Dans le cadre de la série de billets que je prépare, intitulée Web 2.0, contenu et partage des revenus, je suis en train de rassembler du matériel sur les différents modèles économiques et je tombe sur ce billet récent de Kelblog où Pierre Chappaz déclare :
Réussir une startup Internet en 2008 c'est difficile. Toutes les startups auxquelles je participe (Wikio bien sûr, Photoways, Netvibes, Hellotipi, eBuzzing) se battent, mais gagner de l'argent sur Internet ce n'est pas évident. Alors on bosse dur, on y croit, et comme on dit: playing to win !Et si c'est lui qui le dit, je pense qu'on peut le croire...
D'autre part, Narvic commente mon dernier billet en disant ceci :
Ce qui me choque, c'est la captation de ces valeurs par quelques uns à des fins commerciales, et qui imposent un modèle économique qui, si ce n'est pas carrément du vol, est au moins de l'exploitation caractérisée. J'aime bien l'expression de Laurent Bervas d'un prolétariat 2.0.Moi au vu de ces deux déclarations, je me dis qu'il y a un hiatus énorme entre, d'un côté, la réalité d'une infinité de services Web 2.0, et, de l'autre, ce que les gens s'imaginent en pensant que tous ces acteurs seraient des "géants du Web"...
Et ce web 2.0 marchand-là exploite au même titre des bénévoles et des gens qui souhaiteraient bien pourtant vivre de leur création, de leur production ou de leur service. Mais il n'existe aucun espace de rentabilité laissé ouvert par ces géants du web. Ils se comportent réellement comme des prédateurs.
Ce qui ne peut que contribuer à tarir la source dont ils vivent. Donc ce modèle est moralement et politiquement inacceptable, mais il ne me semble pas viable à long terme non plus.
Perso, dans les déclarations de Chappaz, vraisemblablement emblématiques de nombreux acteurs du Web 2.0, je ne vois que la dure réalité de gens qui risquent, beaucoup, voire tout pour certains, et qui tentent l'aventure motivés par leur passion sans trop savoir si l'issue sera positive ou s'ils se casseront la gueule.
Mais cela n'a absolument rien à voir avec "la captation de ces valeurs par quelques uns à des fins commerciales, et qui imposent un modèle économique qui, si ce n'est pas carrément du vol, est au moins de l'exploitation caractérisée."
Car pour prendre un autre exemple, dans le cas de Netvibes, je ne vois nulle part une masse immense de prolétaires 2.0 exploités, mais plutôt le contraire ! Puisqu'en fait, en l'état actuel des choses, ce serait plutôt cette masse qui exploite un super service à l'œil. En donnant quoi en échange, je vous le demande !? Quelques données personnelles ? Mais si "dans la vraie vie" on payait tous les services dont on bénéficie avec une telle monnaie de singe, croyez bien que tous les marchands seraient submergés de données personnelles. Comme dit l'autre, ce serait pas cher payé !
Pauvres prolos 2.0. Vous allez quand même pas venir me resservir la lutte des classes sur le Web, non ?
Et faudrait surtout pas croire que tout le monde s'appelle GYM : eux ne sont que trois. (pour l'instant...)
Donc chapeau aux créateurs et aux équipes de tous ces services (Wikio, Netvibes, Fuzz, Goojet, Seesmic, Ziki, Xfruit, Zlio, Netcipia, et aux autres...), qui tentent l'aventure et vont jusqu'au bout de leur passion en risquant, là où beaucoup d'autres se contentent de critiquer sans aller bien loin derrière les apparences.
Eux non plus n'ont pas trouvé les bonnes recettes (certains oui, c'est évident, mais ce n'est sûrement pas la majorité), chose qu'avoue clairement Chappaz entre les lignes : ... gagner de l'argent sur Internet ce n'est pas évident...
Et dans une tentative de monétiser davantage son service, il vient de choisir la régie d'AOL pour Wikio. Si quelqu'un a un avis sur pourquoi AOL, ça m'intéresse vraiment !
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Actualités, Pierre Chappaz, Web 2.0, Internet
5 commentaires:
@Jean-Marie
J'ai utilisé le terme de prolétariat 2.0 (et je partage tout a fait l'interprétation qu'en a fait Narvic) en conscience : je suis moi même entrepreneur je ne peux être soupçonné d'anticapitaliste primaire.
