samedi 6 septembre 2008

Pourquoi j'aime Google ?

Pourquoi j'aime Google ?

Parce que j'en suis content. Les services de Google me satisfont totalement. Ils sont en phase avec mes exigences du moment. Ils sont pertinents, généralement simples à utiliser. Et gratuits !

Oh mais je vous vois venir : non, ils ne sont pas gratuits. Ou alors ils sont gratuits sans être gratuits. Ce n'est plus de la gratuité, alors, c'est une gratuité factice. Une gratuité où l'on me reprend d'une main ce qu'on me donne de l'autre, un troc : des services gratuits, simples et pertinents contre mes données personnelles en monnaie d'échange.

Alors quoi ? Devrais-je m'en offusquer ? Devrais-je m'en inquiéter ? Google me « fournit gratuitement d'excellents produits de première nécessité » car elle veut tout savoir sur moi. Et savoir quoi, je vous le demande ?

Mes habitudes de navigation, pour identifier mes goûts, me profiler par un ciblage comportemental le plus précis possible, et pouvoir ainsi me présenter les pubs qu'elle jugera les plus pertinentes, les plus susceptibles de me faire cliquer, réagir, acheter, etc.

Ah ! Mais vous plaisantez ! Laisserais-je le mauvais Google accumuler les données personnelles sur mon compte sans réagir ? Sans dénoncer ? Sans ceci, sans cela, bla-bla, etc. etc. etc.

Franchement, vous voulez savoir ce que j'en pense : je m'en fous ! Je me fous TOTALEMENT du fait que Google connaisse mes "petits secrets" qui n'en sont pas. Google peut me présenter toutes les pubs du monde, là, sous mes yeux, maintenant, hic et nunc disaient nos anciens, en dernier ressort c'est à moi qu'il appartient de cliquer, ou pas.

Exemple : j'utilise GMail depuis le début, j'ai actuellement environ 140 mille messages dans ma "boîte" et chaque fois que j'en ouvre un des pubs s'affichent sur le côté. Et bien vous savez quoi ? Je crois que je n'ai jamais cliqué sur aucun lien ! Ou si ça m'est arrivé en quelques occasions qu'on peut compter sur les doigts de la main, c'est tantôt suite à une erreur de manip, tantôt pour assouvir une curiosité passagère, mais enfin, si Google n'avait que des clients comme moi pour soutenir son modèle économique, ça ferait longtemps qu'ils auraient mis la clé sous la porte.

Car pour moi ces pubs sont totalement transparentes. Je ne les regarde jamais. Je m'en fous, à vrai dire. Or si là est le seul prix à payer pour utiliser un gestionnaire de courriels ou d'autres services particulièrement efficaces et puissants, pourquoi devrais-je m'en priver ? Et en plus, gratuitement !

Gratuit, mais ça veut dire quoi, gratuit ?

Selon le Robert :
  1. Qui se fait, qui se donne pour rien. => désintéressé, bénévole, gracieux
  2. Que l'on donne sans faire payer : dont on jouit sans payer
  3. etc., mais sans rapport avec ce qui nous occupe...
Donc l'affaire est entendue : sur Internet, l'acception courante de gratuité est parfaitement définie par le 2, et non par le 1. Mais ça on le sait, tout le monde le sait, devrait le savoir : Google et les autres nous "donnent" des services "gratuits", au sens où on ne les paie pas avec de l'argent, mais en aucun cas désintéressés, puisqu'ils nous "vendent" ces mêmes services contre une monnaie d'échange généralement représentée par nos données personnelles, nos habitudes de navigation, etc.

Pour autant, est-ce là un bon motif pour laisser Google régenter le monde ? D'abord est-ce le but de Google ? Est-ce sa mission ?
organiser l’information mondiale – toute l’information, et pas seulement une partie – et faire en sorte qu’elle soit universellement accessible et utilisable, dans toutes les langues, tous les pays, et sur tous les supports, en ligne et hors ligne : Internet, téléphonie mobile, presse, édition, vidéo, photo, cinéma, télévision, radio, affichage, annuaires papier, etc., la liste est loin d’être exhaustive...
Une question simple : les lignes qui précèdent sont-elles synonymes de "régenter" ?

