Introduction
1. Quelles valeurs porte le Web ?
2. Les réseaux sociaux
3. Les réseaux tout court
4. Les agrégateurs verticaux : de l'agrégation quantitative à l'agrégation qualitative
5. Où sont les outils qui nous aideront à prendre les chemins de traverse ?
Conclusion
* * *
2. Les réseaux sociaux
Dans le sillage de ma série sur
Web 2.0, contenu et partage des revenus, voici la deuxième étape sur les réseaux sociaux.
Mis à part
GYM, les premiers sites au monde en termes de fréquentation sont Wikipédia, MySpace, Facebook, YouTube, eBay, etc., dont le point commun est d'être des sites UGC, c'est-à-dire alimentés en contenu par l'utilisateur. En faisant ici abstraction de toute «
maturité "critique" de ces "données 2.0". »
D'autres, qui suivent la même logique, deviennent de plus en plus populaires : Flickr, Twitter, ..., l'élément charnière de ces sites étant bien
la contribution volontaire des internautes adhérant au service, qui le font généralement pour partager, mais aussi pour étendre leur empreinte sur le Web, en échangeant contribution contre service + visibilité.
Le problème aujourd'hui, c'est que de moins en moins de ces contributeurs vont continuer à se satisfaire longtemps que des parties tierces s'approprient de leur contenu et en retirent des avantages financiers sans leur reverser la moindre partie de leurs gains, parfois
faramineux.
Donc à l'instar d'un capitalisme avisé où la socialisation des pertes va de pair avec la privatisation des bénéfices, au plan strict de la monétisation, l'
UGC semble avoir pris le même chemin de la socialisation des contenus couplée à la privatisation d'énormes bénéfices par certains grands
prédateurs distributeurs, en faisant des contributeurs les nouveaux
métayers 2.0 selon Nicholas Carr.
Cependant les choses ne sont pas si simples : peut-on dire de Wikipédia qu'ils naviguent sur l'or ? Non, n'est-ce pas ? Et par ailleurs, si un service prend de telles dimensions qu'on peut lui reconnaître une certaine "utilité publique", quoi de plus normal qu'il gagne de l'argent ? Chose d'ailleurs
plus difficile qu'il n'y paraît...
Comme le constate
Emmanuel avec son habituelle rudesse concise :
Messieurs il y a un moment où il faut bien faire parler les chiffres et comprendre que ce n'est plus un débat d'opinion. On peut être optimiste sur le long terme mais croire qu'Adsense paye les contenus c'est une plaisanterie. Donc rien de tel qu'un économiste pour nous dire en effet un peu brutalement que la force de travail n'est pas rémunérée. Parce que c'est un fait.
Donc, le problème étant posé, et fort bien, comment le résoudre ?
Je vous rassure de suite : je n'ai pas la réponse miracle. Et à part Google pour lui-même, je crois que personne ne l'a encore trouvée. Pas plus que les différents modèles existants, à des dosages différents, ne sont satisfaisants. Et même si certains commencent à
mettre en pratique une politique de revsharing (partage des revenus), ça tourne encore et toujours autour de Google Adsense :
- Create a profile with a picture - 100% of the Google ad rotations
- Build a Weblist - 50% of the Google ad rotations
- Add a listing to an existing ratings list - 50% of the Google ad rotations
- Refer a friend - 10% of the Google ad rotations on their qualifying pages
- Write a review - 50% of the Google ad rotations
Or Emmanuel le dit clair et net :
croire qu'Adsense paye les contenus c'est une plaisanterie...
Oui mais voilà. Aucune alternative digne de ce nom n'existe encore.
Les widgets sont prometteurs, mais s'ils prennent le même chemin que les bannières et la pub contextuelles telles qu'on les connaît aujourd'hui, cela ne fera que perpétuer
l'esclavage 2.0 ou
le modèle économique du rémora selon Don Dodge !
Or depuis plusieurs mois que je pense intensément à ces problématiques, j'ai eu le temps d'élaborer ma petite idée, résumée en partie dans ces mots de
Jeff Mignon (c'est moi qui graisse) :
J'appelle de mes voeux, depuis un moment et avec d'autres, la création d'une plateforme publicitaire open source pour ESSAYER de contrer Google... et les autres géants. Et permettre aux médias d'avoir un outil de conquête des petits (très petits) budgets publicitaires. Tous ces annonceurs qui n'ont ni besoin de parler à 150 000 personnes, ni les moyens d'annoncer dans les médias traditionnels. Et aussi un outil pour diffuser de la pub géociblée. Dans la majorité des sites locaux, dont je connais les chiffres de trafic, les visiteurs sont extérieurs à la zone de diffusion du journal. Google, lui, a bien tout ça en tête.
