jeudi 6 décembre 2007

Quel contenu Internet pour les mobiles, et quels usages ?

Quel contenu Internet pour les mobiles, et quels usages ?

Dans mon récent billet sur Internet et la communication, je citais ces mots de Vinton Cerf :
... aujourd'hui, c'est tout juste si une personne sur cinq peut avoir accès à Internet. Alors même que la couverture des réseaux de téléphonie mobile touche près des trois quarts de la population mondiale. Dans les dix ans à venir, beaucoup de gens, en particulier dans les pays en développement, accéderont pour la première fois à Internet via un téléphone mobile.
Et Cerf de conclure sur la permanence d'une demande en contenus de qualité, indépendamment du support (Regardless of the medium, there will always be demand for high-quality content).

Or quels types de contenus autorise l'écran d'un mobile ? Sûrement pas les billets à rallonge d'Adscriptor ! Alors quoi ? Pour quels usages ? Quelle utilité ?

Car l'écran des mobiles, qui n'est pas comparable à celui d'un PC, même si leur taille se rapproche de plus en plus de celle des PDA, impose d'exploiter au mieux le peu d'espace à disposition, à peu près compris entre 11-12 cm pour la longueur et 6-7 cm pour la largeur, si l'on prend comme exemple les deux mobiles les plus aboutis que sont, à mon sens, le Blackberry et l'iPhone, deux téléphones aux dimensions assez semblables.


Or le clavier occupant une place précieuse, on lui préférera l'écran tactile de l'iPhone  :


D'emblée, pas de place pour du texte, ou si peu, mais tout juste pour du texto, des icônes et un type de représentation des données qui fait la part belle au graphisme et à l'ergonomie. Voir par exemple l'appli Facebook pour BlackBerry.

Sans compter que cette carence spatiale devra également ménager toute la place qui lui est due ... à la pub !

Ce n'est donc pas un hasard si Google, qui espère depuis longtemps déjà un milliard d'utilisateurs supplémentaires grâce à la téléphonie, vient d'appliquer la technologie AJAX pour faciliter la navigation sur l'iPhone, autour de deux principes directeurs : rapidité & fluidité, fast & fluid. Voici ce que ça donne en images :

1. Outil de suggestion des mots clés


2. Recherche (la pub occupant 50% de l'écran, 1 résultat sur 2, ça va transformer, je vous le dis, surtout si les annonces sont pertinentes...)


3. GMail


Sans oublier µTorrent et les joies du M2M (Mobile-to-Mobile, je suppose, à ne pas confondre avec M2M, ou Machine-to-Machine)...


Voici donc une réalité totalement nouvelle, qui va forcément obliger les producteurs de contenu(s) de toute sorte, de l'artisan à l'industriel, à repenser, à réinventer la notion même de contenu et toutes ses déclinaisons, UGC, CGM, etc., pour adapter contenu(s) et contexte(s) à ces quelques centimètres carrés d'écran...

Une question qui a été abordée, ou, pour mieux dire, survolée, lors du dîner de comm organisé avant-hier à l'initiative de l'actuelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Dont Sébastien Billard nous rapporte que « Fredéric Cavazza reste persuadé que le web mobile est réservé à une utilisation d'appoint », contrairement à l'avis d'autres convives et de Gilles Klein, qui énonce fort justement :
La querelle des terminaux me paraît tout aussi vaine. Ordinateur fixe, ou portable téléphone mobile ou iPhone démocratisé, peu importe, un terminal adapté aux usages de chacun fait l'affaire. Si c'est par le mobile avec des forfaits data illimités que certains découvrent un bout de l'Internet par le petit bout de la lorgnette, peu importe. Le taux d'équipement en ordinateur ne me semble pas non plus très significatif. Tout dépend de l'usage réel que l'on en fait.
L'usage ! Et bien parlons-en, puisqu'il en est question. Quel usage en feront les parties prenantes, fournisseurs, producteurs de contenu et utilisateurs (qui sont parfois aussi producteurs ou co-producteurs eux-mêmes) ?

À voir les captures d'écran qui précède, le positionnement des moteurs et autres acteurs majeurs est plutôt clair, en ce qu'ils seront des passages obligés pour les "téléphonautes". Ça va d'Android à Webwag mobile en passant par l'interface multiplateforme de Streamezzo et ... tout ce que vous voulez !


Car il est clair qu'on ne fera pas un même usage d'un terminal mobile, nomade par définition, que lorsqu'on est confortablement installé devant son ordi. Il n'empêche... Voir à ce propos le site de Libé pour l'iPhone, créé par groupeReflect (via Resnumerica 3.0). Voir également le projet Goojet, qui vient d'être boosté par une levée de fonds d'amorçage de 2,3 millions €, preuve que le secteur est en pleine effervescence ! Du reste l'annonce de Goojet au Web 3 fera compagnie à celle de Ginger par Netvibes...


