P.S. Si vous avez des corrections à apporter en commentaire... Ce serait également intéressant de faire une recherche sur les marques françaises et Twitter, mais j'ai pas le temps !
Au fur et à mesure qu'Internet entre dans le quotidien de plus en plus de gens partout dans le monde, et que les gens commencent à apprivoiser cette fantastique ressource qu'est le Web, les usages évoluent, et notamment autour de la recherche.
Or on peut observer en ce moment un faisceau de signes convergents qui nous disent assez clairement que la recherche est en train de changer. Ça peut paraître anodin, et pourtant c'est loin de l'être.
D'abord parce que le pendant naturel de la recherche c'est d'être trouvé. La plupart des internautes ne veulent pas être simplement être présents sur le Net, mais exister. C'est-à-dire être visibles. D'où les mille nouvelles stratégies de positionnement, de référencement, de SEO, etc.
Donc lorsque sous l'impulsion des acteurs majeurs du Web il est clair que les choses bougent, la première à faire est de s'interroger et se demander quelles seront les conséquences de tout ça pour les pratiques des internautes.
Microsoft annonce la sortie imminente de son nouveau moteur.
« people really want to stuff real time and they (twitter) have done a really good job about. We have done a relatively poor job of doing things that work on a per second basis. I have been telling our search team that they need to search on a per second basis. They laughed at me and said it's ok it's just a few minutes old.
I said "no" it needs to be every second. Now I think they understand that. I think we will do a better job at some of those things now that we have these examples. It does take time to really integrate information. If you really want up to the second information it is not going to be as good as if you wait up to a couple of minutes. That's an important aspect of what's going on, you need to make people get sense of things. I am not sure everybody needs to see stuff every second, I am not sure that's the right model either. »
IBM aussi se lance dans la course, bien que le ticket d'entrée ne soit pas pour toutes les bourses... Facebook nous réserve également des surprises.
Car même si la recherche instantanée sur Twitter n'est pas la panacée, elle comble quand même un grand vide, et elle n'est pas non plus comparable avec l'actuelle recherche "récente" sur Google.
Disons qu'en matière de recherche sur les dernières 24 heures, je vois plusieurs grandes sources possibles, cinq grands inventaires :
Twitter, qui permet pratiquement de prendre la température de l'instantané et de suivre les grandes tendances de l'actu heure par heure, voire minute par minute pour les événements particulièrement importants.
Enfin, de nouveaux entrants arrivent aussi sur les segments "recherche temps réel", comme OneRiot, SearchMerge ou Collecta, et recherche tout court, avec Wolfram Alpha notamment, mais il faudra voir à l'usage ce que ça donne.
Les choses bougent également beaucoup sur Youtube, d'ailleurs avec 20 heures de vidéo chargées à la minute, soit près de 30 000 heures de nouveaux clips tous les jours, on imagine facilement que, là aussi, créer le buzz va devenir de plus en plus compliqué...
Voilà, je pourrais approfondir ou continuer, notamment avec les nouveautés sur les médias sociaux (qui ont évidemment de fortes implications pour la recherche et le positionnement, des marques mais pas seulement...), disons le Web social dans son ensemble, or le temps manque.
Pour autant les lignes ci-dessus donnent déjà une idée des changements qui nous attendent. D'ailleurs ils arrivent tellement vite ... qu'ils sont déjà là !
Adquants utilise une méthodologie de mesure basée sur le suivi mensuel d'un demi million de mots clés sur GYM et propose tout un tas de stats intéressantes. Testez vous-même, par exemple.
Si vous vous demandez quels sont les 100 plus gros annonceurs sur Google, Yahoo ou Microsoft, il suffit de cliquer.
Dans chaque tableau tous les liens sont clicables (exemple avec Amazon.com, à moins que vous ne préfériez comparer les performances par moteur.
Je le disais pas plus tard qu'hier, France - Italie, même combat, des deux côtés des Alpes on nous prend pour des cons. Grave !