Et puisqu'il conviendrait toujours de s'interroger véritablement sur le sens et la valeur des mots qu'on emploie, que signifie vraiment régenter ?

Toujours selon le Robert : 1. Diriger. - 2. Diriger avec une autorité excessive, ou injustifiée. Étymologie : de "régent", on s'en serait douté : personne qui gouverne, qui régit, administre (je vous fais grâce des détails)...

Or est-ce que c'est le cas de Google ? Non. Pas que je sache. Son ambition ? Non plus. Sa mission déclarée  ? Encore moins.

Non, c'est la politique qui régente. Ce sont nos états qui régissent, administrent. Pour leur plus grand profit, d'ailleurs. Ce sont eux qui contraignent des centaines de millions de "citoyens" à leur "donner" entre 6 et 7 mois par an de leur "vie" et de leur "argent" pour que les politiciens qui nous "régentent" fassent n'importe quoi et en profitent au maximum, sans la moindre vergogne, entre inepties et gabegies, cynismes et démagogies, incompétences et impunités...

Donc pourquoi vouloir mettre Google sur le même plan. Prenons un exemple simple : Google Books. Olivier et beaucoup s'inquiètent de ce que Google, une entreprise privée, mette ainsi la main sur un patrimoine public, un patrimoine de la connaissance, du savoir, etc. Or qu'avons-nous en face, du côté des états qui seraient censés "administrer" ce patrimoine public pour le bien commun ? Et bien nous avons ça (c'est moi qui souligne) :
Livres, œuvres musicales, tableaux, photographies et films, toute la diversité culturelle de l'Europe offerte à tous les citoyens en un simple clic de souris sur un seul portail: le rêve d'une bibliothèque numérique européenne pourrait devenir réalité cet automne. Cependant, la Commission a indiqué aujourd'hui, dans une nouvelle communication sur la mise à disposition des versions numériques d'œuvres provenant d'institutions culturelles de l'Europe entière, que les États membres avaient encore des efforts à fournir. Grâce à la numérisation du matériel culturel, les Européens pourront accéder aux collections des musées, des bibliothèques et des archives des autres pays sans avoir à voyager ou à tourner des centaines de pages pour trouver une information donnée. Les bibliothèques européennes contiennent, à elles seules, plus de 2,5 milliards de livres, mais environ 1 % des archives seulement sont disponibles sous forme numérique. La Commission appelle donc les États membres à intensifier leur action pour rendre davantage d'œuvres numériques disponibles en ligne, afin que les Européens puissent les consulter dans le cadre de leurs loisirs, de leur travail ou de leurs études. Pour sa part, la Commission allouera, en 2009-2010, quelque 120 millions d'euros à l'amélioration de l'accessibilité en ligne du patrimoine culturel européen.
Donc à qui devrions-nous nous en prendre ? À Google qui fait ça "gratuitement" mais non sans désintérêt, ou à nos états qui ne font rien, pas même l'intérêt commun, ou si peu, tout en nous prenant beaucoup ?

Et je pourrais continuer sur la même lancée sans trop me forcer, tellement les exemples sont nombreux... Alors pourquoi toute cette parano autour de Google, franchement je ne comprends pas trop. Allez, hop, remettons-en une couche, histoire de revenir au sujet du moment !

Juste un article de plus pour enfoncer le même clou dans nos cerveaux : « Google Chrome fait déjà tiquer les défenseurs de la vie privée, notamment après la lecture des conditions générales d'utilisation du navigateur (CGU). » Or comme je l'ai dit ici, ce passage était loin d'être spécifique à Chrome, puisqu'il est inséré pratiquement dans les CGU de tous les services de Google.

