mardi 20 septembre 2011

Pourquoi Berlusconi est-il encore au pouvoir ?

Plus l'énergumène en fait de toutes les couleurs et moins sa permanence aux affaires résulte compréhensible aux opinions publiques démocratiques non italiennes. Voici deux ans et demi que je tente d'expliquer l'exception italienne à un lectorat francophone et pourquoi Silvio Berluconi est également un danger pour l'Europe, chose que je ne suis désormais plus seul à dire..., et Bruxelles le sait, mais malheureusement la situation n'arrête pas d'empirer.

Je pourrais vous en tartiner des billets et des billets sur l'horreur démocratique que représente ce vieux pervers corrompu qui dirige l'Italie, mais je vais essayer de prendre un peu de hauteur - pour autant que le sujet le permette - pour répondre à la question que je pose en titre, en identifiant quatre raisons fondamentales pour lesquelles Berlusconi est encore au pouvoir bien qu'il ne soit qu'une immonde caricature de ce que devrait être un homme d'état :
  1. Berlusconi n'est pas seul
  2. La "Loi Calderoli" : une vraie saloperie !
  3. L'absence - la complicité - de l'opposition
  4. L'apathie de la population italienne
* * *

1. Berlusconi n'est pas seul

Berlusconi n'est pas arrivé seul en politique, mais porté par tout un système de pouvoirs occultes qu'il est difficile d'expliquer en France (et ailleurs...), aussi bien externes (notamment Grande-Bretagne, États-Unis et Vatican) qu'internes (mafias). Et si ce dernier rapprochement vous étonne, sachez que les connexités (nous dirons ça comme ça) entre les mafias et Berlusconi sont innombrables et sérieusement documentées, y compris judiciairement (que ce soit directement ou par personne interposée : Dell'Utri, pour n'en citer qu'un), voire financièrement (des enquêtes dont personne ne parle jamais dans la presse sont actuellement en cours).

L'origine de milliards et de milliards de lires qui ont servi a financer ses débuts est tout simplement inconnue, alors que plusieurs repentis ont déclaré que la mafia avait blanchi des milliards dans ses affaires. Quant à l'origine de son parti politique, elle fait planer de nombreux doutes, notamment si l'on considère les ambitions politiques de la mafia.

De même que l'on compte par dizaines et dizaines les politiques de l'entourage de Berlusconi qui ont des "connexités" avec la mafia et sévissent actuellement sur les bancs du gouvernement et du parlement italiens, y compris au plus haut niveau en passant par des ministres. Ou d'autres, tels Angelino Alfano, ex-ministre de la justice (!) récemment nommé par Berlusconi comme son successeur, dont il est difficile de comprendre pourquoi il fut un jour invité au mariage d'une fille d'un chef mafieux et s'y rendit avec un cadeau pour les époux avant d'aller embrasser le père de la mariée... Chose qu'il nia dans un premier temps, jusqu'à ce que circule un clip vidéo où on le voyait embrasser le parrain. Il s'en tira par une pirouette en disant qu'il ne savait pas de qui il s'agissait et que sa présence était le pur fruit du hasard, même si en Sicile il est difficile d'être invité à un mariage de ce niveau-là par hasard ! Mais bon, s'il le dit... Il n'y a aucune raison de douter de sa parole plus que de celle de Berlusconi, n'est-ce pas ?

Or quel serait le lien commun entre mafias, Grande-Bretagne, États-Unis et Vatican, me direz-vous ? Un ciment fort : celui de l'anti-communisme, considéré comme un danger permanent par ces trois entités, une réalité historique aux fondements mêmes de la République italienne (au point qu'une énorme quantité d'ex-nazis et d'ex-collabos furent exflitrés ou graciés pour occuper ensuite des positions clés dans les appareils administratifs de l'État italien, mais pas seulement, puisque les États-Unis ont fait la même chose dans bon nombre de dictatures en Europe, en Amérique latine ou au Japon...), et dont la "joyeuse machine de guerre" était prête à prendre le pouvoir en Italie aux élections de 1994, qui furent gagnées par Berlusconi, mais sûrement pas par l'Italie...

Quant à l'appui de l'église à Berlusconi, il est largement compensé et récompensé par d'immenses avantages économiques, notamment pour les caisses et le patrimoine immobilier du Vatican, dont la banque, le IOR, fut un coffre-fort de la mafia et où transita le plus gros pot-de-vin jamais versé en Italie aux politiques corrompus, à commencer par Giulio Andreotti, dont Berlusconi est un digne héritier...

Berlusconi n'est donc pas seul, il fait partie d'un système : un système anti-démocratique et autoritaire, qui se partage les destinées d'un pays entier au moins depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale en privatisant les profits (de toute nature) et en socialisant les dommages collatéraux pour la société italienne. Un système qui a provoqué une infinie série de massacres, de Portella della Ginestra aux attentats des années 1992-93, en passant par la stratégie de la tension : carnages, bombes et assassinats de juges, de journalistes, d'innocents et de gens honnêtes, etc., dont pratiquement aucun coupable n'a jamais payé ! Un système basé sur la corruption, le chantage, les dépistages, disparitions et autres trafics en tous genres, de la drogue à la prostitution, du pétrole aux déchets dangereux et nucléaires, etc.

Un système au sein duquel l'état omniprésent a élevé les comportements criminels au rang de modèle économique, en contribuant par un pacte de sang à faire de la mafia la première entreprise italienne, un système parfaitement huilé, personnalisé par la P2 du maléfique Gelli qui continue de nos jours à produire ses effets hautement néfastes, notamment via la mise en oeuvre systématique par Berlusconi du plan de renaissance démocratique, qui consiste non pas à abolir la démocratie dans ses formes, mais à la vider totalement de sa substance pour n'en laisser qu'une belle coquille présentable. Grâce au contrôle de l'information, entre autres choses...

Car Berlusconi ne fait pas seulement partie du système, il en est au centre. En quelque sorte il est le garant du système - ou tout au moins, il l'a été jusqu'à aujourd'hui -, et c'est grâce à lui que tout se tient : un réseau infini de corruptions, de chantages, de dossiers plus ou moins secrets, etc., qui assure la permanence du système grâce au contrôle de quasiment toute la politique et d'une bonne partie de l'économie italiennes par Berlusconi, chose que prévoyait explicitement le Plan de Renaissance démocratique, qui chiffrait également, sans hésiter et avec un froid machiavélisme, les coûts nécessaires pour que le Plan fût une réussite, soit dit en passant :
  • entre 30 et 40 milliards devraient suffire pour permettre à des hommes de bonne volonté et choisis avec soin d'occuper les postes clés indispensables pour contrôler les partis politiques, la presse et les syndicats (le Gouvernement, la Magistrature et le Parlement représentent des objectifs ultérieurs, auxquels l'on pourra prétendre uniquement après la bonne réussite de la première phase, quand bien même ces deux phases s'entrecouperont et subiront nécessairement des interférences réciproques, comme nous le verrons dans le détail au fur et à mesure que nous élaborerons les procédures de mise en oeuvre).
  • environ 10 milliards de fonds nécessaires pour acheter le parti de la DC
  • un coût supplémentaire de 5 à 10 milliards pour diviser les syndicats en vue de leur "renaissance"...
  • un fonds national d'environ 10 000 milliards sur 2 ans pour une réforme structurelle des services sociaux (logement - hôpitaux - écoles - transports)...
Mais d'autres exigences ne sont pas explicitement chiffrées :
  • il faut en outre faire l'acquisition d'un ou deux périodiques hebdomadaires que l'on opposera à Panorama, l'Espresso, l'Europeo... (Gelli ignorait que Berlusconi aurait fait mieux encore en corrompant des juges pour faire main basse sur le tout, ce qui lui a valu une amende de 560 millions €, récemment infligée à lui et son groupe par la Cour d'appel de Milan)
  • Un autre élément clé était la constitution immédiate d'une agence de coordination de la presse locale (au moyen d'acquisitions étalées dans le temps) et d'un réseau TV via câble pour pouvoir contrôler l'opinion publique des italiens lambda (Altro punto chiave è l’immediata costituzione di una agenzia per il coordinamento della stampa locale - da acquisire con operazioni successive nel tempo - e della TV via cavo da impiantare a catena in modo da controllare la pubblica opinione media nel vivo del Paese).
Vous avez sous les yeux le parcours de Berlusconi. Et son programme politique, écrit par Gelli (ou plutôt par de petites mains de la CIA) vers la moitié des années 70. Pour autant, ses intempérances ont fini par mettre en danger le système, puisqu'il a désormais perdu toute crédibilité, tant nationale qu'internationale. Et la crédibilité est la condition numéro 1 pour faire vivre le système :
toute opération politique réussira pour peu que les hommes qui la mettent en oeuvre soient animés d'une foi solide et emportent la crédibilité (ogni operazione politica è destinata al successo se gli uomini che se ne assumono l’onere sono animati da buona fede ed ottengono credibilità)...
Citation extraite du Mémorandum sur la situation politique en Italie, saisi en 1982 à la fille de Gelli en même temps que le Plan de Renaissance démocratique...

