[MàJ - 4 juillet] Réponse de l'AFNIC à la consultation publique...
Cela fait longtemps que je voulais faire un billet sur l'AFNIC, et l'occasion m'en est donnée à la lecture d'un article d'Antony Van Couvering sur son blog, qui adopte une attitude très critique vis-à-vis de l'AFNIC, et notamment sur la gestion des extensions françaises autres que le .fr, plus d'une dizaine à ce jour :
DOM
.re / Île de la Réunion
.mq / Martinique
.gp / Guadeloupe
.gf / Guyane française
TOM
.tf / Terres Australes et Antarctiques
.nc / Nouvelle–Calédonie
.pf / Polynésie française
.wf / Wallis et Futuna
Collectivités territoriales à statut particulier
.pm / Saint-Pierre et Miquelon
.yt / Mayotte
Futures extensions
.bl / Saint Barthélemy
.mf / Saint Martin
Pour un total de 14 ccTLD français, en y ajoutant le .fr et le .fx qui devait être réservé à la France métropolitaine, avant d'être abandonné et retiré de la liste officielle IANA.
J'ai donc demandé à Antony son autorisation avant de faire la traduction qui suit, adaptée (car les chiffres qu'il donne ne correspondent pas avec ceux de l'AFNIC) :
L'AFNIC détient plusieurs extensions “coloniales” qu'elle garde dans l'obscurité et qui ne sont pas opérationnelles. Au moins quatre de ces extensions ont déjà fonctionné avant d'être arrêtées sous la pression de la France. Leur absence d'activité sur Internet empêche leurs habitants de faire valoir leur identité distincte.Espérons donc, cher Antony, que le futur lancement du .paris sera pour le moins un franc succès. :-)
En septembre 2007, la liste ISO-3166-1 dont sont extraits les codes pays pour les extensions génériques, fut remaniée, et deux nouvelles extensions françaises ajoutées (.bl / Saint Barthelemy, et .mf / Saint Martin, la partie française), ce qui augmente le nombre d'extensions “dormantes”.
Il est clair que l'AFNIC peut compter sur des gens compétents, même si je ne suis pas très fan de leur politique en matière de nommage, ce que j'ai déjà eu l'occasion de préciser, autant en qualité de panéliste lors de l'atelier ICANN sur les nouvelles extensions que dans un précédent billet.
Durant les débats, j'ai souligné que ces nouvelles extensions étaient une expérimentation, qui devait prévoir une certaine marge d'erreur pour être validée. Bertrand de la Chapelle, représentant français auprès du GAC (Governmental Advisory Committee), est intervenu en disant :Croyez-vous vraiment que le meilleur service à rendre à la sécurité et la stabilité d'Internet soit de laisser une marge d'erreur au cadre de développement des extensions, avec certaines en situation d'échec et d'autres non ? Ce n'est pas mon avis.Ayant déjà vu toutes sortes d'indignations à l'ICANN, notamment avec le GAC, je n'aurais peut-être pas dû être surpris. Mais là, je dois dire que mon sang n'a fait qu'un tour.
Les extensions coloniales françaises sont des échecs, par définition. Elles ne marchent pas du tout. Quatre d'entre elles (.gf, .mq, .gp et .pm) ont d'abord été gérées par des opérateurs locaux avant d'être arrêtées. Même si, sous une forme ou une autre, elles font officiellement partie de la France d'Outre-Mer.
(...)
On peut donc se montrer sceptiques, puisque rien ne garantit que ces extensions pays seront gérées au bénéfice des communautés Internet locales, conformément aux exigences inhérentes aux délégations visées dans RFC 1591, le document fondateur qui énonce les responsabilités des opérateurs pour les extensions de premier niveau, pas plus qu'aux exigences d'IPC 1, tentative de l'ICANN de remplacer RFC 1591.