C'est tout simplement ce qu'on appelle un boilerplate, un passage standard copié-collé quasiment à l'identique dans nombre de contrats anglo-saxons, ce qui explique aussi pourquoi la teneur est si proche des CGU de Facebook.

Donc ma question est la suivante : pourquoi réagir sur Chrome, à peine sorti, et n'avoir pratiquement jamais rien dit sur tous les autres produits-services de Google dont les CGU portent la même mention.

En un mot, pourquoi toute cette parano ? Le retrait immédiat du passage incriminé des CGU de Chrome est d'ailleurs un signe évident de la réactivité de la société et du fait que Google prend sa mission au sérieux. Cette collecte de données n'est d'ailleurs pas réservée à Google, comme je l'ai montré dans ce billet. Tous les acteurs majeurs du Web tentent d'en savoir toujours plus sur nous, inutile de s'en étonner.

Donc, face à cette situation, comme l'indique Horacio Gonzalez dans un billet plein de bon sens, mieux vaut choisir son camp parmi les trois attitudes possibles :
  1. J'utilise à fond les outils de Google, et je leur confie mes informations personnelles
  2. Je ne raconte rien sur moi et n'utilise aucun des services de Google
  3. J'utilise les outils de Google en sachant ce que je fais, ..., et en choisissant des outils différents sur les sujets pour lesquels je veux protéger la confidentialité de mes données et le respect de ma vie privée.
Perso, j'ai choisi mon camp, le 1er. Sans aucun prosélytisme, c'est juste celui qui me convient le mieux.

Aujourd'hui j'en suis content, et je le dis. Demain je n'en serai plus content pour une raison ou une autre, et je le dirai aussi. En attendant, je n'éprouve nul besoin de brûler des idoles, car je n'en ai pas. Pas plus que je ne suis sectaire. Vous préférez Microsoft, grand bien vous fasse. D'autres ne jurent que par Firefox (financé par Google, soit dit en passant), no problem. Chacun est libre, et moi de même.

Après tout, chacun est assez grand pour se sentir libre de choisir son camp. Je vous ai dit le mien, me direz-vous le vôtre (attention à l'ordre des propositions, parfois réorganisées automatiquement) ?



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P.S. Billet en réponse à ce commentaire de Szarah :
Je comprends votre enthousiasme, monsieur Le Ray : Google vient de vous délivrer d'un calvaire quotidien.
Vous êtes content et vous le dites.
C'est un peu comme si vous présentiez votre nouvelle fiancée (sourire).
Elle est même sur clé USB, dis donc ! (je plaisante).

Etes-vous déjà prêt à considérer qu'une entreprise qui fournit gratuitement d'excellents produits de première nécessité mérite par là de régenter le monde ?

J'espère que vous savez facilement mettre le feu à vos idoles.

Parce que, bon, il faudra bien que quelqu'un vous délivre de Chrome quand vous serez redescendu sur terre (sourire).
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13 commentaires:

Anonyme a dit…

Réponse 1.

J'ajoute que je suis, comme beaucoup, un webmaster totalement googolodépendant : google m'offre ses outils d'analyse, google m'offre 80 % de mes visiteurs (via les SERP), google me nourrit et nourrit ma famille (via adsense), par ailleurs google gère mes mails, mes photos, mes tableurs, mes textes, mon agenda...

La concurrence ne remporte que mes flux rss (chez netvibes) et mes notes/projets (chez 37signals)

Je ne suis pas particulièrement fier ou même satisfait de cette dépendance mais étant donné qu'il s'agit de ce qu'il se fait de mieux actuellement, l'efficacité et la hum... rentabilité priment.

ap a dit…

Ok, c'est gratuit pour moi; je laisse les autres cliquer sur les pubs et financer mon utilisation de l'infrastructure, ce n'est pas un/mon problème.
Ça ressemble très fort à la définition du parasitisme, mais ça peut être dangereux lorsque l'organisme parasité s'épuise et meurt.

M'sieur SVP a dit…

Ah Jean-Marie !

Merci !

J'aurais pu rédiger ce billet, tu m'évites ce travail !