Récemment, Berlusconi a d'ailleurs été désapprouvé publiquement par Gelli, ce qui est tout dire ! Gelli qui affirmait au début de ce dernier mandat de Berlusconi que lui seul aurait été capable de mettre en oeuvre son Plan, voici son diagnostic sur l'Italie d'aujourd'hui et sur Berlusconi (interview au magazine Oggi, en début d'année) :
- Le pays est déjà en plein chaos, l'économie est un désastre et nous n'avons plus d'hommes politiques. Par contre beaucoup de voleurs. Et ce n'est pas moi que le dis : ils sont presque tous mis en examen. Or personne ne prend les mesures nécessaires, personne ne met de l'ordre dans ce chaos. 
- Je n'aime pas la politique de Berlusconi. Il s'est avéré être un faible, il a peur de la minorité et ne fait pas valoir le pouvoir qu'il a reçu du peuple. Aujourd'hui le pays traverse une phase d'immobilisme, extrêmement dangereuse. Berlusconi a été trop loin dans la débauche, il aurait dû consacrer davantage de son temps à d'autres types de rencontres, de dîners. 
(Il Paese è già nel caos, l'economia va malissimo e non ci sono politici. Solo tanti ladri. E non sono io a dirlo: sono quasi tutti indagati. E nessuno prende i provvedimenti necessari, nessuno mette ordine. «La sua politica non mi piace. Si è dimostrato un debole, ha paura della minoranza e non fa valere il potere che il popolo gli ha dato. Oggi il Paese è in una fase di stallo. Molto pericolosa. Berlusconi è stato troppo goliardico, avrebbe dovuto dedicare più tempo ad altri incontri, ad altre cene.)
Tout est dit ! (même si se faire traiter de voleur par Gelli, c'est un peu comme se faire traiter de mafieux par Riina...)

Voilà pourquoi les rapports de force sont en train de changer et les mafias de se repositionner en vue de l'après-Berlusconi, inéluctable : ce n'est plus qu'une question de temps. Le problème est que lui ne veut rien savoir, qu'il est incontrôlable et continuera probablement à faire le mal de ce pays jusqu'à son dernier souffle. Sans compter que la permanence d'un tel système aurait besoin d'une transition en douceur, pour perdurer tel quel sans que personne ne s'y oppose vraiment. Tandis que si la chute de Berlusconi est violente, c'est tout le système qui s'écroulera avec lui. Exactement comme lors de la transition du début des années 90, lors du passage de la Ie à la IIe République.

Raison pour laquelle tous ceux et celles qui tomberont avec lui, et il y en a !, s'attachent par tous les moyens à maintenir le système agonisant jusqu'au bout, il en va de leur disgrâce autant que de celle de leur chef. Et pour ce faire, le Porcellum leur est indispensable
(même si un référendum populaire pourrait bien avoir lieu pour l'abroger, hier soir Antonio Di Pietro annoncait que le seuil indispensable des 500 000 signatures était atteint).

2. La Loi Calderoli : une vraie saloperie !

En 2005, la majorité de centre-droit de Silvio Berlusconi fait voter la loi électorale dite Loi Calderoli (ministre de la Ligue du Nord), qu'il a lui-même définie comme une « saloperie » (porcata, qu'on traduirait par cochonnerie en français mais sur un registre de langue moins soutenu, d'où mon choix qui correspond davantage au sens italien), également connue en Italie sous l'appellation de Porcellum. Je vous passerai les détails techniques, pour me concentrer uniquement sur les effets hautement nocifs de cette loi, à savoir que les électeurs ne peuvent indiquer leurs préférences mais doivent se limiter à voter parmi des listes bloquées de candidats désignés en amont par les partis politiques, qui sont ainsi les seuls à pouvoir décider de la nomination des parlementaires.

Autrement dit, cette loi a complètement court-circuité la représentation démocratique, puisque les "élus" n'ont plus aucun compte à rendre à leurs électeurs (qui n'ont eu le choix que de voter pour des listes farcies de "représentants" qu'ils n'ont pas choisis), mais uniquement aux partis - et donc aux chefs de parti - qui les ont nommés. Ce qui explique pourquoi Berlusconi s'en est sorti par 3 voix lors du vote de confiance de décembre dernier, car les parlementaires ne sont plus tenus par aucune fidélité politique mais se vendent au plus offrant, d'autant plus cher que leur position est capable de faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre.

C'est ainsi qu'on a assisté pendant tout le mois qui a précédé le vote de confiance à un spectacle désolant, totalement indigne d'une démocratie : un véritable marché au bétail où de nombreux parlementaires ont retourné leur veste (certains, plusieurs fois), passant de l'opposition au soutien convaincu à Berlusconi. Et de nombreux signes montrent qu'actuellement un second marché au bétail est en cours. Nous verrons...

Donc lorsque vous entendez dire que Berlusconi est soutenu par la majorité des italiens, c'est totalement faux, il est simplement soutenu par une majorité parlementaire achetée, un peu plus de 310 "honorables" dont beaucoup se sont carrément vendus (députés sans accents, si vous voyez ce que je veux dire...). Et plus sa position devient délicate, plus les votes son monnayés au prix fort ! Un misérable marchandage qui explique que la majorité du parlement a voté pour avaliser la version (la blague, devrais-je dire) de Berlusconi, selon laquelle il s'est intéressé de Ruby auprès de la préfecture de Milan uniquement parce qu'il croyait qu'elle était la nièce de Hosny Moubarak et que son seul désir était d'éviter un incident diplomatique !

Mussolini aurait pu transformer le parlement italien en bivouac de ses soudards, Berlusconi en a fait un repaire de voleurs : ce n'est plus Ali Baba et les 40 voleurs, c'est Silvio Berlusconi et les 300 voleurs. De démocratie ! Qui confisquent les voix (au propre et au figuré) des italiens et prennent le pays en otage. Un pays qui souffre malheureusement d'une très grave forme de syndrome de Stockholm, et qui n'est défendu ni pris en charge par aucune véritable opposition politique à l'absolue catastrophe berlusconienne.

* * *

Ça suffira pour aujourd'hui, je traiterai les deux derniers points dans un prochain billet...

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dimanche 11 septembre 2011

Berlusconi pourrait être arrêté !

[MàJ - 13 sept. 2011] Les juges de Naples ont posé à Berlusconi l'ultimatum suivant : soit il se présente devant eux de son plein gré avant dimanche, soit ils le font accompagner de force...

Silvio Berlusconi a commencé sa carrière comme chanteur pour beaufs en croisière, et il pourrait bien la terminer comme "victime" des innombrables personnages interlopes qui le font chanter : putes, maquereaux, mafieux, politiques corrompus, pouvoirs maçonniques et occultes, impossible de quantifier tellement il y en a !

Mais depuis deux décennies qu'il fuit les juges comme la peste, pour la première fois nous sommes dans une situation totalement inédite, où il doit être entendu non plus comme accusé, mais comme victime d'un chantage. Or après des semaines que les juges de Naples tentent de l'interroger, ils avaient fini par obtenir, par l'intermédiaire de ses avocats, une audition pour mardi prochain, qui aurait dû se dérouler au Palais Chigi, siège du gouvernement...

Oui mais voilà, Berlusconi a une trouille monumentale de ce rendez-vous, et au dernier moment il s'est inventé une visite à Bruxelles, motivée uniquement par sa volonté de fuir à une arrestation possible.

Laissez-moi vous expliquer : en tant que simple témoin interrogé sur les faits, la présence de ses avocats n'est pas nécessaire, puisque formellement il s'agit d'une audition en garantie de la victime d'un chantage. Il serait donc seul face à l'équipe de juges venus de Naples, qui enquêtent sur une tentative d'extorsion à ses dépens, tentative dont seraient coupables, entre autres, deux soit-disants "entrepreneurs" louches, Gianpaolo Tarantini et Valter Lavitola. Le premier est en prison, le second est en cavale dans quelque pays d'Amérique du Sud ou ailleurs.

Tarantini, qui fait actuellement l'objet de 7 procédures judiciaires diverses, est celui qui portait la chair fraîche à sa Majesté Ubunga-Bunga Ier dans son royaume d'Arcore (demeure historique près de Milan que Berlusconi escroqua en son temps à une orpheline...), rebaptisé Hardcore vu la qualité des soirées, dont Patrizia D'Addario nous a laissé quelques enregistrements son et vidéo... Soirées au-dessus de tout soupçon à l'enseigne de l'élégance, selon Berlusconi, mais pour lesquelles il est "imputé" pour instigation à la prostitution de mineures, entre autres chefs d'accusation (il est vrai qu'avec lui on n'a que l'embarras du choix...), ce qui est la moindre des choses pour un chef de gouvernement qui se respecte.

Quant à Lavitola, avec qui Berlusconi parlait pratiquement tous les jours sur un mobile enregistré à Panama et avec une carte SIM dont le titulaire est un colombien inconnu, ils sont copains comme cochons :
Dans quelques mois je me casse de ce pays, j'en ai la nausée de ce pays de merde...
Ainsi parla le président du conseil italien à son interlocuteur... Mais s'il n'y avait que ça !

