jeudi 29 mai 2008

Netvibes : from Widget Business Model to Widget Economy

Netvibes : from Widget Business Model to Widget Economy

Des modèles économiques liés aux widgets à l'économie du widget...

Je dédie ce billet à ma mère, Jacqueline Le Ray, partie pour un monde meilleur il y a 33 ans aujourd'hui.

Il y a un an, je ne savais pratiquement rien des widgets. C'est Tariq Krim qui m'en a parlé pour la première fois. En me faisant comprendre entre les lignes que la rentabilisation de Netvibes était liée au binôme Univers + Widgets.

J'ai alors tenté de décrire les modèles économiques liés aux widgets et les interactions entre les trois pôles concernés :
  1. les développeurs ;
  2. les diffuseurs ;
  3. les utilisateurs.
À chaque pôle une "entité" pouvant recouvrir plusieurs acteurs : par exemple, le "développeur" peut être un individu, un réseau de distribution, une régie, etc. La présence du trait haché de la flèche reliant le "développeur" à l' "utilisateur" indique que le premier peut parfois toucher le second sans passer par le "diffuseur", même si dans ce modèle tripartite, c'est ce dernier qui se taille la part du lion. Quelques diffuseurs : MySpace, Facebook, eBay ou ... Netvibes, GYM, etc.

En effet, 99% des fois, seul le diffuseur garantit la visibilité et l'exposition suffisantes pour créer l'effet de taille nécessaire à la satisfaction de l'annonceur. Le diffuseur joue un rôle central en accueillant/affichant le widget sur sa plateforme. Or si vous imaginez le widget - à la fois contenant et contenu - comme une fonctionnalité créée par le développeur à destination de l'utilisateur, il est clair que plus la plateforme d'accueil est importante, plus le nombre d'utilisateurs touchés est élevé.

De même il est probable que ces éléments, plateformes et widgets, vont vite devenir deux des piliers sur lesquels se bâtira le futur écosystème de l'Internet, déjà en route. Avec des plateformes de plus en plus puissantes mais ouvertes, complètes mais faciles à prendre en main, sophistiquées mais gratuites, où l'utilisateur n'a plus qu'à créer/publier/diffuser son contenu (le fameux UGC) dans un environnement intégré, collaboratif.
Or comme le mentionne Pierre Chappaz un an plus tard, contrairement aux attentes, le marché du widget est encore immature. Tariq Krim, lui, s'attend à une forte montée en puissance courant deuxième semestre 2008 et à l'explosion en 2009 de la "widget economy", ou l'économie du widget et des nouvelles opportunités liées à ce marché, pour rendre enfin possible la monétisation du Web social...

Même s'il ne peut s'empêcher de s'interroger : How big is this market ? Comme beaucoup d'autres se posent la même question, du reste. Y compris Adscriptor !

C'est d'ailleurs vraisemblablement pour cela que Tariq quitte aujourd'hui le navire : tiraillé entre la nécessité des investisseurs de valoriser leur mise et son désir de voir un Netvibes volant de ses propres ailes, il doit préférer que la vente probable de Netvibes se fasse via un autre intermédiaire que lui, Freddy Mini en l'occurrence. Ce raisonnement est pure prospection de ma part, c'est clair.

Pour autant, la réalité des widgets a fortement progressé depuis un an et commence à donner des résultats concrets. Ainsi que des « revenus encore modestes, mais en croissance », nous dit Pierre. Qui reconnaît à Tariq d'avoir été « un véritable visionnaire » en la matière.

En fait, sous l'impulsion de Tariq, Netvibes est passé de simple page d'accueil personnalisable à plateforme de widgets, qui en détient déjà plus de 100 000 "en portefeuille", pour la plupart monétisés aux États-Unis, ce qui fait résolument de la société l'un des seuls acteurs européens sur le marché des widgets :
Netvibes is definitely one of the only companies that operate in the widget market in Europe.
Dans ce billet très intéressant, Tariq Krim nous explique sa vision de ce qui pourrait bien devenir, à terme, la widgétisation du Web :
Avant l'introduction de Ginger, le modèle économique de Netvibes était fondé sur la vente à nos partenaires d'univers et de pages en marque blanche contre le paiement de droits de licence mensuels. Aujourd'hui, Ginger intègre un réseau publicitaire widgétisé pour permettre à ses partenaires de distribuer des widgets sponsorisés. Le modèle typique de monétisation est le CPI, ou Coût par installation, couplé à un système d'enchères. Après juste quelques mois d'existence, le programme a démarré sur les chapeaux de roue.
Et Tariq nous donne le lien d'une présentation où il détaille mieux le fonctionnement du modèle.

J'en retiens quelques idées fortes : depuis le lancement de Netvibes, en septembre 2005, 58 millions de comptes créés dans le monde, plus de 110 000 widgets, de 20 000 contributeurs, de 1 000 développeurs pour la plateforme et de 1 000 partenaires.

Des chiffres apparemment impressionnants mais à relativiser, car si on les rapporte aux statistiques citées par Techcrunch, avec une courbe de fréquentation oscillant entre 1 et 2,5 millions de visiteurs uniques par mois, selon comScore, on voit bien que la plupart des comptes sont inactifs, à la différence de Facebook, par exemple.

