'un chef de gouvernement assez rare pour être souligné, qui vient de nommer cette semaine un nouveau ministre de l'agriculture, lui aussi en attente de connaître son sort, puisqu'il fait d'ores et déjà l'objet de deux mises en examen, l'une pour "participation externe à une association mafieuse" (concorso in associazione mafiosa), et l'autre pour "participation à la corruption, aggravée par le fait d'avoir favorisé l'association mafieuse" (concorso in corruzione aggravata dall'aver favorito l'associazione mafiosa).
Pas grand chose, me direz-vous, vu le CV de l'actuel premier ministre, on comprend que les derniers arrivés dans l'équipe gouvernementale aient un souci légitime d'émulation.
Certains s'étonnent quand même de la situation, comme le Président de la République italienne, Giorgio Napolitano, qui a d'abord tenté de dissuader Berlusconi de nommer ce ministre en particulier, avant d'en contresigner la nomination en même temps que son service de presse publiait un communiqué officiel pour exprimer tous les "doutes" et les "réserves" du Président sur l'opportunité politique et institutionnelle d'une telle nomination...
Bien évidemment, le néo-ministre s'est empressé de se déclarer déçu par le communiqué, "inexact" de son point de vue. La Présidence de la République lui a immédiatement répondu en l'invitant à "relire le communiqué"...
Berlusconi a donc dû insister en déclarant qu'il assumait personnellement toutes ses responsabilités dans cette affaire, pour une nomination incompréhensible si l'on ne sait pas ce qu'il y a derrière. Et pour comprendre ce qu'il y a derrière, à part le message implicite à la mafia, il faut remonter au 14 décembre 2010, lorsque Berlusconi a été sauvé sur le fil grâce à "trois petites voix", mais qui lui ont permis de se tirer indemne de deux motions (l'une de confiance sur sa personne et l'autre de censure sur son gouvernement), et, surtout, seule chose qui lui importait vraiment, de conserver son immunité pénale...
Or le pire dans tout ça, c'est cette "majorité du parlement italien" qui n'a que quelques voix d'écart sur l'opposition parlementaire et dont beaucoup, en sachant que leur vote est absolument primordial pour maintenir ce bouffon de Berlusconi au pouvoir, n'hésitent pas à monnayer - cher, très cher - leur appui.
Comme nombre de ceux qui ont brusquement changé de camp dans le mois qui a précédé la motion de confiance, en donnant un spectacle indécent de la politique italienne, plus puante qu'un marché aux bestiaux ! À tel point que dans les jours à venir, Berlusconi devrait publier un décret qui lui permettra d'élargir son "équipe gouvernementale" pour y faire entrer tous les transfuges (une bonne vingtaine, selon certaines prévisions) qui piaffent d'impatience et dont Saverio Romano n'a été que le premier.
La déplorable situation du gouvernement italien est donc celle d'un chef de gouvernement sous chantage permanent, chose que dénoncent ouvertement et quotidiennement les observateurs et analystes de tous bords (sauf ceux qui sont à la solde du pouvoir, bien sûr), qui a un besoin extrêmement urgent de se faire voter de nouvelles lois pour lui assurer une impunité ad vitam æternam...
Bien évidemment, face à une cette impérative nécessité, vitale pour l'intéressé, les prix montent. Et vite.
C'est probablement un hasard, mais la nomination du néo-ministre de l'agriculture tombe pile au moment où les magistrats s'apprêtent à demander au parlement l'autorisation d'utiliser les écoutes téléphoniques qui l'ont surpris en conversation avec des personnages peu recommandables, et gageons que le parlement se fera un plaisir de refuser la requête des magistrats, alors qu'il s'agit là d'éléments de preuve qui auraient probablement un poids déterminant dans la mise en examen du ministre.
Autant vous dire que dans le contexte nauséabond généralisé du cloaque italien, la politique - la vraie - n'a plus droit de cité et qu'aucun - absolument aucun - des gigantesques problèmes qui accablent la société italienne n'a plus le moindre espoir d'être traité par cette classe politique dégénérée et gangrénée jusqu'à la moelle.
Dont les seules préoccupations consistent à s'en mettre plein les poches sur le dos du peuple et à taper sur les juges de toutes les manières possibles. Je vous raconte pas les lois qui sont en préparation, il me faudrait plusieurs billets pour vous en donner un faible aperçu, disons juste qu'elles arrivent en droite ligne de la subversion piduiste dont Berlusconi fut - et reste - un membre éminent. En tout cas, s'il y a une chose qu'il faut reconnaître à ce triste énergumène, c'est sa pugnacité, puisqu'après des décennies d'efforts incessants, il est sur le point de réussir son coup d'état démocratique et légal, une grande première dans l'histoire de l'humanité, avec le consentement passif et coupable (extrêmement coupable, à la limite de l'indifférence, même) de la société italienne, sans couilles et sans âme, qui vit comme une fatalité inéluctable les cancers mafieux et cet océan de corruption politique et sociale qui l'affligent.