Le fait est que selon l'avocat même de Berlusconi, les écoutes téléphoniques porteraient sur pas moins de 1732 coups de fil en 6 mois dans lesquels Berlusconi en dit de toutes les couleurs et dont il est facile de comprendre qu'il sait parfaitement que la plupart de ces poupées sont des putes. Les deux "entrepreneurs" - Tarantini et Lavitola - en pleine conversation nous confortent sur le sujet :
il est clair que ce sont des putes, mais d'abord c'est pas un délit, et de toute façon le monde entier a compris que ce sont des putes, il n'y a pas une seule personne au monde qui pense que ce ne sont pas des putes”.

(ma che erano puttane, oramai…anzitutto non è reato e seconda cosa l’hanno capito tutto il mondo che sono puttane, non ci sta una persona al mondo che non pensa che siano puttane).
Or toute la défense de Berlusconi se base sur le fait que, selon lui, il ignorait que c'étaient des putes (tout comme il "croyait" que Ruby était la nièce de Mubarak...), parce que Tarantini les lui aurait présenté en affirmant que c'étaient des amies à lui désireuses de connaître le grand chef !

Ce doit être pour ça que Berlusconi aurait versé à Tarantini 850 000 euros en liquide, par l'intermédiaire de sa secrétaire personnelle, depuis 30 ans à son service, qui versait l'argent à Lavitola, pour que celui-ci le remette ensuite à Tarantini. Lavitola qui aurait gardé pour lui la moitié de la somme au passage, soit au moins 400 000 euros. Entre gens de bonne compagnie, ça se comprend.

Et c'est là où nous en arrivons à la thèse des juges, selon qui cet argent serait le prix du silence pour que Tarantini maintienne la version convenue entre les différents acteurs de ce drame tragicomique, selon laquelle Berlusconi ignorait qu'il avait affaire à des putes. Donc victime de maîtres-chanteurs, certes, mais victime consentante puisqu'il aurait payé pour étouffer l'affaire sans dénoncer le chantage.

Par conséquent lors de son audition comme témoin (qui n'aura plus lieu mardi et dont la date doit de nouveau être fixée), Berlusconi sera sommé de s'expliquer sur les raisons pour lesquelles il a versé cet argent à Tarantini, en plus d'un loyer mensuel de 20 000 euros (oui, vous avez bien lu : 20 000 euros, au noir, c'est clair). Donc si Berlusconi s'entête dans sa "version officielle", à savoir qu'il a voulu dépanner une famille en grandes difficultés économiques (sic!) et que la thèse des juges est une pure invention (re-sic!), il risque d'être accusé lors de l'audition pour faux témoignage, et le mensonge sous serment dans un tel cas signifie la mise en arrestation immédiate.

D'autant plus qu'il y a plus grave encore ! Car avec Berlusconi, à chaque fois qu'on croit toucher le fond, on se rend compte avec horreur que le fond est encore loin : dans une conversation téléphonique avec son compère Lavitola, conversation qui a eu lieu le 24 août dernier (il y a moins d'un mois !!!), Lavitola qui est à l'étranger déclare à Berlusconi son intention de rentrer en Italie pour donner sa version aux juges. Réponse de Berlusconi : "Reste là où tu es"...

Et depuis l'entrepreneur Lavitola est en cavale à l'étranger, sur les conseils du président du conseil, justement, qui mérite bien son nom...

Et pour cet aspect des choses, Berlusconi aura encore plus de mal à expliquer aux juges napolitains le pourquoi du comment il conseille à un citoyen italien mis en examen de fuir à la justice de son pays, que tout le pognon qu'il balance généreusement à ses amis dans le besoin, sans rien vouloir en échange, naturellement : en plus des 850 000 euros à Tarantini, dix millions d'euros à Marcello Dell'Utri, condamné en appel à 7 ans de prison pour concours externe en association mafieuse, actuellement sénateur en vertu de ses mérites, 3 millions d'euros à Lele Mora, autre apporteur de putes emprisonné, lesquelles ont globalement reçu, elles aussi, une quantité inconnue de millions d'euros...

Un vrai distributeur de billets, le Silvio. Au point qu'il risque même l'inculpation pour blanchiment d'argent illégal, vu que ces sommes énormes ne sont apparues au grand jour que grâce au travail des juges, puisqu'il n'a jamais rien déclaré, ça va de soi. J'espère donc que l'audition aura bientôt lieu (les juges lui ont donné un délai de 10 jours pour fixer une nouvelle audition, après quoi ils le convoqueront d'office), même si je n'y crois guère, vu que Berlusconi fera TOUT ce qui est en son pouvoir pour l'empêcher, et son pouvoir est encore grand, mais d'ores et déjà si tout ou partie des 1732 conversations téléphoniques qui ont Berlusconi comme l'un des deux interlocteurs devait fuiter, voici ce que Tarantini en dit lui-même à Lavitola : "leur contenu, c'est de la tuerie, une véritable bombe".

Dans ce cas, je ne vois aucune raison d'en douter. J'espère juste qu'elle explosera le plus vite possible pour que l'Italie se débarrasse enfin de cet énergumène inqualifiable qui ressemble chaque jour davantage à un sépulcre ambulant, en-dedans et en-dehors : Silvio Berlusconi !

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vendredi 19 août 2011

Les grands discours d'un grand président

I. Les grands discours d'un petit président
II. Les grands discours d'un grand président


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À la suite de mon précédent billet, il m'est venu l'envie d'analyser les discours du Général de Gaulle, non pas pour comparer ce qui n'est pas comparable, mais plutôt pour faire réfléchir qui me lira sur la grandeur de la politique - et des politiques -, notion qui a disparu depuis longtemps de la scène politique mondiale (et par décence je me tairais sur l'Italie pour l'occasion)...

J'ai donc constitué un corpus de 94 discours qui comprennent, une fois nettoyés, 85 305 mots, soit une moyenne de 907,5 par discours. Comparé au corpus de Sarko (7 discours, 44 958 mots, +6 422 mots par discours en moyenne), ça donne une moyenne de 7 fois moins de mots par discours pour le Gal, mais pratiquement un corpus multiplié par 2 en taille.

Autrement dit, si j'ai 100 fois JE VEUX chez de Gaulle et 100 fois JE VEUX chez Sarko, à égalité d'occurrences c'est comme si j'avais le double chez Sarko (190 exactement, x 1,897).

En réalité, je n’ai trouvé « JE VEUX » que 11 fois (dont 9 fois « je veux … dire », 1 fois « … parler » et 1 fois « … évoquer ») dans les discours du Général, donc en proportions, c'est comme si à chaque fois que Charles de Gaulle dit "JE VEUX", Sarko le dit 30 fois !!! (177 / 11 x 1,897).

Bien sûr, ces chiffres doivent être rapportés à mon seul échantillon d’analyse, donc rien de valable dans l’absolu.

Pour autant, question pronoms, chez le Général de Gaulle, le premier pronom employé est le NOUS (918 occurrences), suivi de JE (544 = 397 JE + 147 J'), de ELLE (pas toujours la France, mais souvent), de VOUS (378) et de NOTRE (368), tandis que chez Sarko, c’est JE en premier (689 = 590 JE + 99 J'), NOUS après (447), et la France en dernier (193) : une inversion totale des valeurs, en quelque sorte !

Donc pour Charles de Gaulle, la France est première absolue, avec 604 occurrences plus quelques centaines de ELLE : 452, qui ne s'y réfèrent pas toujours, mais le plus souvent quand même, comme dans l'Appel du 18 Juin :
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis…

Alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur...
À noter que "grandeur" n'est utilisé en tout et pour tout que 24 fois dans les 94 discours. Mais voici le nuage sémantique des 20 premiers termes ayant plus de 100 occurrences, pronoms compris :

Au plan du symbolisme, le discours de Charles de Gaulle dit : NOUS sommes la FRANCE et JE suis à VOTRE/SON service, tandis que SARKO, c'est JE suis la FRANCE (l'État c'est moi, et que la plèbe me suive ... si elle peut !)

Comme si la répétition obsessionnelle du JE / VEUX était censée suppléer une carence évidente au niveau de la traduction en faits des bonnes intentions...

C'est d'ailleurs une des grandes leçons que je retire de ces analyses, à savoir qu'un discours n’est pas grand par la taille, mais par le contenu ! Le communiqué du 28 avril 1969 est un grand discours, qui ne fait que 2 lignes :
Je cesse d'exercer mes fonctions de Président de la République.
Cette décision prend effet aujourd'hui à midi.
C'est l'Histoire qui donne tout leur sens à ces paroles, tandis que dans les affirmations vides autant que prolixes de Sarko, les mots ne sont que le témoignage de la vacuité d'un discours jamais concrétisé.

En somme, ce qui fait toute la différence entre un grand président, et un petit président...

Je conclurai sur le nuage sémantique des 100 premiers termes significatifs (par nombre d'occurrence et sans les pronoms) :

Mais, surtout, laissons le dernier mot au Général de Gaulle (respectivement 10 et 19 occurrences) :

Vive la République !
Vive la France !
Sans oublier son discours posthume, intéressante curiosité...