Merci, merci, merci !

Je ne me sens pas plus dépendant de Google que de Microsoft ou du fabricant de mon PC dont la fiabilité conditionne en partie la pérennité de mes données...

Je ne confie à Google et aux autres que ce que je veux bien leur confier...
J'accepte donc qu'ils l'utilisent...
Sans doute une déformation de mon métier, prof, qui donne sans espérer de retour...

Anonyme a dit…

J'utilise moi aussi un très grand nombre d'outils Google, d'analytics à docs, en passant par reader, feedburner, gmail, gtalk, skype... ah, non tiens skype c'est pas google ;-)

Et bien sur la recherche de base reste LA killer app.

La mission de Google est en effet d'absorber et de diffuser toute l'information disponible.

Vous publiez un annuaire avec des microformat bien propre ? Google va le parcourir, et toutes les infos seront dans Maps. Pourquoi passer par votre annuaire ?

Comme on l'a vu par exemple avec Trends for websites, cette transparence de l'information gène individuellement chaque acteur : tous les sites sont maintenant à nu, et nous pouvons aisément comparer les statistiques de liberation. le monde, le figaro, le nouvel obs... comme celles du voisin.

Il y a donc clairement une perte de contrôle, mais seulement indirectement au profit de Google.

C'est une véritable technique de la terre brûlée de la part de Google. Gratuité, transparence des infos, et dans le cas de Chrome open source sont des techniques de destruction, au profit de plus de "circulation web".

Une fois les barrières détruites, Google en profite énormément. Et probablement de nombreux petits acteurs en profite aussi.

Mais il est certain qu'une telle recomposition nuit aux modes de fonctionnements et aux intérêts de beaucoup d'autres.

Anonyme a dit…

Jean-Marie, pour moi, le circuit économique n'est pas celui que tu décris : Google me donne un service que je paye avec mes données personnelles.

En réalité il y a une étape supplémentaire dans l'échange marchand, et c'est bien de l'argent sonnant et trébuchant que tu donnes en échange du service. Le service est payé par la publicité, et celui qui commande cette publicité à Google intègre bien entendu ce coût dans le prix de vente des biens ou des services que tu achètes.

C'est pour cela que la gratuité est factice. Google est un service payant, mais le paiement est indirect. C'est tout.

Jean-Marie Le Ray a dit…

Narvic,

C'est un aspect des choses que tu décris, partiel autant que le mien.
Car même si selon toi Google est un service payant, comme le dit apsed, pour moi il est gratuit. Donc plutôt que de paiement indirect, je préférerais parler de paiement tiers. Ce sont des tiers qui payent pour que j'utilise le service. Et s'ils paient, c'est qu'ils y trouvent aussi leur compte.
Ce que je pense, en fait, c'est que mis à part Google, personne n'a encore trouvé les clés de la boutique Internet.
Qui a révolutionné tous les modèles existants et laisse désemparés les acteurs - anciens et nouveaux - face à l'absence de voies balisées et plus aisément compréhensibles comme dans la "old economy".
Je ne veux pas dire par là que c'est moi qui ai raison, mais c'est mon approche.
Je suis client captif de Microsoft depuis bien avant que Google voie le jour, et que veux-tu, entre Microsoft et Google, je choisis Google.
Pour l'instant. Ma position pourra évoluer dans un sens comme dans l'autre, Google n'est pas mon idole, ni mon absolu, même si je suis admiratif devant le phénomène Google, je le reconnais volontiers.
Jean-Marie

Anonyme a dit…

Mince, un billet pour moi toute seule ?
Une dédicace spéciale ? Un "ex-bloguis" ?

Vous me voyez désolée de vous avoir donné l'impression de ne pas apprécier Google à sa juste valeur.
Je vais vous expliquer en quoi nous différons sur le sujet, vous et moi.
C'est une simple question de parcours, de vécu.

Pour moi, Google est un objet d'observation, pas un outil.
Mais je n'hésite jamais à promouvoir les services que chez lui je trouve épatants et bienvenus, par exemple Lively.