Après l'historique pas, voici le gavage de l'oie, un concentré de souffrance, avec Sarko (ou Berlusko, au choix, c'est totalement transposable, commutatif dirait Vicnent) dans le rôle du gaveur, et le peuple dans le rôle du bétail.
Vous n'en voulez pas d'Hadopi ? Et bien vous l'aurez quand même, povr' cons ! Et gare à dire ou penser le contraire. Christine veille :) Et Niko derrière.
Donc après TF1, maintenant c'est au tour d'Orange !
Info également reprise sur PCInpact, les deux billets pointant vers le blog d'Orange, où Philippe Maltere nous explique "en exclusivité quel sera le plus grand danger de cette loi ... pour le gouvernement" :
...le P2P tel que nous le connaissons aujourd'hui va progressivement disparaitre, mais pas l'échange de fichiers illégaux, la nuance est importante. Le fait de chiffrer ses communications va favoriser l'explosion (pour les puristes cela existe déjà) de nouvelles (ou anciennes) formes de communications.
(...)
...les communications très majoritairement chiffrées vont faire passer l'état d'Internet de difficilement contrôlable à totalement incontrôlable, apprécier la nuance. Tous les spécialistes de contre terrorisme cybernétique ou contre pédophilie cybernétique peuvent commencer à chercher un nouveau travail, ils ne servent plus à rien.
Ca y est, à coup de bélier, le texte Hadopi a fini par être adopté. Mais en réalité, faut-il se méfier de la Loi qui en découlera ? On ne sait pas encore comment la détection des pratiques illégales va se faire, mais cela semble très mal parti car la collecte de la preuve est soumise à des règles très stricte, et le fait doit être caractérisé sinon il s'agira d'une pratique abusive...punie par la Loi...
Avant de pouvoir signaler à un internaute qu'il a été pris en flagrant délit d'un téléchargement illégal, il faut être sûr du fait. Cela s'appelle disposer de la preuve caractérisée du délit.
Autrement dit, techniquement, c'est pas gagné, au point de conclure après avoir énuméré quelques techniques possibles : Comme nombre de spécialistes le criaient à corps et à cri, Hadopi n'est donc que du vent...
On comprend pourquoi ces choses-là doivent froisser en haut lieu !
Contrairement à ce que l'on pourrait croire cette loi a du bon. D'abord, elle a permis a tout le monde pour ou contre de s'exprimer en long en large en travers, avec ou sans connaissance réelle du sujet, c'est cela la démocratie. Ensuite, elle va permettre de créer des emplois, et en ces temps de crise...
Oui, c'est cela la démocratie.
Au final, on saisit mieux pourquoi il a supprimé son post !!!
P.S. En retirant les billets de cette façon, le risque est qu'on en parle encore plus sur le Web. Sauf à les remettre en ligne en s'abritant derrière un prétexte technique quelconque... (cf. version "officielle)
P.S. 2 : si jamais ils remettent les 3 billets en ligne, ça sera vraiment intéressant de comparer les premières moutures (je les ai sauvegardées) aux versions édulcorées... Exemple : dans un avertissement inséré en début et en fin de billet, Philippe Maltere nous fait la mise au point suivante :
une version antérieure de cet article a été reprise par d'autres sites sous un titre ne reflétant pas mon opinion exprimée dans ce post. J'ai donc pris la décision de le publier à nouveau en changeant quelques termes dont l'imprécision pouvait prêter à confusion, sans pour autant changer le sens de mon texte. Afin de vous permettre de visualiser les passages que j'ai modifiés, ces derniers ont été mis en gras.
Ce que je constate surtout, c'est que "le danger pour ... le gouvernement" du premier jet a été transposé en "risque pour ... la société elle-même". Or je ne vois pas trop le rapport, si ce n'est qu'il y a autant d'imprécision - voulue - dans cette version finale, qu'il y avait de précision dans le contenu initial, fort clair.
C'est pourtant bien du gouvernement dont il est question, encore et toujours, et non de la société dans son ensemble...