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P.S. À titre de comparaison avec le précédent corpus, voici le tableau des 40 premiers termes avec le nombre d'occurrences :

samedi 13 août 2011

Les grands discours d'un petit président

I. Les grands discours d'un petit président
II. Les grands discours d'un grand président


* * *
Dans le sillage de mon précédent billet, une longue réflexion sur les mots et sur le pouvoir qu'ils ont de changer le monde, en bien et/ou en mal, selon l'usage qu'on en fait et, surtout, selon qui les prononce, et pour quelles finalités (trop souvent bien cachées derrière des apparences trompeuses), la lecture du récent Parti pris d'Edwy Plenel contre la dictature financière, m'a ramené, presque malgré moi, au sens et à la valeur des mots :
Face à la catastrophe annoncée et confirmée par la folle journée de ce mercredi (...), nous avons rendez-vous avec l'histoire. Car la crise actuelle ne résulte pas d'une inévitable fatalité économique ou d'une éphémère folie financière. Elle est la conséquence de politiques socialement criminelles, mensongères et amorales, qui, si elles ne sont pas défaites par les peuples, entraîneront nos sociétés dans une spirale de violences. Aussi est-il temps d'imposer des solutions s'attaquant à la racine du mal : réalistes parce que radicales.

Il y aura bientôt trois ans, le 25 septembre 2008, ces solutions étaient évoquées par un orateur, indigné devant ce que révélaient, avec le scandale des subprimes, les débuts de la crise qui, aujourd'hui, s'approfondit. Ce n'était alors que refrains sur ces spéculateurs impunis, ces banques avides, ces financiers rapaces, ces Etats impuissants, ces idéologues complices, cette misère sociale, ces injustices croissantes, ces escrocs mondains – l'affaire Madoff allait bientôt éclater –, bref, cet argent fou devenu tueur en série lâché sur le monde, détruisant ses richesses humaines et naturelles, premier ennemi du genre humain et de sa terre nourricière.

C'était en France, à Toulon, et l'orateur tenait à « dire la vérité aux Français », et notamment cette vérité première : « L'idée que les marchés ont toujours raison est une idée folle. » Et il ne cessait de la marteler, en lisant son discours écrit par l'un de ses conseillers. Nos lecteurs nous pardonneront la longueur de la citation, justifiée par la gravité de l'heure tant ces mots bruyants d'hier résonnent aujourd'hui bizarrement, dans le silence feutré des conversations téléphoniques et des communiqués lénifiants qui, trois ans après, tiennent lieu de réactions officielles à une crise historique de nos économies. Informer, c'est aussi, sinon d'abord, se souvenir. Ne pas perdre la mémoire. Se rappeler les engagements pris. Ne jamais croire sur parole et, toujours, mettre en perspective. Voici donc...
Je n'ai jamais aimé les discours des politiques, car ils ne sont le plus souvent que mensonges. Mensonges au sens où il n'y a pas la moindre correspondances entre les - belles - paroles annoncées et proclamées avec convinction, ô combien !, et la triste réalité. Pire encore : 90 fois sur 100, la réalité est même exactement le contraire du sens véhiculé par les mots composant tous ces beaux discours (avec des exceptions : Berlusconi, c'est du 100%. Dès qu'il parle, il ment. On chercherait en vain dans sa vie une seule déclaration véridique. C'est du Goebbels à l'état pur : propagande mensongère et matraquage de masse quotidien sont les deux mamelles du langage berlusconien, porté par tout un appareil étatique & médiatique digne d'une démocrature en parfait état de marche). Refermons-là la parenthèse.

Je m'étais déjà penché sur le cas Sarko dans l'État, c'est moi, mais Jean Véronis avait mis un bémol à mon analyse en expliquant que d'autres faisaient bien mieux et plus fort que lui dans le maniement du "je", tout en s'interrogeant :
D'où vient alors l'impression d'égotisme qui se dégage de son discours ? Je faisais l'hypothèse, dans les billets en question, que les pronoms forment un écosystème, et qu'on les perçoit les uns par rapport aux autres. Nicolas Sarkozy n'utilise peut-être pas plus je que d'autres, mais sa marque est de ne parler que très peu de nous ou vous, contrairement à Ségolène Royal par exemple. L'autre élément qui contribue aussi à mon sens à cette perception de discours personnel, est l'association des mots je + veux, beaucoup plus fréquente chez lui que chez les autres ("je veux être le Président de la France qui...").
J'ai donc voulu vérifier cette "théorie" en prenant 7 "grands discours", dont celui de Toulon que m'a remis en mémoire Edwy Plenel, répartis de 2006 à 2011 :
  1. Discours de Périgueux (12 octobre 2006)
  2. Discours du Zénith à Paris (18 mars 2007)
  3. Discours de Dijon (23 avril 2007)
  4. Discours du Zénith à Toulon (25 septembre 2008)
  5. Discours du congrès de Versailles (22 juin 2009)
  6. Discours de Davos pour l'ouverture du 40ème Forum économique mondial (27 janvier 2010)
  7. Discours d'ouverture de la conférence du G20 (23 mai 2011)
Mon seul critère de choix a été l'importance affichée de ces discours, en les étalant sur une période temporelle significative. Une fois décortiqués, j'obtiens 44 958 mots, soit une moyenne de +6 422 mots par texte : de gros discours, donc, probablement censés être proportionnels à leur "grandeur".

Voici le tableau des 40 premiers termes avec le nombre d'occurrences :

Donc une première constatation, pour poursuivre l'analyse de Jean sur le sentiment perçu d'égotisme, force est de constater que même si le NOUS et le VOUS semblent remonter, le JE l'emporte haut-la-main et nous avons quand même 177 fois JE VEUX sur 7 discours, soit une moyenne supérieure à 25 fois par discours, dans le genre anaphore volontariste (ou d'enfant gâté...), ça se pose là !

Ceci étant dit, une fois évacué le JE sarkozyen (802 occurrences, quand même : 590 JE + 99 J' + 38 MOI + 33 M + 32 M' = 802 SARKO), nous nous consolerons de voir que le premier substantif est la FRANCE avec 193 occurrences (soit 4 fois moins que son chef, quand même), suivi des 49 termes significatifs ci-après :


Chacun/e pourra prendre le(s) mot(s) de son choix et aller voir comment ils sont traités dans ces discours, mais il m'a semblé important d'énumérer les 177 JE VEUX, car même si ça risque d'être long, un seul coup d'œil suffira pour comprendre si chaque JE VEUX (ou JE NE VEUX PAS) s'est transformé en réalité ! Exemple : JE VEUX moraliser l'économie...