Il y avait selon moi quatre acteurs français ayant les moyens - humains, techniques et financiers - de faire quelque chose :
- Exalead
- Skyrock
- Netvibes
- Wikio
Exalead va désormais s'empêtrer dans
Quaero et me semble plutôt hors jeu malgré quelques velléités
à la limite du ridicule. Restent Skyrock, qui continue sa
très forte croissance (plus d'1 million de nouveaux blogs créés depuis le 14 avril,
soit plus de 20 000/jour !), Netvibes et Wikio. C'était pourtant bien parti puisque ces deux-là collaboraient et avaient un potentiel de pénétration d'Internet extraordinaire.
Et puis voilà que chacun a pris son chemin de son côté, disons pour simplifier Wikio côté commercial et Netvibes côté social. Or certains signes donnent à penser qu'on assiste maintenant à un chassé-croisé, où
Wikio prendrait bien un virage social et
Netvibes se recentrerait volontiers sur le commercial !
Ce qui est logique :
le social, c'est l'audience, la taille critique. Voir l'introduction du billet : le point commun des sites plus fréquentés au monde est d'être des réseaux sociaux, des sites où l'UGC s'exprime à plein. Les
stats de Youtube en sont l'illustration manifeste. Et dans ce sens
l'ouverture jouée par Netvibes devrait lui donner un avantage concurrentiel formidable, alors que la politique actuelle de Wikio a des points de faiblesse, puisque qu'après avoir
fort heureusement abandonné le framing, la réticence actuelle à mettre des liens en dur
continue de faire grincer des dents :
... si ce n'est qu'un lien direct serait plus appréciable pour les personnes qui vous fournissent votre fond de commerce : leur contenu.
Mais si il y a bien une chose que j'apprécierai, et je ne pense pas être le seul, c'est que dans les flux thématiques que vous diffusez, vous intégriez un lien (en dur de préférence bien sur) vers l'article d'origine en plus du lien vers la source Wikio, parce-que, franchement entre nous, j'en ai ras la patate des milliers de sites parasites qui reprennent vos flux, avec nos articles sans qu'il n'y ait rien de plus qu'une vague citation de la source d'origine.
Car même si Wikio est une
plateforme technique magnifique, je trouve les ambitions de Pierre Chappaz trop limitées par rapport à ses capacités de déploiement potentiel et aux nécessités.
Dont la nécessité première est de créer des modèles économiques alternatifs aux orientations actuelles, ce qui exige, pour pouvoir faire face aux besoins et répondre aux enjeux, la mise en œuvre d'énormes ressources -
humaines, techniques et financières.
Les acteurs que j'ai nommés en disposent, mais tant que chacun continuera à faire sa cuisine dans son coin sans concertation collective apte à fédérer et mobiliser les ressources en question derrière un projet commun ambitieux, les américains resteront maîtres du jeu.
Et par projet commun ambitieux j'entends
la réalisation d'une régie publicitaire globale, alternative à l'hégémonie de GYM (
voir ici comment se traduit cette hégémonie, entre autres),
capable d'exploiter la longue traîne en innovant sur le partage des revenus.
Comme l'observe fort à propos Scott Karp dans
Why Traditional Advertising Formats Fail On The Web :
Online advertising must create value for users or it will create little or no value for advertisers.
Or comment créer de la valeur pour l’utilisateur et l'annonceur mieux qu’en valorisant l’apport du contenu des utilisateurs pour offrir un inventaire plus pertinent et varié aux annonceurs ?
Par conséquent, il ne s'agirait pas d'un projet commun où les acteurs en présence seraient des concurrents ne pensant qu'à se tirer dans les pattes, mais d'un projet transversal où chacun amènerait son expertise propre à la création de nouveaux modèles, ce que le monde entier cherche à faire. Et tôt ou tard, quelqu'un finira bien par y réussir. Surtout que le mobile frappe aux portes...
Les retombées seront
phénoménales, donc point d'utopie là-dedans, c'est juste une question de volonté : nos champions du Web auront-ils cette volonté ? Je l'espère ! Et vous, qu'en pensez-vous ?
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