Prolétariat ? Pendant la révolution industrielle, la classe ouvrière s’est organisée dans les usines pour contrebalancer le pouvoir de ceux qui possèdent les outils de production. On assiste a des mouvement comparable (voir par exemple la double révolte des utilisateurs de digg).
Le web 2.0 est une belle histoire tant que l’on évite d’aborder les questions d’argent. Les choses sont plus délicates lorsque ces plateformes ont un objectif commercial et qu’il s’agit alors d’en partager les revenus.
Je prends aussi à mon compte à la liste de sites que tu as cité : Netvibes, Fuzz, Goojet, Seesmic, Ziki, Xfruit, Zlio, Netcipia qui appartiennent a des société commerciales qui essaient de respecter une "netiquette" sociale.
Cependant toutes les société ne peuvent pas être mise sur le même plan. C'est pour cela que j'ai cité 3 société qui me semble emblématiques :
- wikio
- dailymotion
- fotolia
Wikio a franchi recemment la ligne jaune en cherchant à capter et conserver l'audience faite grâce au contenu des blogs. Suites aux différents billets (il me semble que Narvic était de la partie ;)) contestant ces changements, l'équipe de wikio a très judicieusement reculé sur ce point.
Dailymotion fait de l'audience au mépris du respect du droit d'auteur (voir les procès en cours).
Fotolia fait du commerce en France et capte 50% des revenus réalisé sur la vente de photos (vendu à partir d'1 euros) tout en ne respectant pas le droit du travail (la société est basée au USA).
Ce que je reprochais à ton billet était de ne pas mettre en avant tout ces nuances.
Merci pour cet article très intéressant. On attend la suite avec impatience !
Laurent,
OK. Je comprends mieux, et je suis aussi d'accord pour mieux répartir le "revshare".
Ceci dit, comme le montrent les déclarations de Pierre Chappaz, il me semble évident que tant que ces sociétés n'auront pas elles-mêmes trouvé un business model solide, il sera difficile de mettre en place un partage des revenus qui satisfasse aussi les utilisateurs, dont je suis.
Qui n'ont pour l'instant aucune représentation pour aller négocier directement avec ces sociétés, mais qui sait, peut-être qu'à travers toutes ces réflexions critiques sur les blogs, on finira par nouer le dialogue en y incluant toutes les parties prenantes.
Jean-Marie
Sinon la phrase :
> Réussir une startup Internet en 2008 c'est difficile.
Me fait doucement rigoler. Oui entreprendre est difficile (sur internet ou non), mais cela a toujours été.
En effet c'est peut être plus difficile de réussir à multiplier par 10 (ou plus) la mise de fond initiale en 2 ou 3 ans. En 2008, il y a moins de pigeons :-)
Mais en revanche il y a de nombreuses opportunités a condition de ne pas vouloir a tout pris a recopier les business modele de 2000 (CAD on lance un truc qui perd de l'argent et on revend à un gros avant que cela retombe).
Je rajouterai que le web 2.0 est victime du syndrome star'ac :
Derrière leurs écrans il y des milliers d'aspirant chanteurs (pardon entrepenautes) qui rêvent de décrocher la tymbale. Il rêvent d'être les prochaines facebook, youtube et d'être choisi par les majors que sont google, yahoo et autre microsoft. Et c'est vrai qu'assis sur son fauteuil cela semble facile.
La réalité c'est que comme à la star'ac il n'y aura que quelques élus.
Tu (jean-marie) notais les égarement de netvibes (tariq avouait lui même il y a qlq semaines que 4 ans après sa création il n'avait pas encore atteint le break-even. C'est tout simplement que tout (sur le "pure" web tout a pratiquement déjà été fait). Si une bonne idée existe sur le web 2.0 les gros arriveront a copier la bonne idée facilement.
L'avenir n'est plus dans le "pure player" mais dans le mix entre des business modele traditionnels robuste dans lequel on injecte la bonne dose de CRM ou de web 2.0 pour rendre le service plus performant :
Agence immobilière 2.0, Banque 2.0, que sais je ... l'avenir est là.
PS : une autre piste à explorer. L'immense majorité du contenu des blog et autres magazine ne peut être payé par la simple pub (multi-produits). Je crois plus a du contenu original payé des sites marchands. Cela se rapprocherait d'une sorte de sponsoring ou de mécénat.
On peut par exemple imaginer un blog ou un magazine de bonne qualité sur l'écologie financé par Suez, des blogs sur l'Europe sponsorisé par Accenture, etc ...
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