C'est parti pour la plus grande anaphore (figure rhétorique qui consiste en une répétition des débuts de phrases) de la politique française :
  1. je veux dire très clairement que la mondialisation de l'épargne a engendré un monde où tout était donné au capital financier, tout, et presque rien au travail, où, l'entrepreneur passait après le spéculateur, où le rentier prenait le pas sur le travailleur, où les effets de levier - ... -, atteignaient des proportions déraisonnables, et tout ceci a engendré un capitalisme dans lequel il était devenu normal de jouer avec l'argent, de préférence des autres, de gagner facilement, extrêmement rapidement, sans effort et souvent sans aucune création de richesses ou d'emplois, des masses d'argent absolument considérables.
  2. j’en veux pour preuve, ..., cette dépréciation de l'avenir dans les exigences absolument exorbitantes de rendement. Ce rendement dopé par la spéculation et les effets de levier, c'était le taux d'actualisation des revenus futurs : plus ils s'élevaient, moins l'avenir comptait. Tout, tout de suite.
  3. je veux être compris ici : il ne s'agit pas de nous demander par quoi nous allons remplacer le capitalisme mais de savoir : « quel capitalisme voulons-nous ? ».
  4. je veux dire une chose : c'est bien beau de prendre des décisions, encore faut-il qu'elles soient -- ces décisions -- mises en œuvre.
  5. je veux saisir cette occasion pour affirmer que si les signes de reprise qui semblent marquer la fin de la récession mondiale sont là, cela ne doit pas nous inciter à être moins audacieux mais davantage encore.
  6. je veux dire combien je soutiens les initiatives de l'Angleterre et de Gordon BROWN.
  7. je veux rendre hommage aux entreprises, les entreprises les plus mondialisées, les banques les plus globales qui ont redécouvert avec une facilité déconcertante qu'elles avaient une nationalité.
  8. (Si vous ne rêvez pas aujourd'hui, vous serez des adultes à la "petite vie".) je ne veux pas que vous la connaissiez !
  9. je veux, si je deviens Président de la République, couper tous les liens qui vous entravent, et vous donner les moyens de cette liberté que j'appelle l'autonomie.
  10. (« Ma petite maman chérie » - parole prononcé par Guy Môquet, assassiné par la guerre à 17 ans -. Ce mot d’amour que nous portons tous en nous et que nous n’avons pas dit, quand nous le pouvions, aussi souvent que nous aurions dû. Ce mot d’amour et de tendresse prononcé au seuil de la mort), je veux vous dire une chose importante, il n’est pas ridicule.
  11. (À ceux qui ont osé dire que je n’avais pas le droit de citer Guy Môquet parce que je n’étais pas de gauche), je veux dire que je demeure stupéfait de tant de sectarisme.
  12. (Président de la République) je veux rassembler tous les Français et leur dire que j'honorerai tous ceux qui ont fait la grandeur de la France, sans me préoccuper de la couleur de leur peau, de leur appartenance politique, de leurs origines sociales.
  13. je veux dire que cette lettre de Guy Môquet, elle devrait être lue à tous les lycéens de France non comme la lettre d’un jeune communiste mais comme celle d’un jeune Français faisant à la France et à la liberté l’offrande de sa vie, comme celle d’un fils qui regarde en face sa propre mort et dit à ses parents et à son frère le dernier mot d’amour qui sera tout ce qui restera vivant de lui dans leur cœur.
  14. je veux proposer aux jeunes Français une grande ambition, parce que les petites sont médiocres.
  15. je veux faire de la France le pays de la vie, de la joie, du dynamisme, de la jeunesse retrouvée et de la création renouvelée !
  16. (Je ne suis pas né pour subir, je suis fais pour agir.) je veux mettre cette force au service de mon pays, de chaque Français, pour que chacun ait un avenir à sa mesure.
  17. je ne veux pas vous aider à rester jeunes le plus longtemps possible mais à devenir des adultes accomplissant les rêves de leur jeunesse.
  18. je veux parler à tous les Français et tous les rassembler parce que tous, à mes yeux, ont un rôle à jouer, une utilité sociale, une valeur qui leur est propre.
  19. (C’est-à-dire à une société où chacun n’aime que celui qui lui ressemble, celui qui a la même couleur de peau, la même origine, la même religion.) je veux lutter contre cette dérive.
  20. je veux rendre à chaque jeune Français la fierté d’être Français.
  21. (Cette fierté), je veux que nous l’offrions en partage à tous ceux qui veulent devenir Français, au lieu de les accueillir dans une France qui croirait si peu dans ses valeurs qu’elle ne se donnerait même plus la peine de les défendre.
  22. je veux rappeler que la France est plus forte quand elle est unie
  23. je veux remettre la fraternité au cœur de la politique.
  24. je veux remettre la fraternité au cœur du projet républicain.
  25. (La France) je ne veux pas la laisser caricaturer par une minorité qui ne lui ressemble pas, qui ne cherche qu’à attiser la violence et la haine.
  26. (Cette France) je veux lui dire que la fraternité c’est d’abord pour elle...
  27. ... que je veux la remettre au coeur de la République.
  28. je veux lui dire que la fraternité ce n’est pas seulement des allocations, ce n’est pas seulement la réhabilitation des immeubles, l’aide aux territoires.
  29. (À tous ceux qui vivent dans l’angoisse de l’exclusion, du déclassement, qui vivent avec au ventre la peur de ne plus pouvoir loger leurs enfants, de ne plus pouvoir les nourrir, les habiller), je veux leur dire que la France est leur pays, qu’elle a besoin d’eux et qu’elle ne les abandonnera pas.
  30. je ne veux pas d’une société où les travailleurs sont si pauvres qu’ils ne peuvent pas se loger.
  31. je ne veux pas d’une société qui laisse des hommes et des femmes mourir de froid sur le trottoir.
  32. je ne veux pas d’une société où la pauvreté est tolérée comme une fatalité, où le chômage est supporté comme un mal nécessaire.
  33. je veux lutter contre la pauvreté et contre le chômage par la revalorisation du travail, par l’augmentation du pouvoir d’achat, par l’incitation à travailler plus pour gagner plus, parce que c’est le travail qui crée le travail.
  34. je veux être le Président d’une France qui se sente solidaire de tous les proscrits, de tous les enfants qui souffrent, de toutes les femmes martyrisées, de tous ceux qui sont menacés de mort par les dictatures et par les fanatismes.
  35. (À tous les jeunes) je veux dire : ne vous laissez pas décourager, ne renoncez pas, ne vous avouez pas vaincus.
  36. je veux vous dire aussi que la jeunesse est un passage et pas une fin en soi.
  37. je veux dire à la jeunesse que la liberté est un bien précieux mais qu’il y a des règles à respecter sans lesquelles, précisément, il ne peut plus y avoir de liberté.
  38. je veux lui dire que si la jeunesse s’affirme en transgressant, il n’y a rien à transgresser s’il n’y a pas de règle.
  39. je veux lui dire qu’on ne lui a pas rendu service en lui laissant croire que tout était permis, que l’âge excusait tout.
  40. je veux lui dire qu’on ne lui a pas rendu service en lui laissant croire qu’elle pouvait tout avoir sans effort, sans travail et sans courage, qu’elle n’avait même pas besoin de vouloir puisque la société serait toujours là pour vouloir à sa place.
  41. je veux être un Président qui, parce qu'il aime la jeunesse, lui dira la vérité. (Parce qu’on doit toujours la vérité à ceux que l’on aime...)
  42. je veux être le Président qui avec vous accomplira une triple révolution : la révolution numérique, la révolution écologique et la révolution de l’éducation.
  43. je veux être le Président qui avec vous réconciliera la France avec elle-même et avec le monde parce qu’au XXIe siècle les nations continueront de mener le monde et parce que la France ce n’est pas fini.
  44. je veux être le Président qui avec vous refera de l’Europe un idéal de paix et de prospérité pour tous les hommes parce que sans l’Europe l’idée que nous nous faisons de l’Homme serait condamnée à disparaître.
  45. je veux être le Président qui avec vous fera l’union de la Méditerranée parce que c’est en Méditerranée que se joue l’avenir de l’Europe et de la civilisation mondiale.
  46. je veux redonner à la politique plus de sincérité, plus d’humanité, plus de morale, plus de courage. (La sincérité, je la mettrai au service de la vérité...)
  47. je veux aussi rappeler que des objectifs de plein emploi figurent dans les textes fondateurs du FMI et de l'OMC.
  48. je veux dire par là qu'un socle de protection sociale peut être un élément du développement économique et je voudrais défendre cette idée.
  49. je veux souligner le pas important qui a été franchi au niveau européen, ... , avec le pacte pour l'euro.
  50. je ne veux pas rouvrir le débat sur le terme de discrimination positive dont j’ai conscience qu’il renvoie à des histoires, à des traditions différentes des nôtres.
  51. (Mais) je veux dire que pour atteindre l’égalité il faut savoir donner plus à ceux qui ont moins, il faut savoir compenser les handicaps de ceux auxquels la vie a donné d’emblée moins de chance de réussir qu’à tous les autres.
  52. je veux parler avec eux (les citoyens) des moyens par lesquels la République pourra tenir ses engagements.
  53. je veux parler avec eux des moyens juridiques et matériels qui sont nécessaires pour y parvenir.
  54. je veux le dire solennellement, la burka n’est pas la bienvenue en France.
  55. je veux dire à ceux qui s’étonnent que l’on puisse s’endetter pour doter le Fonds Stratégique d’Investissement que ce fonds nous aide à créer des emplois, à préserver des avancées technologiques et que de surcroît il va rapporter de l’argent à l’Etat parce que les actifs qu’il achète vont se valoriser.
  56. je veux dire à ceux qui trouvaient que le Grenelle de l’environnement coûtait trop cher, que c’est la dépense la plus rentable que l’on puisse imaginer. (Elle va créer 600 000 emplois...)
  57. je veux que l’on propose une solution à tous les adolescents qui sortent du système scolaire à 16 ans sans rien.
  58. je veux revaloriser l’apprentissage, la filière professionnelle, la filière technologique, la filière littéraire.
  59. je veux que l’on mette les moyens nécessaires pour en faire des filières d’excellence au même titre que la filière scientifique, avec des passerelles, avec des diplômes de haut niveau. (Nous serons au rendez-vous des réformes...)
  60. je veux que l’on mette les moyens pour que dans notre pays les jeunes puissent conquérir leur autonomie par leur travail, par leur mérite. (Je pense ainsi à la croissance de demain...)
  61. je veux poser la question de la fiscalité : allons-nous continuer à taxer la production et à taxer le travail alors que nous savons bien qu’en faisant peser des charges fixes trop lourdes sur le travail et la production nous détruisons nos emplois et nos industries ? (Le but est-il que toutes nos usines s’en aillent ? Le but est-il qu’il n’y ait plus d’ouvriers dans notre pays ?)
  62. je ne veux pas m’y résigner.
  63. je veux l'unité. (Je suis le garant de l'unité. Et s'il le faut je serai unitaire pour tous les autres...)
  64. (Alors que le monde se met à douter de la France, et que les Français eux-mêmes s'interrogent, voilà qu'une fois de plus, des tréfonds du pays je sens monter cette volonté de renouveau) que je veux incarner et par laquelle ...
  65. ... je veux vaincre la fatalité. (Cette force que j'imagine, elle est en vous. Elle est dans cette foule immense rassemblée ce soir à Périgueux.)
  66. je veux dire que la République n'est pas un modèle figé pour l'éternité mais un projet toujours inachevé, un élan du coeur et de l'esprit, un idéal de civilisation et d'humanisme, un rêve d'universalité et de fraternité.
  67. je veux dire que la République, depuis 200 ans, c'est une continuité de principes, de valeurs, d'objectifs et une variété de moyens, de procédures et de priorités en fonction des circonstances.
  68. je veux dire que la République de Jules Ferry et de Gambetta n'était pas celle de Danton pas davantage celle de Robespierre, que celle de Clémenceau n'était pas celle de Lamartine et pas non plus celle du Général De Gaulle.
  69. je veux construire une nouvelle relation avec les Français, faite de vérité, de respect de la parole donnée, de confiance.
  70. je veux un nouvel État, une nouvelle nation, une nouvelle République.
  71. (À tous), je veux dire : la nation n'est pas un obstacle à la démocratie, elle en est la condition.
  72. je veux un État respecté.
  73. je veux un État que les fonctionnaires soient heureux de servir et dont les Français soient fiers.
  74. je veux un État exemplaire sur le plan de la diversité et de la lutte contre les discriminations.
  75. je veux un État qui domine les intérêts catégoriels au lieu d'être dominé par eux.
  76. je veux un État qui ne soit pas fragilisé par le laxisme et par la fraude.
  77. je ne veux pas que ceux qui ne veulent rien faire, que ceux qui ne veulent pas travailler vivent sur le dos de ceux qui se lèvent tôt et qui travaillent dur.
  78. je ne veux pas que ceux qui fraudent l'assurance chômage, l'assurance maladie, les allocations familiales, ceux qui escroquent le fisc ou les ASSEDIC, ceux qui détournent de l'argent public par copinage ou par favoritisme, continuent à mettre en péril la solidarité nationale.
  79. je veux le dire ce soir : je n'aime pas la façon dont on parle des fonctionnaires dans notre pays.