Je n'ai rien contre la collecte et l'exploitation de mes données personnelles par ceux dont j'ai besoin et qui me veulent du bien : médecin, avocat, notaire, banquier ...

Mais j'ignore si GG me veut du bien : il ne m'est pas inféodé par un contrat de services, donc au mieux il est "neutre" ... et ça ne suffit pas à me rassurer.

Il est vrai que j'ai la chance de n'avoir jamais utilisé intensivement ses services (mail, hébergement, blog, Analytics, publicité ...).
A peine ai-je un compte chez lui, dont je me sers avec parcimonie, un peu comme d'un endoscope.
Je n'ai aucune dépendance à son égard.
S'il disparaissait, je me contenterais de changer de sujet.

Mes recherches, je les fais avec un métamoteur, je n'ai jamais cherché à savoir combien de Google il y avait dedans.
J'utilise IE et FF, XP et Ubuntu, ça dépend de la machine que j'utilise.
Je ne crois avoir de "préférences" pour personne mais j'ai de la reconnaissance pour tous.
Pour Apple et son interface, pour Microsoft en ceci qu'il a permis une informatique "à la Apple" mais dans mes moyens, pour FF qui est venu contrer MS devenu hégémoniaque, pour Linux pour le même motif.

Et il se trouve que je n'ai pas besoin de Google.
Ni de près ni de loin.
Il ne me sert à rien (sauf comme sujet d'étude mais c'est une activité de loisirs).

Voilà en quoi nous différons vous et moi : je ne dois rien à Google.

Aux détails à présent.
GG fait du bon boulot comparé à l'incurie des Etats dans certains domaines, dites-vous en substance.
C'est exact.
Mais y avait-il urgence à numériser plus que le 1% réalisé par les officiels ?
Y a-t-il urgence à accélérer la planétisation de l'information, de la documentation ?
A construire une encyclopédie vraiment universelle ? (Là, c'est pour la Wikipedia, mais GG a son Knol).

Certes non, il n'y avait pas urgence.
Si quelqu'un le fait, c'est tout simplement parce que c'est devenu techniquement possible et que ça rapporte gros.
On oublie l'éthique, la réflexion, la nécessaire prise de recul face au progrès.
Ce n'est pas une attitude nouvelle : de l'automobile à l'énergie atomique, on s'empresse de "faire" dès que c'est possible.
Je crois qu'il faut remonter à Napoléon pour trouver quelqu'un qui refuse un "certain" progrès : il a refusé le sous-marin pour cause de sournoiserie.
Et avant lui Louis XIV avait refusé la mitrailleuse, ça me revient.
Mais depuis, on est dans le règne de l'utilitarisme et du fait accompli.

On est ébloui par les avantages immédiats, on ne pense pas plus loin.
Il y a des conséquences : quelqu'un, un jour, doit assumer les sottises faites dans l'enthousiasme et le "dreling-dreling" du tiroir-caisse.
Rarement paient ceux qui les ont faites. On peut même dire "jamais".

Aujourd'hui, 95% de la recherche concerne la réparation des dégâts causés par les découvertes de hier :)
That's a fact facile à vérifier.

Vous m'enjoignez de "choisir mon camp", je n'apprécie pas vraiment le procédé mais ce sera vite fait : je choisis le mien.
Je ne suis "pro" rien du tout sauf pro-réflexion, et pas systématiquement "anti", sauf anti-fanatisme.
Et je vous sens devenir un fan de GG :)
Hé oui, "fan" a l'air mignon comme ça mais c'est bien "fanatique" sa signification.
Une caractéristique du fanatique est d'obliger chacun à choisir son camp :)

Vous me direz que vous n'êtes pas fan mais passionné.
Dans ce cas nous serons deux : moi aussi, le "cas" Google m'intéresse.