Je suis donc curieux de voir comment ils modifieront cette assertion de Laurent Levier : Comme nombre de spécialistes le criaient à corps et à cri, Hadopi n'est donc que du vent...
Depuis que Twitter a annoncé des nouveautés au niveau de la fonction "replies", à savoir, comme l'explique si bien Vinz, que seuls les utilisateurs de Twitter.com via le Web ne voient plus les replies des gens qu'ils ne suivent pas, mais uniquement de leurs suiveurs.
Ce qui a soulevé un tollé chez les habitués de Twitter, qui ont immédiatement lancé une campagne de #fixreplies.
J'ai donc voulu aller plus loin en analysant 200 messages choisis aléatoirement (deux séries de 100), puisque pour chaque message Twitter nous dit quelle est l'application qui l'a généré, comme on peut le voir sur cette capture :
Le décompte des applications nous donne le résultat suivant (voir le nuage correspondant en début de billet) :
Sur 31 applications listées, les 11 premières qui réalisent au moins 2% sont les suivantes :
À noter qu'en cumulant, l'ami Loïc arrive en troisième position avec 12% grâce au binôme Twhirl + Seesmic Desktop, compliments !
Et puisque Twitter c'est formidable, concluons par une première mondiale : ces deux messages, envoyés aujourd'hui, nous arrivent directement de l'espace, où Mike Massimino et l'équipe de la NASA sont en route pour leur rendez-vous avec ... Hubble !
D'ailleurs c'est la terminologie exacte. Reste à savoir qui sont les bananes ?
De plus en plus j'observe entre Sarko et Berlusko des parallélismes inquiétants pour ce qui reste de la démocratie dans nos pays, où ces tristes personnages arrivés à la tête de l'état ne conçoivent plus leur rôle et leur mission que comme des marionnettistes tirant les fils de nos destinées sans se soucier le moins du monde des véritables problèmes et aspirations des populations respectives.
Le seul but de leurs politiques (à commencer par les hommes...) est le renouvellement de leur mandat pour faire, d'abord et avant tout, voire exclusivement, leurs propres intérêts et ceux des copains (tiens, il me vient un néologisme en passant : sarkopinage, berluskopinage). C'est très clair lorsqu'on voit Sarko baver sur la réussite de son alter ego : “L’important dans la démocratie, c’est d’être réélu. Regardez Berlusconi, il a été réélu trois fois”...
Le contenu, tout le monde s'en fout. Parce que je vous raconte pas ce que Berlusconi a fait, et continue de faire, de ses mandats !
La politique a-t-elle jamais été noble ? je n'en sais trop rien. En revanche, les politiques-politiciens sont à vomir, menteurs et voleurs, Coluche l'avait bien compris lorsqu'il disait que si par mésaventure on serrait la main d'un politique mieux valait recompter ses doigts après pour s'assurer qu'ils étaient tous à leur place.
Et de nous expliquer bien avant la lettre en quoi consistaient vraiment les politiques (à commencer par les hommes...) du milieu :
Le milieu autorisé c'est un truc, vous y êtes pas vous hein ! Vous n'êtes même pas au bord. Vous n'y êtes pas du tout. Bon, le milieu autorisé c'est un truc. C'est un endroit autorisé où il y a plein de mecs qui viennent pour s'autoriser des trucs mais y a que le milieu qui compte. Et là-dedans y a une poignée de connards qui tournent en rond en s'autorisant des trucs : "Euh... Qu'est-ce que tu fais là ? Ben j'sais pas, j'vais peut-être m'autoriser un truc, mais c'est vach'ment gonflé. J'hésite ! Euh..."
Rassurez-vous, deux décennies plus tard, même les hésitations n'ont plus cours dans ces "milieux autorisés" que sont devenus les parlements et leurs chambres à coucheries...