  80. je ne veux pas que la seule voie de réussite soit celle des concours et des examens. L'expérience, cela compte aussi.
  81. (À l'infirmière qui veut progresser je dis que) je veux lui donner la possibilité d'acquérir une formation complémentaire qui lui permette de devenir médecin par la promotion interne si elle en a l'aptitude et la motivation.
  82. je veux par dessus tout qu'elle gagne plus parce qu'elle le mérite.
  83. je veux dire aux juges que ...
  84. ... je veux une justice respectée.
  85. je veux dire aux juges que je sais à quel point leurs conditions de travail sont difficiles, à quel point leurs moyens matériels et humains sont insuffisants.
  86. je veux leur dire combien la justice à mes yeux est une institution essentielle de la République.
  87. (Mais) je veux leur dire aussi que dans la République nul ne peut prétendre se soustraire à la critique.
  88. je veux leur dire que l'indépendance de la justice ne peut les exonérer d'avoir à rendre compte au peuple de la manière dont la justice est rendue en son nom.
  89. je veux rappeler qu'ils ont mission d'appliquer la loi, non de la faire.
  90. je veux rappeler qu'ils ont à juger en fonction du droit et non d'une idéologie.
  91. je veux rappeler qu'ils ont pour fonction de rendre justice aux victimes.
  92. je veux leur dire que je serai toujours à leurs côtés pour défendre l'indépendance de la justice et l'accroissement de ses moyens.
  93. je veux l'égalité des chances pour tous.
  94. je veux la culture pour chacun, parce la culture c'est la clé de l'égalité des chances.
  95. (D'autres comme d'habitude m'ont dit que c'était impossible). (...) je veux leur dire : la différence entre vous et moi c'est que ...
  96. ... je veux faire en sorte que tout ce qui est nécessaire et qui est juste devienne possible et vous ne le voulez pas !
  97. je veux l'égalité des territoires devant le service public.
  98. je veux que les services publics reviennent dans les quartiers en difficulté.
  99. je veux que les services publics restent présents dans les zones rurales.
  100. je veux la mutualisation des risques par le moyen d'un cautionnement public pour que le malade puisse emprunter, pour que l'enfant de famille modeste ait le même droit à l'emprunt que l'enfant de riche, pour que celui qui n'a pas les moyens d'apporter une garantie puisse quand même louer ou emprunter pour financer ses projets.
  101. je veux que grâce à la mutualisation des risques il y ait plus d'investissement immobilier, plus d'opportunités d'entreprendre, plus de création, plus d'invention, plus de consommation et donc plus d'égalité de chances et plus de croissance.
  102. je veux qu'il y ait plus d'égalité et de justice dans les retraites.
  103. je veux un État exemplaire en matière d'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes et on est encore bien loin du compte.
  104. je veux que dans les conseils d'administration des entreprises publiques il y ait au moins 50% de femmes.
  105. je veux que le principe de la parité tel qu'il s'applique à la politique s'applique aussi aux représentants du personnel dans les entreprises.
  106. je veux que le temps passé à l'éducation des enfants soit intégralement pris en compte pour le calcul des retraites, que les femmes aient continué de travailler en les élevant ou qu'elles aient cessé de travailler pour les élever.
  107. je veux que les femmes qui ont cessé longtemps de travailler pour élever leurs enfant et qui se séparent de leur mari soient davantage aidées pour retrouver un emploi.
  108. je veux que les femmes au chômage qui cherchent un emploi aient le droit de faire garder leurs enfants comme les femmes qui travaillent.
  109. je veux que la violence conjugale soit plus durement réprimée et que les femmes qui en sont victimes soient mieux accompagnées.
  110. je veux répéter qu'aucune coutume, aucune culture d'origine, aucune pratique religieuse ne saurait en France autoriser quiconque à proclamer l'infériorité intrinsèque de la femme.
  111. je veux que partout en France les femmes soient libres de se promener en jupe, libres de vivre comme elles l'entendent, libres de se marier à leur guise.
  112. je veux que la République s'attaque aux nouvelles inégalités. Depuis des années, au nom de la morale républicaine, on proclame des droits qui ne sont pas suivis d'effet.
  113. je ne veux pas faire une discrimination positive sur des critères ethniques qui serait la négation de la République.
  114. (Mais) je veux que sur la base de critères économiques, sociaux, éducatifs, on mette tous les moyens nécessaires pour combler des écarts qui sont devenus insupportables et qui mettent en péril la cohésion nationale.
  115. je veux qu'on n'aide pas seulement les territoires ou les quartiers mais aussi les personnes.
  116. (À ceux qui pensent que cela coûtera trop cher), je veux dire que ne pas faire assez pour restaurer le sentiment de l'égalité et de la justice coûterait infiniment plus cher.
  117. (À ceux qui pensent que la pureté idéologique de la République pourrait en souffrir), je veux dire que la République souffrira bien davantage de la persistance d'injustices intolérables.
  118. (À ceux qui pensent que les bénéficiaires de la discrimination positive prendront les places des autres), je veux dire qu'il n'en sera rien car des places supplémentaires seront créées à cette fin.
  119. je veux le dire aux Français : l'anticapitalisme n'offre aucune solution à la crise actuelle.
  120. je veux poser une question grave : si ce qui s'est passé aux États-Unis s'était passé en Europe, avec quelle rapidité, avec quelle force, avec quelle détermination l'Europe, avec les institutions actuelles, les principes actuels, aurait-elle fait face à la crise ? (nous allons pas tarder à le savoir...)
  121. je veux dire aux Français qu'il n'existe aucune solution miracle qui permettrait à notre pays de se dispenser des efforts nécessaires pour surmonter la crise.
  122. je veux prendre mes responsabilités devant vous, j'assume donc la décision de financer le RSA en taxant légèrement les revenus financiers qui depuis des années augmentent plus vite que les revenus du travail.
  123. je veux le dire aux Français, il va falloir payer plus cher le pétrole, plus cher le gaz, plus cher les matières premières.
  124. je veux dire à quel point je crois que le système du bonus-malus est un bon système.
  125. je veux que soit mis à l'étude un grand plan de rénovation des infrastructures des transports collectifs dans les grandes villes où la situation est devenue souvent critique.
  126. je veux m'adresser aux 11 millions de Français qui m'ont apporté leurs suffrages.
  127. je veux leur dire que je ne les trahirai pas, que tous les engagements que j'ai pris, je les tiendrai scrupuleusement.
  128. je veux leur dire que si j'ai voulu mettre la morale au cœur du débat politique, ...
  129. ... je veux aussi la mettre dans le comportement politique.
  130. je veux la vérité, je refuse le mensonge.
  131. (Aux 11 millions de Français qui m'ont fait confiance dès le premier tour), je veux dire que mon souhait de moraliser la politique et de remédier à la crise de confiance commence pour moi par la volonté de ne pas les décevoir.
  132. je veux leur dire que c'est autour d'eux que je compte faire le rassemblement du peuple français le plus large possible.
  133. je veux dire qu'ils ont toute leur place dans ce rassemblement dès lors qu'eux aussi partagent les valeurs de l'identité nationale et de l'amour de la France, du travail et de son respect, du mérite et de sa récompense, du civisme et de ses devoirs, de la justice républicaine.
  134. (La République), je la veux fraternelle et rassemblée.
  135. (la France, moi), je veux la renforcer, pas l'affaiblir.
  136. je veux être le candidat de l'ouverture parce que ...
  137. ... je veux être le président de l'ouverture, mais d'une ouverture qui n'a rien à voir avec la politique politicienne, d'une ouverture qui n'est pas l'ouverture vers les appareils.
  138. (L'ouverture dont) je veux être le candidat, c'est l'ouverture d'esprit.
  139. (L'ouverture dont) je veux être le candidat, c'est l'ouverture vers les autres, vers ceux qui ne pensent pas la même chose que moi, qui n'ont pas le même parcours, pas la même expérience de la vie, pas la même histoire, vers ceux qui n'ont pas voté pour moi, vers ceux qui parfois m'ont combattu.
  140. je veux être le président de tous les Français, qui parlera en leur nom à tous, qui les respectera et qui les aimera tous, qui les unira.
  141. (La majorité présidentielle que) je veux rassembler, c'est une majorité dans laquelle tous les Français, quelles que soient leurs croyances, quelle que soit leur sensibilité, quelles que soient leurs origines, doivent pouvoir se reconnaître, doivent pouvoir retrouver cette part d'eux-mêmes, cette part de leur identité qui leur donne le sentiment qu'ils appartiennent à la même République et que ce qui les unit est plus fort que ce qui les sépare.
  142. (La France est une synthèse, sans cesse recommencée.) je veux faire la synthèse de l'ordre et du mouvement, de l'autorité et de la fraternité, de la liberté et de la justice.
  143. je ne veux pas que la France donne le visage de l'extrémisme. Voilà ce que je dis, voilà ce que je ferai.
  144. je ne veux pas qu'on demande aux enfants d'expier les fautes supposées de leurs pères ?
  145. (C'est la vérité), je ne veux pas de la repentance. (Pourquoi tant de haine ?...)
  146. (C'est cela la France et) je veux que l'on parle de cela. (Pourquoi tant de haine ?...)
  147. je veux tourner définitivement la page de mai 68.
  148. je veux en finir avec cet héritage, avec ce relativisme moral et intellectuel.
  149. je veux dire la vérité sur l'école. (Lorsqu'elle n'arrive plus à remplir son rôle ce n'est pas la question des enseignants, c'est la question de la politique...)
  150. je veux l'école de l'excellence qui tire les enfants vers le haut.
  151. je veux l'école qui tourne le dos à l'égalitarisme, qui permet aux enfants des milieux modestes d'accéder à la promotion sociale, qui aide les enfants à devenir des adultes et non à demeurer de grands enfants. Voilà l'école de la République.
  152. je veux une école qui donne aux enfants le goût de l'effort intellectuel et du travail. Mais si l'enfant n'apprend pas le sens de l'effort à l'école, où l'apprendra-t-il ? (Pourquoi tant de haine ?...)
  153. (Peut-être cette haine vient-elle du fait que) je veux que la police fasse son métier ?
  154. je veux redonner le moral à la France qui travaille.
  155. je veux augmenter le pouvoir d'achat des salaires, parce que ...
  156. ... je ne veux plus qu'il y ait de travailleurs pauvres.
  157. je veux prendre à bras-le-corps le problème des conditions de travail qui amènent tant de travailleurs à la dépression ou au suicide.
  158. (Ce ne sont pas des mots qui me font peur), je veux les affronter parce que derrière, il y a de la souffrance.
  159. je veux protéger les travailleurs contre les délocalisations.
  160. (Je l'affirme), je veux une préférence communautaire.
  161. je veux lutter contre les dumpings et contre la concurrence déloyale.
  162. je veux que l'entreprise qui délocalise rembourse les aides publiques qu'elle a reçues.
  163. je veux que l'impôt sur les sociétés soit plus élevé pour les entreprises qui détruisent des emplois et qui délocalisent, que pour les entreprises qui créent des emplois et qui investissent.
  164. (Ces dernières paieront moins d'impôts sur les bénéfices des sociétés car) je veux redonner la priorité au travail, à l'investissement et à la création d'emploi.
  165. je veux poser ce diagnostic juste.
  166. (Pourquoi tant de haine ? Parce que) je veux moraliser le capitalisme.
  167. je veux en finir avec la pratique détestable des parachutes dorés.
  168. je veux autant de sévérité à l'encontre des patrons voyous qu'à l'encontre des petits voyous.
  169. je veux que les stocks options soient pour tout le monde et pas seulement pour quelques-uns, parce que tous les salariés contribuent à la réussite de l'entreprise
  170. (Oui, j'ai compris pourquoi tant de haine ? Parce que) je veux que chacun puisse transmettre à ses enfants sans droit de succession le fruit d'une vie de travail et d'épargne.
  171. (Parce que) je ne veux pas que l'impôt puisse prendre plus de 50% du revenu.
  172. (Pourquoi tant de haine ? Parce que) je veux instaurer le service minimum dans les transports.
  173. (Parce que) je ne veux plus qu'une minorité puisse prendre la majorité des citoyens en otage.
  174. (Parce que) je veux faire respecter le principe fondamental de la continuité du service public.
  175. je ne veux pas la confiance de ceux qui ne comprennent pas qu'en France le temporel et le spirituel sont séparés. C'est cela la France.
  176. je veux que les pauvres puissent gagner leur vie. C'est toute la différence entre eux et nous.
  177. je ne veux me consacrer qu'à une seule chose : rassembler le peuple français autour d'un nouveau rêve français, celui d'une République fraternelle où chacun trouvera sa place, où personne n'a plus peur de l'autre, où la diversité sera vécue non comme une menace mais comme une richesse.
Bien, rassurez-vous, je vous fais grâce des 625 autres occurrences où Ego Sarko manie le moi, le me, le m', le j', le je dis, je fais, je truc, je machin-chouette, etc.

