mercredi 10 septembre 2008

Moteurs de recherche alternatifs : 2% du marché !

Moteurs de recherche alternatifs : 2% du marché !

Alt Search Engines, un excellent site sur les moteurs alternatifs à GYM, nous propose les dernières stats d'Hitwise sur les parts de marché des moteurs aux États-Unis :


La conclusion est sans appel : sur un an (août 2007 - août 2008), les parts de marché des moteurs alternatifs ont chuté de 3,13% à 1,96%.

Le billet conclut ainsi : Commentaires ? Idées ? Solutions ?

Commentaires

Ce qu'attendent les internautes d'un moteur, essentiellement, c'est la pertinence. Or la pertinence s'obtient autant sur le qualitatif que sur le quantitatif. Impossible de remonter des résultats pertinents si l'on a l'un sans l'autre.

Le qualitatif, c'est la précision de l'algorithme.
Le quantitatif, c'est l'exhaustivité de l'index.


Comme je le disais déjà lors d'une précédente comparaison de l'index des moteurs de Google, Yahoo et Microsoft, il convient de préciser :
L'augmentation de la taille de l'index n'est pas forcément corrélée à l'augmentation de la pertinence, celle-ci ne dépendant pas uniquement de la couverture, mais il est clairement impossible de retourner le résultat pertinent tant que la ressource correspondante n'est pas indexée.

[C'est la composante quantitative]

A contrario, un moteur peut très bien avoir le site pertinent dans son inventaire et rester silencieux, c'est-à-dire ne pas sortir le résultat. En fait, pour un moteur, il est encore pire d'avoir un site dans son index sans comprendre que, pour une requête donnée, le site pertinent, c'est justement celui-là !


[C'est la composante qualitative.]
Or aujourd'hui, Google est LE moteur qui a trouvé le meilleur mix entre ces deux composantes. Exemple : Cuil a la première sans avoir la seconde, tandis qu'Exalead a parfois la seconde sans avoir la première. Ils y travaillent, mais c'est probablement le lot des outils de recherche alternatifs que de pouvoir difficilement réunir les deux dans une proportion satisfaisante.

Or dans les deux cas, le résultat est le même : on n'a qu'une pertinence quali-quantitative partielle, et donc, autant dire qu'on n'a plus de pertinence du tout.

Idées

À court-moyen terme, je ne vois aucun moteur capable de renverser la suprématie de Google. Je ne crois pas que les gens aiment Google en soi, mais juste parce que c'est le moteur qui leur fournit les meilleurs résultats. Si demain une société sort un meilleur moteur, il y aura un déplacement massif des internautes vers ce nouvel acteur. Si...

Car c'est plus facile à dire qu'à faire, et concrètement, non seulement personne n'y arrive, mais en plus Google continue de gagner des parts de marché. Pourquoi ?

Ma seule réponse : parce qu'il est plus pertinent que les autres. C'est tout.

Donc la question n'est plus de savoir qui détrônera Google sur son terrain - personne - (tout au moins à un horizon temporel prévisible), mais quand y aura-t-il rupture avec l'existant : rupture culturelle, rupture technologique, rupture des usages, etc.

Et comme je le commente sur le blog d'Olivier Andrieu, je ne vois encore nulle trace de cette rupture à venir, car les esprits ne sont pas prêts, le Web est trop jeune et va trop vite compte tenu de nos simples capacités physiologiques.

Solutions

Il est clair de ce qui précède que je ne vois aucune solution généralisable. Par contre il y a certainement des solutions individuelles pour chercher sans Google. Mais ce sont des solutions que chacun/e doit personnaliser à sa mesure, et ce qui vaut pour moi ne vaut plus pour le voisin.

À chacun/e son cocktail, avec des dosages qui dépendent de nos propres capacités à appréhender le Web. Deux exemples :

1. Szarah :
Mes recherches, je les fais avec un métamoteur, je n'ai jamais cherché à savoir combien de Google il y avait dedans.
J'utilise IE et FF, XP et Ubuntu, ça dépend de la machine que j'utilise.
Je ne crois avoir de "préférences" pour personne mais j'ai de la reconnaissance pour tous.
Pour Apple et son interface, pour Microsoft en ceci qu'il a permis une informatique "à la Apple" mais dans mes moyens, pour FF qui est venu contrer MS devenu hégémoniaque, pour Linux pour le même motif.