Je me sens tellement impuissant face à ce déferlement de merde humaine, cela fait déjà des centaines de billets que j'écris sur ce blog et mon blog italien pour dénoncer une situation sans précédent dans un pays soi-disant "démocratique", un pays inimaginable, mais j'obtiens à peu près le même résultat que la fameuse piqûre de moustique sur le cul du mammouth.
Tiens, je vais aller vomir mon âme, ça me soulagera un peu, jusqu'à ce que le trop-plein se reconstitue et qu'il ne déborde dans un prochain billet...
La catastrophe Berlusconi n'en finit pas de faire des dégâts ! Je crois qu'à la fin de sa carrière, même en espérant qu'elle arrive le plus vite possible, ce triste sire aura fait plus de mal à l'Italie que Mussolini himself ! Difficile d'imaginer pire...
Depuis toujours, les deux obsessions de Berlusconi sont la justice et la Constitution italienne. La justice parce qu'elle est un risque constant qui menace - justement - de sanctionner ses innombrablesméfaits. Et la Constitution car son système subtil d'équilibres et de contre-pouvoirs l'empêche de gouverner l'Italie à sa guise, c'est-à-dire dans l'impunité la plus totale pour lui et pour tous les clans de maléfiques qui lui tournent autour.
Berlusconi a donc présenté aujourd'hui sa grande, grande, grande "réforme" de la justice, qu'il n'hésite pas à définir "épocale" et n'a pour but que d'entériner la fin de la démocratie en Italie, arrivant en droite ligne du "plan de renaissance démocratique" de Licio Gelli, et copiant mot pour mot nombre de mesures destinées à casser les relations police-parquet et à placer les magistrats et la "justice" à la botte du pouvoir exécutif.
Dans un article intitulé "Les relations police-parquet en Italie : un équilibre menacé ?", Massimo Vogliotti rappelait dès 2004 « le processus qui a amené le ministère public italien à la conquête progressive de son indépendance et au renforcement de son rôle. Cette évolution a pesé sur ses rapports avec la police judiciaire, organe tenu à une double loyauté : à l’égard du Gouvernement et de la magistrature. Si pendant le régime fasciste ce système était très déséquilibré du côté du pouvoir politique, la Constitution républicaine et le nouveau code de procédure pénale ont accru le pouvoir du parquet dans la direction effective de la police. Actuellement, ce cadre institutionnel – suffisamment équilibré – est menacé par des projets de réforme qui affaiblissent l’indépendance du ministère public et contestent – au profit de la police – son rôle actif durant l’enquête. »
Donc cette soi-disant "réforme épocale" berlusconienne réintroduit le fort déséquilibre au profit du pouvoir politique propre au fascisme, et ce n'est qu'un début. Dans l'affaire bunga-bunga, par exemple, où Berlusconi est intervenu directement auprès de la préfecture et des services de police pour faire relâcher la mineure, si la réforme avait été en place, personne n'aurait jamais rien su de cette histoire...
Lors de la présentation de la "réforme épocale" au côté de son "ministre de la justice", Angelino Alfano (le même qui embrassait un chef mafieux en 1996 au mariage de sa fille, sans savoir de qui il s'agissait, c'est clair, un peu dans la lignée des Dell'Utri et des Schifani...), un journaliste lui pose la question suivante : « comment imaginez-vous l'histoire de la république si cette réforme avait déjà été approuvée il y a 20 ans. »
Réponse de Berlusconi :
Il n'y aurait eu aucun débordement de la magistrature, les juges n'auraient pas envahi l'espace politique, nous n'aurions pas vécu les situations qui ont induit des changements de gouvernements, ni l'annulation des classes dirigeantes des années 92-93, ni le renversement d'un gouvernement élu en 1994 (le sien), etc.
Cette seule image donne une idée précise de ce que Berlusconi a réussi à faire - ou, pour mieux dire, à défaire - en 20 ans : en 92, Tangentopoli fut saluée par tout le peuple italien honnête comme un "tournant épocal", justement, un changement d'époque pour raser la corruption politico-mafieuse et entrepreneuriale généralisée qui gangrénait l'ensemble du corps social et repartir sur de nouvelles bases, et tout le peuple italien honnête était extrêmement reconnaissant au pool de magistrats du parquet de Milan, formé par le procureur général Francesco Saverio Borrelli et les juges Gerardo D'Ambrosio, Piercamillo Davigo, Francesco Greco, Gherardo Colombo, Ilda Boccassini et Antonio Di Pietro, le plus médiatisé à l'époque :
Grazie : le peuple des gens honnêtes remerciait donc les magistrats, sans savoir qu'au même moment les nouvelles classes politiques pactisaient sur son dos avec les chefs historiques de la mafia, qui avait déjà décidé de miser sur un nouveau chevalcavalier...