Si vous ne craignez pas l'indigestion, vous pouvez toujours aller explorer la base de plus de 630 (!) discours du chef rassemblés par Jean Véronis, ou bien vous la jouer institutionnel et aller puiser à la source...

Quoi qu'il en soit, Jean avait parfaitement cerné le problème...


Perso, tous ces JE VEUX qui ne veulent plus rien dire me donnent la nausée, et JE VEUX vous dire, Monsieur le président des français, que vous devriez surtout arrêter de nous prendre pour des cons en alignant tous ces mots, certes avec énormément de conviction, mais dont le seul - gros - défaut est qu'ils ne sont que des coquilles vides.

Et si j'ai titré "grands discours" pour un "petit président", ce n'est certes pas en rapport avec votre taille mais du seul fait qu'à l'évidence vous êtes un président qui veut beaucoup mais qui peut peu ! Car à part le burqa, je ne vois pas trop ce que vous avez réellement réalisé de vos mille promesses fumeuses...

J'imagine que lorsque Edwy Plenel lit des déclarations telles que "je veux redonner à la politique plus de sincérité, plus d’humanité, plus de morale, plus de courage. (La sincérité, je la mettrai au service de la vérité...)", ou "je veux dire (aux français) que si j'ai voulu mettre la morale au cœur du débat politique, je veux aussi la mettre dans le comportement politique.", "je veux la vérité, je refuse le mensonge", il doit s'étrangler (de rire, d'indignation ou des deux).

Et vous qui vous targuez d'être un président moderne (je veux être le Président qui avec vous accomplira une triple révolution ... dont la révolution numérique), sachez que le temps où les politiques pouvaient faire gober ce qu'ils voulaient à la plèbe crédule est révolu, nous sommes désormais au cœur de la société transparente. Et que la transparence s'apparente justement avec le devoir qu'ont nos gouvernants de nous rendre des comptes, aussi bien de ce qu'ils font que de ce qu'ils disent, dès lors qu'ils disent ce qu'ils ne font pas et surtout qu'ils font ce qu'ils ne disent pas. Les anglo-saxons appellent ça l'accountability :
The government continues to increase its ability to look in on citizens, creating an Orwellian-like society that people may find alarming. According to Brin, reciprocal accountability, which is the ability for people to look back at the government and hold it accountable, is key to minimizing undesirable effects and behaviors.
Donc ne vous étonnez pas, Monsieur Sarkozy, si de temps en temps quelqu'un vous demande compte d'autant de promesses jamais tenues ! Du reste vous le dites vous-même : « Comment faire espérer dans une République qui continuerait à tenir si peu ses promesses ? Je ne me résigne pas à ce qui serait un désastre. »

Je ne m'y résigne pas moins que vous, Monsieur Nicolas Sarkozy. Mais le désastre est bien réel, hélas !


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dimanche 3 juillet 2011

Welcome to the Word Century

[MàJ - 4 avril 2016] Le palimptexte terminologique

Suite de Welcome in the World Century, publié le 3 juillet 2007, il y a très exactement 4 ans aujourd'hui !

Cette première partie, titrée Utopie ou réalité terminologique ?, qui se voulait une « (r)éflexion quasi-philosophique poétique sur la terminologie et son évolution souhaitable : d’une terminologie normalisatrice, conceptuelle et prescriptive, vers une terminologie d’usage, lexicale et descriptive... », annonçait une seconde partie à venir, que j'intitulais déjà :

II. La terminologie, ou la quadrature du triangle sémantique : pour la création d’une fiche terminologique « Web 2.0 »

Tout d'abord, quelques précisions sur cette « quadrature du triangle sémantique » (en référence à l'impossible « quadrature du triangle » qui est le lot quotidien des traducteurs...), censée traduire l’absurde utopie terminologique selon laquelle les termes seraient univoques : 1 terme = 1 concept/1 notion, avec 1 définition !

la notion (le concept), serait une « unité de pensée constituée par abstraction à partir des propriétés communes à un ensemble d'objets. », et où "Concept / notion, objet, terme" sont les trois sommets du triangle sémiotique :

Une représentation simplifiant le modèle quadripartite d'Eugen Wüster :

dont Renata Stela Valente nous dit :
Wüster avait des raisons pour vouloir faire de la terminologie une théorie des concepts : il voulait que le terme ait le comportement d’un symbole, comme un symbole chimique NaCl, ou une icône (une disquette) qui représente directement un concept, fonctionnant ainsi dans l’extra-linguistique. La langue n’est qu’un véhicule d’expression du concept que le terme représente. De toute évidence, Wüster concevait une terminologie prescriptive où il n’y aurait pas de variations lexicales d’une même notion.
Dans cette "utopie terminologique", chaque terme contiendrait donc son propre tout, et réciproquement !