Enfin, piètre consolation, outre la censure et la désinformation toujours plus évidentes des deux côtés des Alpes, je conclurai ce billet d'impuissance amère sur un autre parallélisme, et non des moindres, entre Sarko et Berlusko : pour autant qu'ils mettent des talons hauts, ils seront jamais à la hauteur de la situation !
Créée en 1998, l'ICANN est en charge de la gestion de ressources internet essentielles: le système des noms de domaine et l'allocation des adresses IP. C'est à l'ICANN notamment que se prennent certaines des décisions concernant la création, la redélégation ou la suppression d'extensions de 1er niveau telles que les .COM, .FR, .EU, .TEL...
Avec le temps, cette société à but non lucratif de droit californien a fini par symboliser le système actuel de gouvernance de l'Internet, placé sous le contrôle unilatéral du Département du Commerce américain. Cette situation a été vivement attaquée, sans grand succès, lors du Sommet mondial pour la Société de l'Information en 2005.
L'arrivée à échéance du contrat unissant l'ICANN au DoC, le 30 septembre prochain, crée une nouvelle opportunité de discussion autour de l'organisation de la gouvernance de l'Internet. C'est l'objet d'une consultation publique initiée le 27 avril dernier par la NTIA/DoC (1) mais aussi de propositions très concrètes formulées par le Commissaire européen Viviane Reding sur les modalités de contrôle de l'ICANN après le 30 septembre prochain (2).
L'AFNIC a été appelée à intervenir sur ces sujets le 6 mai à Bruxelles, en la personne de son Directeur général, M. Mathieu Weill. Le texte de son intervention est publié sur le site de la Commission européenne (3).
Loïc Damilaville, adjoint au Directeur général de l'AFNIC, est à votre disposition pour toute information complémentaire.
Aux quelques liens mentionnés dans le message, j'en ajoute d'autres, de billets où j'ai déjà abordé le sujet :
Voici l'approfondissement promis à la fin de mon précédent billet, intitulé Via D'Amelio, Palerme, 19 juillet 1992, lieu et date, réels et symboliques, de l'assassinat de Paolo Borsellino.
En commençant par une citation de Salvatore Borsellino, le frère de Paolo, qui reprend les mots de Leonardo Sciascia, écrivain sicilien dont l'œuvre parle beaucoup de la mafia :
Nous n'allons pas tarder à le voir, car nous y sommes, et cette fois toutes les conditions sont réunies pour que l'ensemble de la société italienne puisse régler ses comptes avec elle-même. L'exigence de vérité est forte, forte plus que jamais, donc sera-t-elle assez forte pour avoir les effets escomptés ? Là est la question.
Si la réponse est oui, ce pays a un avenir. Si la réponse est non, alors l'occasion unique à saisir aujourd'hui, avec les mains et avec les dents, ne se représentera plus. Il y a des rendez-vous avec l'histoire qu'un pays digne de ce nom ne peut manquer.
Je vais donc analyser et approfondir un documentaire diffusé une première fois le 19 janvier 2009, et rediffusé le dimanche 26 avril 2009 :
Même si vous ne comprenez pas l'italien, je vous conseille de regarder au moins les deux premières minutes, l'ampleur du désastre parle d'elle-même...
Pour celles et ceux qui ne l'auraient pas en mémoire, vous pouvez reparcourir ma brève chronologie des événements qui vont de 1992 à 1994, et pour celles et ceux qui souhaiteraient voir le détail des événements qui annoncent et accompagnent - avant, pendant et après - les 57 jours qui ont séparé les assassinats des juges Falcone, Borsellino, et des membres de leurs escortes respectives, voici l'évolution en 4 parties (en italien) :
1. Les négociations entre l'état italien et la mafia
J'y ai déjà fait allusion dans mon précédent billet, voyons un peu de quoi il s'agit. En précisant tout d'abord ces mots d'Antonio Ingroia, substitut procureur antimafia de Palerme et considéré comme l'un des successeurs de Paolo Borsellino, dans l'interview qui précède : à la lumière des enquêtes en cours, l'hypothèse d'une "négociation état-mafia" conserve toute sa validité (un'ipotesi che mantiene la sua valida consistenza)...