Et voilà qu'aujourd'hui, moins de 20 ans plus tard, alors que la mafia progresse de partout, Berlusconi avoue tout heureux au peuple italien qu'avec sa réforme, Tangentopoli n'aurait jamais eu lieu, et que, désormais, le ministère public devra se présenter devant le juge en saluant d'une courbette (pour rendre l'expression utilisée par Berlusconi : "col cappello in mano", qui signifie "servilement") !
Laissons tomber toutes les autres bestialités prononcées par ce mensonge vivant (je jure sur mes enfants que jamais, jamais, jamais ma qualité d'homme politique n'a influé sur mes procès, desquels j'ai toujours été absous, etc. etc.), pour souligner l'effronterie sans vergogne de cet énergumène qui tient l'Italie sous le joug de la corruption institutionnalisée, au point de faire sortir de son habituelle réserve Gian Carlo Caselli, actuel Procureur général de la République, chef du Parquet de la Cour d'appel de Turin, généralement plutôt mesuré dans ses paroles, qui déclare dans un éditorial intitulé "La démocratie est en jeu, aux hommes libres de la défendre", que, selon lui, confier la réforme de la justice à un tel personnage - maintes fois prévenu, qui méprise tout principe de légalité en prétendant que la loi doive être la même pour tous les mortels sauf pour Lui, un personnage qui hait les juges et passe son temps à les insulter -, c'est comme confier la réforme du catéchisme à un bouffe-curé athée et blasphème !
Certes, la réforme propose que le double conseil supérieur de la magistrature soit sous le contrôle direct du Président de la République, une garantie donc, mais au même moment Berlusconi annonce qu'il vise désormais la ... Présidence de la République en 2013 ! Donc imaginez quelle espèce de garantie peut donner un homme actuellement accusé - entre beaucoup d'autres choses mais avec un dossier épais comme une encyclopédie de l'injustice en 50 volumes -, de favoriser la prostitution des mineures.
Il est vrai qu'il va même jusqu'à nier que Ruby était mineure, en annonçant des preuves de son assertion ! Il y a tout juste huit jours, le 3 mars, le journal de famille (l'éditeur est son frère) titre en une : « Berlusconi optimiste, Ruby était majeure ». Et en page 5 : « Berlusconi joue son atout, Ruby était majeure ».
D'ailleurs, le même jour, l'info était reprise sur le Corriere della Sera, en page 9 : « J'ai les preuves, Ruby n'était pas mineure », avec en sous-titre : « Berlusconi déclare aux députés : Ruby a été enregistrée à l'état-civil deux ans après sa naissance, je serais totalement absous », selon les résultats d' « une enquête défensive menée jusqu'au Maroc », dans « la ville d'origine de la jeune fille », Fki Ben Salah...
Or hier, le Fatto quotidiano annonce en exclusivité un scoop surprenant, selon lequel une des responsables du service de l'état-civil dénonce avoir subi le mois dernier une tentative de corruption de la part de deux italiens pour anticiper de 2 ans la date de naissance de Karima El Mahroug, surnommée Ruby, qui aurait dû devenir le 1er novembre 1990 au lieu du 1er novembre 1992...
Les avocats de Berlusconi ont immédiatement porté plainte en niant toute implication de Berlusconi dans cette "falsification", il n'en reste pas moins qu'il faudrait quand même trouver une explication rationnelle et plausible aux affirmations du journal de famille huit jours auparavant...
D'ailleurs il se pourrait bien que l'affaire devienne un cas diplomatique entre l'Italie et le Maroc, maintenant qu'une honnête fonctionnaire de l'état-civil marocain risque d'en voir de toutes les couleurs à cause de cette triste histoire.
Donc penser une seule seconde que Berlusconi Silvio, dénommé Ubunga-bunga, actuel hors-la-loi institutionnel et accessoirement président du conseil des ministres italien, qui n'est d'ores et déjà plus présentable ni défendable hors d'Italie (en Italie non plus, mais malheureusement il est encore soutenu par un parlement de vendus et ce n'est pas l'opinion publique ni l'opposition lobotomisées qui risquent de trop le contrarier), puisse devenir demain Président de la République italienne, c'est pour le coup que je me casse définitivement d'Italie.
Il est vrai que si la majorité des italiens est encore assez conne pour le voter contre ses propres intérêts (l'expression n'est pas de moi, je ne fais que paraphraser Berlusconi lui-même en campagne électorale...), le pays n'aura que la classe politique qu'il se mérite, on le voit bien aujourd'hui. Mais ça c'est une autre histoire...