Le parallèle me vient naturellement avec l'utopie enclycopédique de Diderot et D'Alembert, tentative de rassembler en un seul contenant « les connaissances éparses sur la surface de la terre », pour reprendre les mots de Diderot lui-même. Un ouvrage qui aura demandé plus de 25 ans de travail.

Plus proche de nous, la Grande Encyclopédie (près de 49 millions de mots écrits entre 1885 et 1902, à laquelle je consacrerai bientôt un billet...) (à comparer avec 5 milliards de mots échangés sur Twitter ... par jour !), aura été la dernière tentative de ce genre, et ses auteurs plus conscients de « la tâche à la fois difficile et modeste à laquelle les collaborateurs de la Grande Encyclopédie ont consacré plusieurs années de leur vie, sans avoir l’illusion de penser qu’ils font une oeuvre définitive.
(...)
Penser faire une encyclopédie qui ne doive jamais disparaître serait une espérance chimérique.

Dans un quart de siècle, la science humaine aura marché. Des faits anciennement connus se seront modifiés ou seront mieux appréciés, des faits nouveaux se seront révélés, des théories anciennes seront mortes, des théories nouvelles seront nées. Les mêmes mots peuvent à vingt ou trente ans d’intervalle n’avoir plus la même valeur. Et à ce changement dans la nature des choses, il faudra bien que corresponde un changement dans la manière de les exposer ; - c’est-à-dire qu’à un ensemble de faits nouveaux, d’idées nouvelles, il faut une encyclopédie nouvelle.
Que l’on ne s’émeuve pas, d’ailleurs, de cette vie éphémère d’une encyclopédie. L’oeuvre n’en aura pas moins eu son jour et son utilité.

Les encyclopédies ne tombent pas comme les feuilles, et leurs printemps durent de longues années. Il faut au grand public un espace de temps assez étendu pour apprécier les lacunes d’une telle oeuvre et éprouver le besoin d’en voir faire une nouvelle édition. Entre deux encyclopédies successives marquant chacune une étape de l’humanité, il y a une période intermédiaire ; celle qui est née peut continuer à vivre, celle qui doit venir n’est pas encore à terme.

Puissions-nous marquer cette constatation du travail humain, ce tableau de notre temps, de traits qui en fassent vivre le souvenir, comme vit encore de nos jours le souvenir de l’oeuvre de Diderot et de d’Alembert !
 »

Il en va des termes comme des encyclopédies : jamais achevés, en mouvement perpétuel autant que la connaissance qu'ils sont censés décrire (dénoter, définir, etc.), toujours en marche. Chaque langue est vivante, en évolution continue : le jour où elle se fige, elle meurt !

Donc vouloir figer les termes dans un corset de sens, les enserrer dans un modèle de « fiche terminologique » rigoureux et inamovible, n'en a plus ... de sens, à supposer que cela en ait jamais eu...

Par conséquent, en donnant pour acquise la ligne de démarcation entre AVANT et APRÈS Internet, je voudrais tracer l'esquisse d’une fiche terminologique « Web 2.0 » en faisant référence à la pratique du métier de traducteur, que j'illusterai d'une métaphore :

If a Word leads to the World!

La différence entre "fiche terminologique 1.0" et "fiche terminologique 2.0" étant essentiellement spatiale :
  1. la première tient dans l'espace plan du papier, forcé de se faire palimpseste où se succèdent les polysémies temporelles créées par "la science humaine en marche" ;
  2. la seconde a pour univers l'espace virtuel, palimptexte qui contextualise à l'infini chaque terme : on part d'un mot et on arrive au monde...
Croyez-vous que je plaisante ? Voyons cela par l'exemple !

Avec un simple sigle : LTE. Dont Google indexe pas moins de 101 millions de résultats !

Juste 3 lettres, 101 millions de résultats !!! Juste inconcevable ! Avec une multiplication des sources :

Pour n'en citer que quelques-unes : glossaires, dictionnaires, images, vidéos, blogs, actus, temps réel, etc.

Un flux ininterrompu de sources, une profusion impossible à limiter, qui plus est multipliée par la quantité de langues et de traductions éventuelles... Autrement dit le rêve fou de l'univocité terminologique (1 terme = 1 définition) est définitivement dépassé, de même que la lexicologie (1 terme = n définitions) doit laisser désormais la place à la polysémie universelle : 1 mot = 1 monde !

Où la "fiche terminologique 2.0" devient palimptexte terminologique modelable à volonté et à l'infini...

* * *
En parallèle à ma réflexion sur cette babélisation du sens et des valeurs, où chacun/e donne désormais son propre sens et ses propres valeurs aux mots de la tribu, je ne peux qu'évoquer ce billet d'avril 2007 sur le sens et la valeur des mots :
Des mots qu'on utilise tous les jours et dont je me dis qu'on ne sait plus très bien le sens dont ils
sontdevraient être porteurs et les valeurs qu'ils sont censés véhiculer.

Une grande confusion règne autour des mots, et les publicitaires et politiques de tous bords - hommes et femmes - ont une immense responsabilité dans cet état de chose. Car pour le traducteur-poète (ou poète-traducteur...) que je suis, tant par vocation personnelle que professionnelle, qui réfléchit au sens des mots à longueur de journée, cela me crève le cœur de voir qu'il sont employés sans égard, fourvoyés dans une approximation scientifiquement entretenue, de sorte qu'on puisse aisément leur faire dire blanc ou noir en fonction du contexte, des opportunités, des intérêts du moment. Cela permet de mieux déstructurer la culture et l'esprit des populations, tout en les désinformant par une propagande habile, qu'elle soit marchande ou politique, je le répète.

Or il en va des mots comme de la nature. On n'en abuse pas sans générer de grandes catastrophes, et lorsque vous vous y attendez le moins ils se retournent contre vous. Dans son travail intitulé LTI - Lingua Tertii Imperii (La langue du IIIe Reich), Victor Klemperer, qui mène une réflexion approfondie et sans concession sur les mécanismes du langage totalitaire, cite en exergue ces mots de Franz Rosenzweig : « La langue est plus que le sang. »

Dès le premier recueil que j'ai écrit (il y a une vingtaine d'années), non publié, comme tous mes ouvrages poétiques, qui s'intitule « L'Écorché vif » :


réminiscences de ma vie aventureuse et vagabonde, je tentais de redonner un sens - le leur ou le mien - aux mots, à ceux que l'on parle, que l'on écrit, à ceux que l'on reçoit, aux mots, en somme, à travers lesquels on s'efforce de communiquer, les fameux "mots de la tribu"
en poursuivant délibérément le rêve de la perfection
l'utopie réalisée d'un texte qu'il n'y aura plus à reprendre - jamais !
Comme le petit Prince de sa rose, je me sentais de nouveau responsable pour chaque mot, pour l'usage propre de chaque mot..., responsable pour
enchâsser chaque parole dans son acception profonde - on n'y saurait en changer une seule sans briser l'équilibre subtil du recueil -, tantôt première tantôt plus actuelle

(combattre l'inadéquation du parler en redécouvrant la ligne de partage entre les antiques beautés de la "vieillerie langagière" et les nouveaux trésors de la langue moderne, davantage ouverte et "démocratique")

inventer une signification plus proche par quelques néologismes, contextuels ou non (plasmer)

masculiniser des substantifs injustement féminins depuis des millénaires (prostitué ou parturient...)

utiliser les vocables les plus humbles en leur rendant le discernement qu'ils ont désappris, leur native splendeur fanée d'avoir été trop longtemps prononcés, galvaudés
vulgariser la poésie, enfin

faire de la langue poétique
une langue charnelle
une langue humaine !
* * *
Dans ce laboratoire de désinformation, de censure et de manipulation permanente du langage qu'est devenue l'Italie berlusconienne, véritable cloaque, il est trop facile de constater que les mots ont perdu toute valeur commune, tout sens commun, nous en avons des exemples éclatants tous les jours, hier encore, Angelino Alfano, actuel ministre de la "Justice" intronisé Secrétaire du parti de Berlusconi, a déclaré sans honte et sans crainte de se couvrir de ridicule qu'il voulait faire du PDL (Peuple des Libertés...) le "parti des gens honnêtes" !

Après "Parti de l'Amour", voici donc le parti de Berlusconi, indubitablement le chef de gouvernement le plus menteur, indécent, corrompu, subversif et délinquant du monde démocratique, réintitulé "Parti de l'honnêteté" !!! Le comble dans un pays où le crime a été patiemment institutionnalisé - parlementarisé même - par nos gouvernants depuis la fin de la IIe Guerre mondiale, toutes couleurs confondues, et où les mafias prospèrent en toute "légalité"...

Oui, le pouvoir des mots a bien le pouvoir de changer le monde (hélas !), comme le montre cette vidéo découverte hier via @randfish :

The Power of Words



qui se conclut ainsi : « Change your words. Change your world. »

En bien ou en mal...

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