Une bonne nouvelle cependant ! Dans un apparent volte-face, l'AFNIC a entrepris une consultation publique, afin de voir quelles devraient être les conditions (s'il y en a) pour que les extensions de ces territoires puissent être activées. Je ne peux que spéculer sur leurs intentions. La consultation est “ouverte”, ce qui signifie que tous peuvent donner leur avis, mais, malheureusement, la date butoir pour recevoir les commentaires était le 24 juin, or je n'ai découvert cette consultation que la veille, lors de l'atelier de l'ICANN.
Voici le but de cette consultation :Le ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi organise une consultation publiqueJ'ai passé plus de temps que n'en justifie mon salaire en cherchant sur le site de l'AFNIC et sur des sites connexes, mais j'ai été incapable de tomber dessus. Pourquoi donc ? Voici l'URL dans son intégralité :
sur les modalités de gestion des domaines internet concernés par l’article L.45 du code des
postes et des télécommunications (CPCE) et par son décret d’application 2007-162 :
« .fr » France ;
« .gf » Guyane Française ; « .gp » Guadeloupe ; « .mq » Martinique, « .re » Réunion
« .pm » Saint Pierre et Miquelon ; « .wf » Wallis et Futuna ; « .yt » Mayotte ;
« .tf » Terres Australes et Antarctiques Françaises ;
ainsi que les futurs domaines « .bl » Saint Barthelemy et « .mf » Saint Martin.
http://www.telecom.gouv.fr/rubriques-menu/organisation-du-secteur/
textes-reglementaires/consultations-appels-candidatures/
consultations-ouvertes/modalites-gestion-du-domaine-
internet–dot-fr-extensions-outre-mer-1652.html
Il est clair que les Télécoms français n'apprécient pas la navigation directe (type-in). Il est également significatif que cette consultation ne se trouve pas sur le site de l'AFNIC, sur lequel je n'ai d'ailleurs pas pu trouver le lien.
Donc il semble bien que, pour la première fois, les autorités françaises envisagent d'ouvrir presque une dizaine de ces extensions pays. (Il serait inexact de dire que ces extensions n'ont pas du tout été prises en considération auparavant, puisque l'exploitation d'au moins quatre d'entre elles a déjà été arrêtée, sans consultation aucune.) Cela dit, nous devons applaudir ce processus de consultation, quand bien même il reste bien caché, tardif et aux conséquences incertaines. Une telle action pourrait inciter les autorités états-uniennes (.um) et norvégiennes (.bv, .sj) à suivre l'exemple en vue d'ouvrir elles aussi leurs extensions captives.
Difficile pour moi de dire de quoi il retourne vraiment, mais je me demande pourquoi, vers le mois de septembre 2007, un regain d'activité de l'ISO a concerné exclusivement les territoires français. Mises à part les deux extensions (.bl et .mf), il y a eu différents remaniements d'un code ISO à l'autre. Le point de vue charitable, c'est que la France souhaite augmenter sa contribution financière à l'ICANN, qu'elle s'est donc arrangée pour ajouter deux nouvelles extensions, qu'elle a reçu ensuite deux factures supplémentaires, en ajoutant ainsi sa contribution de façon quasiment anonyme, de sorte à pouvoir échapper à toute insinuation sur des buts autres que charitables. C'est possible… En revanche, le point de vue cynique, c'est que la France veut seulement obtenir deux votes de plus au sein du CCNSO. À moins que cela n'ait absolument aucun rapport avec les noms de domaine.
Mais quelle que soit la raison, je félicite les autorités françaises de faire au moins un premier geste, quand bien même ténu.
Ceci dit, j'espère bien qu'à l'avenir, on m'évitera les discours sur les dangers induits par le fait de permettre qu'une extension puisse être un échec.
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P.S. À vrai dire, je n'ai pas épuisé le sujet sur l'AFNIC, mais ce sera pour une autre fois. En outre, je vais être éloigné pendant 4 jours de mon bureau, donc c'est sur ce billet que je termine le mois de juin et vous donne rendez-vous vers le week-end prochain. Bonne semaine :-)
Actualités, ICANN, noms de domaine, AFNIC, nouvelles extensions, Paris, Internet