Toutefois les nouveautés introduites par les récentes déclarations des repentis Massimo Ciancimino et Gaspare Spatuzza confirment, entre autres, que la négociation, commencée par Totò Riina et poursuivie par Bernardo Provenzano, est antérieure au carnage de Via D'Amelio, puisqu'en fait elle aurait débuté après l'attentat de Capaci à Falcone et avant le meurtre de Paolo Borsellino.
Giovanni Brusca, responsable d'avoir déclenché la bombe qui tua Falcone, sa femme et les membres de son escorte, déclare ce qui suit, qu'il tient de Riina lui-même :
“Borsellino meurt à cause des négociations en cours entre les boss corléonais et certains membres des institutions. Le juge, après la tuerie de Capaci, en avait été informé et quelqu'un lui avait dit de se taire mais il n'a rien voulu savoir. On avait proposé à Borsellino de ne pas s'opposer à une révision du maxi-procès et de fermer l'œil sur d'autres affaires”.
“Borsellino muore per la trattativa che era stata avviata tra i boss corleonesi e pezzi delle istituzioni. Il magistrato, dopo la strage di Capaci, ne era venuto a conoscenza e qualcuno gli aveva detto di starsene zitto ma lui si era rifiutato. A Borsellino era stato proposto di non opporsi alla revisione del maxiprocesso e di chiudere un occhio su altre vicende”.
Par ailleurs, le fils de Vito Ciancimino nous révèle aujourd'hui que son père était le médiateur mandaté par Cosa Nostra pour mener la négociation (le père étant âgé, le fils l'accompagnait dans tous ses déplacements), concrètement traduite par une liste de 10 à 12 prétentions consignées par la mafia sur le fameux "papello".
Ceci dit, il est long et délicat d'expliquer les nombreux indices à charge de l'existence de cette "négociation", donc ça mérite un billet à part et demande le temps nécessaire à sa rédaction. Nous verrons ça dans un prochain épisode...
Par contre, l'implication des services secrets dans l'attentat ne semble faire aucun doute, même si, comme l'observe Salvatore Borsellino, toutes les enquêtes allant dans ce sens ont été bloquées.
Gaspare Spatuzza, l'autre repenti qui apporte de nouveaux détails sur cette affaire, déclare en effet que c'est lui qui a volé la voiture ayant servi à l'attentat, avant de la remettre à un "élément externe à Cosa Nostra" pour qu'elle fût piégée et bourrée de TNT, ou de Semtex.
Autre indice à charge de la présence des services secrets.
Gioacchino Genchi fut le premier à comprendre que le détonateur avait été actionné depuis le château Utveggio, dont cette vieille carte postale nous fait bien comprendre le panorama qu'avait sous les yeux la personne qui a actionné le détonateur.
C'est d'autant plus clair sur cette photo extraite du documentaire :
où l'on peut observer le château Utveggio à l'arrière-plan, au sommet du mont Pellegrino, d'où la vue plongeante sur le lieu de l'attentat apparaît évidente, pratiquement une perspective en ligne droite, comme on peut le constater avec en premier plan les rameaux de l'olivier qui a été planté sur le lieu de l'explosion.
Or le château Utveggio abritait une cellule des services secrets, sous couverture du Cerisdi, habituellement fermée le dimanche, mais en pleine activité ce jour-là...
Quelques secondes après le carnage, un coup de fil part du château, destiné à Bruno Contrada, à l'époque chef du SISDE à Palerme. Or l'appel vient du numéro de portable de Paolo Borsellino, qui était cloné de toute évidence. Par qui ?
Et encore, 80 secondes après l'explosion, Bruno Contrada (il Dottor Mafia...) téléphone à Lorenzo Narracci, officier du SISDE à Palerme. Donc, en clair, moins de deux minutes après l'attentat, le SISDE est tolalement opérationnel, alors que sur place la police ne sait même pas par où commencer.