Mais mon intérêt ne me pousse pas à acheter ses disques :)
Je me contente d'observer jusqu'où il va hausser le ton avant de se casser la voix.
Et de veiller à ce qu'il ne pète pas les vitres de mon Web.

Donc vous pouvez me dire "désabusée" sans vous tromper.
Et je vais vous confier un secret : nous sommes nombreux dans ce cas.
Mais tous ne sont pas aussi bavards que moi :)

C'est parce que je vous trouve sympa que je vous taquine au sujet de Chrome, mais sans espérer vous convaincre de quoi que ce soit.
Chrome est un bon produit mais seulement un bon produit de plus parmi d'autres bons produits : il est imparfait autant que les autres, mais autrement.
Vaquez tranquillement à votre destin numérique, je ne vous perturberai plus.
Juste encore ceci, qui suit.

Vous vous livrez corps et âme à Google mais sans l'idôlatrer dites-vous.
C'est à la limite du contorsionnisme, reconnaissez-le.
Mais soit, tous les curés n'ont pas la foi et ce ne sont pas les pires. (Quoique ... Avez-vous vu "Les fantômes de Goya" ?)

Posez-vous cette question : si un jour vous décidez que vous voulez retirer vos données des BDD de GG, comment ferez-vous ?
Réalisez-vous vraiment qu'il s'agit d'un one way ?
J'espère pour vous qu'il ne s'agit pas d'un cul-de-sac, en plus (sourire).

NB : Toutes les bases concernant les données personnelles, qu'elles soient manuelles ou électroniques, ont pour destin d'être vendues, perdues, volées et de toute façon exploitées à l'insu du plein gré des individus concernés.
Vous connaissez certainement la liste des précédents, ajoutez-y celui-ci s'il vous a échappé :
http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/08/22/la-grande-bretagne-admet-avoir-perdu-des-donnees-personnelles-de-prisonniers_1086511_3214.html

MarcL a dit…

Moi aussi j'aime Google, mais je sais aussi ce qu'il font donc j'assume.

Je sais ce que Google fait mais de toute manière et pour être aussi franc que Jean Marie : on y peut quoi ?

On va pas tous manifester dans les rue de Paris contre Google...

Jean-Marie Le Ray a dit…

Szarah,

Le commentaire original qui m'a inspiré ce billet est de vous, mais ce billet ne vous est pas spécialement destiné.
Donc pour dire "Vous m'enjoignez de "choisir mon camp", je n'apprécie pas vraiment le procédé mais ce sera vite fait : je choisis le mien." en comparant ça à du fanatisme, soit vous m'avez mal lu, soit mal compris !
Tels sont mes mots : "Après tout, chacun est assez grand pour se sentir libre de choisir son camp. Je vous ai dit le mien, me direz-vous le vôtre", qui ne s'adresse en aucun cas personnellement à Madame Sarah le Hardy, mais tout simplement à qui voudra bien y répondre. Sans la moindre obligation et hors de tout fanatisme.

Jean-Marie Le Ray

Ropib a dit…

J'utilise aussi de nombreux outils Google. Mais je suis d'accord avec Szarah: tout ce qui nous plait, tout ce qu'on apprend à utiliser, tout ce qui comble une partie de nos besoins finit par nous soumettre plus ou moins. Je n'en conclue pas du tout qu'il faut se fouetter pour autant et s'embêter à justement utiliser des choses qui ne nous conviennent pas. D'ailleurs on peut en devenir tout autant dépendant.

Au sujet de la publicité... et bien je clique très rarement dessus. Mais j'avoue que ça m'est arrivé quelques fois, surtout parce que ça correspondait pile à une attente du moment. En fait je trouve que la publicité telle que nous la connaissions avant, qui nous prônait des produits inintéressants qui étaient obligées de passer par la création d'un besoin inexistant est bien plus disutable qu'une pub qui calcule comment mettre en relation au mieux l'usager et le service. Après ça remet sans doute la distribution de masse mais ça me va.