La vision d'une architecture ouverte pour l'économie du widget afin de faciliter, propager, monétiser :
Our vision
An open architect of the widget economy
Enable, propagate, monetize
Faciliter la propagation et la monétisation des widgets, consiste entre autres à mettre à disposition des outils de widgétisation des flux RSS et d'édition/création de widgets, grâce à des modèles simplement personnalisables :


Et moi qui ai fait l'expérience avec un widget créé pour Primoscrib, y compris sur Netvibes, et bien je peux vous assurer que ce genre d'outil s'avère extrêmement précieux...

D'autres services de promotion sont censés favoriser la diffusion, la visibilité, le positionnement, etc. En un mot : la viralité.

Voilà. Dès demain, Netvibes s'apprête donc à ouvrir davantage ses API et sa plateforme pour lancer de nouveaux services, notamment des librairies et des serveurs open source, destinés à révolutionner l'univers des widgets. L'annonce officielle aura lieu lors de la Conférence des développeurs, intitulée Netvibes Meetup.

Il aurait mieux valu Netvibes Widgup ! Mais bon...

Ce qui est sûr, c'est que grâce au partenariat signé avec Sohu et Maxthon en vue des Jeux Olympiques de Pékin 2008 (du 8 au 24 août prochains), Netvibes va enfin bénéficier d'une visibilité et, je l'espère, d'une couverture maximales, ils n'auront plus qu'à forcer un peu sur le contenu et sortir le grand jeu en matière de communication. Un aspect qui leur a toujours fait défaut jusqu'à présent, AMHA.


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4 commentaires:

Anonyme a dit…

"Il y a un an, je ne savais pratiquement rien des widgets."

Etonnant puisque leur utilisation massive a commencé dès 2001, que les Ads de Google en font partie et que leur inéfficacité pour le marketting viral dans les réseaux sociaux a maintes fois été évoquée.

Mais soit, l'heure de la rentabilité a peut-être sonné pour ces gadgets.

Autrefois, il "fallait" un livre d'or, une liste de diffusion, on transformait son site en sapin de Noël avec des gif's animés, des applets Java ou du Flash, aujourd'hui c'est avec des widgets et de la publicité.

Mais d'accord, il y a progrès : on a enfin un sapin "communiquant" ! (sourire)

Le souci, c'est que passé le moment de l'enthousiasme et de l'installation massive, on s'en lasse.
Ce n'est pas "nouveau" bien longtemps.
Il y a eu les plateformes de sites gratuits pré-équipés de bannières, il y a les plateformes pré-équipées d'une sélection de widgets.
Les premières ont vécu un temps suffisant pour créer des fortunes mais tout s'accélère et les places au soleil se raréfient.

La difficulté est d'imaginer ce qui suivra, c'est dans le "next step" que se trouve l'argent, pas dans la copie de l'existant.

(En principe, l'année des widgets était prévue pour 2007. On peut réfléchir aux motifs de ce retard.)

Jean-Marie Le Ray a dit…

Chère Szarah,

Toujours aussi critique :-) (ce qui est une qualité, et non pas un défaut, entendons-nous bien cette fois)

Disons qu'ils existaient avant mais qu'ils ne s'appelaient pas comme ça...

Donc j'aurais peut-être dû dire "je ne savais rien du terme widget".

Le fait que leur année d'or ait été annoncée pour 2007 ne me surprend pas plus que les annonces répétées selon laquelle la RFID fa vaire un carton incessamment sous peu, alors que son déploiement réel est loin de correspondre aux attentes des "analystes".

Mais là encore nous en sommes dans l'usage qui est fait de l'outil.

Quoi qu'on en pense, la possibilité d'utiliser les modèles de widget que propose Netvibes pour les personnaliser est une nouveauté, mais si presque personne ne saurait quoi en faire pour l'instant.

Le problème de Tariq Krim, d'après moi, c'est d'être trop en avance sur son temps.

Les widgets, comme la RFID, vont connaître des déploiements gigantesques, surtout avec l'émergence des mobiles et de l'informatique embarquée (voitures, domotique, etc.), la question n'est plus de savoir SI cela se fera, mais QUAND.

Tariq annonce une montée en puissance des widgets pour le deuxième semestre 2008 et l'explosion pour 2009. Nous verrons. Ceci dit, je suis convaincu que les widgets joueront un rôle important dans la monétisation des différents services.

Comme le suggère Franck Poisson (quelle coïncidence de calendrier !), lui aussi sur le départ, « La monétisation des réseaux sociaux est en marche ! »

Jean-Marie

MarcL a dit…

A propos de la monétisation des site Web 2.0, j'ai une question.

Le modèle Google est t'il arrivé au bout de son système ?

Finalement, je me rend compte qu'il n'y aucun modèle éco sur internet. La pub google ne rapporte plus rien, (il faut le dire), et le sponsoring sur le net n'est qu'un sujet de post pour les blogs.

Jean-Marie Le Ray a dit…

Marc,

Il y a dans ce billet un bout de réponse : « J'appelle de mes voeux, depuis un moment et avec d'autres, la création d'une plateforme publicitaire open source pour ESSAYER de contrer Google... et les autres géants. Et permettre aux médias d'avoir un outil de conquête des petits (très petits) budgets publicitaires. Tous ces annonceurs qui n'ont ni besoin de parler à 150 000 personnes, ni les moyens d'annoncer dans les médias traditionnels. Google, lui, a bien ça en tête. »

Tant qu'aucune plateforme publicitaire alternative, open source ou non, ne se penchera sur le partage des revenus avec les créateurs de contenu, j'ai bien peur que ça reste effectivement "un sujet de post pour les blogs"...

Jean-Marie