Et il se trouve que je n'ai pas besoin de Google.
Ni de près ni de loin.
Il ne me sert à rien (sauf comme sujet d'étude mais c'est une activité de loisirs).
Une position qui ne me convainc qu'à moitié, car dans tout métamoteur, la part de Google est prépondérante. Donc la pertinence des résultats retournés par le métamoteur dépend étroitement de Google. Enlevez Google des métamoteurs et, vous savez quoi : vous reviendrez à Google ! Tout au moins si vous vous souciez d'obtenir des résultats pertinents.

2. Narvic se forge ses propres outils de recherche d'informations, et compte sur des stratégies de recherche sociales pour faire mieux que Google.

Personnellement, je partage plutôt l'opinion de Chris Sherman sur la recherche sociale, mais je conçois aisément que d'autres préfèrent une telle approche.

Ceci dit, hors de ces approches personnalisées (y compris via Google CSE), je ne vois à court terme aucune possibilité réaliste de détrôner Google.

En tout cas, ce n'est certes pas Quaero qui apportera des solutions...


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6 commentaires:

Anonyme a dit…

Ta reflexion est intéressante Jean-Marie. Je ne crois pas non plus à une rupture, et je doute fort de l'avènement du Google Killer en fait. Car la pertinence est très élevée auourd'hui chez les grands moteurs, et il est dur d'entrer sur ce marché étant donné le besoin en capacités de traitement informatique (crawl etc). Ce qui pourrait faire baisser Google c'est une desaffection pour le moteur, soit à cause d'une baisse de la pertinence, soit à cause de changements d'interfaces qui ne plaisent pas à l'utilisateur AMHA.

Je me permet de glisser un lien vers un billet proche, traitant des évolutions possibles du Search : http://blog.relevanttraffic.fr/referencement/7512-le-referencement-en-2008-etat-des-lieux-et-perspectives.html

Anonyme a dit…

Je suis toujours étonné de voir l'écart de perception des uns et des autres sur la pertinence des résultats de recherche proposés par Google.

On ne doit vraiment pas parler des mêmes recherches, et on n'évalue pas la pertinence de la même manière !

Dans ma propre pratique, il est ainsi fort rare que les résultats que je juge pertinents se trouvent sur la première page de résultats. Il me faut souvent "cliquer pour voir" sur de nombreux résultats avant de trouver celui qui correspond le mieux à ma recherche.

Et cette "pertinence", assez faible vue de ma paroisse, de la première page de Google, ne me semble pas s'améliorer avec le recours important de nombreux sites commerciaux au SEO (car il leur faut bien maximiser leur trafic). Ça introduit pour moi une pollution supplémentaire dans la hiérarchisation des résultats.

Une manière totalement inverse d'appréhender la pertinence du moteur est assez rarement mise en avant : l'observation "à l'arrivée", sur les sites, et non "au départ", sur la page de résultats.

L'observation, qui peut se faire sur un blog, de l'adéquation entre le mot-clé entré dans Google et la page d'un blog vers laquelle Google a conduit l'internaute, est une autre manière de mesurer la pertinence.

Je l'ai fait sur mon blog, sur environ 600 requêtes Google, pour constater que la part de "déchets" et de "fausses routes" induite par Google était considérable, en raison d'aberrations de référencement, de mauvaise rédaction des requêtes, ou de requêtes tout simplement absurdes.

A mon sens, ces observations, qui ne nient nullement la place occupée par Google dans la navigation des internautes, relativise tout de même beaucoup la "qualité" du trafic généré par Google. ;-)

Jean-Marie Le Ray a dit…

Narvic,

Tu as parfaitement raison, la notion de pertinence est tout à fait subjective, et sur un million d'internautes, nous aurons un million de perceptions différentes.