Or le numéro de téléphone de Narracci avait déjà été retrouvé par les enquêteurs sur un billet découvert à ... Capaci, lors de l'attentat à Falcone !!!
Mais Gioacchino Genchi nous révèle bien d'autres épisodes vraiment inquiétants : numéros de portables clonés, réseaux de communication opérationnels tout le long du parcours de Via D'Amelio depuis plusieurs jours, le téléphone de la mère de Borsellino mis sous écoute probablement par Pietro Scotto, selon les enquêteurs, frère d'un mafieux de Palerme, Gaetano Scotto, qui aurait effectué deux appels téléphoniques à Vincenzo Paradiso, du Cerisdi, au mois de février, quelques mois avant l'attentat. Ce même Gaetano Scotto, condamné à perpétuité pour l'attentat. Ce même Vincenzo Paradiso, que Totò Cuffaro (une référence, ex-président de la région Sicile condamné en première instance à 5 ans de prison pour avoir favorisé la mafia...) a voulu comme Administrateur délégué de Sviluppo Italia Sicilia, dont l'on retrouve trace dans une enquête de Luigi De Magistris, bloquée et archivée de force après qu'un autre magistrat (qui fut en son temps l'objet d'une interpellation parlementaire...) l'ait dessaisi du dossier sans même l'en avertir.
Enfin, tout ça reste une affaire de famille... [Début]
* * *
2. La rencontre Paolo Borsellino - Nicola Mancino
Le 1er juillet 1992, 18 jours avant l'attentat, Paolo Borsellino est à Rome, dans les bureaux de la DIA, la Direction des Investigations Antimafia, pour interroger un repenti, Gaspare Mutolo, l'un des premiers qui fit des révélations sur les rapports entre la mafia et la politique, en parlant de Salvo Lima, Giulio Andreotti, Domenico Signorino, Bruno Contrada, entre autres.
L'interrogatoire commence à 15h. Dans la soirée, Borsellino annonce au repenti qu'il doit interrompre car le ministre l'a appelé pour un rendez-vous, l'interrogatoire reprendra après.
Mutolo déclarera qu'à la reprise Borsellino était tellement nerveux qu'il avait allumé deux cigarettes en même temps.
La reconstruction exacte de la visite de Borsellino au ministère de l'Intérieur s'est avérée impossible. Aux dires de Mutolo, Borsellino lui aurait dit qu'il y avait rencontré Vincenzo Parisi, Contrada lui-même et le néo-ministre, Nicola Mancino. Chose que ce dernier a toujours nié. Dans le reportage, il déclare textuellement :
Le responsable de la police auprès du ministère m'a téléphoné d'un poste interne pour m'annoncer que Paolo Borsellino voulait me serrer la main. Or je ne le connaissais pas personnellement, donc même si je ne crois pas l'avoir rencontré, je ne peux exclure qu'il m'ait serré la main...
Une déclaration ô combien étrange, pour au moins deux raisons :
Souvenons-nous quand même qu'en 1992, Falcone et Borsellino sont les deux juges plus célèbres d'Italie. Or Falcone a été assassiné moins de deux mois plus tôt, toute l'Italie ne parle encore que de ça, et l'on peut donc affirmer qu'en juillet 1992 Borsellino est LE juge plus célèbre d'Italie. Donc que le ministre de l'Intérieur, déjà en politique depuis une vingtaine d'années, lui ait serré la main sans s'en rendre compte tient davantage de la fable que de la vraisemblance
Même en prenant pour argent comptant la version de Mancino, le juge Borsellino n'était certes pas homme à serrer la main de quelqu'un sans se présenter, d'autant plus s'il s'agissait du ministre de l'Intérieur le jour de sa prise de fonctions.
Nous avons donc la parole d'un vivant contre celle d'un mort. Qui a pourtant laissé en héritage une trace bien embarrassante, sur son agenda gris : 19h30' - Mancino !