Les captures d'écran nous donnent d'ailleurs une idée de la façon dont Goojet nous permettra de personnaliser notre bureau en agrégeant Web et mobile, utilisations personnelles et professionnelles probables, telles que (la liste n'est pas exhautive) :

- téléphoner, envoyer, recevoir des SMS, des courriels
- prendre des photos, tourner des vidéos, les transmettre, télécharger, écouter de la musique, regarder la télé (cf. Roundbox)
- rester en liaison avec son domicile, son bureau, ses amis et connaissances
- ouvrir des documents sous différents formats (PDF, Office, jpg, etc.)
- gérer son agenda et ses RV en liaison avec son organisateur, ses répertoires, se synchroniser avec son ordinateur, etc.
- rédiger en bénéficiant de différentes fonctionnalités telles que correcteur orthographique, dictée vocale, traducteurs, etc. (cf. Transclick)
- naviguer, bien sûr, au propre et au figuré, aussi bien sur le Web que "dans la vie réelle", en bénéficiant d'un navigateur satellitaire, d'un GPS, etc.
- et s'orienter au niveau local, enfin, dans une dimension de proximité : restaurants, cinémas, pharmacie, magasins, etc.

C'est d'ailleurs sur les services de proximité (cf. Marchex) que le binôme Internet - téléphonie mobile s'avérera probablement le plus utile et potentiellement riche en nouveaux produits/services, notamment pour la pub, mais aussi pour l'éclosion de fonctionnalités telles que la traçabilité des marchandises et la domotique, avec le déploiement à grande échelle de l'Internet des choses...

Sans oublier l'arrivée des QR Codes. Nous assisterons alors à une nouvelle ère de l'Internet, avec ses nouveaux territoires à explorer, à conquérir, etc. Allez, on va s'arrêter là pour aujourd'hui !


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P.S. Et puisque j'en parle, signalons que la France vient d'obtenir le contrôle d'une racine régionale de l'ONS (Object Naming Service), le futur réseau de l'Internet des objets. Une nouvelle vraiment digne d'être remarquée...

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4 commentaires:

Joe a dit…

quelle belle vision jusqu'à la tracabilité et à la domotique. Mais disons pour deux questions que vous comprenez bien comme la traduction/interpretariat et la publicité/information commerciale comment est ce que vous voyez les choses?

Le mobile comme interprète portable, j'ai deux amis qui vient de lancer une société dans la pépinière de Sofia Antipolis dans ce sens.

Le mobile comme façon de changer la publicité émotionnelle en publicité informative grace au ciblage "one to one" comme pouvait le dire Pascal Rossini http://www.pascalrossini.com/wordpress/?p=482

Pour ma part je suis très dubitatif avec Pascal Rossini parce que aujourd'hui le mobile est un outil très émotif et social. On s'en sert pour le montrer aux autres, pour montrer des photos aux amis qui s'extasient devant trois pixel lamentables mais qui permettent de développer son discours et de faire travailler leur imagination.
Le portable est un outil social auquel beaucoup d'émotions sont attachées.

Unknown a dit…

Je ne partage pas ton point de vu. Partons du principe que le web est une plateforme. Les services produits s'adaptent déjà à différents device (des écrans de taille différentes) pourquoi pas à un ecran de portable? Les screens-shot que tu présentes le montre bien: Google n'a aucun problème à créer des interfaces adaptées aux télephones: pourquoi pas wikio ? Pourquoi pas google ? Pourquoi pas les blogs ? L'iPhone à peine sorti se classe déjà comme le 10° moyen d'accès pour allé sur internet (1 requète sur 1000). Je ne dis pas qu'on fera les mêmes choses sur un écran de portable et sur un 21pouces, produire du contenu riche sur un écran large sera toujours plus simple.

Jean-Marie Le Ray a dit…

Joseph,

Concernant les services de traduction/interprétariat, je serais bien en peine de te répondre, là encore il y a une multitude d'usages possibles, ça peut aller d'une traduction d'une conversation à la volée au rendu automatique des flux RSS dans une autre langue, les recherches dans ce domaine vont à 360° comme on dit en italien.

Sur la publicité, la deuxième capture d'écran m'impressionne, car si l'on a deux résultats dont le premier est publicitaire, pour peu qu'il soit pertinent, les taux de transformation risquent d'être énormes, en tout cas beaucoup plus élevés que sur nos PC traditionnels.

Nicolas, je ne discute pas le fait que Google ou n'importe quelle technologie est capable de parfaitement s'adapter à un écran de portable, je m'interroge seulement sur les usages qu'en feront les personnes.

Mais ça reste une interrogation, je n'ai pas de réponse toute prête, juste l'intuition que le média - le dispositif - induira forcément des changements puisque l'expérience utilisateur sera radicalement différente.

Après, l'avenir nous le dira...

Jean-Marie

Bob a dit…

Merci de cet article intéressant, très intéressant.
Pour une fois, pas de discours de quelqu'un qui s'y connait en Internet et qui cherche à faire le malin :) et c'est rarement les gens du web qui ont la meilleure vision...
Pour bien en connaître les contours, les usages, les contraintes et exprimer une vision je vois pas comment faire sans travailler de près dans cette industrie.
La deuxième remarque est qu'à mon avis c'est plus dans l'usage de la mobilitié qu'il faut voir le futur de l'internet mobile et non pas dans les caractéristiques techniques des appareils...à long terme.
Bravo donc...