L'
identité 2.0 est inévitable, titre tiré d'une
présentation phare, qui pourrait bien devenir culte :-), véritablement exceptionnelle par sa clarté, son humour et sa pertinence, œuvre de Dick Hardt, créateur de
Sxip Identity.
Il y a maintenant plusieurs semaines que je réfléchis à un billet sur l'identité 2.0, ou identité numérique, ou identité virtuelle, ou Webidentité, etc., comme on voudra bien l'appeler, et que l'on pense ou non qu'il s'agit uniquement d'une
déclinaison 2.0 de plus, il n'en reste pas moins que la réalité est là.
Même si on est encore bien loin d'en saisir les tenants, les aboutissants et les implications pour les internautes.
J'ai donc commencé par nourrir ma réflexion avec d'excellents articles qui essaient d'aborder le problème, dont la complexité rend difficile la tâche de l'appréhender dans sa globalité.
Je commencerai par citer l'approche puzzle de
Leafar et
Fred Cavazza, une approche que j'aime bien car nos "moi virtuels" (dixit
Carlos Diaz) sont effectivement des puzzles dont les tesselles sont éparpillées un peu partout sur Internet, des «
petits cailloux que nous semons derrière nous sans bien le réaliser, mais qui sont autant de traces conservées par la mémoire du Net (ou les services de renseignement, au choix), les moteurs de recherche. », comme l'observe très finement
Laurent Campagnolle.
Pour Frédéric Cavazza, «
ces petits bouts d’identité fonctionnent comme des gènes : ils composent l'ADN numérique d'un individu. »
Nous voilà donc ramenés à notre intimité identitaire la plus profonde, celle que l'on expose
plus ou moins sur Internet, mais, disons-le franchement, plutôt plus que moins, et que ce soit volontaire ou non.
Comme tout traducteur qui se respecte, voyons les définitions traditionnelles du terme IDENTITÉ selon le dictionnaire, le
Petit Robert dans ce cas :
- Caractère de deux objets de pensée identiques (similitude)
- Caractère de ce qui est un (unité)
- Identité personnelle, caractère de ce qui demeure identique à soi-même. - Identité culturelle, ensemble de traits culturels propres à un groupe ethnique (langue, religion, art, etc.) qui lui confèrent son individualité ; sentiment d'appartenance d'un individu à ce groupe. * Le fait pour une personne d'être tel individu et de pouvoir être légalement reconnue pour tel sans nulle confusion grâce aux éléments (état civil, signalement) qui l'individualisent... * Usurpation d'identité. Pièce d'identité, pièce officielle prouvant l'identité d'une personne. Relevé d'identité bancaire. Identité judiciaire : service de la police judiciaire chargé spécialement de la recherche et de l'établissement de l'identité des (personnes)...
Le sens des mots est vraiment fascinant !
* * *
Donc, remarquons d'emblée que l'identité 2.0 n'est autre qu'une extension de l'identité 1.0 appliquée à Internet, avec les problématiques et les spécificités propres à ce média (les facettes fort bien analysées par Fred Cavazza
ici et
là).
Or mon but n'étant pas de répéter ce qui a déjà été dit, je vais m'aventurer dans une analyse tout à fait personnelle de ce que représente d'après moi l'identité 2.0, l'identité numérique, l'identité virtuelle, la Webidentité, etc., comme vous voudrez bien la nommer.
En observant tout d'abord que la question fondamentale qui caractérise l'identité,
Qui suis-je ?, est plus que jamais duale sur Internet. En effet, de même que lorsque vous vous la posez face à la glace, la question que vous renvoie le miroir n'est plus
Qui suis-je ?, mais
Qui es-tu ?, sur le Web c'est le
Qui êtes-vous ? qu'on retrouve en permanence dans le regard des autres, l'une faisant pendant à l'autre.