Depuis la mort de Falcone, Borsellino, déjà bien conscient que ce serait bientôt son tour, consignait tout par écrit, le programme de ses journées sur son agenda gris, et toutes ses réflexions sur son agenda rouge, dont il ne se séparait jamais. J'y reviendrai.
Mais il y a un deuxième lien, vraiment étrange, entre le néo-ministre de l'Intérieur et le SISDE, les services secrets dont l'on retrouve des traces omniprésentes aussi bien à Capaci que Via D'Amelio. À savoir l'affaire que les médias italiens ont appelée : les caisses noires du SISDE.
On n'en parle jamais, et pourtant ! Car vu l'histoire des services secrets dans ce pays depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'à nos jours, je vous promets que ça vaut l'approfondissement. Mais ce sera pour une autre fois...
En attendant, Nicola Mancino est aujourd'hui le vice-prédisent du Conseil Supérieur de la Magistrature (autrement dit celui qui fait tourner la baraque, puisque de droit le président n'est autre que le président de la République), dont bon nombre de décisions récentes et actuelles concernant les juges les plus "gênants" pour le pouvoir (Forleo, De Magistris, les procureurs de Salerno, etc.) suscitent justement un flot de critiques...
Dans un billet publié le premier mai, intitulé Mancino et les brumes de la mémoire, le frère de Paolo Borsellino, Salvatore, écrit une lettre ouverte à l'ex-ministre de l'Intérieur, dont j'extrais le passage suivant :
Soit Mancino doit ouvertement accuser Paolo Borsellino d'avoir inscrit dans son agenda, pour la posterité, un faux rendez-vous, soit il doit avouer que la rencontre a bien eu lieu et, par conséquent, expliquer ce qui s'est passé durant cette entrevue et pourquoi Paolo en sortit totalement bouleversé.
Allora o Mancino deve accusare apertamente Paolo Borsellino di avere registrato, a futura memoria, una annotazione falsa o deve confessare di avere avuto questo incontro con Paolo e in conseguenza raccontare che cosa avvenne in quel colloquio e perché Paolo ne uscì sconvolto.
J'en arrive au dernier volet de ce billet, qui est le vol - je ne vois pas comment l'appeler autrement - de l'agenda rouge. En bref, de suite après l'attentat, la présence des télévisions sur le lieu du massacre permit de voir le colonnel des carabiniers, Giovanni Arcangioli, s'éloigner tranquillement avec le cartable du magistrat où se trouvait l'agenda rouge.
Or le fait que le cartable fût retrouvé quelques heures plus tard sur la banquette arrière de la voiture - mais SANS L'AGENDA - suscite plusieurs interrogations. D'autant plus que nul n'en aurait jamais rien su sans la présence des télés qui ont capturé cette image (un œil exercé réussit à voir le colonel s'éloigner avec le cartable dans le documentaire ci-dessus, à 7'15''), vu qu'Arcangioli n'a rédigé aucun rapport pour expliquer son geste. Donc :
Pourquoi a-t-il pris le cartable avec l'agenda, avant de le remettre à sa place sans l'agenda ?
À qui a-t-il remis le cartable (en tout état de cause la personne qui a subtilisé l'agenda) ?
Pourquoi n'en a-t-il rien dit à personne ?
Comme quasiment presque toujours en Italie dans ce genre d'affaires, après des années de procès, le jugement s'est terminé par une absolution...
Qui a fait dire à Rita Borsellino, sœur du magistrat : que cette absolution ne marque pas d'une pierre tombale l'enquête sur l'assassinat de mon frère...
Là encore, un nouveau mystère tellement épais qu'il a inspiré à deux journalistes italiens la rédaction d'un livre entièrement consacré à ce seul épisode. Et donné lieu à une nouvelle rencontre, aujourd'hui même, entre Salvatore Borsellino et les palermitains, pour préparer la grande manifestation nationale antimafia du 19 juillet prochain, où des italiens de tout le pays se rendront à Palerme, chacun/e tenant dans sa main ... un agenda rouge !!!