dimanche 6 mars 2005

Les travailleurs de la connaissance

Les travailleurs de la connaissance

French translation of a column in Connect Magazine, by Paul Allen

Investir dans ses employés : élaborer un cursus professionnel pour ses cadres supérieurs

Mon ami Steve Jenkins a déjà créé et vendu deux sociétés, et travaille actuellement au développement de la troisième.
Il fonda sa première start-up, Windows95.com, alors qu’il faisait un MBA à l’Université de Brigham, et finit par la vendre à CNET Networks, Inc. pour 12 millions de dollars.

Il m’a dit un jour que différents professeurs l’avaient formé, et qu’il avait appliqué ce qu’il avait appris en classe pour noter chaque professeur en fonction de ce qu’il lui aurait fait récolter. Ayant mis en pratique les connaissances qu’il avait acquises, il a vraiment gagné de l’argent.

L’un de mes livres favoris est « Intellectual Capital: the New Wealth of Organizations » (Le capital Intelligence : la nouvelle richesse des organisations), par Thomas Stewart, éditeur de la revue en ligne Harvard Business.

Stewart écrit ceci : « Si la connaissance est la plus grande source de richesse, alors les individus, les sociétés et les nations devraient investir dans les actifs qui produisent et traitent la connaissance ».

Et vous, que faites-vous à ce sujet ? Votre entreprise investit-elle de façon scrupuleuse et systématique dans les actifs qui produisent et traitent la connaissance ?

J’ai plus de 2000 livres dans ma bibliothèque personnelle, quelque 3000 textes électroniques d’études religieuses dans ma bibliothèque Infobase, l’accès à 32 millions de documents fournis par 2800 sources de publication grâce à mon abonnement au site de recherche High Beam, et ma boîte à courriels quotidiennement remplie de lettres d’informations provenant de personnalités parmi les plus brillantes de la planète.

Le paradoxe du travailleur de la connaissance est bien celui-ci : plus vous passez de temps à emmagasiner de la connaissance, moins vous en avez pour appliquer ce que vous savez. La réciproque est également vraie. Il s’agit donc de trouver le juste équilibre entre apprendre et faire, entre la formation et l’action. Beaucoup de gens n’ont aucun répit, et très peu consacrent assez de temps, d’énergie et d’argent pour thésauriser et exploiter leurs connaissances. Peut-être le Web pourra-t-il changer cela, puisque, grâce à l’Internet, chacun de nous peut aujourd’hui dresser une liste d’experts dans son ou ses domaines et suivre à la trace chacune de leurs paroles et actions.

De fait, avec les outils modernes de la connaissance, chacun de nous peut désormais se former un cursus sur mesure, tout au long de sa vie, et y mettre pêle-mêle livres, articles, messages d’alerte de Google ou autres, programmes télé ou radio, etc., pour devenir à son tour expert dans son secteur ou son activité.

Mes deux premières fonctions ayant été PDG et Vice-Président Marketing, j’ai développé à l’intention des gens avec qui je travaille deux « parcours » spécifiques à ces fonctions, en y englobant des recommandations de lecture, des enregistrements de conférence ou des articles clés, autant de matériel documentaire qui évolue avec le temps mais que j’ai lu et dont j’estime qu’il leur permettra de progresser.

En fin de compte, j’espère pouvoir élaborer un « parcours » propre à chaque position clé au sein de l’entreprise, et trouver la façon de récompenser les employés qui prendront constamment le temps d’apprendre pour acquérir la vision d’ensemble dont nous avons tous besoin.

J’espère aussi pouvoir convaincre les entreprises avec qui je collabore à investir dans leurs employés. Je ne parle pas de formations de groupe ni de séminaires coûteux, mais plutôt d’aider chaque employé à développer une stratégie d’apprentissage tout au long de la vie en y consacrant un budget minimum.
En effet, pourquoi payer quelqu’un 50000 $ par an si l’on n’est pas prêt à dépenser 3 ou 4% de cette somme à sa formation ?

Je leur conseille donc de doter leurs salariés de dispositifs portables pour se former, d’un gros budget livres, de les laisser participer aux meilleures conférences ou s’abonner aux publications de leur choix et bases de données inhérentes à leur domaine.

Je leur dis « Récompensez-les pour leurs bonnes idées et leurs connaissances, pas seulement pour le nombre d’heures qu’ils passent en réunion ou assis devant l’écran de leur ordinateur.

Rappelez-vous qu’une seule info clé peut faire toute la différence entre l’échec et la réussite.

Dans son spectacle TV, “The Apprentice,” Donald Trump a mis pendant quelques mois deux équipes en compétition pour organiser un Salon du mariage et voir laquelle serait capable de vendre le plus de robes de mariée en une seule soirée.

L’équipe Mosaic a envoyé un courriel en masse à 23000 futures mariées de la ville de New York à partir du site theKnot.com. Résultat : un groupe de 40 à 50 personnes attendaient l’ouverture des portes du magasin pour s’y précipiter et ont généré 12000 $ d’achats.

L’équipe Apex a distribué des dépliants à Penn Station, une gare de la ville, pour n’obtenir que 1000 $ de ventes. Donald Trump a licencié le responsable Apex du projet parce qu’il avait perdu : il ne connaissait pas le site theKnot.com.

Mosaic a donc fait 12 fois plus de ventes qu’Apex pour un seul détail : ils savaient que theKnot.com disposait d’une base de données d’e-mailing incluant les futures mariées.

Dans une entreprise, chaque échec peut avoir comme origine, tout simplement, le fait de ne pas savoir : ne pas savoir poser les bonnes questions pour augmenter vos ventes en fin de journée ; ne pas savoir trouver de nouveaux clients grâce aux moteurs de recherche ; ne pas savoir diminuer de 25 % les coûts de votre centre d’appels grâce aux nouvelles technologies ; ne pas savoir utiliser les logiciels libres pour économiser des millions en coûts de développement ; ne pas savoir générer un bouche-à-oreille efficace ; ne pas savoir fabriquer moins cher, et ainsi de suite.

Augmentez donc vos chances de ne pas faillir en aidant vos salariés à faire fructifier leur actif le plus précieux : leur esprit.

© Paul Allen, February 2005
Translation © Jean-Marie Le Ray, March 2005


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