Ceci dit, je suis un très gros utilisateur de Google, un utilisateur du genre "qui ne rentre dans aucune catégorie", puisque j'écume le Web depuis 1996 dans le cadre de mon métier. En clair, ça veut dire des recherches terminologiques multilingues incessantes, dans un grand nombre de domaines disparates.
Et j'utilise Google depuis le début, alors même que personne ne le connaissait et après l'avoir découvert, justement, dans le cadre de mes recherches. A l'époque, j'utilisais Yahoo, et donc, Inktomi, et je peux te dire que j'ai vite basculé de Yahoo à Google dès que j'ai compris toute la richesse que je pouvais extraire du minerai brut que me proposait Google.
C'est ainsi qu'au fil des ans j'ai pu rassembler un corpus linguistique multilingue unique au monde : 1 To de données sur 7 ou 8 millions de fichiers, je suis sûr que même certaines universités n'en ont pas de cette qualité.
Tout ça grâce à Google, et il était fréquent que j'arrive jusqu'à la ... centième page de résultats (Google donnait les 1000 premiers par défaut).
En conclusion, pour moi, la pertinence, c'est trouver ce que je veux quand je veux. Et avec Google j'y arrive toujours très bien, et très vite.
Il est vrai que j'ai eu le temps d'apprivoiser la bête et que les syntaxes de recherche n'ont plus beaucoup de secret pour moi.
Et pour finir, à l'occasion, je n'ai pas manqué de tester la concurrence. Pour revenir à Google ... en courant.
Voilà. Après comme je l'ai dit, un million d'internautes, un million de stratégies différentes...

Jean-Marie

Jean-Marie Le Ray a dit…

Narvic,

P.S. La pertinence, ça ne veut pas dire non plus trouver le premier résultat qu'on cherche du premier coup, à la première place, sur la première page de résultats !
D'autant plus que sur une même requête, pour une même personne, aujourd'hui je vais vouloir trouver ça, et demain autre chose.
Donc faut pas non plus demander l'impossible aux moteurs, qui restent des algorithmes, et ne seront jamais des devins.
Utiliser un moteur, ça s'apprivoise, faut savoir chercher, etc.
Or beaucoup d'internautes n'ont pas la recherche infuse, il faut le constater.
Généralement on utilise un peu les moteurs comme les programmes bureautiques de Microsoft : à 10% de leurs capacités, de leurs potentialités.
On peut avoir entre les mains le meilleur outil du monde, si on sait pas s'en servir, on pourra toujours dire que c'est l'outil qui marche pas.
Attention, aucune visée personnelle en disant ça :-)

Jean-Marie

M'sieur SVP a dit…

Concernant la pertinence, je renvoie à la bible en la matière : La Pertinence : communication et cognition de Dan Sperber.

Si l'on admet que l'index d'un moteur de recherche est construit "plein texte", il est facile d'admettre que :
1° la technologie utilisée compte pour beaucoup dans la rapidité d'exploitation. Le SGBDR utilisé et les machines sous-jacentes doivent être capables de traiter le volume engendré.
2° la pertinence des réponses dépend, non pas tellement de l'algorithme du moteur, mais bien de :
* l'intelligence de l'utilisateur : capacité à cerner, associer, décider ;
* sa culture en terme d'étendue de vocabulaire : capacité à choisir le vocabulaire adapté, à utiliser les synonymes en cas de besoin ;
* sa capacité à identifier l'information dont il a besoin en parcourant un texte, notamment en en identifiant sa structure.

Le service de suggestion "temps réel" de Google peut être mis en doute, suspission commerciale oblige, mais il a le mérite d'exister. Par ailleurs, personne n'est obligé de l'utiliser...

Je suis surpris, pour ne pas dire fatigué, des discours alarmistes qui tapent sur Google.

Il n'y a pas si longtemps, c'était sur Microsoft, lorsque cette dernière société faisait la une en raison de ses démélés avec les instances européennes.

A qui le tour demain ?

Il est temps d'être constructif, à celles et ceux qui clament faire aussi bien sans Google, voire mieux, qu'ils/elles n'hésitent pas à rédiger des fiches didactiques (par exemple : Comment j'ai utilisé Google pour... ou encore Une utilisation insolite de Google Analytics) que chacun pourrait exploiter afin de se libérer enfin du joug de l'oppresseur.
Il ne suffit de dire pour faire, encore faut-il être capable de mettre en mots ses propres pratiques, ce qui nous ramène à l'utilisateur et à ses capacités...

Adonfff a dit…

Merci de faire réfléchir.
Ca m'a inspiré cet article Google Killer ?
Il est important de réfléchir sur nos pratiques mais malgré tout, étant donné que la nature a horreur du vide, il serait vite remplacé par un autre s'il venait à tomber !
L'outil quel qu'il soit n'est pas le problème mais c'est l'usage que l'on en fait qui peut être problématique !