Deux dimensions, les autres (
Qui êtes-vous ?) et moi (
Qui suis-je ?), qui reprennent à la perfection les deux premières acceptions du terme : la
similitude (le moi - qui est par excellence identique à moi-même - vu dans le regard des autres) et l'
unité (le moi vu par moi-même). Un distinguo fondamental qui me permet de séparer clairement la
réputation (le moi vu dans le regard des autres) de l'
identité (le moi vu par moi-même). Avec un concept tout aussi fondamental qui fait la navette entre les deux : la
crédibilité.
Le concept identitaire en 3D, si vous préférez :
Identité - (Crédibilité) - Réputation
Le graphisme n'est pas mon fort, c'est clair, mais l'idée y est :-)
La réputation, qui fait d'ores et déjà l'objet de dépôt de
brevets, et il y a fort à parier que l'identité suivra bientôt le même chemin, si ce n'est déjà fait...
Deuxième constatation, qu'elle soit 1.0 ou 2.0, l'identité ça se construit, ça se forge, autre similitude entre vie réelle et virtuelle, et c'est étroitement lié au sens que chacun/e donne à sa
présence sur Internet et aux propres réponses qu'il ou elle apporte à ces deux interrogations, spéculaires :
« pourquoi et comment être sur Internet ? » : « pourquoi » renvoyant au sens de ma présence, « comment » évoquant autant le contenant (volet technique) que le contenu (volet qualité) de ma présence.
Idem pour l'identité 2.0, donc, où le volet technique est indissociable du volet contenu, la forme indissociable du fond.
* * *
Une dualité - moi et les autres - que l'on retrouve à tout instant sur Internet, exactement comme les deux faces de la même médaille.
Avec à chaque fois le va-et-vient entre la sphère personnelle (ce que je fais/dis de moi, ce que je montre / cache [essaie de cacher] de moi) et la sphère collective (ce que les autres font/disent de moi, ce que les autres savent de moi [ce que je sais qu’ils savent - ce que j’ignore qu’ils savent]) et l'arbitrage, voire le compromis, de la crédibilité, avec une échelle à curseur prenant les différents degrés entre le vrai et le faux suivant les moments, les circonstances, les personnes, etc.
Ça peut aller du mensonge caractérisé à l'
asymétrie de crédibilité, de la rumeur construite ou carrément fausse à la désinformation, en passant selon les situations dans lesquelles se trouve un même individu par le choix du
pseudonymat (utilisation d’un pseudo, qui peut-être reconnaissable ou non), de l’
anonymat (utilisation d’un nom de fantaisie pour anonymiser son passage) ou du patronymat (utilisation de son nom de famille), sans oublier les profils laissés un peu partout, la
géolocalisation, les commentaires, les confessions, les articles, etc. etc., avec tous les problèmes que ça soulève au niveau de la confidentialité et du droit au respect de la vie privée, outre l'écosystème technique existant et à mettre place, mais ce n'est pas le propos de cet article, d'ailleurs je suis techniquement incompétent pour en parler. D'autres le font et le feront bien mieux que moi,
ici,
là ou
là, et
encore :
Vous noterez enfin que j'ai apparemment fait l'impasse sur l'identité professionnelle, mais dans mon esprit c'est étroitement lié au sens de ma présence et à mon identité personnelle sur Internet, l'une n'allant pas sans l'autre. Comme le remarque avec pertinence
Brigitte Roujol :
Nous voyons sur les blogs et sur certains sites, la volonté de leurs auteurs de se laisser découvrir dans leurs différents aspects, là où la sphère personnelle et la sphère professionnelle se rencontrent et s'enrichissent l'une l'autre...
C'est l'Identité version 2.0 qui apparaît peu à peu... Lentement mais sûrement.
Non, décidément, gérer son identité numérique, ce n'est pas simple, et ça le sera de moins en moins. Or comme dit l'autre,
mieux vaut prévenir que guérir. Donc autant y réfléchir le plus tôt possible ! Qu'en dites-vous ?
* * *
Liens connexes (en anglais) :
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