Le risque est grand ? Pas plus grand que Microsoft qui nous oblige à utiliser ses produits, plus plus que TF1 qui nous refile du coca en douce. J'accepterais qu'on arrête la publicité personnalisée à condition que je sois rémunéré quand je regarde une imposée. Que je sache on parle d'arrêter la publicité sur la télévision publique mais personne ne demande l'argent durement gagné à regarder la télévision privée, ce serait pourtant justice.

Loran a dit…

Bonjour Jean-Marie,

je ne partage pas tres loin s'en faut votre enthousiasme...

1) Google est en position de monopole économique. Il écrase tous les petits et ce dans de nombreux domaines.

2) En France, aujourd'hui tout le monde s'éléve (à juste titre) contre Edvige... Chez Google on doit bien rigoler... Ils ont déjà beaucoup plus d'informations sur tous les individus du globe....

3) Vous me repondrez, que ce n'est pas une agence gouvernementale... et qu'en conséquences il n'y a pas les mêmes risques... C'est un point de vue extrêmement naif (voir par exemple ).

4) Ce n'est pas nouveau, me direz vous, pourquoi cela prend il corps aujourd'hui? Et bien parce que une des figures de proues du monde libre et de sa communauté, Firefox, est directement attaqué...

Jean-Marie Le Ray a dit…

Loran,

Oui, je sais, vous avez raison. Comme dit Szarah, ma position est celle de quelqu'un qui ne voit pas plus loin que le bout de sont nez.

Mais je vais vous faire un aveu : ce n'est pas ma priorité du moment, et de loin, j'ai bien plus grave à quoi penser !

Car pendant qu'on me dit ici et là que tout ce que fait Google peut représenter un risque majeur pour ma liberté, quelques dizaines de millions d'italiens et moi le vivons au jour le jour ce risque majeur.

Très exactement depuis 1994, depuis que Berlusconi est arrivé en politique. Et ce qu'il est en train de faire aujourd'hui, avec une patience et une ténacité dans l'effort et la continuité qu'il faut bien lui reconnaître, essentiellement motivé par ses intérêts et ceux de son clan - qui plus est de façon totalement "démocratique" puisque sa majorité politique est censée représenter la majorité de l'électorat italien -, ce n'est ni plus ni moins que la mise au ban de la démocratie. Sous les yeux et le silence complice des forces politiques italiennes d'abord, tous courants confondus, et européennes ensuite, car tout le monde sait et laisse faire (tout au moins au niveau des instances dirigeantes).

Si quelqu'un de vous a lu - ou vu - Gomorra, et bien qu'il se rassure, ce n'est rien comparé à ce que Berlusconi et sa clique sont en train de faire à l'Italie. Donc ça ne se passe pas dans un pays lointain ou sous d'autres cieux, non, c'est ici et maintenant. Sous les yeux de tous, en toute légalité, légitimité, etc. etc.

Alors quel rapport avec Google, me direz-vous ? Rien.

Si ce n'est que ce que j'entends dénoncer à tout bout de champ à propos de Google, c'est de la gnognotte comparé à ce qu'un gouvernement démocratiquement élu fait en ce moment même à son propre pays.

Notamment en matière de libertés individuelles. Et bien croyez-moi, ça aide à relativiser tous les discours sur l'omnipotence de Google. Car face au bâillonnement de l'info, des médias et de la société qui se profile à grands pas ces jours-ci, le seul espace où il sera bientôt possible de s'informer et de s'exprimer restera Internet.

Or pour l'instant, Google est mon ami, pas mon ennemi, c'est ma façon de voir les choses. Et j'utilise tous les outils que Google met "gratuitement" à ma disposition pour apprivoiser le Web. Donc, très franchement, aujourd'hui, ce n'est pas de Google que je suis inquiet. Loin de là.

Non ! Je suis beaucoup plus préoccupé par le présent.

Jean-Marie

Anonyme a dit…

Merci.

J'ai beaucoup apprécié cette mise en perspective (voire en abime) du rôle gratuit mais intéressé de Google et de devoir désintéressé mais payant de l'État.